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the fault in our stars
Ce ne sont plus les secondes, mais bien tout mon être qui, petit à petit, au long de cette étrange conversation, s'émiette. Il y en a partout, tu les vois, dis-moi ? Ces petits bouts, épars, de moi ? Ils s’amoncellent dans ton bureau, a mesure que tu essaies de lire en moi. Au rythme de toutes ses questions avec lesquelles tu m'assailles. « Reprenez place, ici. Je vous prie. » Je n'en ai pas envie. J'ai envie de fuir, de reprendre le cours de ma vie, de faire comme ces gens que j'ai vu marcher en bas. Et si je ferme les yeux, j'entends même leurs rires, tout près de moi. « Ne vous inquiétez pas, je m’éloigne. » Ce n'est pas que ça m'inquiète, c'est simplement que je n’apprécie pas qu'un inconnu veuille lire dans les déboires de ma tête.
Cependant, j'accède à sa requête, car si aucun de nous, enfin surtout moi, ne fait d'effort, je sais, que je ne retrouverais pas de si tôt ce travail pour lequel je me suis battue avec mon âme et mon corps. Assise en face de lui, je réalise finalement, que son ton n'est plus le même avec moi. Il doit l'être depuis que j'ai voulu me déconnecter, depuis que j'ai refusé de le laisser m'approcher. « Ne comprenez-vous pas que le problème est bien plus profond que ça ? » Mais si je veux l'ignorer, n'est-ce pas là, mon droit ? On a tous des démons. C'est comme ça. « Quand allez-vous cesser de vous mentir à vous-même, hum ? » Je crois qu'on avance sur un chemin bien trop tortueux, à présent, lui et moi.
« Allez-vous enfin me dire ce qui s’est produit ? » Mais je ne sais plus, je ne sais pas. J'ai eu peur, j'ai eu froid. « Pourquoi cela vous affecte tant où vous allez rester ainsi ? » Je ne veux pas parler de mon père, ni même de ma mère. Je veux stopper cette propulsion en enfer. « Vous passerez votre vie prostrée, si vous continuez à nier. C’est réellement ce que vous souhaitez ? » En tous cas une chose est certaine, c'est que je n'ai aucunement envie qu'un inconnu me dise quoi faire ou quoi ressentir. « Chaque fois qu’il se passera quelque chose que vous ne contrôlerez pas, vous vous réfugierez dans un couloir ? » Et si j'apprécie plonger dans le noir ? « Vous vous sentirez vide de tout, si vide en vous qu’une douleur affligeant naîtra dans votre être ? » Alors ce jour là, je reviendrais vous voir, parce que je serais prête à étaler, toute la merde mentale que je peux refouler.
« Vous savez que j’ai raison. » Et ce petit geste qu'il a après sa phrase a le don de taper sur mon système nerveux. Comment peut-il être persuadé d'avoir la science infuse à ce sujet ? « J’ai compris que je vous dégoûtais, que vous ne me supportez pas, mais cela ne doit pas interférer entre vous et moi, notre conversation. » Si je suis folle, je peux à présent assurer, qu'il n'est pas en reste au niveau de l'aliénation. Et presque j'ai envie de le traiter de pauvre con. Il ne sait absolument pas ce que je peux penser, de lui ou de je-ne-sais-quoi. Il est gavé de préjugé, et pète un plomb, je le promets. « Si vous souhaitez véritablement une signature sur votre papier, il va falloir faire mieux. Beaucoup mieux. » Parce que peut-être que pour lui tout cela n'est qu'un jeu ? Et qu'il se prend pour le grand manitou ayant les cartes en mains ? Je suis l'unique maîtresse de mon destin. « À présent, souhaitez-vous vous ouvrir ou non, doctoresse ? » Non... je me mure dans mon silence, lui laisse le loisir de finir sa tirade, à mesure que mon avis à son sujet se dégrade. « Je souhaite que l’on me réponde lorsque j’interroge une personne. » Interloquée par la façon qu'il a à présent de s'adresser à moi, je dois me contenir pour ne pas exploser. Alors qu'en mon intérieur, c'est un orage qui gronde.
Face a ses paroles une seule persiste en moi « De quel droit ? » ose-t-il me donner des ordres comme s'il avait un quelconque pouvoir sur ma personne ? A l'évidence il n'a pas conscience qu'au jeu de la fille têtue je suis bien plus que douée. Ce n'est pas parce qu'il élève la voix que je vais montrer aussi docile qu'il le croit. Ce n'est pas comme si nous étions amis, et à dire vrai, j'ai la sensation qu'entre nos deux personnalités ça ne collerait pas. Si j'ai pensé il y a quelques instants que j'aurais pu craquer sur son physique dans un autre contexte, le fait est que dans ses manières il n'y a, à présent, plus rien pour me plaire. Il l'a dit lui même, après tout, il ne m'inspire que du dégoût. « Mais … Pour qui vous vous prenez ? » Je finis par articuler, les dents serrées.
« Alors c'est donc ça l'idée ? » Me faire culpabiliser, me positionner en bourreau, torturant son pauvre petit médecin qui ne lui veut que du bien. « Vous vous fourvoyez à mon sujet. » En bien des aspects, mais je ne désire pas m'étaler face à un homme que jamais je ne reverrai. « Vous m'en foutez plein la gueule. » et pas qu'un peu, d'ailleurs, dans d'autres circonstances, ça m'aurait abîmé le cœur. « Et après vous espérez que je me confie à vous ? » A défaut d'un pauvre con, c'est un pauvre fou. « Excusez moi de vous le préciser, mais je suis pas sure que vous ayez choisi le bon métier. » Et cette fois, sincèrement, j'espère que son flot de paroles, je l'ai stoppé. Puisqu'il me demandait de me montrer plus loquace, au moins il est servi. Cependant j'espère qu'il a bien compris que je ne suis pas du style à me laisser marcher sur les pieds. Peu importe à quel point mon esprit peut être détérioré, je ne supporte pas qu'on fasse preuve de désobligeance avec moi. « Vous avez raison, ne signez pas. » Je le défi, je ne sais même pas pourquoi. « Votre avis ne m'importe pas. » J'irai voir l'un de ses confrères, et ferai les choses, à ma manière.
(C) CANTARELLA.
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