SCOTT C. LEWIS ► Scott Mescudi aka. KiD CuDi

Il faisait beau, il faisait chaud. C’était l’été, ma saison préférée. Cette atmosphère chaleureuse et paisible semblait signer ma joie de vivre. C’est peut-être pour ça qu’on trouve que je brille, que j‘suis rayonnant. Grace, une femme pleine d’amour et trop altruiste - ma mère, by the way – venait de donner naissance à son troisième enfant, moi-même. Après un premier garçon âgé à ma naissance de 7 ans, Jared qui est aujourd’hui en bootcamp pour s’éviter la taule, puis d’une fille, Hailey, âgée cette même année de 5 ans mais aujourd’hui avocate à Los Angeles, c’est moi que mes parents ont accueillit. Place à l’artiste, j’ai envie d’dire ! C’est dans notre tranquille ville de Greenfield que je grandis, entouré des membres de ma famille cités ci-dessus, ainsi bien évidemment que de mon père, homme droit, travailleur, dévoué et stricte, pour qui ma mère a succombé. J’ai d’ailleurs toujours eu de bonne relations avec les femmes de ma famille, en revanche de moins longues avec mon frère, rapidement convertit à la délinquance puis également avec mon père, borné et old game. Me laisser vivre mes rêves, lui ? Quelle blague.

…Apprenez que tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoutes !

Fin de la narration, fin du conte, applaudissement. Au fond de la salle, j’aperçus ma maman. C’était la plus belle d’entre toutes, elle a un sourire magnifique. Elle sourit tout le temps d’ailleurs, pour ne pas qu’on se fasse de souci pour elle. En me regardant, elle tape fort dans ses mains, les tenant au-dessus de sa tête pour bien me montrer qu’elle et fière de m’avoir vu jouer. A côté d’elle, y’a Hailey qui applaudit elle aussi, vivement. Jared cri avec excitation, debout devant sa place « Bravo Scotty ! » et papa, assit, me lance un grand, très grand sourire, même si ses lèvres restent l’une contre l’autres. Ma famille au complet, venue à mon spectacle de fin d’année. C’était les meilleurs. En rentrant, je savais que maman aurait fait un gâteau à la noix de coco, mon parfum et fruit préféré, pour récompenser ma prestation de renard. Je serais rentré sur les épaules de papa et toute la soirée, Hailey allait me féliciter en rappelant à quel point j’éblouissais les autres en leur volant la vedette. Jared nous regarderait avec amusement, les bras croisés puis après m’avoir caressé les cheveux affectueusement, il serait partit avec des amis à lui pour trainer dehors.

Je savais que tout aller se passer ainsi, parce que dans ma famille c’est comme ça qu’ça marchait. Soudés, proches et unis. Ce genre de famille dans votre quartier dont on ne dit que du bien. Rangée et accueillante, les parents rendent services et vivent honnêtement, les gamins sont bien élevés et de bon élèves. Sans mystères ou galères, tranquille et paisible. Tout comme l’était ma vie. Des soirées passées à m’amuser avec ma sœur, à offrir des spectacles de marionnettes à mes parents, à faire de gentilles bêtises avec mon frère, des repas animés de joie et chaleureux, des week-ends familiaux avec ces rires qui s’envolent librement. Vous l’aurez comprit, peu de gens trouvaient quelque chose à reprocher à notre famille.


J’ai l’impression qu’on n’a jamais cessé de me mentir et de me cacher des choses.

Jared marche sur la route de la délinquance, finira par courir sur le sentier gravillonné du crime. Je n’sais pas pourquoi il est devenu pareil. Est-ce qu’il a toujours eut ces envies-là ? De voler, de ne plus rien fiche pour faire seulement ce qui lui plaît ? Pourquoi il est aussi dur avec papa qui a toujours voulu le voir bien grandir ? Pourquoi et comment ose-t-il faire pleurer maman ? Au début cette fusion que j’avais avec mon frère me manquait, aujourd’hui je suis heureux de m’en être débarrassé. J’veux pas devenir comme lui. Il n’est plus très un exemple.

Les gens, les voisins murmurent et crachent sur son dos. Me boucher les oreilles ne sert plus à rien. J’aimerais les faire taire, leur dire que ça ne les regarde pas ! Qu’il est majeur et que ce sont ses problèmes à lui. Mais même quand je dis ça à mes parents, ça ne semble pas les soulager.

Hailey est partie faire ses études. A Harvard ! Grâce à une bourse étudiante. Papa aurait aimé lui payer cette prestigieuse école, mais pour le moment, nos économies ne nous le permettent pas vraiment. Il y a peu, un jour où ma sœur m’emmenait manger avec elle au MacDo, elle m’a dit que quitter la maison pour ses études était une des meilleures choses qui lui fut donné de faire. J’ai froncé les sourcils. J’comprenais pas pourquoi. Elle était contente d’avoir quitté la maison. Pourquoi vouloir tant de liberté ? S’éloigner de ses racines et de sa famille ? Qu’est-ce qu’il y a de si génial à tout ça ? Est-ce que je lui manquais au moins ? Et maman, elle lui manquait ? Comme si les Quincy pouvaient lui être sa seconde famille…

Elle travaille pour devenir une grande avocate avec plus d’un diplôme prestigieux à son palmarès. Etudier pour ce qu’on aime… Moi aussi un jour, j’aimerais aller à Harvard pour faire pareil. Mais sans trop délaisser ma famille. Quand je regarde Hailey et qu’elle me parle de cette Université, elle a les yeux brillants de joie et parle vite, très excitée par tout ce qu’elle peut me raconter de là-bas, même si je capte pas trop le fonctionnement du truc. Elle est contente. Elle a même un copain. Je crois qu’après ses études, elle ne reviendra pas à la maison.

Entre elle qui fait sa vie d’adulte et Jared qui a quitté Greenfield pour Brooklyn, je me retrouve tout seul avec mes deux parents. C’est finit la vie d’famille, la vraie. C’est silencieux et vide. Ca devient ridé, croulant, lent.

Le soir, j’entends maman pleurer. Dans sa chambre. Je la sais assise sur son lit, le visage dans ses mains, elle sanglote. Pourquoi ? Je sais pas. Plus d’une fois, j’ai voulu entrer et lui demander pour elle était triste. Mais j’ai jamais osé. Parce que si elle avait voulu me le dire, elle ne se serait pas cachée pour se laisser aller à sa peine. En journée, elle fait comme si sa vie était géniale. Elle cuisine de bons petits plats pour le dîner dès qu’elle rentre de l’école. Puis, nettoie et prend soin de la maison. S’occupe de quelques papiers. Passe des appels emplit d’affection à Hailey. Cherche à joindre Jared. Lorsque je rentre à mon tour, elle m’accueille avec plaisir, c’est limite si elle me saute pas dessus. Punaise. J’espère qu’à moi, l’envie de partir ne me prendra pas. J’ai l’impression d’être le dernier espoir de maman, celui qu’elle refuse de laisser s’échapper. Je peux pas la laisser, sachant que derrière tout ses superbes sourires, elle est triste et pleure en cachette. Est-ce que papa est au courant ?

A son sujet, il n’a pas l’air très en forme non plus. Fatigué, bougon. Il continu de faire des plaisanterie à table, de prendre des nouvelles de chacun de mes jours et de ceux de maman. De parler du bon vieux temps, du film qu’y’a à la télé ce soir et qu’il faut qu’on se fasse tout les trois. Mais il ne parle pas trop futur. Seulement futur proche, genre dans 1 semaine. Avant, papa adorait superviser nos prochaines vacances d’été, nos retrouvailles avec les grands-parents et les cousins, d’éventuelles sorties à tel ou tel endroit, une escapade par-ci à tel moment. Maintenant, plus rien. Comme s’il s’imaginait que sans Jared et Hailey, ce n’était plus envisageable. Ou comme s’il pensait ne jamais atteindre de lendemain…

Maman ? J’ai quelque chose pour toi.

Dans la cuisine, Scotty ! Viens.

J’arrive. Maigre sourire aux lèvres. Ce quelque chose, maman était habituée à le recevoir chaque trimestre. Mais en sachant qu’elle était toujours aussi contente de lire, le lui apporter et savoir que ces nouvelles allaient la réjouir me déculpabilise de ne pas pouvoir l’aider à surmonter ses peines. Une fois devant elle, je lui temps le papier teinté de rouge, plier en trois, tel un plan de navigateur. Déjà, maman émet une petite onomatopée d’heureuse surprise.

Comédien.

Oh ! C’est fantastique Sco… - Comédien !?

Est-ce bien sérieux Scott ? C’n’est pas un métier ça, « comédien » !!

Et c’est repartit. Lalalin médecine. Lalalin valeur sûre. Lalalin honorable. Lalalin débouchées. Lalalin assez brillant pour ça. Lalalin féskejtedi. Putain ! …Ouais. J’avais à mon tour fini par en avoir assez de cette ville. Je voulais goûter aux joies des grandes métropoles, quitter la verdure, faire ma vie, vivre ce qui me plaît, sans dépendre de mes parents et ce, avant l’âge requit si possible : partir faire mes études était une excellente solution. Celle qu’inconsciemment, Hailey m’avait donnée. Mais des études de quoi ? Cinéma, copain. Cinéma. Y’a qu’ça qui compte à peu près pour moi. Mais bon, tu comprend, c’est pas bien les gens qui travail dans l’cinéma. Mais quel bouché… Allez, il a enfin finit de parlé. Je me prépare à lui renvoyer l’ascenseur. Avant, un petit regard à maman qui des yeux me demande de ne pas être trop rude, voire de m’écraser. Désolée maman, pas cette fois, pas aujourd’hui. Go ! Lalalin c’est quoi ton problème. Lalalin laisses-moi vivre ma vie. Lalalin faire ce qui me tient à cœur. Lalalin qu’est-ce que t’en a à foutre. Lalalin au moins tenter ma chance. Lalalin c’est de l’injustice. Lalalin je le mérite bien. Lalalin…

Et puis arrêtes avec tes arguments bateau : sauvez des vies, rendre des familles heureuse, aider les cancéreux, ouais c’est héroïque tout ça, mais c’est pas pour moi, ok ? Les cancéreux, j’suis désolé qu’ils le soient d’venu mais j’peux rien pour eux, voilà ! Appart empirer leur cas ! God bless them, mais j’suis pas un sauveur de ce genre, un héro en blouse blanche…

Ah merde hein.

…Tu pourrais au moins reconnaître que la comédie est davantage un plan B qu’une voie principale !

Maman et ses yeux suppliants…

Ouais. Ouais j’avoue que c’est pas facile de percer, ok. So what ?

Tu pourrais tenter ta chance en parallèle de quelque chose de stable, tu n’penses pas ?

Continue ?

J’avais pensé à Harvard, puisque d’après les différents concours que tu as passé, tu pourrais y entrer. Wouah. Encore une fois, je n’ouvre pas le courrier qui m’est adressé. Enfin bref. Tu n’aurais pas besoin de bourse, comme ta sœur. En revanche, si tu va à Harvard, tu étudie la médecine. A côté de ça, tu peux suivre des cours de théâtre si ça te chante, de cinéma ou tout ce que tu veux. Mais je veux que tu ais quelque chose de stable en poche si jamais ce que tu souhaite faire ne fonctionne pas.

Pourquoi est-ce qu’il n’avait jamais prit la peine de dire ça toute ses précédente fois ? C’est clair maintenant, qu’il ne veut que m’aider, mon bonheur et m’assurer un avenir ! Pourtant, il était parvenu à se faire passer pour un tyran, les autres fois où nous nous étions disputés. Aujourd’hui était spécial, ‘faut croire. Maman souriait faiblement dans le dos de papa. Je souris aussi.

Ca marche.