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Le mariage, tu as encore du mal à comprendre ce concept. Du moins, tous ces grands événements que l’on fait autour. Inutile d’en faire des tonnes, de se ruiner pour une journée qui restera quoi qu’il en soit gravé en mémoire. Tu penses de cette manière, car peut-être, tu vois trop de couples mariés être séparés aujourd’hui. Et toi, t’aimes la simplicité, rien d’extravagant. Quelque chose en petit comité, mais ça tu y penseras lorsque tu sauras certaine d’avoir trouvé la bonne personne. Tu prends les choses comme elles viennent, et pour le moment, tu te sens juste incapable de donner. Tu penses de cette manière, car peut-être, tu vois trop de couples mariés être séparés aujourd’hui. Enfant, tu rêvais seulement de pouvoir marcher, courir comme tout le monde. Ce rêve était plus important à tes yeux qu’un possible mariage qui aboutirait dans des années. Rien à voir avec un penchant féministe, comme il le dit si bien. Ok, il sait dire ce que pourrait te faire bondir. Le jugement. Pourtant, tu sens que ce côté dédaigneux est un humour qui peut mal s’interpréter. « Si tu savais.. » Dis-tu avec un malin sourire. Tu n’en diras pas plus. Tu n’es pas du genre à parler de ton passé peu glorieux. T’attends la dernière minute pour en parler, et en l’absence de ta canne, tu ne vas pas te priver de garder ça pour toi. Rien ne t’oblige à faire des confidences. Après tout, c’est un instant de séduction. Il joue avec toi, tu répliques sur le même ton séducteur. En plaçant un mot français, tu lui prouves le contraire de l’indifférence. T’ignore s’il comprend ce mot, s’il parle ta langue natale. T’ignores bien des choses à son sujet, mais une chose est certaine. C’est un véritable Anglais, celui qui met les formes à la langue française. Tu aurais pu être aveugle, le son de sa voix aurait suffi à te charmer. Accent exquis, amplifié lorsqu’il parle le Molière. Machinalement, dans un instinct de garder tes ardeurs pour toi, tu te mords fortement l’intérieur de la bouche. Il a fallu que tu tombes sur un Anglais. Sait-il le pouvoir qu’il peut avoir sur les gente féminine française ? Toi, tu n’es pas sans l’ignorer. Fini la séduction française, tu risques bien trop de te faire prendre à ton propre piège. L’anglais suffira amplement.
Vint alors l’instant où il te propose de partir. T’aimes te faire désirer, mais tu n’es pas stupide. Tu saisis les occasions lorsqu’elles se présentent à toi. Tu aurais pu attendre quelques minutes de plus, l’Anglais serait resté. T’en es certaine, mais à quoi bon. Ton thé est imbuvable, et tu n’es pas contre un peu de temps passé dans une librairie. Il y a bien plus désagréable comme lieu. Doit-on appeler un date ? Tu n’y penses pas. C’est une sortie peu ordinaire avec un parfait inconnu qui ne souhaite pas trop en dire sur lui. Dans un sens, c’est agréable. Il peut rester sans nom. Ce n’est pas dérangeant, ça s’aligne même parfaitement avec ta vision de tes rencontres actuelles. Sourcil arqué, tu ne comprends pas d’où vient sa surprise. Est-ce qu’il est maladroit, ou a-t-il un humour particulier ? « Parce que j’ai une tête de vieille fille qui vit avec ses dix chats ? » Qu’est-ce qui peut bien lui faire dire ça ? Ce n’est pas comme si tu portais un vieux pull crasseux, te coiffais maladroitement et portais le même jogging qu’il y a une semaine. C’est une image plus que stéréotypée, mais c’est comme ça que tu vois ces pauvres femmes. Ok, tu aurais vraiment dû lui donner un faux prénom, quelque chose de bien américain. Kelly aurait fait l’affaire. Il savoure, prononce ton prénom avec cet accent qui chatouille ta peau. Mentir ne fait absolument pas parti de ta nature, mais là, il touche un point faible. C’est difficile de ne rien exprimer, garder au fond de soi cette petite sensation particulière. Il ne doit pas se délecter, il le fait bien assez facilement. « J’en n’ai pas vraiment. Je préfère varier les plaisirs. Mais je crois bien compter plus de fictions dans ma bibliothèque. » Un comme celui qui se trouve dans ton sac. Et si tu n’as pas de genre préféré, Joël Dicker est bien ton auteur far. T’aimes sa plume si délicate, qui coulisse de manière fluide sous tes yeux. Tous trois, vous avancez, sortez de ce café pour retourner affronter le froid. « Et toi ? Je suppose que tu es du genre à collectionner les livres. » Il vous suffit de faire que quelques mètres pour trouver une librairie. Coïncidence ? Certainement, mais en même temps, cela t’arrange. Moins il y a de pas à faire, moins tu t’écartes de chez-toi. Le brun, poliment ouvre la porte et te laisse passer en première. Toi qui es du genre à te moquer de ces coutumes de courtoisie, ne te laisse pas prier et entre. « Merci. » Némo passe devant, tu t’empresses de te pencher pour le prendre dans tes bras. Certains n’apprécient guère la présence des animaux, et tu ne veux pas faire d’histoire. Heureux d’être pris, il remue la queue en tous sens, tandis que tu enroules d’une main la laisse pour la fourrer dans ton sac. « T’emmènes souvent tes futures conquêtes dans ce genre d’endroit ? » T’es lucide, pas stupide. Personne ne demande un numéro sans arrière-pensée, et encore moins avec autant de malice. Il ne s’est pas assis à ta table dans l’unique but de revoir les traits de ton visage. Les choses étaient plus que clair lorsqu’il t’a prédit l’avenir à travers ses cartes.
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