(( ainswock )) let the silence speak for you

let the silence speak for you ★ ─
w/ @Gaïa Murdock

Dans le fond, cette lettre d’expulsion était la meilleure chose qui me soit arrivée. Elle me faisait bouger le cul, elle faisait en sorte que je cesse d’être dans cet état léthargique, en moindre attente d’un mouvement de ta part. Tu n’allais pas revenir, tu n’allais pas me revenir. Et il fallait que je m’y fasse, que je tente de me remettre de tout ça. Me relever, vivre de nouveau ma vie sans attendre que tu viennes refaire un pas vers moi. Tu as peut-être même tourné la page de ton côté, fait en sorte de m’oublier. Non pas en te perdant dans les bras d’autres, mais en m’effaçant de tes pensées. En cherchant à oublier les moindres souvenirs qu’on avait en commun. Peut-être que dans le fond, je t’ai jamais rendue heureuse et j’étais juste un passe-temps. Je sais pas, je sais plus. La tête dans les cartons, j’avais fait le tour de l’appartement pour récupérer tout ce qui était à toi, afin qu’un de tes potes viennent les récupérer. Mais finalement, tu étais sur Boston ce week-end et tu avais décidé d’être celle qui les récupérait. Je stressais, bien sûr, mais il fallait bien qu’on fasse en sorte que les choses se passent pour le mieux. J’étais amer, mais j’étais encore amoureux et je ne voulais plus te blesser inutilement. Alors quand j’entendais ta voix, j’étais en train de pisser. T’intimant de rentrer, je me dépêchais de me rhabiller et de me laver les mains avant d’arriver vers toi. « Hey… hey, désolé pour le bordel, j’pensais avoir le temps de ranger un peu plus » Mais en fait non. Alors voilà, on était dans un appartement rempli de cartons et de sacs contenant toutes nos affaires. Comme quoi, on avait pas mal de conneries. Bon, pour ma part, c’était surtout les affaires de Maddie qui prenaient le plus de place, ses jouets et ses vêtements. « Tu… ça va ? Tu veux boire un truc ? » J’étais mal à l’aise, et sûrement que tu voulais pas être là donc ça n’aidait en rien mais bon, c’était sûrement une des dernières fois qu’on allait se côtoyer. Le retour des affaires, les derniers au-revoir. La fin d’une histoire.

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C’était bizarre mais je suppose qu’on allait réussir à faire en sorte qu’on soit tous les deux adultes dans cette histoire. Bien sûr, tu me manquais, j’avais encore envie d’être constamment avec toi. Mais ce n’était pas ta volonté. Tu ne voulais pas de moi, de mon aide, de ma présence à tes côtés. Alors je faisais avec, prenant mon mal en patience, jusqu’au jour où tu accepteras que je veux le meilleur pour toi. T’aider à surmonter cette épreuve, c’était ce que je voulais faire depuis le jour un, malgré les problèmes que j’ai causé dans notre couple. J’étais pas fin, je sais. Des conneries j’en ai fait et possible que j’en referai, tant la maturité est loin de m’avoir touché. Mais qu’importe, là, c’était le déménagement qui occupait la plupart de mes pensées. Et dans le fond, c’est pas plus mal, ça m’évite de me morfondre et de penser à toi, à nous et à tout ce qu’on avait pu partager. « Ouais… » Cherchant à éviter le moindre malaise, je te demandais comment tu allais et te proposais si tu voulais boire un truc, ne serait-ce que de l’eau ou du soda, qu’importe. « Meh, la petite ça va, elle profite de sa mère, du temps qu’elles ont perdu » Je préférais ne pas m’étaler sur mon état. Mais ça fait plaisir de voir que t’allais mieux, qu’être ici, à Boston, te faisait du bien en fin de compte. Un sourire et je te voyais bouger dans la cuisine, ce qui le faisait grandir de plus belle. Sauf que tu te stoppes et fait demi-tour, avec des excuses à la clé. « T’excuses pas, vas-y, tu peux y aller, tu sais où c’est » C’était chez toi, c’était ta maison alors tu peux y aller. De toute façon, si ça fait un moment que ce n’est plus ton habitation, ça fait autant de temps que je m’y sens plus chez moi. C’était notre nid douillet, ce cocon qu’on avait su se construire ensemble. Ça n’a plus aucun sens sans toi en vrai. « Il me semble qu’il est avec sa copine ce soir » Après tout, il avait de la chance de pouvoir compter sur quelqu’un. « Laisse, on ramène tes affaires et je te laisserai tranquille, je vais pas m’imposer » Surtout que j’étais plutôt du genre à générer de la tristesse et de la colère chez toi, plutôt que de la joie et de la bonne humeur. « J’ai pensé à mettre tes… “jouets” au fond d’un sac, pour pas que Maddie tombe dessus par inadvertance. Elle était là tout à l’heure, elle voulait piocher partout, j’étais pas bien » que je disais en rigolant, avant de soupirer. « On boit un coup et on y go ? Ça risque d’être long en bus » soufflais-je en allant vers la cuisine, attrapant un jus de fruits dans le frigo. « T’en veux ? »

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Cette relation qui était la nôtre, cette ombre sur le tableau qui persistait, je voulais la retrouver. Entièrement, dans toute la palette de couleurs que je pouvais espérer avoir. Seulement, c’était plus compliqué qu’il n’y paraissait. Tentant d’être gentil, avenant, tu mettais plusieurs stops. C’était logique, peut-être, je sais pas. Peut-être que j’étais lunatique à ma façon et c’était ton seul moyen de te protéger, au cas où je redeviens désagréable. Que sais-je. Je n’étais pas dans ta tête et ces dernières semaines, ces derniers mois en étaient bien la preuve. On avait perdu le fil de notre longueur d’ondes, prenant deux chemins différents. « Ouais c’est cool » soufflais-je doucement. Clairement, le fait que Nina ait retrouvé la mémoire m’aidait pas mal pour gérer ce bordel qu’était devenu ma vie. Toute ma thune était partie dans les frais hospitaliers, qui n’était pas si élevés grâce à la mutuelle de ma grand mère, dont j’avais déjà bénéficié à plusieurs reprises. Tu avais pris tes réflexes pour acquis, avant de te rétracter, revenant sur tes pas. Puis quand tu avais su que Maverick était chez sa copine, tu acceptais sans rechigner que je ne reste pas si longtemps chez les potes. Après tout, seuls en face à face, ça serait aussi bizarre que maintenant. Deux étrangers presque. C’est fou cette façon dont les choses évoluaient, quand quelques mois auparavant, on était heureux tous les deux, sur les pistes de ski au Canada par exemple. Je crois que c’était en souvenir de tout ça que je te remémorais les jouets, ceux que Maddie ne devait absolument pas trouver et qu’elle avait failli pourtant tout à l’heure. « Putain ouais… “Papa c’est quoi ça ? On dirait un bonbon !” “Non, non Maddie, mets pas ça dans ta bouche !!” » Je me mettais alors à rire à cette vision presque apocalyptique. Ouais non, valait mieux que ça soit au fond des sacs. Tu finissais par accepter de boire que de l’eau du robinet, ce qui était rapidement fait dans le fond. Alors je buvais mon jus de fruits avant de poser le verre sur le plan de travail, acceptant ton plan. « Yep, on a qu’à faire ça » glissais-je avec un sourire, me rendant dans l’entrée où tes affaires étaient déjà rassemblées. « Du coup, autant prendre les plus importants, en espérant que ce soient les moins lourds » que je disais en rigolant, te laissant regarder ce qu’il y avait dedans pour faire ton choix. Je ne serai que celui qui allait en porter un de toute façon, rien de plus. Et puis la discussion serait assez banale aussi. Un moment hors du temps, voilà tout.

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Je tentais de faire en sorte que tout se passe pour le mieux entre toi et moi. Même si l’envie de te prendre dans mes bras et de t’embrasser était là, je savais que ma place était à plus d’un mètre de toi. De mettre des limites, de la distance. Seulement, je pouvais pas m’empêcher de décoincer tout ça à base d’humour. Douteux, certes, mais ça restait de l’humour. Parler de tes jouets, “nos” jouets même, c’était un bon parti, parce que c’était drôle, surtout quand on rajoutait Maddie à l’équation. « Non mais pareil, c’est…. argh! » que je disais en rigolant, recevant sans sourciller ton coup à l’épaule, avant de te voir boire un coup. La suite, c’était d’emmener tes sacs jusqu’à l’autre appartement. Sans voiture, avec quatre bras uniquement. C’était pas simple, mais on allait y arriver. On était des débrouillards, depuis le jour un. Il fallait faire un choix dans les sacs puisque tu décidais qu’on ferait qu’un seul voyage aujourd’hui avec uniquement deux sacs, et le reste serait récupéré plus tard. Seulement, il semblait que j’avais mal fait les choses puisque c’était presque si tu te remontais les manches en t’installant sur le sol, les jambes croisées, le regard levé vers moi. « Non ! Les jouets j’ai fait attention. Le reste en revanche… » Je grimace avant de hausser les épaules puis je me mis à rire avant de me reprendre. « J’ai fait gaffe mais c’est un peu parti partout quoi, j’ai pas fait gaffe j’admets. Mais je peux t’aider à arranger le coup si tu veux » Je m’installais sur le sol, à un demi-mètre de toi, un sac devant moi pour regarder ce que j’avais mis dedans. « Tu veux t’organiser comment ? J’devrais peut-être choper un drap ou un plaid pour mettre par terre, on va éviter d’y foutre tes affaires à même le sol »

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J’étais pas forcément délicat comme mec alors ouais, possible que ce soit un peu rangé à l’arrache. Mais tu m’en voudrais pas hein ? En fait, si, tu m’en voudrais clairement, si j’avais pété un de tes trucs. Et quand tu parlais de tes chaussons de danse classique, mon visage se figeait alors doucement. « Eh… ça allait pas à la poubelle ? » que je demandais presque doucement, tout en me redressant pour m’éloigner de toi, histoire d’aller chercher le drap pour pouvoir déposer les trucs au sol sans forcément les salir. Mais quand je revenais, c’était un regard noir qui se posait sur moi. Restant dans mon délire - parce que forcément, j’avais pas jeté tes fichus chaussons qui puent -, je restais éloigné de toi pour éviter de mourir sous tes coups. Et en plus, il manquait un accessoire sexuel et là, c’était le combo ! « N’importe quoi, t’en as que trois ! Qu’est-ce que tu veux que je fasse avec un si t’es pas là pour… Bref » J’allais pas l’utiliser tout seul, c’était bien mieux quand c’était toi qui t’en occupais, on l’avait bien remarqué les nombreuses fois où on s’était amusés ensemble avec. « Juré c’est pas moi ! » Ça se trouve, c’est Hope quand elle est venue la dernière fois. Mais je me taisais, préférant pas aborder ce sujet là avec toi.

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