C'est au milieu du mois de mai que j'ai vu le jour, à New York. Mes parents y étaient installés depuis une bonne dizaine d'années. Je suis né dans une grande famille et cela je l'ai très vite compris. Mon père possède un grand journal new yorkais. Quant à ma mère, elle est l'une des héritières de la maison de joaillerie Tiffany & Co. Quand j'étais gamin, tout cela ne représentait rien pour moi. Je vivais comme n'importe quel gamin de mon âge, mis à part que nous avions quelques employés de maison. Voilà où était la différence pour moi. Ce n'est qu'en grandissant, que j'ai compris à quel point mes parents avaient un impact dans la société dans laquelle je vivais, de l'importance de l'argent et des relations sociales. A vrai dire à cette époque, tout ce qui m'intéressait, c'était de grandir et de m'amuser comme n'importe quel gosse. J'étais curieux, je posais sans cesse des questions et j'adorais franchir les interdits. J'étais assez casse-cou en fait. Je m'étais d'ailleurs cassé plus d'un os et j'avais plusieurs bleus qui parsemaient mon épiderme. J'étais un enfant turbulent. Je dois avouer que cela n'a pas trop changé à mesure des années qui passaient. Fils unique, je n'ai ressenti aucune solitude. Comme je l'ai dis précédemment, j'avais une grande famille. Plusieurs branches des Silver vivaient aux États-Unis, ce qui fait que la maison a toujours été animée. Et cela me plaisait. Parce que même si mes parents étaient souvent absents à cause de leurs boulots respectifs, je n'ai jamais ressenti de manque. Je n'ai jamais été seul. Après, il était certain que j'étais du genre à aller facilement vers les autres. J'étais loin d'être timide. Au contraire, j'aimais rencontrer de nouvelles personnes. Mais cela ne voulait pas dire que je ne faisais pas attention aux personnes que je fréquentais. Je sélectionnais mon entourage, parce que j'ai compris qu'au fil du temps, les gens avaient tendance à changer quand ils vivaient dans un univers doré où l'argent coule à flot. Alors j'ai fini par me constituer une bande d'amis sur lesquels je pouvais avoir confiance.
Les années qui ont suivi mon enfance a été marqué par le divorce de mes parents. J'avais douze ans quand mon père a fini par avouer qu'il voyait une autre femme. Pour ma mère, ça était un choc. Je crois qu'elle était encore amoureuse de lui malgré toutes ces années. Elle a eu du mal à accepter cela. Le divorce a été entériné et mon père s'est installé dans un autre appartement. Ma mère quant à elle, avait trop de souvenirs dans l'appartement où nous avions vécu tous les trois. Elle l'a mis en vente. Nous avons déménagé. A partir de ce moment là, j'ai fais des allées-retours entre mes deux parents. Heureusement, ils habitaient à quelques minutes l'un de l'autre. Pour moi, ils ont continué à entretenir des relations cordiales. Contrairement à d'autres, je n'avais pas à faire attention à chacun de mes mots quand j'étais avec l'un ou avec l'autre. Ils continuaient à fréquenter les réunions familiales tout comme je le faisais. J'ai fini par me faire à cette situation. Elle a même fini par être banale. Au niveau de mes études, je m'en sortais très bien mais j'avoue que j'avais tendance à sécher certains cours. Le gamin studieux des mes premières années, avait fait place à un type qui appréciait de plus en plus à faire la fête et à profiter des privilèges de sa situation. J'étais un héritier qui pouvait tout s'offrir, tout obtenir. Et j'avoue que j'étais entré dans une période où j'étais réfractaire à toute autorité. Je passais beaucoup de temps avec mes amis et les cours passaient au second plan. Un soir, après une soirée arrosée, j'ai été mêlé à une bagarre. Un type a été grièvement blessé à l'arme blanche et il est resté deux mois dans le coma. J'aurais pu empêcher tout ça mais je suis resté là, à les regarder se frapper dessus. J'ai fini la nuit au poste de police. C'est l'avocat personnel de mon père qui est venu m'en sortir. J'ai passé un mauvais quart d'heure. Et le deal qui s'ensuivit, était simple. Soit j'arrêtais mes conneries, soit je faisais mes bagages pour commencer ma première année à l'école militaire de West Point. Je pensais pouvoir me tenir à carreau. Cela a fonctionné quelques mois mais mes démons m'ont rattrapé. Et j'ai fini l'année comme cadet de première année à l'académie militaire.
Je n'étais pas du tout préparé à subir la discipline très stricte de l'école. Je détestais l'autorité surtout quand elle s'exerçait à mon désavantage. Je refusais tout bonnement qu'on me donne des ordres. Je faisais toutefois un effort pour être conciliant. Mais je n'étais définitivement pas fait pour être un bon soldat. J'ai été renvoyé de l'école après plusieurs incartades (bagarres, fêtes clandestines, paris, trafic au sein de l'école). Je suis donc revenu à New York. Une nouvelle fois j'ai eu le droit au couplet sur le bon fils. Un bon fils ne fait pas fait. Un bon fils se comporte de façon respectueuse. Un héritier ne fait pas de paris ou de trafic clandestins. Bref, c'est à ce moment là que les relations avec mon père se sont détériorées. Dans cette histoire, j'ai réussi malgré moi, à créer les premières tensions entre mon père et ma mère. Tout ce qui m'importait, c'était d'avoir dit définitivement adieu à West Point. Je me suis inscris à l'université de Columbia à la demande de ma mère. J'ai pris mon indépendance à mon dix-septième anniversaire. Je me suis installé dans mon propre loft près du West Village. J'ai retrouvé mes potes et mes vieilles habitudes. Mon père avait définitivement décidé de me laisser vivre ma vie. J'en étais à la fois heureux et frustré. J'avais cette désagréable impression de ne pas être le fils prodigue qu'il attendait. Malgré tout, malgré mes mauvais côtés, mon goût du jeu, de la fête et des risques, je remplissais tous mes devoirs d'héritiers. Quand j'étais en famille, lors de soirées familiales ou de représentation, je donnais tout l'image du fils parfait. Je n'avais tout simplement pas envie de me résumer à tout cela. Je n'avais pas changé pour autant. Je vivais ma liberté comme je l'entendais, du moment qu'elle ne venait pas entacher mon nom de famille. D'ailleurs, j'étais toujours là quand on avait besoin de moi. J'ai été là quand Sateen a fait une rechute. Bipolaire, elle a vécu des moments difficiles à Miami. J'ai été là pour elle. Pour moi, la famille passait en premier. Mon père a fini par le comprendre. Je n'étais plus son mouton noir. Il s'est rendu compte au fil du temps que malgré mon attitude parfois laxiste, j'étais un fils sur lequel il pouvait compter.
It's a new dawn. It's a new day
Columbia était une université qui me correspondait. Je me suis inscrit en relations internationales et en journalisme. D'un naturel curieux, j'ai toujours aimé écrire et raconter tout ce que je pouvais voir. Cette filière m'était apparue logiquement dans mon choix d'orientation. Et puis, j'avais aussi développé une passion pour la photographie. J'appréciais passer des moments, seul dans un parc ou un endroit isolé, à prendre des clichés de tout ou de rien. Je pense avoir un bon oeil artistique. C'était de famille puisque la mère de Scarlett est une photographe de grande renommé. Mais pour moi, prendre des clichés n'était qu'un passe temps. Cela me permettait de souffler un peu et de me vider la tête. Mes études se déroulaient parfaitement bien. Si bien que j'étais major de promo chaque année. D'accord, j'aime les excès, j'aime les fêtes mais j'aime encore plus me former une solide expérience. En dehors des cours, je me suis fait embauché, sous une fausse identité, dans le journal de mon paternel. J'y pondais quelques articles sur les soirées à New York, les évènements à ne pas manquer. Parfois, je les ponctuais de quelques uns de mes clichés. J'étais reconnu pour mon travail et j'en trouvais une réelle fierté. Mais la vie à New York commençait à me peser. Voir sans arrêt les mêmes têtes, devenait sérieusement lassant. Sateen, Briony et même Ashlyn, mes cousines, avaient décidé de tenter Harvard. Je trouvais que c'était une bonne idée de les rejoindre. J'avais besoin de changement. Et puis, les Silver ladies me manquait. Je ne pouvais pas nier que nos conneries, nos conversations jusqu'au bout de la nuit me manquaient aussi. J'ai donc rempli un dossier de candidature. J'ai mis en pièces jointes, mes relevés de notes et les preuves de mes activités extra-scolaires. Et j'ai été accepté. Je suis devenu un étudiant d'Harvard, et cela depuis la rentrée 2012. Cela fait donc quelques semaines que je suis dans le Massachusetts.