Visiblement, cette petite visite impromptue s'allongeait et ce n'était pas pour déplaire à la saoudienne. Elle, tant qu'elle pouvait l'avoir juste pour elle, elle était heureuse. La jeune femme se permit un sourire satisfait quand il accepta sa proposition de lui faire son costume pour le bal alors qu'elle lui tournait le dos. Ce n'était pas bien, elle le savait. Mais la moindre excuse pour passer du temps avec lui était bonne. Zhaleh n'aimait pas se priver et elle n'avait pas envie de se priver, malgré tout l'amour qu'elle portait à Neyla. Cependant, l'idée de passer derrière sa cousine ne l'enchantait pas. C'était tout un chaos d'émotions qui s'animait en elle. « Le gris foncé t'ira bien. » Alors que la jeune femme était occupée à se perdre en pensée et verser du café en même temps, la catastrophe arriva. Elle en renversa partout, se sentant gauche. Si d'ordinaire elle n'aimait pas qu'on critique son travail, dans la bouche d'Hermès ça sonnait comique. Un léger rire franchit les lèvres de la brune. « Je pourrais lancer une nouvelle mode si un gars aussi populaire que toi porte ce genre de création. » Parce que c'était comme ça que la mode fonctionnait. Il suffisait qu'une célébrité porte un vêtement passablement moche pour le monde l'adopte. Zhaleh ne fonctionnait pas comme et avait décidé de faire son propre style ? La demoiselle attrapa la tasse que Hermès avait rempli, le gratifiant d'un léger sourire. « Oui ça va, merci de l'aide. » Les tasses ne restèrent pas pleines bien longtemps. Zhaleh étira son dos alors que Hermès retirait son pantalon. Elle ne se gêna pas pour détailler, attrapant à nouveau son mètre ruban. Bien qu'hésitante, la saoudienne restait très professionnelle et vint s'agenouiller face à Hermès pour commencer à mesurer ses jambes. Bizarrement, elle commença par les chevilles. « Tu as trouvé une cavalière pour le bal ? » Elle espère très fort que non, n'ayant pas envie de le voir se pavaner avec une petite pétasse à son bras. Mais au fond, Hermès faisait parti des gens qui devaient avoir eu une foule d'invitation. Ça n'étonnerait même pas Zhaleh que le jeune homme ait tout un harem à ses pieds. La brune remontait doucement le long de la jambe gauche du français jusqu'à se retrouver en haut de sa cuisse. Elle avait glissé sa main entre ses jambes pour attraper le mètre ruban et l'enserra autour de sa cuisse. Si ce moment ne dura que deux ou trois secondes, Zhaleh avait la sensation qu'une éternité s'était écoulée. Une fois qu'elle eut terminé les mesures, elle se redressa sans savoir qu'elle avait les joues en feu. « Quelle couleur le costume ? » Souffla t-elle sans bouger de sa position, étant particulièrement près d'Hermès au point qu'ils auraient pu s'embrasser facilement.
Impassible, le français la regarda s’agenouiller devant lui, tentant de ne pas penser à l’absurdité de la situation et à l’excitation qui pourrait être la sienne en la voyant ainsi. Les contacts entre les mains de la saoudienne et les cuisses d’Hermès étaient intrigants, presque interdits. Il sentait les mains de la jeune femme dans tout son corps, de la pointe de ses cheveux jusqu’à ses talons. Cela le faisait frissonner et il aimerait prétexter des mains un peu trop baladeuses pour pouvoir sauter au cou de Zhaleh et l’assaillir de mille baisers passionnés. « J’ai une cavalière voui » dit-il sans grande conviction. Si Lexie était une belle femme, elle n’était pas Zhaleh. Il alla lui retourner la question mais se ravisa. Il ne voulait pas savoir ; il serait jaloux. De toute façon, Hermès n’attendait pas grand-chose de ce bal. Il irait pour faire plaisir à ses frères et à Théia, pour picoler un peu et qui sait, accorder à sa cavalière une nuit de folie s’il n’était pas trop ivre pour cela. Zhaleh remonta ses mesures jusqu’à la cuisse du français qui lui, ne la quitta pas des yeux. Il lui était impossible de regarder autre chose que Zhaleh. « Pour la couleur mh, je ne sais pas trop » . Il prit alors un court instant qu’il accorda à une quelconque réflexion. « On sait ce que sera le thème du bal ? Il me faudrait quelque chose qui colle avec tant qu’à faire … » . La saoudienne se redressa alors. Proches l’un de l’autre, chacun pouvait sans doute sentir les respirations de la personne face à lui. Hermès la détailla ; l’embrasser le démangeait. « Mh je peux remettre mon pantalon ? » . C’était plus historie de dire quelque chose, de détourner l’attention de ces silences qui risqueraient de les pousser à la consommation de leurs envies. Il se rhabilla alors. « Je vais te donner mon numéro, pour que tu puisses me dire quand ma commande sera prête. Je viendrais la chercher » . C’était surtout une bonne excuse pour confier son numéro à la brune.
Zhaleh afficha un large sourire, comme si la réponse de Hermès lui convenait. Mais l'idée même qu'une autre fille l'accompagne au bal la rendait aussi furieuse qu'une lionne à qui on venait d'arracher son petit. « Tant mieux ! » S'exclama la saoudienne avec beaucoup trop de conviction à son goût. Elle aurait eu des aiguilles dans les mains que Hermès se serait transformé en client d’acupuncture. Une fois les mesures prises, Zhaleh s'était relevée, se retrouvant si près de lui qu'un baiser aurait largement put être volé. La jeune femme pinça les lèvres et fini par se détourner du français pour s'occuper d'un truc. C'était vraiment juste histoire de s'occuper pour ne plus être collé à lui. Elle n'avait même pas répondu à sa question. Cependant, il n'eut pas besoin d'elle pour se rhabiller. « Il faudra faire des essayages avant et voir si je dois faire des retouches. Pour son costume, j'aviserai le moment où on saura le thème. Pour ta veste, tu l'auras en fin de semaine. » La demoiselle lui tandis un bout de papier et un crayon pour qu'il y note son numéro. Elle ne comptait pas le harceler. Cependant, elle se doutait un peu qu'elle aurait pu demander à Neyla mais elle n'avait pas envie de répondre aux questions de sa cousine. Même s'il ne se passait rien, c'était son jardin secret à elle. Elle récupéra le bout de papier et le glissa dans la poche de son jean, observant Hermès. « Je t'envoie un message quand j'ai fini. » À ces mots, elle le raccompagna jusqu'à la porte, ne se gênant pas pour le regarder s'éloigner, ses yeux se portant exclusivement sur les petites fesses du français.