"Sors, allons dehors, prendre l'air !" c'est ce que @Lukas O. Spritz t'avait répété tout l'après-midi alors que t'étais avachie sur le canapé, en train de regarder des vieux films larmoyants en mangeant des chips aux oignons. Misérable, c'est le bon mot. La veille au matin, t'as eu une longue discussion avec ton colocataire avant de décider d'aller promener Naska, la bébé chienne de ta meilleure amie. En fait, c'est plutôt Naska qui t'a promené. Tu ne tiens plus debout, tu n'as pas dormi de la nuit après le bal (et pas beaucoup depuis), tu t'es retourné plusieurs fois dans ton lit à la pfor avant d'abandonner et passer le reste de ta nuit à sécher tes larmes dans la salle de bain. Au petit matin, t'es arrivée dans ton appartement que tu partages avec Lukas et Meluzine pour récupérer ton portable, laissé dans la poche de veste de Lukas pendant la soirée. Désormais le lendemain, t'es toujours aussi mal. T'as dans les mains ton téléphone dont t'es en train de saigner la batterie en appelant encore et encore @Toni Caldwell. Sans surprise, pas de réponse... Et à chaque fois que tu finis par cliquer sur le petit bouton "raccrocher" au moment où sa voix te propose de lui laisser un message, t'as l'impression d'avoir encore un peu plus mal. A chaque fois que l'un ou l'autre de tes colocataires passe derrière le canapé et dont tu sens le regard posé sur toi, tu prends bien soin de cacher ton téléphone sous le plaid. Ils ne le disent pas mais tu sens clairement qu'il n'en peuvent plus de te voir dans la même position depuis plus de vingt quatre heures. Il est presque dix sept heures et ça suffit comme ça, tu dois te bouger, et surtout aller te doucher. Tu vas jusqu'à ta salle de bain et y reste bien une heure, profitant de l'eau brûlante sur ta peau un peu tremblante. Tu pleures un bon coup encore dans la douche et te jures d’arrêter à partir du moment où tu mettras un pied hors de cette dernière. Ce que t'arrives plutôt bien à faire, tu t'en félicite en appliquant un coup de mascara (waterproof, faut pas déconner non plus). Un petit jean confortable, blouse noire et baskets, tu sèches tes cheveux rapidement et les attaches en queue de cheval dans ton dos. Un coup de parfum histoire de et tu décides enfin de suivre le conseil de Lukas. Sortir. Ok, d'accord. Tu ne sais pas où tu vas, mais t'y vas. Tu vas très probablement juste faire le tour du pâté de maison en te retenant d'aller chez Toni frapper à sa porte pour le supplier de te laisser lui parler. Clairement. pas. le. moment. Tu t’échappes de l'appartement rapidement pendant que Lukas se prépare encore et laisses tes pas te guider en direction de l'université dans le but d'aller récupérer deux-trois livres de cours dans ta chambre à la pfor. En route, ton attention est happée par les néons un peu trop vifs pour tes yeux fatigués. Le cinéma de Cambridge semble te tendre les bras et toutes ces couleurs sur sa façade sont telles le chant des sirènes. T'es "sorti" non ? Lukas devrait être content. Même si tu vas finalement t'enfermer dans un cinéma, ça, il ne le saura pas... Tu entres et prends un ticket pour un film quasiment au hasard, un espèce de blockbuster d'action où les personnages principaux sont visiblement un binôme d'agent secret. Des cascades surjouées et de la musique d'action bien forte à t'en péter les oreilles, c'est parfait ça, non ? Tu te diriges vers le second guichet, celui des confiseries et au lieu de prendre ton petit bol de pop-corn habituel, tu commandes un soda et un pot de glace Haagen Dazs au caramel beurre salé. Un peu honteuse de ton choix, tu te dépêches de payer et récupères le tout avec la cuillère en plastique que te tends la caissière avant de t’engouffrer dans la salle du film. Tu te cherches une rangée avec peu de monde, la trouve et vas t'installer en plein milieu. Les bandes annonces commencent à peine que t'es déjà en train de t'acharner sur ton petit pot de glace. Tu sens une présence à ta gauche s'approcher, quelqu'un qui semble vouloir s'asseoir à trois sièges du tien, pourtant, c'est toujours beaucoup trop proche à ton goût « ce siège est pris désolé, j'attends des amis. » Tes amis imaginaires, oui oui. Tu piques encore une fois dans ta glace et en dégustes une bonne cuillère avant de relever le nez et de le remarquer. « oh, c'est toi... » tu souffles doucement, plus qu'étonnée de sa présence. Sérieux sur tous les cinémas de la ville, sur tous les films et toutes les séances, il faut qu'il tombe sur LA tienne.what do I say
to make me exist ?
@Ottis Abatucci
cambridge, dim 17 mai
~~~~
credits img/gif: tumblr
code by lumos s.
(Katalia Borgia)