City Lights {{ Gildice

L'idée de lui demander pourquoi il ne la voyait plus sur ses streams ou même le Discord de sa communauté lui traversa l'esprit mais il se retint ; après tout, peut-être était-elle toujours là mais silencieuse, pour des raisons qui ne le regardaient pas. Et si cette froideur était à l'origine d'un inconfort, alors il allait briser la glace et la faire l'apprécier pour qu'elle revienne. En dépit du fait qu'il se foute de ne pas être apprécié, c'était en revanche autre chose lorsqu'il y avait de la déception d'impliquée. Quelqu'un qui l'appréciait se mettant subitement à ne plus faire acte de présence dans sa vie sous-entendait qu'il y avait un problème quelque part.
Candice avait fermé les yeux tout du long de la chanson et ce moment de calme sembla les enfermer dans une bulle où les bruits externes devenaient silence. Durant ce laps de temps, Gilbert s'était également tu ; trop occupé à l'observer, encore, de toute manière. Comme elle ne faisait plus attention à lui, il était encore plus libre de la regarder. Un nez fin, pointu, légèrement retroussé, des lèvres charnues et rosées ; son grain de peau était clair et fin, ses cils longs et ses sourcils épais. Elle était frêle et même avec des vêtements amples cela se voyait. Si elle n'était pas le canon de beauté que beaucoup de mecs aimaient voir s'afficher à leur bras pour se pavaner, elle était quand même jolie et naturelle. Et, en un sens, elle était même rafraîchissante à regarder, elle et sa simplicité.

Dans sa contemplation, Gil n'avait pas spécialement fait attention à la chanson ni au temps qui passe. Le bus s'arrêta et quelques personnes descendirent, libérant un peu de place. Un bref coup d'oeil sur le côté confirma à Gil qu'ils pouvait aller ailleurs mais étant donné la situation, il n'en avait pas envie. Il était bien de toute manière, là, pourquoi bouger ? Lorsque ses iris se posèrent à nouveau sur sa compagnie de fortune, il remarqua le léger sourire et cela accentua le sien. Ok, bonne voie, elle sourit ! Mission brisage de glace toujours en cours. « N'est-ce pas ? C'est pas forcément ce qu'il y a de plus mainstream mais il y a énormément de bons artistes qui sont éclipsés. » Son attention à nouveau sur son téléphone où il s'égarait encore dans sa playlist, sa voix poursuivait, légère et désinhibée. « Surtout en fin de journée après une journée à fréquenter plein de monde, ça repose, tu te relaxes en te laissant porter. » Le bout de langue sortit comme une habitude lorsqu'il se concentrait sur ce qu'il faisait. Il cherchait une chanson spécifique et lorsqu'il la trouva, il la lança instantanément. « Cella-là ! Elle est vraiment chill tout en ayant un rythme entraînant. » ( ♪♫♪♫♪♫ ) Sourire en coin, prunelles sur Candice. Se doutait-il un seul instant que les paroles pouvaient prêter à confusion ? Absolument pas. C'était pas son genre de faire le lien entre des chansons et des actions, pour lui c'était bien deux choses différentes. Puis pour y songer, il fallait déjà démontrer avoir ce genre de pensées vis à vis de l'autre, non ? Lui n'avait vu qu'un potentiel intérêt de la part de Candice. Si la musique pouvait être un point d'accroche, il allait le saisir et l'exploiter autant qu'il le pouvait.

L’air devint un peu plus respirable lorsque cinq personnes quittèrent le bus dans un mouvement empressé ; Candice n’était visiblement pas la seule à vouloir passer le pas de sa porte le plus tôt possible. D’un bref coup d’œil aux alentours, elle inspecta l’intérieur du véhicule, il y avait de la place désormais et un large choix de possibilité. Malgré tout, l’étudiant se tenant face à elle ne bougea pas, la condamnant à rester coincer. Elle s’installa donc contre la vitre située dans son dos, déposa son sac à ses pieds puis se résigna à écouter le second son que lançait le streamer, un sourire aux lèvres. Aussi dépité qu’elle pût l’être, le froid de la vitre réveilla ses sens engourdis, laissant sa personne frissonnée contre le verre glacé par le temps fluctuant de l’extérieur. Le regard perdu sur les rues qui défilaient dans un ballet bétonné, ses paumes frottèrent ses épaules de façon machinale.
« C’est vrai. Y a beaucoup d’artistes dont on n’entend pas parler. C’est le jeu malheureusement… Tout le monde ne réussit pas. C'est peut-être mieux comme ça cela dit. »
Propos amers, acerbes presque, du moins cela avait sonné ainsi avec une pointe doucereuse en fond de bouche. Peut-être que si finalement Gilbert n’avait pas eu le loisir de goûter à la célébrité ils seraient proches à l’heure actuelle ? Peut-être qu’il se serait comporté correctement envers elle ? Voilà pourquoi Candice devenait si acide tout à coup. Ronger son frein, se taire, tout à coup elle aurait aimé tout envoyer valser, mais elle s’abstint, le ventre noué.
Penchant la tête en avant pour contempler avec soin le parterre où s’encrait ses converses, la jeune femme songea qu’elle voulait rapidement retourner aux basses violentes, à l’électro menaçant, aux cris barbares ; c’était ça dont elle avait besoin et non ces paroles mièvres, presque inapproprié dans ce contexte. Non. Inappropriés tout court. N’avait-il aucune gêne ? Cependant cela ne l’empêcha pas de supporter cette mélodie qu’elle aurait pu apprécier auparavant. Trois minutes ça semblait bref. Trois minutes ce n’était pas grand-chose.
Les paroles finirent d’achever la demoiselle dont la bouche se tordit vaguement ; elle avait l’impression de cocher une liste virtuelle centré sur les agissements de Gil, ça en devenait grotesque.
Le dernier accord terminé, sa tête dodelina en un léger mouvement calme avant qu’elle ne dégaine une nouvelle stratégie pour éviter le regard inquisiteur toujours braqué sur elle.
"C'est pas mal." Fit-elle en s'activant.
D’un mouvement ample elle ramena son sac sur les genoux puis en extirpa sa gourde parsemée d’un motif citron tout à fait délicat. Ni une, ni deux, elle but plusieurs gorgé du breuvage acidulé pour se ressaisir. La vivacité des agrumes activa comme un déclic en sa personne et tandis qu’elle reposait ses affaires, elle fixa Gilbert sans faiblir.
« En ce moment perso j’écoute des musiques plus brutes. »
Sans tarder, elle lui rendit son écouteur avant de lui visser le sien dans son oreille, non sans vérifier qu’elle ne lui faisait pas mal. Possédant une organisation impeccable, y compris dans ces différentes playlists, elle trouva le morceau idéal. Face à face, son doigt suspendu au-dessus du bouton play, Candice inspira pour se donner du courage ; il allait être surpris c’était certain. Peut-être que cela le ferait taire définitivement ? Peut-être qu’au fond, elle avait juste à lui faire entendre ce qu’elle ressentait au travers de cette chanson pour se débarrasser de lui ? Pour qu'il parte en se disant qu'elle était vraiment trop bizarre ?
En réalité, peu importait l’issue, cela impliquerait un changement elle en était certaine. C'était un risque à prendre.
Avec une assurance surprenante, Candice lança la chanson, son regard encré dans celui-ci de Gilbert. (ici fais gaffe à tes oreilles !)
Il n’y avait pas plus limpide pour exprimer son ressenti. Ça commençait simplement pour finir en cri du cœur, en cri de rage et de colère. Oui, c’était totalement ce qu’elle étouffait depuis des semaines.
Now, Shut up and Swallow.

Pas mal. Mh, la deuxième, moins bonne impression. S'était-il trompé en imaginant que c'était son genre ? A la voir, il l'imaginait écouter de l'acoustique, du mélodieux, romantique, peut-être aussi des original soundtrack. Le jeune homme se perdit dans ses pensées un instant, se questionnant sur elle et ses goûts. Il aurait pu penser avoir échoué dans sa tentative mais la voir lui rendre le petit écouteur pour ensuite placer le sien dans son oreille lui fit comprendre que non, il n'avait pas échoué ; il avait au contraire réussi. Dans sa tête, c'était une victoire que de la voir s'ouvrir à lui d'une manière ou d'une autre. Son attention toute portée sur Candice, Gil se pencha pour ne pas trop tirer sur le câble et leur donner à eux deux une liberté de mouvement au cas où il y avait un freinage brutal.
La musique commençait ; rythmique, électronique, familière. Il l'avait déjà entendue quelque part. Il connaissait ; bordel, pourquoi le nom ne lui revenait pas ? « Ha... Haaa ! Je connais ! C'est─ » claquement de ses doigts alors qu'il tentait de retrouver le nom. « Je connais, je l'ai sur le bout de la langue ! » Mouvement de main agité, soupir, bruit plaintif puis enfin, l'illumination ; « COMBICHRIST ! Ce sont eux non ?! » Il se rapprocha pour regarder l'écran et valider son affirmation. « Ouais ! Ca fait un moment, woaaaaah. » Le sourire était revenu sur son visage et le regard pétillait alors qu'il se rappelait ses débuts sur les jeux vidéos. Un semblant de rire amusé lui échappa même alors qu'il évoquait quelques souvenirs. « J'me rappelle de This Shit Will Fuck You Up y'a dix ans, je découvrais, je l'écoutais en boucle haha. Je me rappelle... » Les expressions faciales s’enchaînaient, l'excitation de parler musique et redécouvrir des choses qu'il avait jadis écoutées accentuant sa bonne humeur. « Je crois que le fondateur avait un autre groupe non ? Quelque chose comme Panzer AR ? AG ? Je sais plus, je me souviens parce que j'avais associé ses sons à mon nom haha. » Bavard, pipelette, éternelle bonne humeur, absent de toute notion négative et aveugle aux messages que la demoiselle en détresse pouvait lui envoyer subtilement. Gilbert n'était pas subtil. Il était tout, sauf subtil. Posant sa main libre sur son oreille pour isoler le son de l'écouter et bien entendre, il gardait un sourire satisfait. Musicalement parlant, il n'était pas compliqué, ne l'avait jamais été. Un son est un son et il avait appris très jeune à tout apprécier, à trouver du positif dans absolument tout, même les sons les plus improbables.
Les yeux qui avaient vagabondé un peu le temps de sa réflexion revenaient se poser sur Candice. Une fille à l'apparence si douce semblait renfermer plus de brutalité qu'elle ne le laissait deviner et ça l'intriguait ; quelle autre surprise pouvait-elle avoir en réserve ? Avait-elle pensé que cela le ferait fuir ? Qu'il serait choqué ? Raté.

Blême. Elle était blême. Cette fois la sensation de vertige la gagna bel et bien jusqu’à la faire légèrement tanguer. La mine blafarde, la lèvre tremblante, elle contempla son message se désagréger pour ne devenir que pure nostalgie. Gilbert semblait comblé. Elle n’avait même pas coupé son élan quand il cherchait le nom et elle avait senti le sol se dérober sous ses pieds quand il avait parlé du groupe…de… C’était trop.
La voix tremblante, un goût écœurant dans la bouche, Candice devint l’ombre d’elle-même durant les cinq minutes qui suivirent. Le bus ne s’arrêtait toujours pas, lui continuait de danser et elle n’était plus qu’une enveloppe sans saveurs. Ses oreillers percevaient le bruit ambiant, mais elles n’y accordaient pas d’importance. Tandis que le chanteur hurlait sa rage destructrice dans ses oreilles, elle respirait dans un rythme lent, à peine perceptible.
Le sourire qu’arborait le streamer la rendait songeuse et peut-être que cela la détruisait du plus profond d’elle-même ; comment pouvait-elle le détester quand quelques mois plus tôt elle se précipitait pour assister à ses lives ? Elle se souvenait de la quasi-totalité des messages qu’ils avaient échangés, des liens qu’ils avaient partagés, néanmoins, son cœur ne cessait d’avoir mal quand elle y repensait. Comment pouvait-elle souffrir pour lui ? Comment ?! Ce n’était qu’un mec ! Un simple, petit, mec. Il n’avait pas d’attraits particuliers en plus ! C’était à ni rien comprendre.
« Ils ont fait la musique de DmC. » Finit-elle par chuchoter de façon éteinte.
Un jeu parmi tant d’autres. Comme elle.
Finalement, c’était la comparaison la plus simple : Candice était un roman de poche perdu dans l’étrange bibliothèque de l’existence et quand bien même elle fantasmait sur des étagères remplis de bouquins, cette métaphore enfonçait en elle ce que sa mère lui avait toujours dit. Candice ne servait à rien, n’était rien, et jamais on ne la remarquerait. C’était ça la terrible faute de Gilbert à vrai dire. Sa fausse ignorance. Le choc avait été d’autant plus violent que la jeune femme s’était attachée à lui, enfin, visiblement plutôt à son image.
Les yeux fuyants, la jeune femme glissa une mèche derrière son oreille avant de plonger dans un silence trahissant tout son trouble. En général elle aurait commencé à pleurer, mais pas cette fois. Non. Ce n’était pas ce qu’elle voulait laisser transparaître. Pour l’heure elle se contentait de prévoir l’organisation de sa soirée : rentrer, faire la vaisselle de la veille, commander le plus gros burger du restaurant du coin, se rouler dans un plaid pour mater un film et ne plus bouger. Ses iris flanquées sur le sol du véhicule, elle se perdit une nouvelle fois dans ses pensées et quand la musique cessa cela sonna comme une délivrance.
Du bout de son index elle tira sur le fil qui lâcha sans prise. Désormais séparé de Gilbert, son écouteur pendant dans le vide, elle inspira profondément, gavant ses poumons de cet air citadin dont les effluves dissimulaient des parfums âpres.
« Voilà. »
L’échange était terminé… Bientôt Gilbert descendrait et elle serait à nouveau seule. Libre de ruminer sur ses tourments toute la sainte nuit si elle le désirait.
Relevant le regard dans la direction de son soucis principal, les ourlets de sa bouche s’animèrent. C’était un faux sourire étouffé, mais elle devait lui dire.
« Tu… Tu pourrais arrêter de me regarder comme ça ? C’est très… gênant. »
Elle l’avait enfin dit.

Le contraste était flagrant, mais lui était aveugle. Il ne voyait pas l'évidence qui se déroulait devant lui et que les gens autour d'eux commençaient à sentir. Il dérangeait. Il envahissait. Il était là où on ne voulait pas qu'il soit et il parlait quand on voulait qu'il se taise. Le chuchotement éteint cependant sonna comme un glas à ses oreilles et voyant Candice fixer le sol avec un air aussi absent fut source d'inquiétude. Allait-elle mal ? Était-elle malade ? Est-ce qu'elle venait de se souvenir de quelque chose de douloureux ? Mais pas un seul instant l'idée d'être lui-même la source du problème ne lui traversa l'esprit. Pour lui, il faisait de son mieux pour la mettre à l'aise, pour communiquer, pour tenter de comprendre. Il voulait lui demander ce qui n'allait pas mais préférait se taire, lui laissant le temps de se perdre dans ses pensées. L'écouteur tomba de son oreille, ponctué d'un voilà qui sonnait comme défaitiste. Sans comprendre, Gilbert la fixait, curieux, perdu.

Il n'avait pas anticipé la suite non plus. Candice relevait les yeux et il continuait de l'observer, attendant, attentif à toute parole qu'elle allait ensuite prononcer ; et les mots qui arrivèrent ne furent pas quelque chose pour lequel il s'était préparé. Visiblement pris au dépourvu, il resta interdit deux courtes secondes avant de forcer encore son chemin. « Te regarder comment ? J'ai─ » sauf qu'une main inconnue venait de se tendre entre eux pour les séparer. Gil leva le regard vers la personne qui s'interposait, un homme, afro-américain un peu fort de carrure et au regard on ne peut plus sombre. « Qu─ » - « Elle a dit que tu la gênes. » Surprise. Lui ? C'était lui qui la gênait ? Le sourire de Gil avait disparu pour ne laisser place qu'à la crédulité. Il voulu répondre mais aucun son ne sortait de sa bouche, le regardant menaçant de l'inconnu faisant passer un message on ne peut plus clair. Ses orbes sombres passèrent furtivement sur Candice, puis l'homme à nouveau ; et sa main finit par lâcher la barre avant qu'il n'esquisse un pas en arrière. « Okay ! Okay. J'arrête ! Merci. » Faux sourire à l'attention de l'inconnu, hochement léger de tête, et Gilbert se glissait entre deux personnes pour s'éloigner de quelques petits mètres. S'attirer des problèmes ou créer un scandal dans le but ne le tentait absolument pas et la pression des regards se faisait déjà suffisamment sentir. S'arrêtant vers la porte arrière du bus, il laissa son dos appuyé contre la paroi et retint un soupir. Avait-il commis un faux pas ? A quel moment avait-il commencé à gêner ? Est-ce que ses actions méritaient vraiment qu'on le menace ? Est-ce qu'il y avait vraiment un tel malaise du côté de Candice ? Il fit la moue, sourcils froncés, en même temps qu'il récupérait son écouteur manquant pour le placer dans son oreille. C'était compliqué et ça ne faisait aucun sens non plus. Quand il soûlait les gens, bien souvent ils le lui disaient en face et ne manquaient pas d'arguments mais elle ? Pourquoi ? Il tourna la tête, observant l'extérieur. Et si Milo ne savait pas non plus, qui pouvait bien l'aider à comprendre ? Candice n'était pas normale. Elle ne se comportait pas avec lui de la même manière que les autres et ça le perturbait également. Pourquoi ?

L’intervention divine existait. Quand cet homme osa s’imposer à la place de Candice, celle-ci eut peur tout d’abord, puis le soulagement l’envahit tout entière. Certes la mine de Gilbert par la suite se décomposa totalement, ce qui ne la laissa pas insensible, mais elle pouvait souffler. D’un léger signe de tête elle remercia l’inconnu dont le sourire la réconforta. La silhouette frêle du streamer s’étant déjà faufilé vers l’arrière du bus, le poids sur les épaules de la demoiselle disparu totalement.
Une première bouffée ranima son corps et apporta l’oxygène nécessaire à son cerveau. L’esprit détendu, elle remit donc ses écouteurs en place avant de se consacrer pleinement à son téléphone ; après tout c’était le centre de son univers, en dehors de ses livres bien entendu. Elle ne vit ainsi pas le temps passer, ni même les arrêts défilés et ce fut lorsque le chauffeur l’interpella d’une voix sympathique qu’elle se décida à descendre.
Mouvement de tête à gauche puis à droite. Il n’y avait plus personne. Candice avala calmement sa salive pour marcher d’un pas vif en direction de son appartement. A peine sur le pas de sa porte, elle dégaina ses clés afin de rentrer au plus vite dans son « univers ». L’instant d’après le battant de bois se renfermait à la façon d’une bouche sur sa friandise.
Le dos collé contre le mur de l’entrée, Candice ne bougeait pas. Ses prunelles d’une rare clarté se promenait dans les environs en quête d’un élément inconnu. C’est alors qu’elle vit un vase trônant sur le petit meuble où demeurait ses chaussures.
Un. Deux.
Le verre se fracassait sur le sol.
Les pieds enfouis sous plusieurs débris, gros comme petits, l’étudiante regarda les dégâts en tremblant. Ses joues étaient humides de larmes et ses paumes animés de légers spasmes. Suite à une minute de silence, elle se baissa enfin pour ramasser ce qu’elle venait de détruire.
Sa bouche laissa alors échapper une excuse plaintive.
« Pardon. Je suis désolée… »
Mais à quoi bon parler à un objet ? Maintenant, elle regrettait de n’avoir pas repousser Gilbert cet après-midi. Elle le regrettait amèrement.