(( stanchild )) → biggest mistake

elle hésite quand elle quitte finalement la boutique. toujours dans les temps, la possibilité de peut être avoir cette conversation. les messages sans réponses, silence auquel elle s’était heurtée à répétition sans pouvoir le blâmer. lâche comme bien souvent, préférant la discussion distancé plutôt qu’un face à face qui lui renverrait un passif trop douloureux en plein visage. mais avait-elle le choix ? l’époque de ses vingt ans était révolu et si elle voulait prouver d’une quelconque manière qu’elle avait changé, grandi et rangé bien loin ses démons, sûrement qu’il devrait le voir de ses propres yeux. inspire lentement, l’estomac déjà noué, capacité à imaginer tous les scénarios catastrophes possible. les pas qui ralentissent quand le terrain approche, l’envie fulgurante de faire demi-tour, rebrousser chemin et échapper à la pression qui tordait sans ménagement sa poitrine. angoisse violente qui lui donne la nausée, reste en retrait face au match amical qui se déroule. elle attends la fin alix, le moment où comme à ton habitude t’iras t’assoir sur le banc profitant d’un peu de solitude quand tous les coéquipiers partiront dans des directions opposés. inspire doucement, pas mal assurés qui la conduise finalement à tes côtés au moment opportun, assise à l’extrémité du banc, les doigts fébriles qui jouent avec les autres pour calmer une pression trop forte. hey voix qui s’étrangle un peu alors qu’elle ose enfin te regarder. pars pas de suite s’il te plait. consciente que ça pourrait être ta réaction, la seule action que t'aurais envie d'employer.

yeri venait de t'être enlevée par sa tante, queenie ta sauveuse, queenie qui encore une fois s'est bien faite avoir. la tante complètement gaga qui s'est fait un malin plaisir de te faire un geste bien menaçant, celui de te faire égorger, dans le dos de la gosse et toi qui lance un 'avec plaisir sista' en soufflant pour envoyer un dernier baiser à ta fille avant qu'elle disparaisse pendant le week-end. sérieusement, t'as besoin de ça parfois. élever une petite, seul, c'est pas facile, loin de là. pourtant, c'est un pur bonheur au quotidien. la meilleure des fatigues. alors ouais, t'aurais pu sortir, en profiter pour voir des meufs, mais ce week-end, t'as juste besoin de détente, de repos. parce qu'en ce moment yeri est... fatigante, en demande perpétuelle d'attention. elle teste tes limites. sans cesse. et parfois, tu profites de ses moments calmes pour te poser aussi, sauf que.. c'est pas assez. alors ce week-end, tu vas dormir. dormir, faire du sport. et après ta première sieste de deux heures, tu te rends au terrain de baskets que t'as l'habitude de fréquenter avec les mêmes potes. une partie, deux parties et vous vous lancez dans une troisième et dernière histoire que tu partes pas sur une défaite. et comme à ton habitude, partie gagnée, danse de la victoire, tu nargues et t'agaces. puis une fois tes coéquipiers partis, tu te rends vers les bancs pour t'y asseoir, checker tes messages, et pourquoi pas faire quelques paniers solos avant de reprendre la route pour ton appart'. mais quand tu t'approches des gradins, c'est la voix, bien trop familière de ton ex qui fait disparaître tout sourire, toute bonne humeur. tu savais que t'allais la croiser à moment donné puisse que ça fait deux fois qu'elle essaye de te joindre, deux fois que tu l’ignores. elle s'attendait à quoi ? alors effectivement, au lieu de squatter comme à ton habitude, dès que t'as posé les yeux sur elle, t'étais à deux doigts de partir, serviette sur l'épaule, l'air agacé, mâchoire serrées, tu grognes - tu veux quoi ? - dis-tu en t'occupant de ranger tes affaires dans ton sac, mettant une oreillette dans ton oreille. tu t'en doutes. ça paraît évident.. tu t'es toujours dis qu'un jour elle reviendrait. alix, le poison. t'as la haine clairement. depuis le jour où elle s'est barrée, où elle t'a laissé toi et la petite. tu t'es juré de ne jamais la laisser l'approcher, quitte à oublier tout ce que vous aviez vécus tous les deux. avant. histoire de la détester plus que tout.

et comment pourrait-elle ne pas comprendre ? parce que si elle avait envie de te voir rester, ne serait-ce pas légitime de choisir la fuite ? comment reprocher un procédé qu’elle avait elle-même employée des années auparavant persuadée de faire la meilleure chose sans se soucier de ce qu’elle laissait derrière. elle souffle doucement, ton regard qu’elle n’arrive pas à soutenir plus de quelques secondes d’affilées. probablement parce que c’est le poids de la honte lui revenant en plein visage qui ne lui donne d’autres choix que de courber l’échine. esprit qui lui souffle que c’était une mauvaise idée, qu’elle n’aurait jamais du venir. mais comment approcher yeri si elle n’affrontait pas les difficultés avant ? inspire lentement, mèche blonde qu’elle décale derrière son oreille avant de se redresser. te parler ? ce qui semble logique. dans le cas contraire, elle n’aurait jamais tenté les messages avant de finalement se résoudre au dernier choix que représentait le face à face. je sais que tu me détestes y avait certainement pas besoin d’intense réflexion pour en venir à cette conclusion. mais je veux rencontrer yeri. revoir la fille qu’elle avait mise au monde, celle pour qui elle avait vraiment essayé de changer sans jamais y arriver. et si l’annonce sonne fatale, silence oppressant qui pourrait venir s’emparer de l’atmosphère, elle reprend presque trop vite. et je sais que tu laisseras pas ça arriver. pas maintenant, pas comme ça, pas si rapidement. elle sort de nul part et sûrement que t’as aucune idée de son comportement, des changement s opérés. croise les bras sur sa poitrine, regarde ses baskets quelques secondes sans trop savoir comment reprendre. est-ce que j’ai une chance au moins ? de prouver que j’ai changé ? d’accéder à la possibilité de la rencontrer un jour. dis lui levi. dis lui ce qu'elle doit faire, si c'est perdu d'avance ou pas. dis lui parce qu'elle n'a aucune idée de comment procéder, juste terrifiée par l'idée que tu lui fermes toutes les portes définitivement.

nous y voilà. elle veut voir yeri. ça bouillonne et t'as juste envie de lui exploser au visage. elle a un putain de culot alix. t'as même pas envie de la regarder. pas envie de t'énerver davantage. elle parle, tu la laisse s'expliquer, te dire exactement ce qu'elle attend de toi. pour une fois, elle marque un point, tu la détestes. comment ça pourrait en être autrement ? comment ne pas détester celle qui l'a abandonné avec son petit bébé de quelques semaines ? elle doit bien se douter que si elle compte revoir un jour sa fille, il va falloir qu'elle s'arme de patience. ou qu'elle oublie l'idée de la revoir, tout simplement. la laisser approcher ta fille, t'es pas prêt à ça et tu sais pas si tu le seras un jour. et si pendant des années t'as hésité de laisser yeri à kai pensant qu'il en profiterait pour appeler alix, pour qu'elle puisse profiter des moments avec sa fille, aujourd'hui, tu n'as plus aucun doute. tu fais confiance à kai. c'était le deal. tu lui laisses la gosse, mais hors de question qu'alix approche. tout se sait au final. affaires rangés, tu remets ton tee-shirt après avoir épongé la sueur à l'aide de ta serviette, ne faisant pratiquement pas attention à elle. tu l'écoutes, t'entends ce qu'elle te dit, mais t'es toujours autant fermé à la discussion. t'acquiesces d'un signe de tête puis ricane légèrement tout en la regardant enfin - non mais... j'rêve. - rire qui laisse place bien trop rapidement à une mine fermée. fronçant les sourcils, tu t'avances un peu plus vers elle, pointe un doigt menaçant, comme le ton de la voix que tu emploies - t'as raison. j'te laisserais pas approcher MA fille. trop facile de s'pointer comme une fleur des années après. t'as vraiment pas mal au cul toi. - comment te vénère en deux secondes chrono. alix qui se pointe et qui veut revoir ta fille... putain, tu le sentais... tu le sentais dès lors que t'as reçu ses messages - je t'ai donné pleins d'occasions de te rattraper, de prouver que tu pouvais faire des efforts pour ta fille. t'as laissé passer ta chance. c'est mort. j'te laisserais pas l'approcher et prendre le risque que tu disparaisses de nouveau. - comment elle ose... sérieux.

elle sait pas ce qu’elle doit faire, elle sait pas comment elle doit agir. elle aurait besoin d’un mode d’emploi quand elle sait qu’on ne lui en donnera pas un. parce que c’est pas comme ça que les choses fonctionnent, parce qu’elle sait qu’elle sera toute seule pour rattraper ses propres erreurs. elle débite les mots, le myocarde qui fait des siennes et c’est son visage qui blêmit quand en guise de réponse elle obtient un rire de ta part. lèvres qui se pincent, inspire lentement. qu’est-ce qu’elle avait cru avoir d’autres de toute façon ? bien sûr que tu ne lui aurais ouvert aucune porte aussi facilement. c’est aussi ma fille marmonne, mécontente. alors non, elle enlèvera jamais sa fuite ni même la présence que t’as eu quand elle était aux abonnées absents mais elle restait sa fille autant que la tienne. c’était elle qui l’avait mise au monde et.. aussi illégitime que tu voulais avancer qu’elle était, elle restait sa fille. je sais tu crois qu’elle est pas au courant des milliers de chances que tu lui as offert ? tu crois qu’elle sait pas qu’elle t’as craché au visage à répétition, incapable d’emprunter les portes de sorties qu’on tentait de lui ouvrir. je vais mieux vraiment mieux. et tu peux pas dire que tu le vois pas. parce que c’est marqué sur son visage, ça s’voit dans son comportement. elle est plus la camée en manque, contrôlée par les tremblements et les envies de se foutre en l’air. elle a plus le visage creusée et marquée. j’te demande pas de la voir maintenant levi. elle te demande pas de lui emmener maintenant comme si c’était un vulgaire caprice. j’veux une chance de te prouver que je resterais là et ça remettait personne d’autres en cause que vous deux. tu resterais seul juge à la fin. ses clés qu'elle sort, jeton accroché qu'elle tend comme si ça ferait une différence. un an. un an sans drogue, réelle envie de s'en sortir. s'il te plaît.. le murmure qui se perd un peu alors que ses bras retombent mollement le long de son corps.

c’est aussi ma fille tu manques de t'étouffer. et là, tu bas des cils, secoues la tête. incompréhension totale. est ce que t'as bien compris ? est ce qu'elle a vraiment dit ça ? t'as peur de pas comprendre là... - c'est aussi ta fille... - que tu répètes, la gorge serrée. histoire qu'elle comprenne la connerie qu'elle venait de sortir - mh, nop', tu te trompes. t'es pas sa mère. t'es partie, assume. - tu rajustes la lanière de ton sac au niveau de ton épaule, t'essayes de te montrer ferme, mais impossible d'imaginer qu'elle puisse voir ta faiblesse. biensur qu'alix c'est sa mère, t'as un coeur aussi. mais ton rôle de père protecteur, de petit ami largué comme une merde reprend vite le dessus. alors ça te donnes un peu de contenance face à elle et tant mieux, parce que sinon tu sais pas comment tu réagirais. puis, quand elle te lances qu'elle va mieux... t'hausses les épaules, l'air détaché - oui c'est bien alix. tu vas mieux. jusqu'à la prochaine. - et puis qu'elle te demande de la voir demain, dans un mois, dans six mois, la réponse restera la même - maintenant, demain, dans un mois ou plus... MA réponse restera la même. tu-ne-la-verra-pas ! oublie. - qu'elle oublie, qu'elle n'essaye même pas de la voir alors que kai la garde, dans ton dos, parce que là clairement, t'exploserais. et pourtant, tu vois que son attention n'est pas mauvaise, mais t'as peur. peur de la laisser une heure seule avec la petite, qu'elle tente de l'enlever... oui, c'est poussé, surement, mais c'est toujours une question qu'on se pose, des faits qui sont déjà arrivés dans ce genre de situations. pourquoi ça n'arriverait qu'aux autres ? parce que tu connais alix ? la stabilité, c'est pas son truc. elle semble faible, triste, désemparée, ouais tu le vois ça; t'es pas aveugle, tu sens qu'elle a envie de la connaître, mais t'as trop souffert à cause d'elle. et même s'il n'est plus question de vous maintenant, entre ce qu'elle t'a fait et son absence auprès de yeri, c'est inexcusable. regard qui se concentre sur la silhouette de la jeune femme durant quelques secondes. silence complet. des tas de trucs qui se bousculent dans ta tête. tu déglutis, visage toujours autant fermé. tu te mets enfin à souffler - et si je t'interdis ? tu feras quoi ? tu vas essayer de me l'enlever ? par n'importe quel moyen ? la justice ? enlèvement ? -

tu sais, elle a pas prévu de grand discours ni rien de tout ça. elle a même pas essayé de préparer quoi que ce soit parce que ça aurait probablement eu l’air prémédité. mais face à toi, elle savait plus quel genre d’argument avancer. probablement parce qu’elle n’en avait pas ou une connerie dans ce genre là. et c’était compliqué parce que chaque tentative se retrouvait soldé par un échec, l’impression d’être seule face au monde, les mots assassins qui lui compresse le myocarde. je suis partie mais je.. suis toujours sa mère. t’avais pas le droit d’effacer ce droit fondamental. c’était elle qui l’avait porté pendant neuf fois, qui l’avait mise au monde par la suite et qui avait surtout tout gâché du début. la fin. elle le sait et peu importe à quel point elle pourrait te dire qu’elle est désolée, elle se doute que pour toi, ça ne changera rien. ça fait un an levi.. je m’accroche vraiment cette fois un an sans rechute, sans rien. et elle est parfaitement consciente que ça restera un combat à vie, que jamais elle pourra dire être complètement sauvée mais tu vois, elle a vraiment essayé et jusqu’à preuve du contraire, elle passe les étapes sans broncher. les non qui s’enchaînent. les jamais qui semblent être des coups de poignard dans l’épiderme. elle raccroche ses doigts malhabiles aux pans de sa veste, les opales toujours fixées sur le sol, à se balancer d’une jambe à l’autre comme une gosse qu’on était en train de réprimander. alors c’est tout ? jamais ? et peut être que partir était la seule solution qu’il lui offrait. tourner les talons et plus jamais oser demander quoi que ce soit mais elle bouge pas alix, elle reste immobile, les prunelles qui se relèvent vers toi soudainement. qu..quoi ? non. jamais elle n’y avait rien que pensé. la justice ne lui donnerait jamais raison et la même justice interdirait définitivement un droit de visite si elle venait à s’enfuir avec la gosse. j’peux.. voir une photo ? juste ça. au moins ça. mettre un visage sur le prénom qu'ils avaient choisit à deux.

des mots, des promesses, des paroles en l'air.. t'en avais tellement pris l'habitude avec alix. puis, t'avais oublié tout ça. et la voir reformuler les mêmes phrases quasi, ça ne faisait que t'énerver davantage. elle s'accroche vraiment, elle te le dit.. ok, mais... qu'est ce qui te prouves ça ? c'est pas comme ci elle t'avait déjà prouver qu'elle pouvait tenir une de ses promesses. t'as pas envie de passer pour le méchant, c'est pas toi le méchant dans l'histoire. toi, t'as supporté beaucoup de choses pendant qu'elle faisait passer ses petits besoins en priorité. alors ouais, tu flippais intérieurement qu'elle essaye de s'enfuir avec la gosse, qu'elle tente quoi que ce soit, parce que toi tu lui interdis de voir yeri. elle te dit que non, mais toi t'hausses les épaules - j'ai l'droit de me poser la question. et puis, tu m'dis non, mais... si tu décidais de le faire, tu me le dirais même pas. - lâches-tu regard qui se dirige partout sauf sur elle, soupir de désespoir. tu sais pas quoi faire. honnêtement, t'es pas un monstre. mais putain, la laisser voir ta gosse, tu peux juste pas. pas pour l'instant. pas comme ça. tu craqueras pas ci facilement. t'es tiraillé. fronçant les sourcils, tu décide finalement de reposer ton regard sur elle quand elle te demande une photo. sourcils qui se haussent - genre, kai t'as jamais montré une photo ? - en général quand il voit la petite t'es avec lui, sait-on jamais. kai est avant le meilleur ami de alix, tu pourrais comprendre, au fond, qu'il te 'trahisses' pour elle. mais une photo... il peut carrément lui avoir montré. mais tu lui laisses même pas le temps de répondre que tu sors ton tel de la poche de ton short, le déverrouille et tourne l'écran en direction de la mère de la petite, visage fermé, regard rivé au dessus de l'épaule d'alix - dernière photo d'classe. ça date d'un mois... - mâchoire serrée, tu lui laisses quelques secondes pour la regarder, puis remets ton tel dans la poche.

c’est immonde comme sensation. la situation dans laquelle elle se trouver. et si elle voudrait pouvoir faire la forte tête comme à son habitude, elle savait aussi qu’elle n’était certainement pas en position de le faire. parce que tous les tords étaient pour elle. parce qu’elle ne pouvait strictement rien te reprocher à toi et que le poids du monde était seulement sur ses épaules. le truc, c’est que peu importe ce qu’elle pourrait dire ou faire, tu semblais pas avoir envie de t’en soucier. tu semblais pas vouloir lui laisser le bénéfice du doute. et probablement que c’était justifié. ancienne addict qui t’avais fait tourner en rond des milliers de fois avec les fausses promesses balancées comme si ce n’était rien. je le ferais pas. crois y ou pas mais si tu pouvais lui attribuer tous les tords du monde, celui là n’en faisait certainement pas partie. et c’est kai que tu me mets sur le tapis et le regard d’alix qui se relève d’un coup, l’incompréhension qui se lit dans ses yeux. kai ? ouvre la bouche mais l’instant d’après, c’est le visage de yeri qu’elle a dans les yeux. faible alix qui semble hypnotisée par l’image, cherche à mémoriser chaque trait, le myocarde qui bat à une vitesse impressionnant dans sa poitrine. yeri. déjà si grande, le reflet de tout ce qu’elle avait manqué et qu’elle ne pourrait jamais rattraper. puis le téléphone qui disparaît et elle se mord la lèvre, hésite à en demander une nouvelle, la question précédente qui revient à l’esprit. pourquoi kai aurait des photos ? elle suit pas, comprends pas. parce que si kaiden avait tenté de la pousser à écrire ne serait-ce que des lettres, elle avait tenu deux ans avant d’abandonner, incapable de continuer dans ce sens. et quand elle avait choisit d’arrêter, y avait plus rien qui ne le reliait lui non plus à la gosse. qu’est-ce que kai fait dans l'histoire ?

t'aurais jamais pensé la trouver là. ni ailleurs. si tu pouvais ne même pas avoir à l'éviter ça aurait le mieux. ne jamais la croiser. d'ailleurs, tu te rappelles pas l'avoir croisé depuis tout ce temps. ou peut-être une fois... ? boston c'est grand après tout. une fois, alors que t'allais chez kai avec la petite, t'as failli la croiser. elle sortait de chez lui... dix secondes plus tard, tu tombais nez à nez avec elle. et franchement, c'est vraiment la dernière chose que tu voulais. qu'elle croise yeri. juste... non. tu voulais même pas que ta fille connaisse le visage de sa mère. enfin, de celle qui l'a mise au monde. ah ouais, t'as la haine. mais qui ne l'aurait pas ? et encore, tu te trouves bien patient. n'importe quelle personne aurait déjà fuit. comme elle elle a fait il y a cinq ans. t'attends quelques secondes, écran braqué en sa direction. la voilà ta fille alix. regarde la bien, parce que tu la reverra pas de sitôt. téléphone rangé à la hâte dans la poche de ton short. ne pas lui laisser l'occasion d'apprécier la vue de sa gosse une seconde de plus. kai. ne pas le trahir. c'est ce que tu fais depuis des années. il continue de la voir la petite et alix, elle en sait rien. c'est pas ton problème ça, c'est le leur. mais t'iras pas jusqu'à le vendre auprès d'elle. kai, c'est son meilleur ami, mais aussi ton pote et un super tonton pour la petite, tu serais un vrai bâtard de tout avouer maintenant. t'hausses les épaules et lui dit comme ci c'était une évidence - les photos que j'vous avais envoyé pour vous remercier des sous. alors ouais, elle avait deux ans, tout au plus, mais c'est déjà pas mal non ? - tu marques une pause, puis te mords l'intérieur de la joue - pourquoi vous avez arrêtés de lui envoyer des sous ? d'écrire ? déjà que t'étais pas présente physiquement, peut-être que ça aurait aidé que tu lui écrives... quoi que... j'me demande bien quel sujet de conversation t'aurais eu à part tes petites soirées avec potos junkies. non, finalement t'as bien fait d'arrêter. - tu soutiens son regard, léger sourire narquois aux lèvres. t'as les nerfs, clairement, rien que d'y penser. des années sans rien dire, des années à tout garder pour toi. la confrontation est dure, mais peut-être que ça va te permettre de te soulager un peu aussi ? un bon moyen d'évacuer tout ce que tu gardes en toi depuis ces années. parce que ce sujet reste quand même assez tabou. t'en parles rarement. même avec ceux qui connaissent tout de ta vie. ta meilleure amie, ta soeur, tes potes... ils savent, mais ce sujet, t'en parles peu, voir pas du tout.