CALHEN/SOFIA ❝ La joie des vielles voitures ! ❞

« Ah d’accord. Je trouve que c’est bien. » - Répondis-je alors qu’il venait de me dire qu’il lui arrivait de temps à autre d’aller vendre ses clichés au Boston Herald. Je n’avais eu l’occasion de voir que quelques photographies prises par l’étudiant, celles qu’il avait faite de moi d’ailleurs et je l’avais trouvé plutôt bon dans ce domaine – « C’est ce que je vais faire, de toute façon elle devait passer la révision dans quelques semaines. » - Calhen avait raison, mieux valait faire les deux en même temps tant qu’à faire.

Nous arrivions alors près d’un premier motel qui croisait notre route. De l’extérieur, il ne payait pas de mine. Calhen garait la Ferrari et une fois arrêté, je sortais du véhicule, prenant mon sac avec moi – « Ouais, ça fera l’affaire. Moi du moment que je ne dors pas dehors, ça me va. » - C’est vrai que depuis toute petite, j’ai été habitué à avoir une vie plutôt confortable. Cela dit, je ne suis pas une chochotte. Ce motel ferait très bien l’affaire. Du moment qu’il y’a du chauffage et un lit propre, tout va bien. Je n’ai pas besoin d’un palace. Bref. Je me dirigeais avec Calhen vers l’entrée du motel. Un homme était posté derrière le comptoir de l’accueil – « Bonsoir, est-ce qu’il vous reste des chambres ? » - Demandais-je. L’homme détourna son attention de son bouquin pour poser ses yeux sur moi – « Oui, vous avez de la chance, il m’en reste une. »

J'étais habituée à plus de confort pour ma part. Mais ce soir, je n'allais pas faire le difficile. J'avais juste envie de prendre une bonne douche et de dormir un peu. C'était tout ce qui m'importait. Je me dirigeais avec Sofia vers l'entrée du Motel, ouvrant la porte pour la laisser passer. Une fois à l'intérieur, je remarquais le décor un peu rustre. Le réceptionniste était occupé à lire un bouquin de série b, quand il leva les yeux sur nous. Je le saluais de la tête. De la chance? Ouais super. On allait devoir partager un lien. Enfin partager, je suppose que je devais lui laisser le politesse. « Oui...beaucoup de chance. On va la prendre. » Je sortais mon portefeuille pour payer tout en disant à Sofia. « Je t'invite. » Je donnais les billets au réceptionniste qui me donna ensuite la clé de notre chambre. Je montais les escaliers en compagnie de Sofia puis j'ouvrais la chambre, la laissant passer avant de faire de même. Une fois à l'intérieur, je n'étais pas déçu du décor... Bref, je retirais ma veste tout en disant. « Je vais prendre une douche. Ça te tente d'aller manger ensuite? J'ai vu un restaurant pas très loin. » Bien que je doutais là aussi de la qualité de la bouffe. Mais j'avais faim, un snack tout simple, me conviendrai très bien.

J’eus un léger sourire lorsque le réceptionniste annonça qu’on avait de la « chance » parce qu’il lui restait une dernière chambre. Je n’étais pas certaine que ce soit dans la chance, d’un autre côté, c’était toujours mieux que de n’avoir aucune chambre et devoir chercher un autre hôtel ou dormir dehors. Encore une fois, heureusement que c’était sur Calhen que j’étais tombée et pas un inconnu. Je décidais donc de prendre ça de façon plutôt cool, après tout, y’a pire comme situation, n’est-ce pas ? Calhen se chargeait de payer la note, il m’invitait, je le remerciais. Un vrai gentleman ! Il s’arrête quand il me voit seule sur le rebord de la route et maintenant il décidait de payer la chambre alors que rien ne l’obligeait à le faire. Le réceptionniste nous donna la clef de la chambre et nous salua d’un sourire. Calhen et moi empruntions les escaliers qui nous menaient à la chambre.

A l’intérieur le décors était plutôt simple, mais ce qui retint mon attention c’était surtout l’unique lit à deux places. Évidemment. Il lui restait qu’une chambre avec un lit double. Je posais mon sac dans un coin et retirait aussi ma veste, tandis-ce que Calhen m’annonçait qu’il allait prendre sa douche. Il me proposait aussi d’aller manger un morceau après ça – « Ouais ça me dit, mais cette fois-ci, c’est moi qui invite. » - Bon ce n’était pas grand-chose, ça ne devait pas être un restau quatre étoiles, mais je voulais l’invité. Ce n’était rien en comparaison de l’aide qu’il m’avait apporté ce soir. Je souris et le laissais aller à la salle de bain. Je sentis mon téléphone vibrer dans ma poche et le sortais. Un texto de l’ami de chez qui je venais. Elle me demandait si j’étais bien rentrée. Je tapotais alors sur mon téléphone une réponse, lui expliquant la situation.

Je laissais Sofia se mettre à l'aise dans la chambre, tandis que je fouillais dans mon sac pour en sortir une trousse de toilette. Je m'éclipsais dans la salle de bain. J'avais envie d'une bonne douche. J'avais passé pas mal de temps sur la route et je voulais me rafraichir un peu. Quelques minutes plus tard, à nouveau frais comme au levé, je retrouvais Sofia dans la chambre. Je remettais ma montre sur mon poignée tandis que je jetais un œil à la jeune femme. « Prête pour goûter à la cuisine locale? » Je lui souriais. Je doutais un peu de la qualité des mets que l'on allait trouver mais ce soir, je n'avais pas envie d'y faire trop attention. Un bon burger avec des frites et une grande boisson me convenait tout à fait. Je prenais ma veste pour la poser sur mes épaules. Une fois prêt, je quittais le motel en compagnie de la danseuse. Le restaurant n'était pas très loin et nous pouvions y aller à pieds. Sur le chemin, je la regardais avant de demander: « Tu as réussi à te mettre d'accord avec le garagiste? Il va réviser ta voiture? » Je ne savais pas si elle avait pris le temps de téléphoner au dépanneur et de lui demander quand elle pourrait récupérer son véhicule.

Alors que Calhen prenait sa douche, j’en profitais pour passer quelques messages avec mon téléphone portable. Je téléphonais au garagiste pour lui demander de faire une révision de la Charger. De toute façon, le contrôle était prévu pour le moins prochain, donc puisqu’elle était au garage maintenant autant en profiter pour faire d’une pierre deux coups. Quelques minutes après avoir disparu dans la salle de bain, Calhen en ressortaient. J’eus un petit sourire à ses paroles - « Et comment ! Rien de mieux qu’un bon hamburger bien gras avec des frites avant d’aller se coucher. » - Lui répondis-je sur un ton ironique. Le restaurant du coin de la rue était un snack à ce que j’avais pu voir. Ce qui n’était pas un problème pour moi. J’avais faim et il était tard. Et puis, je ne suis pas comment toutes ces filles qui comptent les calories à chaque fois qu’elles avalent un truc. Je suis active, alors je sais bien que je perdrais tout ça de toute façon. J’attrapais mon sac, puis ma veste et nous quittions la petite chambre d’hôtel pour rejoindre le restaurant – « Oui, c’est réglé. Il va faire la révision en plus de la réparation. Il va s’occuper de la charger demain matin et il m’appellera dès qu’elle sera prête. En fait, il n’a pas pu me donner d’horaire exacte à cause de la pièce manquante pour la réparation… » - Lui expliquais-je. Nous entrions à l’intérieur du restaurant. Il n’y avait pas grand monde à cette heure-ci. Il y avait surtout des gens de passage, qui comme nous, avaient sûrement voyagé. On se dirigeait vers une table dans un coin tranquille du restaurant et je m’asseyais face à Calhen. Après un court silence, je reprenais la parole : « Voyons le côté positif dans toute cette galère : Cela nous permets de passer un peu de temps ensemble et peut-être de se connaître davantage. » - J’esquissais un sourire. Oui, finalement on ne se connaissait pas tant que ça. Je veux dire, je connais Calhen l’étudiant d’Harvard avec qui j’ai travaillé quelques fois, qui a fait des photos de moi, mais je ne sais pas grand-chose de plus sur lui. Je jetais un coup d’œil à la carte qui était posée sur la table. Je savais déjà quoi commander et tant mieux, parce qu’une serveuse s’approchait de nous.

Je ne pouvais m'empêcher de faire une légère grimace aux propos de Sofia. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je n'étais pas un adepte de la junk food et des fast food en général. Même si je n'étais pas non plus adepte des restaurants gastronomiques, j'aimais bien manger tout simplement. J'écoutais ensuite les paroles de Sofia tandis que nous quittions le motel. Je lui avais posé des questions quant à sa voiture et je voulais savoir si elle avait eu des réponses de la part du garagiste. « Oui je suppose que c'est normal. Il va attendre de la recevoir. J'attendrais si tu veux. Comme ça, s'il n'arrive pas à avoir la pièce manquante, je te ramènerai à Cambridge. » Je connaissais les petits garagistes pour avoir laisser ma voiture une fois. Et le temps d'avoir la pièce, j'avais du patienter plus de treize jours. Heureusement que j'avais un autre véhicule. « En plus, c'est une ancienne voiture, ce genre de pièce ne doit pas se trouver facilement. » Nous arrivions enfin au restaurant et je la laisser s'installer dans un box, un peu à l'écart, surtout du bruit puis je faisais de même. Je déposais mon téléphone sur la table tandis que je jetais un oeil à la « carte » qui était posée sur notre table. Aux paroles de Sofia, je ne pouvais m'empêcher de sourire. J'étais un peu surprise par ses paroles. Et je suppose qu'un autre gars, l'aurait compris de façon différente. « Tu veux me connaître davantage? » Je lui souriais avant de commander deux cocas, après avoir eu l'aval de la danseuse. Puis je la regardais à nouveau. « Que veux-tu savoir sur moi? » Il est vrai qu'en dehors de notre travail en commun, on ne se connaissait pas tellement. A vrai dire, on s'était très peu croisé sur le campus, peut-être parce qu'elle ne vivait pas dans une fraternité et qu'en dehors des cours, elle était souvent hors de la fac. D'ailleurs, je lui demandais: « Il me semble que tu ne vis pas chez les Lowell. Tu as un appart' dans Cambridge? » J'avais que j'avais moi même pensé à cette éventualité. Mais j'étais resté à la Mather House même si je me disais que cela n'allait pas encore durer très longtemps.

Calhen n’avait pas tort. La charger était une voiture ancienne et il était possible que le garagiste n’obtienne la pièce manquante que dans quelques jours. Dans ce cas là, je serais obligée de laisser la charger ici, de renter à Cambridge et de me débrouiller pour venir la rechercher – « Merci. C’est gentil de le proposer. » - J’affichais un léger sourire. C’est vrai qu’il était plutôt sympathique avec moi. Pourtant, on ne se connaissait pas si bien que ça. Je veux dire, je ne suis pas une de ses amies proches, alors rien ne l’oblige à m’apporter son aide. Je suis toujours assez surprise quand je rencontre des gens comme lui, parce qu’à notre époque, beaucoup de gens préfèrent ne penser qu’a eux même plutôt que de penser aux autres.

Alors que nous étions installés a notre table, j’en profitais pour dire à Calhen que c’était l’occasion pour nous de se connaître davantage. A son sourire, je réalisais que j’aurais peut-être du formuler ça autrement. Du coup, un micro sourire s’affichait sur mon visage et je reprenais la parole : « Je ne sais pas… c’est juste que je réalise qu’on ne se connaît pas vraiment. On a travaillé quelques fois ensemble, mais je ne sais pas qui est réellement Calhen Silver. » - Finalement, il fut le premier à me poser une question – « Oui, je vis dans un appart à Cambridge. J’ai vécu chez les Lowell ma première année uniquement, après ça, j’ai rejoins une de mes meilleures amies dans un appart. C’est vrai que c’était sympa la vie avec les Lowell, mais bon, je préfère avoir mon petit chez moi, plutôt que de me limiter à une chambre partagée avec une autre. » - J’avais besoin d’un peu d’intimité et de tranquillité parfois. La vie en fraternité ne le permet pas vraiment. La serveuse revint avec les deux cocas que Calhen nous avait commandés. Elle en profitait pour prendre le reste de notre commande. J’optais pour une moyenne frite avec quelques nuggets de poulet. Une fois que Calhen eut exposé sa commande, elle nous laissait de nouveau : « Qu’est-ce qui t’a poussé à venir poursuivre tes études ici… enfin à Cambridge ? Je me souviens que tu as mentionné venir de la fac de Columbia, c'est ça ? » - Je portais mon regard sur lui, puis attrapait mon verre de coca pour en boire quelques gorgées.

Je souriais un peu plus aux propos de Sofia. Elle venait de se rendre compte de l'ambiguïté de ses propos. « En effet, on a fait que se croiser pendant des travaux pratiques. Et je trouve ça dommage de ne pas avoir pris le temps de prendre un verre tous les deux, avant aujourd'hui. » Je n'étais pas du genre timide et quand je voulais connaître un peu plus une personne, je ne m'encombrais pas du superflus. J'écoutais ensuite la jeune femme qui m'expliquait qu'elle vivait à l'extérieur du campus, dans un appartement en colocation. Voilà pourquoi je ne la voyais pas souvent sur le campus. « J'avoue que partir de la Mather House me tente de plus en plus. Mais j'ai de la chance d'être seul dans un chambre. J'ai un peu plus d'intimité que les autres même si je dois avouer que ce n'est pas toujours évident d'y vivre. » Sofia savait tout comme moi, que les Mathers étaient connus pour les fêtes monstrueuses qu'ils organisaient. Et ce n'était pas une légende. Mais cela commençait à me taper sur les nerfs. Je laissais ensuite Sofia passer commande puis je faisais la même chose. Comme j'avais vraiment faim, je prenais deux burgers et une grande frite. Puis quand la serveuse quitta notre table, je reprenais: « Oui j'étais à Columbia. Disons que j'avais envie de prendre l'air, de m'éloigner un peu de New York. Et puis je voulais tester le cursus journalistique. On m'en avais parlé en bien et je voulais voir ce que ça donnait réellement. » Je prenais une gorgée du coca que la serveuse nous avait apporté. Je n'était pas mécontent de mon choix même si parfois, je me disais que j'aurais bien aimé poursuivre cette voie après la fin de mes études, ce qui n'était pas vraiment possible avec mes devoirs familiaux. « Et toi? Tu n'as jamais été tenté par d'autres filières que celles que tu as choisi? Tu as déjà une idée de ce que tu veux faire plus tard? »

J’imagine que nos emplois du temps respectifs, nos vies ne nous avaient pas vraiment permis de nous poser un peu et de faire vraiment connaissance. Ce qui était dommage, comme le disait Calhen. C’est marrant, il faut qu’on se retrouve loin de chez nous pour avoir finalement l’occasion de prendre un verre ensemble et de discuter. C’est vrai que ce soir, on n’a pas vraiment autre chose à faire de toute façon, puisqu’on est coincés ici. Enfin, je suis coincée ici. Rien n’obligeait Calhen à me suivre dans cette galère a vrai dire. Je souris à ses paroles avant de lui répondre : « Ouais, la Mather House n’est pas réputée comme étant la maison la plus calme. » - Tout le monde savait sur le campus que cette fraternité était connue pour rassembler le groupe d’étudiants les plus fêtard et déjantés du campus. Après quelques secondes de silence, je repris : « C’est marrant, je te connais peu, mais je trouve que tu n’as pas l’air de ressembler à la plupart des gens qu’on retrouve chez les Mathers. » - Bon, je ne suis pas du genre à généraliser et j’ai des amis chez les mathers, mais beaucoup d’étudiants de cette maison semblent vivre une vie de vraie débauche. Enfin, je me trompais peut-être à propos de Calhen, mais il ne m’avait jamais donné l’image d’un vrai débauché.

J’écoutais le jeune homme m’expliquer ce qui l’avait amené à quitter Colombia pour Harvard - « Et alors qu’est-ce que ça donne ? » - Lui demandais-je afin de savoir si le cursus qu’il suivait ici lui plaisait – « Et est-ce qu’Harvard te plait ? » - Je reprenais quelques gorgées de mon coca tandis-ce que je le laissais reprendre la parole.

Il me questionnait à mon tour sur mon cursus et mes possibles envie de tester d’autres choses. Une question à laquelle je n’avais pas vraiment pensé, parce que je m’étais directement dirigée vers ce qui me passionnait : « En y réfléchissant, oui. Il y a des tas de filières que j’aimerai tester, mais elles sont toutes liées à l’art. C’est toute ma vie et honnêtement, je ne m’imagine pas en femme d’affaires ou derrière un bureau. Je crois que je tiens ça de ma mère. » - Je marquais une courte pause : « Quant à ce que je veux faire plus tard, je crois que je le sais depuis que j’ai cinq ans environ. Je veux être danseuse professionnelle, être sur scène, participer à des spectacles. J’espère que j’arriverai à réaliser ce rêve, mais si je n’y arrive pas, ce qui est sûr, c’est que je resterai dans le domaine artistique. »