Penché sur une feuille de papier, Dmitri essayait de résoudre son problème de mathématique ce qui n'était pas une mince affaire. Non que l'exercice en question soit compliqué : il ne bloquait d'ailleurs sur aucun de ses devoirs, il assimilait avec facilité ce que ses professeurs lui apprenait. Mais il peinait à se concentrer. Il était habitué à être observé. Prenant des cours à domicile, ses professeurs ne comptaient que lui comme élève, ils restaient donc immobiles, feuilletant des livres et tâchant de lire ce qu'il griffonnait à mesure qu'il écrivait. Mais cette fois-ci, un regard accompagnait celui de son institutrice. Madame Golitsyne se tenait à côté de lui, assise sur une chaise voisine à la sienne. Ces temps-ci, Dmitri, du haut de ses six ans, la trouvait étrange. Elle semblait en permanence fatiguée, ses traits étaient tirés, son regard brumeux et elle attachait toujours sa chevelure brune devenue terne aux yeux de son fils en un chignon rapide. Elle lui semblait inconnue parfois. Si elle semblait avoir cesser de se préoccuper de son apparence, elle s'était remise à traiter son fils comme un bébé. Soit, il n'avait que six ans et n'était encore qu'un gamin, mais il s'était déjà habitué à une certaine indépendance aussi limitée soit-elle. D'ordinaire, sa mère n'assistait pas à ses cours, elle ne restait pas dans l'encadrement de la porte de sa chambre jusqu'à ce qu'il se soit endormit et elle ne le prenait pas sans arrêt dans ses bras. Dmitri tâchait de rester contrer mais il fit tomber son stylo quand sa mère lui donna un baiser sur le front. Puis, elle se recula, restant tout aussi proche de son fils, se mettant à taper sur la table en rythme avec ses doigts soigneusement manucurés. Dmitri fronça les sourcils et ne se remit pas à écrire. Maman, qu'est-ce qu'il y a ? Il leva sa tête vers elle et elle cessa brusquement. Rien chaton, rien du tout. Travailles, mon chéri. Elle le couva du regard et lui caressa la joue avec la paume de sa main. Dmitri fronça les sourcils et s'apprêtait à répondre quand une voix se fit entendre. Excusez-moi, je pourrais parler à mon fils ? Reconnaissant la voix de son père, Dmitri se tourna vivement vers lui, manquant de tomber de sa chaise. Sa mère se leva, son regard allant de son fils à son époux. Oui, évidemment souffla-t'elle avec un regard d'excuse au professeur. Dmitri se mit à courir vers son père, sentant le regard de sa mère dans son dos. Son père laissa échapper un rire et l'attrapa alors qu'il s'arrêtait devant lui, le prenant avec facilité dans ses bras. Dmitri enroula ses bras autour de son cou tandis qu'ils marchaient, allant rejoindre une pièce plus éloignée. Avec un petit gémissement, monsieur Golitsyne installa son fils dans un fauteuil et alla prendre place dans celui qui lui faisait face. Il devait employer des mots simples, qui auraient du sens pour un petit garçon de six ans. Des mots dont il se souviendrait quand il serait devenu un homme et qu'il garderait en mémoire. Ses mots devaient être choisis avec attention. Tu est un grand garçon, Dmitri. Maman et moi, nous t'aimons plus que tout, tu le sais ça, n'est ce pas ? Dmitri approuva sans un mot, son père semblait fatigué lui aussi, comme si parlait lui couter. Il faut que tu me fasses une promesse. Promet moi que tu prendra soin de maman, car tu est son petit homme et que c'est toi, la personne qui la fera toujours sourire. Est-ce que tu me le promets ? Oui, c'est promis. S'enthousiasma le petit garçon avec un sourire. A l'époque, il n'avait guère comprit. Il avait fait cette promesse pour faire plaisir à son père, car il avait put lire dans ses yeux que c'était important. Mais il n'avait pas saisit à quel point. Quelques jours plus tard, son père décéda.
Dmitri, tu arrives bientôt à la maison ? Cria une voix dans le combiné du téléphone. L'intéressé laissa échapper un soupire. On s'était mis d'accord, tu devais rentrer il y a près d'une demi-heure, tu sais que je déteste être en retard, tu aurais au moins put m'appeler pour que je ne m'inquiètes pas... Ou est-tu, d'ailleurs ? Dmitri observa son reflet dans le miroir. Ses boucles brunes étaient ébouriffées, il ne portait qu'un caleçon et il ne s'était pas rasé. Il n'était vraiment pas prêt pour aller dîner aux côtés de sa mère. Qui plus est une fille l'attendait dans la pièce d'à côté et il aurait amplement préféré passer sa soirée avec elle. Cependant, il ne pouvait pas laisser tomber sa mère. Elle ne prenait guère la peine de lui mentir à ce sujet : elle avait besoin de lui. A défaut d'avoir encore son époux et le père de Dmitri, elle se reposait sur son fils aîné. Elle ne lui demandait pas de parler, de feindre être une autre personne que ce qu'il était, à savoir un jeune homme encore très jeune dans sa tête, mais elle voulait qu'il soit là. Sa présence était importante, ce n'était pas plus compliqué que cela. Dmitri ! Dmitri, est)ce que tu m'écoutes seulement ? Reprit sa mère. Sa voix grimpait dans les aigus, elle était en train de s'énerver de l'absence de réponses de son fils. J'arrive dans une dizaine de minutes maman, je prends ma voiture et on part dès que j'arrive à la maison, d'accord ? Dit-il d'une voix qui laissait entendre de la frustration. Ou est-tu ? Insista sa mère qui ne semblait guère rassurée par les derniers mots sortis de sa bouche. Chez un ami, j'arrive. Affirma Dmitri avant de raccrocher. Il avait mentit pour une bonne raison. Sa mère n'aurait pas soulever immédiatement que son petit garçon enchaîne les aventures sans lendemain. Elle n'avait pas besoin de tout savoir de lui, qui plus est elle aurait été hystérique de le savoir pas encore sous la douche. Elle le pensait sans doute déjà prêt, en train de monter dans sa voiture. Sans perdre une seconde de plus, Dmitri termina de se déshabiller et prit une douche rapide. Par chance, il avait eu l'intelligence de prendre ses affaires, anticipant qu'il ne serait pas chez lui pour se changer. Alors qu'il entreprenait de se raser, la porte de la salle de bain s'ouvrit. Qu'est ce tu fiches ? Railla une voix derrière lui. Il faut que je parte, responsabilités familiales, tout ça répondit Dmitri, très évasif. Il ne s'agissait pas d'une fille que sa mère aimait a le voir fréquenter. Ses parents n'étaient pas riches, elle n'avait grandit avec une petite cuillère dorée dans la bouche et pourtant on aurait pu s'y méprendre tant elle était capricieuse et à sa façon de jauger les autres du regard. Elle avait ce côté hautain, présent également chez Dmitri et son entourage. C'était peu être ce qui l'avait amené à se coucher avec elle dans son lit. Enfin, qu'importe. Fils à maman siffla la fille mais sa vacherie n'ébranla pas Dmitri. Il n'allait pas la contredire sur ce point.
Son rang, son milieu mais aussi son entourage, eurent tôt fait de façonné le caractère de Dmitri. Perdre son père l'avait poussé à grandir plus vite que les autres. Devoir être sans arrêt présent pour sa mère, assumer le rôle du chef de famille. Il devait prendre des décisions. Hors, quand bien même il était futé et travailleur, lecteur assidu et parlant couramment de nombreuses langues, il n'en était moins un fils de riche, hautain dans sa façon de regarder les autres, de percevoir les gens qui n'appartenaient pas au petit cercle fermé dont il faisait partie depuis sa naissance. Bien qu'il ne possède pas un mauvais fond, il apparaît comme une personne superficielle. Il aime à s'entourer de personnes qui évoluent dans le même univers que lui. Son père était Grand-Duc de Russie et c'est là son héritage. Il ne s'en cache pas et se perçoit comme prêt pour de telles responsabilités, après tout, sa mère lui a toujours mit une pression bien trop élevée sur les épaules et il est toujours rester fort malgré tout.
Il ne savait guère exactement définir de quoi il s'agissait. Il la connaissait depuis des années, ils s'étaient rencontrés alors qu'ils n'étaient que des gamins et elle avait toujours fait partie de son cercle d'amis. Leur relation n'avait jamais été parfaite et il ne considérait pas qu'elle le soit davantage désormais. Mais il l'avait fait et ne reviendrait pas la dessus. Il attrapa la main d'Oxana avec une délicatesse telle qu'il n'était pas sûr de lui en avoir un jour témoigné autant en un seul geste par le passé. Sa douceur se poursuivit quand il sortit la bague de la poche de sa veste et la fit glisser le long du doigt de la jeune femme. Ce fut parfait, quand elle tendit sa main devant elle pour admirer le bijoux la bague ne roula pas sur le côté car étant trop grande pour ses doigts fins. Elle ne s'offusqua de rien. Le bijoux lui plaisait. Voilà. Souffla-t'il en l'observant. De son regard, il suivait le moindre de ses gestes, guettait la moindre de ses réactions. Plus que jamais, il aurait aimer être capable de lire en elle. Etait-elle gênée ? Surprise ? Etais-ce réellement inattendu de sa part ? Trop rapide peu être ? Sans doute que non, ils se connaissaient depuis tant d'années. Il avait demandé sa main à son grand père et ce dernier avait accepter. Cette alliance réjouissait tout autant la mère de Dmitri. Il ne lui avait fallu qu'un court moment d'hésitation pour ôter la bague qu'il avait toujours vu à son doigt et la déposer au creux de sa main. Cela avait été un moment étrange ou les silences furent plus parlant que tous les mots, toutes les phrases formulables. Car cette bague était le symbole d'un amour vrais, de quelque chose qui dépassait Dmitri. Il s'agissait de l'amour que c'était porté ses parents, mais aussi ses grands parents, ses arrières grands parents sûrement également bien qu'il n'en ai pas la certitude, son père n'étant plus là pour lui compter l'histoire de ce bijoux qui avait traversé des générations de leur famille. Quand Dmitri avait refermé ses doigts sur la petite bague, il avait put voir le regard de sa mère briller. Il n'avait guère douter qu'elle était heureuse de donner cette bague à son seul et unique fils mais il aurait également juré silencieusement qu'il était éprouvant pour elle d'ôter cette bague qu'elle n'avait jamais enlever, du moins dans les souvenirs du garçon, depuis que son défunt mari la lui avait offert. Un court instant, Dmitri se demanda s'il en serait de même plus tard. Qui porterait cette bague après Oxana ? Serait-il toujours là pour voir le bijoux être transmis ? C'était là des pensées trop sombres pour s'insinuer dans d'heureuses fiançailles mais Dmitri eu toutes les peines du monde à se les ôter de la tête. L'histoire de sa famille demeurait plus que jamais gravée dans son esprit. Son nom de famille demeurait une fierté, il l'avait toujours perçu ainsi. Il n'avait jamais envisagé de pouvoir y voir ne serais-ce qu'une poignée de secondes une fardeau. Il fit quelques pas vers Oxana et se retrouva contre elle, inclinant son visage afin que leurs fronts se touchent. Il la regarda dans les yeux et ses iris emplirent son champ de vision. Sans baisser le regard, il remua ses mains jusqu'à ce qu'elles se referment sur celles de la jeune femme et il les serra avec tendresse. Avec un de ses doigts il effleura la bague et se figea un instant. Avant de l'embrasser amoureusement, il lui souffla quelques mots des plus significatifs. Je t'aime.
Il était en colère. Il ne parvenait pas à se décrisper et se tenait assit dans sa voiture, tâchant de canaliser sa colère. Il se sentait humilié, hors il avait ce sentiment en horreur. Il ne laissait personne le rabaisser et il déteste qu'on essaie de lui faire la leçon. Il ne le supportait déjà pas venant de ses parents quand il était gamin et n'appréciait pas cela davantage maintenant que c'était le frère aîné de sa fiancée qui s'y mettait. La partie avait été longue, irritante et avait suffit à rendre Calvin détestable aux yeux de Dmitri. C'était une chose de protéger sa petite soeur chérie, même s'il était fils unique, il pouvait le comprendre, mais c'en était une autre d'essayer de lui prendre sa voiture. Il ne se contentait pas de vouloir gagner, Dmitri l'avait parfaitement perçu : il voulait le remettre à sa place, lui donner un leçon. Il avait voulu qu'il se sente comme un petit garçon inconscient, mis au pied du mur. Pour quelqu'un qui tenait en permanence à garder la tête haute, il n'y avait pas plus désagréable comme situation et il était persuadé que Calvin en avait conscience, après tout ils se connaissaient depuis l'enfance, il avait donc ainsi plus ou moins assimilé la façon de penser de son futur beau-frère. Dmitri poussa un soupire las avant de démarrer le véhicule. Il prenait tout bien trop à coeur sans doute ce qui était délicat car étant couplé a son besoin permanent de prendre des risques. Le jeu demeurait une de ses passions et il s'y adonnait toujours, un sourire hautain, rabaissant, dessiné sur son visage. Il ne percevait pas de mal là dedans : il adorait gagner, tout simplement, sentiment plus commun. Il estimait que c'était le cas de tout le monde. Lui en revanche, avait un mal cuisant à accepter à la défaite. Carrément mauvais joueur sur les bords, il se renfrognait dès que les choses prenaient une tournure peu réjouissante pour lui. Il ne plaisantait guère dans ses moments là. S'il avait perdu sa voiture... Evidemment, sa mère lui en aurait offert une nouvelle, ce n'était pas l'argent qui aurait manquer, il en avait assez sur son compte pour s'en payer d'autres, mais il aurait eu toutes les peines à se tenir à côté de Calvin Mikhaïlovitch. Ce qui aurait été désastreux vu qu'il allait être amené à le voir souvent. Il le croisait déjà sans arrêt avant de se fiancer à sa petite soeur, alors désormais qu'il allait bientôt être lié pour la vie à Oxana, il allait devoir faire de la place à Calvin dans sa famille. L'idée ne le réjouissait guère réalisa-t'il. Cela lui passerait, il était simplement en colère, sentiment qui se dissiperait au fil des jours sans qu'il y croit vraiment. La portière s'ouvrit et Oxana monta dans le véhicule. Ils s'embrassèrent rapidement et Dmitri essaya de refouler sa frustration, mais il n'avait jamais été un très bon menteur. Il était sur les nerfs et cela se sentait. Est-ce que ça va ? Tu as l'air d'être de mauvaise humeur. Dmitri secoua la tête en guise de réponse et se concentra sur la route.
Il n'a pas prémédité de venir étudier à Harvard. Quand bien même il s'agit d'une université prestigieuse, Dmitri a fait toute sa scolarité à domicile et n'était donc jamais allé à l'école avant d'entrer à l'université. Il n'est pas trop peu sociable, bien au contraire. Sa décision d'étudier à Harvard lui permet de fuir un peu ses responsabilités tout en suivant sa fiancée. Il rentre cependant sans arrêt pour les vacances chez lui. Sa mère a besoin de lui et de toute façon, la Russie lui manque toujours si bien qu'il est toujours heureux d'y rentrer. Bien qu'il voyage depuis toujours et ce très souvent, il ne se sent réellement chez lui que là bas. Il nourrit une passion pour les langues et en parle plusieurs couramment. Il a une préférence marquée pour sa langue natale et pour le français qu'il a décidé d'étudier bien qu'il parle déjà très bien cette langue.