my blood. | ft. elvia novak

les aller-retour dans la maison de yennefer commençaient à devenir une habitude. je commençais même à noter les horaires d'entrée et de sortie qui étaient plutôt réguliers. c'était amusant.
parce que si yennefer était malheureuse, dans l'appartement naissait des sentiments difficiles pour tout le monde.
personne n'allait bien. et je savais qu'elvia avait une peine de cœur après m'en avoir brièvement parler au téléphone.
je voulais avoir le nom, mais elle avait préféré le taire. pour que je ne m'énerve pas sans doute, bien que je l'étais déjà.
j'étais très protecteur envers elle. personne n'avait le droit de réduire son cœur en miette, même par maladresse. j'étais peiné qu'elle subisse ce genre de cœur brisé. ce pourquoi j'avais toujours tenu jayson à distance.
je ne voulais pas qu'elle connaisse le mal et le malheur en amour... j'aurais préféré qu'elle tombe sur la bonne personne tout de suite et qu'elle vive un amour parfait et heureux jusqu'à sa tombe.
malheureusement ça n'existe pas, et je ne suis pas le parfait exemple à suivre. mes histoires d'amour volaient toujours en éclat ou bien, j'étais embarqué dans des histoires pas possible... à croire que j'étais un aimant à connerie. et ma sœur aussi. serions-nous maudit par les étoiles, nous, les novak ?

j'arrive devant la porte de sa chambre en jogging et t-shirt, pieds nus. entrant sans frapper, je ferme derrière moi en sautant sur ses jambes dans son lit. sur le ventre, j'attends qu'elle réagisse.
mais nous nous étions tous les deux fermés, ces derniers temps. j'avais tendance à sortir plus souvent avec yennefer ou faire des activités avec elle pour lui changer les esprits. sa mère venant de décéder ... j'avais oublié le reste.
un reste qui était pourtant la part la plus importante de ma vie : ma sœur. « tu veux qu'on traine ensemble ce soir ? » que je demande en jouant avec le coin de sa couette, coinçant ses jambes pour qu'elle ne m'envoie pas bouler tout de suite.
au fond, j'ignore seulement qu'elle a besoin de moi autant que j'ai besoin d'elle. « on commande des pizzas et on mange devant la télé, ou on reste la si tu veux. » que je dis en roulant sur le dos, lui écrasant les genoux. « elle t'a rappelée l'autre ? » faisant mention de la fille qui lui avait fait du mal au cœur. attrapant pumba entre les doigts, je m'amusais à le faire sauter en l'air vers le plafond.
ce soir, c'était elle qui déciderait, je promets de pas la contredire. ou pas trop, du moins.

je ris à sa remarque sur qui ne voudrait pas trainer avec le king. en soi, elle a raison, on se battrait pour avoir mes faveurs, mais c'était toujours elle qui primait sur le reste du monde. « quelle chance tu as de partager le même sang que moi. » que je dis en appuyant un peu plus sur ses genoux.
proposant finalement soirée calme rien que tous les deux, ça faisait un moment qu'on avait pas eu le plaisir de se retrouver que tous les deux, ni d'échanger sur les malheurs de la ville.
car si on nous trouvait de jolies qualités à l'un et à l'autre, nous étions de véritables vipères quand nous nous associons contre ceux qui voulaient du tort à nos cœurs. et cette fille que je supposais être un sacré crush avait suffisamment abîmé ma sœur pour que je veuille écraser sa face contre la terre.
mais elvia n'avait pas voulu me donner son nom. surement peur des représailles... en soi, j'aurais voulu lancer la pfor contre elle. mais à en juger par le discours tranchant de ma sœur. ce serait une action stupide et dénuée de bon sens, sans doute. pourtant, dieu seul toutes les montagnes que je serais prêt à déplacer pour qu'elle n'ait pas à les contourner. mais à trop la protéger je vais finir par en faire une chiffe molle, et ma sœur a bien plus de caractère que ça.
il fallait que j'arrive à lâcher du lest. car même si elle était toute ma vie, nous étions désormais adultes.
l'époque révolue de cette enfance où n'étions que tous les deux face au monde... nous grandissions enfin. et les peines de cœur faisaient malheureusement parties de l'équation jusqu'à finir par tomber heureux entre les mains des bonnes personnes.

le programme choisi, je roule d'avantage sur elle pour appuyer mon poids sur ses cuisses. « l'éléphant il t'emmerde, je pèse pas plus lourd qu'un panier de linge. » que je dis en riant.
puis c'est plus fort que moi, je dois demander. ce qu'elle a fait cette fille pour prouver qu'elle l'aimait. « débile. » que je siffle entre les dents en soupirant. « pas toi, hein ? l'autre. » gâcher une telle relation avec des coucheries. les gens de nos jours n'avaient plus aucune valeur.
je ne sais pas comment je me sentirai si j'apprenais que mahé avait foutu en cloque une petite pétasse d'une nuit.
je me redresse en soupirant. « toujours. l'un supporte pas l'autre et l'autre ignore l'étendu de mes sentiments. j'ai été con de proposer ça... » prenant un coussin entre les bras pour le serrer contre moi, j'attends qu'elle ait fini de pianoter sur son portable et la regarde, les yeux brillants.
peut-être qu'un jour, on sera heureux.

puis un sourire malicieux se dessine, les yeux se plissant naturellement, de cet entrain enfantin qui réveille les sens de ma cadette. je lui jette le coussin dessus avant de lui grimper dessus et de bloquer ses jambes à lui chatouiller les côtes jusqu'à ce qu'elle supplie qu'on arrête la torture.
il n'y a pas de malheur chez les novak, que de la folie. « elle est où la morue ? » la battante, la conquérante... celle qui tape et qui mord, la tigresse quoi.

tique. un frisson qui me parcourt l'échine alors que le mot de trop sort d'entre ses lèvres. de ces odeurs qui m'avaient toujours fait flipper... détestant l'idée de sentir mauvais ou d'avoir des odeurs dérangeantes venant des autres.
ce pourquoi je contournais les poissonneries ou les déchetteries et chaque mauvaise odeur me procurait des nausées terribles qui prenaient à la gorge. j'espérais qu'elle blague. « tu n'es pas sérieuse ? » que je dis en essayant d'humeur l'air, ne pouvant m'empêcher de sentir le doux parfum de mes aisselles. mais non, aucune mauvaise odeur.
en même temps, je suis un peu con, je sors de la douche et à part le gel douche et le déodorant... je sens rien de plus. « t'es bête comme tes pieds, morue ! » que je dis pour rattraper ce que je pensais de son crush. « finalement t'es comme ton crush, t'es nulle. » je lui tire la langue.
malgré tous les efforts du monde, et malgré notre amour indéfectible, on ne pouvait pas s'empêcher de se piquer. de se faire mal... parce qu'on savait qu'on était les seuls à pouvoir se dire ce mal. qu'on était unique dans notre taquinerie, que personne ne pourrait nous comprendre.
cet amour fraternel peut le connaisse comme on le connait, ayant grandi de manière indépendante, et pourtant, j'ai un mal fou à m'imaginer sans elle. elle était le sang de la veine, la veine du sang. je sais pas ce qu'ils disent pour dire que c'était mon sang quoi. ma sœur. « non, pas obligé. mais de toute façon, ils ne se supportent pas. maeve n'aime pas l'influence de mahé et mahé ne supporte pas la simple présence de maeve... alors bon. compliqué. » et si j'étais scientifique, appréciait les équations et les casse-tête, ce problème là, je voulais pas le résoudre. « on verra. » j'avais pas le choix que d'attendre et de voir... j'en perdrais un, c'était sûr.
lequel maintenant ?

mais ne pouvant se morfondre dans des bons sentiments qui ne nous ressemblaient pas, je finis par prendre à bras le corps ce petit bout de femme, attaquant ses côtes, l'entendant rire avec force me faisant sourire à mon tour.
non pas que j'appréciais cette dominance, car elle avait toujours eu le dessus sur moi. bien plus forte, bien plus maligne.
j'étais juste là pour la défendre dans l'ombre... comme elle l'avait toujours fait. c'était à mon tour de la protéger du mal qui rongeait. et je me jurais de le faire... de la sauver des maux du monde. parce qu'elle, elle avait fini par chasser les ténèbres de ma vie.
et la tigresse reprend le dessus, me chasse me coince. « t'as gagné ! » que je concède pour qu'elle me lâche.
l'interphone sonne et je la regarde, les yeux brillant d'appétit : « à table ! allez bouge de là, vieille folle ! » que je dis en me dégageant finalement de sa prise pour rouler sur le sol, me relevant en sortant de sa chambre.
remontant avec les pizzas que je pose sur la table basse. « je vais prévenir, yen. »
revenant quelques minutes après en me laissant tomber dans le canapé. « elle est en stream jusqu'à tard, elle mangera après. » haussant les épaules en ouvrant les cartons pour finalement regarder ce qu'elle a mis à la télé. « y a pas un film sur machin bundy là ? »

notre relation était unique et je ne l'échangerai contre rien au monde. je l'aimais comme ça, et je ne voulais qu'elle change pour rien au monde, on était unique. à notre façon. on s'aimait, à notre façon. et ça suffisait.
notre mère pense qu'on se déteste puis la minute qui suit, elle comprend la complicité qui nous habite, et finalement elle se rend compte que nous sommes plus que des jumeaux mais de vrais siamois. pensant la même chose, vivant la même chose... visualisant le même monde là où d'autres le voyaient complètement différemment. c'est ça qui nous rendait uniques.
on était des orphelins novak, élevés par une nounou qui a du gérer notre adolescence et nos conneries, pure vengeance de l'absence de nos parents.
et pourtant, nombre de fois j'ai tenu à m'excuser... car si une femme a bien fait son taffe dans notre vie, c'était bien elle. mais nous, on voulait nos parents... et si ma mère avait su regagner mon amour, elle avait encore un long chemin à faire avec elvia.
je me demande ce qu'il se passera le jour où on annoncerait nos futurs à nos parents.
car la seule approbation que je souhaitais, c'était celle de ma sœur. « merci morue. » que je dis quand elle me dit que le choix que je ferai serait le bon.
j'espère. car on ne savait jamais vraiment ce qui nous rendait vraiment heureux ? et si mahé me détruisait ? et si maeve m'abandonnait ?
la vie est faite de risque...
et même pendant notre bagarre, j'arrive encore à m'échapper de sa prise alors que je me rue dans les escaliers pour descendre l'étage et chercher les pizzas au rez-de-chaussée.
remontant finalement en posant les pizzas sur la table, revenant de prévenir yennefer. je regarde elvia puis les pizzas. « pas faux. » que je dis en allant à la cuisine récupérant une assiette avec une grosse part de la pizza xxl. « je reviens. » again. déposant l'assiette à yennefer, je retourne dans le canapé, me laissant tomber avec force à côté d'elvia. « tu m'appelleras pour me demander si c'est logique qu'il y ait du son dans les films dans l'espace ? » l'attrapant par l'épaule pour l'attirer à moi alors qu'elle a la bouche pleine, je lui embrasse les cheveux. « et je suis pas parti, donc profite. » ça se trouve c'était elle qui allait me filer entre les doigts et que je finirais à mon tour seul au monde.
c'est dingue de penser qu'on est déjà assez grands pour penser se quitter... nous qui ne nous étions jamais quitté. elle qui avait mordu à chaque fille qui s'était approché de moi, elle qui détestait tout ceux qui me faisait à peine un tort. « je pense que... j'ai envie de prendre des risques. » faisant allusion à mahé. « you're in ? que je demande en mordant dans ma pizza. « si je me prends le mur, tu me ramasses ? »

et ce n'était pas des promesses en l'air. j'aurais toujours besoin d'elle, où que je sois. de ses blagues, ses taquineries.
j'avais besoin d'être son confident, de pouvoir me déplacer là où elle serait. c'était difficile d'envisager ma vie sans elle, ou éloigner d'elle.
et pourtant, chaque fois que je pensais à la fin de nos études... je me disais que je serais amené à partir à hawaï, elle à new york ou tout autre endroit du monde qui accueillerait ses facultés d'analyses.
on finirait par vivre loin l'un de l'autre. fatalement. tristement... nous n'avions pas l'habitude d'être éloignés. vivant l'un sur l'autre, intrusifs parfois. mais parce qu'on était nos propres parents, parce qu'on grandissait grâce à l'autre. parce qu'on se défendait du monde.
c'était ma petite sœur, la prunelle de mes yeux. et même si je finissais marié, avec une maison en bord de mer à hawaï, je jurai qu'elle aurait toujours sa propre chambre. son chez elle, chez moi. et ça me fend le cœur de penser... de penser qu'un jour, ce serait plus pareil. qu'on s'éloignerait. mais je l'aimais de tout mon cœur, cette petite morue. ma morue.
elle avait des mots qui faisaient mal mais qu'elle était seule à pouvoir user. de toutes les femmes, on disait que c'était la mama la femme de sa vie. et bien moi, c'était la sista.

revenu pour m'avachir près d'elle, soupirant mon aise. ravi de pouvoir passé une soirée tranquille, laissant bailler le marcel trop grand. attrape une part de pizza, la gobe presque alors qu'on se prépare au pire. « c'est vrai... » que j'étais intense, parfois allait vite. l'impulsivité dans le sang, là où elle est plus réfléchie. notre plus grande différence. « mais si ça arrive, je serai toujours là, elvia. toujours. » peu importe où sur le globe, et s'il fallait déplacer des montagnes, séparer des océans.
ce sera toujours toi et moi contre le reste du monde.
et finalement, les risques qui tombent en écho à la peur de l'abandon. notre ultime crainte que nous partagions, elle et moi. « ce serait bien... que je le récupère avant qu'il soit trop tard, non ? » avant qu'il tourne la page, qu'il en ait marre d'attendre après moi, que j'arrête d'attendre après sa mémoire. « et s'il refuse, j'aurais essayé. » tout entrepris, même en retard. « dire à maeve que... je me rétracte ? » haussant les épaules.
il y avait une chose que je n'avais pas dite, même à ma sœur. ce jour où j'ai cru que mon monde s'effondrait quand j'ai compris qu'elvia était sous terre dans le métro. que maeve m'avait embrassé mais que j'avais décidé d'occulter.
ça rendait les choses bien plus bizarres désormais. « on va faire ça. » à l'amour !
choisissant finalement un film, un documentaire sur bundy, zac effron était pas mal. « c'est vraiment un beau garçon. » que je dis naturellement alors qu'on voyait une lily collins entrer dans le champ. « ouais, j'ai définitivement un préférence pour les mecs, mais je saurais pas dire pourquoi. » mahé ?
essuyant les mains sur une serviette, jetée en boule sur la table, j'ouvre le bras pour que ma sœur vienne s'y nicher.
pour la vie, c'est elle et moi.