overprotective. (adena ♡)

Vingt heures trente. Une demi-heure que t’es là, inconfortablement installé sur ce bloc de pierre qui te soutiendra toute la nuit s’il le faut. T’es venu parce que tu sais qu’Ava est là, dans une robe beaucoup trop courte et beaucoup trop sexy. Parce que tu sais aussi qu’il y a ce type qui veut se la faire, elle te l’a dit. Et t’es pas d’accord. Tu le sens pas, t’as pas envie qu’il lui arrive encore des pépins. T’attendras là jusqu’au petit matin s’il le faut mais tu refuses de quitter les lieux tant que tu t’es pas assuré qu’elle est rentrée chez elle en un seul morceau. Tu la ramèneras, certainement. T’es posté à quelques mètres de l’entrée tout juste, une vue imprenable sur les portes que t’observes attentivement à chaque mouvement pour voir de qui il s’agit. T’es venu en survêtement, sûrement de quoi faire douter sur ta présence ; peut-être même amener un tas de gens à croire que t’es là pour chopper la première étudiante éméchée qui passerait. Mais non, t’es pas de ces types-là, toi. Au contraire.

Le regard braqué sur l’entrée du bâtiment, t’es concentré comme si on te missionnait pour surveiller la Reine d’Angleterre. Sauf que la reine, pour le coup, c’est Ava. Parce que tu sais que ce type est là aussi, celui dont elle t’a vaguement parlé quelques jours plus tôt en te disant qu’il comptait la serrer. Zéro possibilité pour toi ou, en tout cas, s’il sort avec elle sous le bras, il recommencera pas deux fois. Amputé s’il le faut. Ton regard finit par suivre une silhouette qui s’approche de toi. Silhouette bien trop familière pour que tu puisses en retirer tes yeux. Bordel. Jelena. Dans une robe beaucoup trop belle pour ne pas attirer les regards. Tu te redresses sur ton bloc de pierre sans pour autant te relever, laissant tes billes parcourir sa robe un instant avant de se fixer sur son visage. Le regard qui trahit déjà ce que tu penses : à tomber. « J’attends quelqu’un. » Tu te racles la gorge l’instant d’après. T’es quand même venu en survêtement Adil, elle va sûrement te trouver encore aussi collant parce que ça saute aux yeux que t’accompagnes personne. Et puis, tu serais venu directement avec, tu serais pas du genre à abandonner ta cavalière en chemin. « T’es magnifique. » L’honnêteté avant tout. Petit sourire qui détend soudainement tes traits sévères, jusqu’alors trop concentrés. « Tu vas retrouver ma sœur ? » Tu sais qu’elle y sera, tu t’en doutes. T’es pas totalement con non plus.

En te voyant ici, t’es presque certain qu’elle doit se dire que t’es toujours aussi lourd. Toujours aussi protecteur, toujours aussi étouffant. Mais c’est toi et t’y peux rien. On t’a aussi souvent reproché d’être trop distant que d’être trop collant alors tu sais même plus sur quel pied danser. Et c’est un comble de dire ça à ton sujet, d’ailleurs. « Je t’en prie. » que tu réponds sans la quitter du regard. Près de trois ans qu’elle t’a quitté et tu la trouves toujours aussi sublime. T’en viendrais presque à te demander où vous en seriez si t’avais pas été aussi collant, mais tu chasses bien vite ces idées de ton esprit quand elle te parle de ton jogging. Tu ris toi-même en jetant un œil à ta tenue ; ouais, t’es canon Adil, bravo. Super bien habillé en ces circonstances. « C’est le plus beau de mon dressing tu vois. J’ai fait un effort. » T’es clairement pas de ces mecs maniérés qui sont trop propres sur eux ; t’es beaucoup plus naturel, tu te prends pas la tête pour savoir si t’es bien sappé ou pas. Tu sors comme t’en as envie, tu prends souvent les premières fringues que tu trouves. Quand elle te demande finalement si elle peut attendre ta sœur avec toi, tu te relèves immédiatement pour lui laisser ta place. Galant, comme toujours. « Ouais, bien sûr. Assieds-toi si tu veux. » Tes mains qui se plongent dans les poches de ton pantalon, tu jettes un coup d’œil rapide vers la porte. « T’as pas de cavalier ? » Jaloux ? Peut-être un peu, t’en sais rien.

Tu sais pas quoi penser de tout ça, de Jelena, de vous. Ca va faire trois ans que vous êtes séparés et tu lui as couru après comme un chien pendant des mois, l’espoir qu’elle accepterait de te reprendre dans sa vie. Pourtant, elle a jamais cédé et tu t’es juste retrouvé comme un con. Seul avec toi-même. L’impression que la vie a mis Ava sur ton chemin deux mois après votre rupture pour la simple et bonne raison de combler ce vide dans ta vie. Un sourire détend tes traits quand elle te dit que t’as fait un effort pour ta tenue ; ça sonne faux dans ta tête, venant d’une sublime créature en robe de soirée. Tu lui cèdes ta place sur le bloc de pierre et elle souligne ta galanterie, ce qui t’amène à te courber légèrement en avant pour jouer de la situation. « Toujours pour sa majesté. » Tu te redresses, le rire rauque qui quitte ta bouche. Et puis, tu te demandes où est son cavalier. Est-ce que ça te ferait quelque chose qu’elle soit venue avec un mec ? Peut-être, t’en sais rien. En tout cas, t’as pas ton mot à dire. « Une cavalière ? Intéressant. » que tu réponds, laissant un court silence s’installer avant de reprendre : « Du nom de Mayssa, hein ? » Quelque part, ça te soulagerait. Mais ça empêche pas que des mecs en chien puissent approcher ta sœur.

Est-ce qu’elle est jalouse ? Sa question te fait étrangement tiquer et sonne presque faux à ton oreille. Ta meuf, hein ? Qu’est-ce que ça changerait ? Et puis, si c’était le cas, tu serais sûrement là pour l’accompagner à ce bal plutôt qu’à l’attendre dehors, non ? « Non. » que tu lances simplement en guise de réponse. Tu sais pas si t’as envie d’en dire plus, tu sais déjà ce qu’elle pense de toi et d’à quel point tu peux être étouffant. Ca a pas changé malgré les années et ça changera certainement jamais, faut bien te rendre à l’évidence. T’es comme ça, qu’on le veuille ou non. Qu’on t’accepte ainsi ou non. Sauf que t’es trop honnête, tu sais pas mentir ou cacher des trucs, alors tu finis par céder. « J’attends Ava. » Ta meilleure amie. Elle sait qui c’est mais l’a jamais rencontrée puisqu’elle est sortie de ta vie privée avant qu’Ava ne s’y fasse une place. Peut-être qu’un jour elles se rencontreront, t’en sais rien. En tout cas, ce que tu sais, c’est qu’elles sont à mille lieux l’une de l’autre et qu’elles se ressemblent en rien. Et puis vient le sujet de sa cavalière que t’imagines être à sœur ; apparemment, tu te trompes pas. « Soulagé qu’elle aille pas avec le premier venu, ouais. » que t’avoues alors en enfonçant un peu plus tes mains dans tes poches, ton regard se détournant à cet instant vers la porte du bâtiment pour observer brièvement les allers et venues. « Faites pas de conneries. S’il te plaît. » Bien sûr que t’es inquiet, tu le seras toujours. T’as pas envie que ta sœur ou que Jelena tombe sur un abruti comme ça a pu être le cas pour Ava. Et que tu sois une fois de plus aveugle, à pas te rendre compte des goûts qu’elle se mangera quand t’auras le dos tourné.

Peut-être que tu avais un sentiment de jalousie, tu aimais savoir que tu lui plaisais toujours et t'avais peut-être cette envie qu'il ne regarde que toi. Cependant, les années avaient défilées et tu savais que l'eau avait coulée sous les ponts. Tu regardais toujours Adil avec admiration, te demandant sans arrêt pourquoi il avait été aussi collant avec toi ? Défaut qui t'avais poussé à rompre avec lui. Un sourire s'afficha sur tes lèvres lorsque ce dernier t'annonçais que ce n'était pas sa petite-amie qu'il attendait, tu étais comme soulagé ; étrange réaction. Il attendait Ava, tu avais déjà entendu parler d'elle mais tu ne l'a connaissais pas. Ce que tu sais pertinemment c'est que vous étiez loin de vous ressembler. « Madame a de la chance, elle à un garde du corps pour ce soir » tu riais à tes propos, d'ailleurs tu pensais que ce n'était pas que pour ce soir. « Même pas que pour ce soir je suis sure » tu roulais les yeux au ciel. Etais tu déçue de ne plus être sa petite Lena qui protégeait ? Dans tout les cas tu savais que si tu courais le moindre danger, il serait là aussi. Tu le voyais qu'il ne cessait pas de regarder la porte du bal « Mais lâche la des yeux cette porte, sinon rentre dedans tu sais » tu savais qu'il n'avait pas le droit de rentrer, surtout si il n'était pas accompagné d'une étudiante mais après tout toi tu avais l'habitude d'enfreindre les règles. « Je te promet qu'on sera sage comme des images » petit sourire malicieux sur tes lèvres, de toute façon si vous aviez prévu le moindre truc, tu ne le dirais surement pas à Adil. « On te préviendra si on rentre accompagné » tu riais doucement, tu n'étais pas sûre que cela fasse rire Adil, mais après tout vous étiez grande Mayssa et toi. Provocante Jelena ? Non cela ne te ressemblait pas.