ma relation avec ma sœur était un sujet qui tombait très régulièrement dans le cœur d'une conversation légère. ça faisait rire qu'on se tape dessus tout en se protégeant des maux du monde.
à croire que nous puissions être les seuls à se détester alors qu'on s'aimait de tout notre cœur. j'imaginais mal ma vie sans elle, et j'espérais qu'on resterait à jamais l'un près de l'autre. heureux, car à défaut d'avoir eu des parents, nous avons eu une relation fraternelle forte. qui remplace parfois le manque d'un parent. triste, n'est-ce pas ? et pourtant rien ne nous rendait vraiment triste. nos larmes avaient depuis longtemps séché, et nous pouvions avancer comme on l'entendait. rien que tous les deux avec quelques nouvelles de notre mère. rares de notre père. " on nous le dit souvent. " qu'on est unique mais que notre relation est enviée par beaucoup.
si demain j'avais un corps à cacher, elle serait la première à sauter à pieds joints pour l'enterrer et couvrir mes arrières.
c'était ce genre de confiance qu'on avait pas dans toutes les fratries. nous avions la chance d'avoir cette connexion spéciale.
et elle fait le parallélisme avec ses propres frangins, même si je ne connais pas tout le monde, crystal est une de mes amies les plus proches. «
je connais bien crystal, tu ne dois pas t'ennuyer. » et je pense que c'était si peu de le dire.
et puis il faut dire que vu son tempérament de feu, ça doit y aller au niveau des disputes. june me semblait plus calme, ce qui m'allait parfaitement. même si je n'avais rien contre les personnes pleine d'énergie, j'étais en meilleure harmonie avec les gens calmes.
la rue est calme, l'air est frais et le soleil nous baigne d'une lumière apaisante. j'aimais bien ce temps, bien qu'il me tarde l'été. «
des talents cachés ? » je souris en coin. «
tu m'aurais vu y a deux mois, j'étais loin d'être doué, même là, hein ? t'attends à voir le saut de l'ange, je tiens juste sur mes jambes. » son bras sous le mien, je l'emmène jusqu'à destination où nous pourrions oublier les cauchemars qui continuent de l'étrangler, même éveillée.
le sujet épineux abordé et j'essaie de faire bonne figure. c'est vrai que cette situation était chaotique et je me demande encore comme j'ai fait pour glisser dedans sans pour autant réussir à en sortir.
je ferai forcément du mal à quelqu'un, mais qui ? «
hm. » je secoue la tête pour la rassurer. «
tu peux pas deviner. » un sourire alors que j'explique ma situation, et ça semble tant l'étonnée que je me demande si je suis net ou si ma réflexion était biaisée par la peur. j'attends comme elle le demande, se concentre alors que je regarde les gens marcher devant nous, fixant un point dans le dos de la dame. puis sors de ma torpeur en plissant doucement les yeux. «
pas exactement. » c'était si compliqué que je me demande même comment être clair.
à nouveau je secoue la tête, cette fois amusé. «
n'importe quoi, me tape pas je suis fragile. » je prends une inspiration et essaie de me faire clair. «
il est du genre volage, qui couche avec plein de monde. c'est pas mon genre mais on a déjà couché ensemble. » et pour une fois, je ne me sens pas honteux, mais surement parce que j'avais quelque chose pour lui. «
mais c'était pas sérieux, on se téléphonait quand même et on se draguait vite fait, mais y avait une fille qu'il aimait bien aussi. j'avais zéro chance, et puis on était loin l'un de l'autre... donc j'ai voulu l'oublier. et maeve avait besoin d'un coup de main, donc je jouais le rôle du gendre idéal mais... y a eu l'acc-. » je la regarde. «
enfin tu sais, et il était dans le coma. quand il s'est réveillé... il a cru qu'on était en couple parce qu'il avait les souvenirs emmêlés et il a foutu le bordel dans ma vie. et maintenant ? » je hausse les épaules. «
je pense qu'il sait pas ce qu'il dit. c'est le choc, quand il reprendra ses esprits, il m'oubliera aussi vite qu'il s'est souvenu de moi. » et c'est pas grave, le silence et la douleur ça va bien ensemble.
arrivés et désormais sur la glace, je lui tends la main pour qu'elle me rejoigne. ses mains glissent dans les miennes et je la tire doucement vers moi pour qu'elle glisse en douceur sur la glace. «
bien. » mais pas le temps de l'entrainer à l'écart du monde, un connard la frôle et je la tire vers moi pour qu'il ne l'effleure seulement. «
t'as des cons qui se prennent pour des patineuses de haut niveau. » foudroyant du regard l'importun qui se retourne et je fronce les sourcils. «
quoi ? » que j'aboie, mais à part lever les yeux au ciel, il s'échappe et continue son tour en nous évitant au prochain tour. «
bien, comme je disais, on va y aller doucement. entrelaçant nos doigts, je donne un premier coup. «
comme si tu glissais sur le parquet, tu sais, comme on est gosse. les chaussettes sur le parquet et que tu glisses. c'est tout pareil. »
on allait y aller doucement de toute façon, on était pressé. «
je te rattrape si tu tombes. » ce qui voulait littéralement dire que je tomberais en même temps mais j'atténuerais la chute malgré tout.
(c) AMIANTE