La douleur insupportable s’éprend de toi. T'as mal d'avoir vu cette photo, cette photo qui t'a ramené des semaines en arrière, dans ce cauchemars éveillé. T'as surtout mal de le perdre, de perdre Lukas. Il est devenu tout en peu de temps et il doit devenir rien aussi rapidement. T'as pas la force, t'as pas l'envie, mais tu dois le faire. D'abord, tu dois apprendre la vérité. Tu dois comprendre son lien avec ta tortionnaire, pour avoir la force de réussir à briser le votre, de lien. T'as l'impression que l'arrière de ton crane cogne à intervalles réguliers contre la porte, mais c'est seulement ton cœur qui bat jusque dans tes tempes. Ça te fait mal de tête, tu trembles, tu pleures, et ta vision devient floue à cause de l'humidité dans tes pupilles. Tu fermes les paupières, soupires longuement et te concentres sur ses mots. C'est dur, mais tu dois le faire. Il te parle de la rencontre, somme toute banale et avec une femme une peu dérangée mais pas déséquilibrée. Tu l'écoutes, tes dents se plantent dans ta lèvre inférieure, surement trop fort car ses dernières te font rapidement un mal de chien. La pâte Oreo que Lukas vous fait à l'appartement pour vous remonter le moral lorsque Meluzine ou toi avez (encore) un problème avec un garçon... elle aussi, elle y a eu le droit. Un frisson parcourt ton dos, tes lèvres tremblent légèrement, de plus en plus. T'arrives pas à croire qu'il te parle de la même personne que dans la ruelle et dans la cabane, en fait. Tu ne veux pas le croire. Pourtant son histoire, tu la crois. Tu crois Lukas, il ne sait pas mentir. Tu l'aurais vu, sinon, tu l'aurais remarqué depuis des semaines voir des mois. Tu excelles dans l'art du mensonge, mais lui non, tu l'as su dès la première fois que tu l'as vu. Tu décroches un peu de ses mots, pour te concentrer sur ta respiration qui s'emballe, alors qu'il prononce un mot qui te paralyse. Enceinte. Et puis morte. Et puis bébé. Non non non, elle ne peut pas avoir été enceinte, elle ne peut pas avoir eu de bébé. Ce n'est. pas. possible... Le démon de ton souvenir, le démon qui vient te susurrer des menaces la nuit, elle n'est pas humaine. Elle n'est pas réelle, elle n'est pas mère. T'as peine a réaliser le dernier mot qu'il prononce, mais t'es secouée par les larmes alors que l'affreuse réalité s'impose à toi. T'as tellement souhaité sa mort, t'as tellement souhaité qu'elle disparaisse de ce monde. Et elle, elle a entraîné un être innocent dans sa chute. « stop Lukas, stop... » tu lâches doucement, bien que t'ai peine à croire qu'il va entendre ses mots à travers la porte et ses propres sanglots. « STOP ! » tu ne veux plus rien entendre, c'est trop dur. Tu l'entends s'adosser à son tour, de l'autre côté de la porte. Seul ce morceau de bois massif est entre vous, et pourtant, t'as l'impression que bien plus vous sépare. T'as tellement mal, t'as l'impression de sentir une maudite main compresser avec virulente ton cœur dans sa paume. Ta respiration est saccadée, t'abandonnes l'idée de tenter de la contrôler. Une seconde passe, ou une minute, peut être une heure, t'en sais absolument rien. C'est seulement lorsque tes jambes et ton bassin sont engourdis que tu décides de te lever, difficilement, à l'aide du mur à ta gauche. Tu viens déposer une main sur la poignet de la porte, prends une grande inspiration et tournes la clé dans la serrure. Après une seconde, tu viens doucement tirer la porte vers toi pour découvrir ton ami, toujours assis par terre, le visage plongé dans ses mains et tout le poids du monde sur son dos. « je suis désolé Lukas... » Désolé de le voir comme ça. Désolé de l'avoir traité comme ça. Désolé d'avoir douté de lui.there's no way out
@Lukas O. Spritz
milan, sam 11 avr
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(Katalia Borgia)