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Tout était dans la subtilité. Mon regard posé sur toi, dès lors que tu avais joué les premières mélodies de l’une de tes compositions, à ce moment face à toi, tout semblait être fait pour me faire succomber. Pourtant, nous étions ici pour parler affaires, j’en étais consciente. Mais t’étais loin de t’imaginer, que j’étais tout, sauf responsable. Mon poste, mon statut ici, je ne le devais qu’à ma débrouillardise, puisque l’expérience me manquait. C’était revigorant pour moi d’évoluer dans le monde de la nuit, parce que si les mythes existaient, je serais probablement un vampire. Je craignais le soleil, l’affluence de population robotique qui avait pour but de ne mettre aucun grain de sable dans leur mécanisme. A l’inverse, j’adorais l’imprévu, je me complaisais dans la difficulté, préférant user de mon esprit logique pour sortir d’une situation, plutôt que de l’éviter. Moi, j’y croyais au destin, à ces signaux qui faisait irruption dans nos journées, jusqu’à ce que quelque chose ou quelqu’un prenne place dans notre quotidien. Le jour de la mort de Whitey, ou du moins James mon père, j’avais cru que le bras droit de ce dernier, m’avait montré la bonne voie en me donnant une petite pilule d’ecstasy, avant de fuir la ville, de peur de finir comme lui. Et pendant près de deux ans, j’avais limité mon esprit par l’addiction, mais aujourd’hui j’étais sereine et clean. J’étais désormais entourée de bonnes personnes et j’essayais de m’entourer de bonne personne. En étais-tu une Levi ? Ou t’étais que le reflet de la perfection, pour mieux me faire tomber ? Je finirais bien par le savoir, d’une façon ou d’une autre… « Je suis contente qu’il aille bien. » Et ta question concernant l’accident, elle évoquait tellement de chose chez moi, que je restais muette un instant. Fixant mon verre quelques secondes, je redressais les yeux vers toi, après un doux soupir. « Moi non, mais des amis y étaient, ils vont bien maintenant, mais… Connor, le plus jeune de mes deux grands frères y était avec sa fille. » Ana… « Lui n’a rien physiquement par chance, mais ma nièce a succombé de ses blessures, d’où son départ d’ici. » Trop jeune, trop innocente, c’était pourtant elle qui avait payé, alors que des personnes de ma race, eux, étaient intacts et avaient repris le cours de leurs vies. Comme moi d’ailleurs, qui continuait de ma battre pour ce bar, dans l’espoir de revoir mon frère se remettre et venir reprendre son trône à la tête de notre entreprise. Parfois, il m’arrivait de regretter mes folles nuits, celles où j’avançais sans avoir aucune responsabilité, outrepassant certaines limites, dans l’unique but de nourrir ma fougue. J’étais une femme désormais et je devais continuer d’agir comme tel. Et ton regard, plongé dans le mien, il m’aidait à oublier notre conversation, il faisait s’envoler les doutes, pour laisser place au désir, mais aussi à la frustration. J’allais devoir m’accoutumer de ce sentiment pas vrai ? Celui de garder mes pensées et mes images pour moi, nourrissant probablement que des fantasmes à ton égard. Et cette proximité, de ma joue contre la tienne, de mes murmures à ton oreille, aux caresses subtiles de tes doigts dans ma paume, je pouvais y prendre goût. Pire, je voulais y prendre goût. Sourire à ta remarque, contente de voir qu’on semblait parler le même langage, avant que le couperet tombe. Tu t’éloignais et abordais le seul sujet que nous étions censé aborder : les conditions de travail. Un mouvement de recul pour que la distance nous aide à faire baisser la tension et j’essayais d’aborder les points importants de ton poste. T’étais celui qui allait avoir le moins de contrainte, comme il te suffisait de remplir le planning de la scène d’une semaine à l’autre. « C’est bien l’un des rares avantages à bosser dans le monde de la nuit, l’alcool pousse les clients à consommer et être généreux. » Je souriais doucement, contemplant mon verre vide, sachant déjà que je le remplirais pour oublier ce moment de gêne. Et t’avais réussi à me déstabiliser, contrainte de reconnaître que t’étais bien l’un des rares à me résister. Peut-être que ça faisait du bien à mon ego aussi de retrouver les pieds sur terre. Pourtant la connexion, le feeling, il était présent pour ma part, mais c’était peut-être qu’une illusion. « Oui c’est très bien, tu es très libre sur le planning, même sur les créneaux horaires. » Que j’ajoutais. « Comme je te disais, je ne suis pas très chiante et même plutôt arrangeante, je veux juste qu’on y trouve tous les deux notre compte. » Et vraisemblablement, tu venais de mettre une barrière pro entre nous. J’aurais plus que mes yeux pour apprécier, ça au moins tu ne pouvais pas me le retirer.
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