et sa bienveillance ne manque pas... bien sûr que je m'en voulais. j'avais toujours cette fâcheuse tendance à me sentir coupable de tous les maux, comme si j'avais le super pouvoir de les annihiler alors qu'au final, j'étais comme tout le monde le pantin de la vie. touché aussi par le mal, défaillant devant la cruauté du monde qui voulait m'enlever ce que j'avais de plus précieux. et même si mahé s'était réveillé avec de drôles d'idées, il n'en restait pas moins qu'il avait fucked up tout ce que j'avais décidé de bâtir.
cet accident avait eu beaucoup trop de mauvais pour que, même moi qui n'ai rien, finisse indemne.
et j'étais perdu, moi. perdu dans mes sentiments, perdu dans ma vie tout simplement. comme si on cherchait vraiment à me pousser dans les retranchements de ce cœur que je protégeais des ressentiments.
fiancé de façon non officielle à une blonde vénitienne, qui avait une importance particulière dans ma vie, mais qui ne se trouvait être la femme de ma vie. j'aidais... altruiste dans l'âme. égoïste dans l'apparence. et pourtant, je chérissais de plus en plus cette relation basée sur le n'importe quoi. trouvant espoir là où il aurait du s'annihiler avec le temps.
elvia au nez cassé, arwen à la jambe perforée, veïa aux côtes fêlées, neyla à la perte de son ouïe, mahé dans le coma... c'était compliqué de joindre les deux bouts. de connectés tous les fils pour ne prendre soin que de soi. et si maintenant, je perdais cleo à cause d'une connerie au cœur. je ne suis pas sûr de réussir à m'en relever... de yennefer qui mourrait déjà à petit feu, chaque jour un peu plus l'approchant de la mort, je me sentais impuissant face à ces maux que je voulais pourtant... détruire.
et qu'elle se sente heureuse pour moi, d'avoir continué de suivre ma vocation... ça me fait du bien, oui. mais ça me peine, car... car quoi finalement ? rien. je n'aurais pas pu tous les sauver. je n'aurais pas pu prédire l'accident... mais peut-être que j'aurais pu en retenir un ou deux. ramener ma sœur à la maison sans qu'elle prenne cette connerie de métro.
et quand elle mentionne le cancer, ça a raison de moi, laissant échapper les larmes qui glisse malgré moi, les chassant nerveusement pour ne pas voir naître cette culpabilité en elle qui ronge pourtant si fort les chairs.
perdre une amie d'un cancer est largement trop pour un seul homme. alors pas deux, s'il-vous-plaît.
soyez fortes pour moi, par pitié.
me voulant plus léger de ces peines qui naissaient dans nos cœurs, j'offrais à cleo la vision de mon voyage à hawaï, des choses magnifiques qui ont pu se redresser sur mon passage. comme ces merveilleuses étoiles observables grâce aux plus gros télescopes du monde. «
évidemment. » même si c'était difficile d'y avoir accès, avec ma filière, j'avais des accès mais c'était pas toujours évident d'y faire entrer du monde. mais j'essaierai. toujours pour elle. c'est dingue comme elle avait pris une place immense dans ma vie alors que nous étions pourtant, encore au début de l'année scolaire, de parfaits inconnus.
et maintenant, je n'envisageais plus de voir ma vie sans elle. la douceur de son ton quand elle annonce que je pouvais m'exprimer me fait sourire doucement. oui, pourtant, je n'étais pas vraiment un artiste. mais pris par la passion, il m'arrivait de laisser des dossiers trainer, passant d'une information à l'autre, laisser choir les brouillons sur mon bureau, retrouver mes papiers dans un bordel organisé. oui.
et je la sens qui se mouve, la regardant, tentant de détourner le regard qu'elle capte en posant sa main sur ma joue, me faisant doucement fermé les yeux sous les doigts froids.
intérêt soudain pour les photos de mahé, un sourire qui se dessine alors qu'avant de prendre parole, elle désigne son infirmier comme un pervers. je fronce les sourcils. «
je vais lui casser les genoux. » sérieux, oui. s'il entre dans la chambre et me vois ainsi dans le lit, j'espère qu'il pensera que je suis son petit-ami et qu'il finira par tomber dans les escaliers s'il tente de la draguer.
je soupire. «
et c'est mahé, tu l'as peut-être déjà croisé de temps en temps à la pfor. » que je dis en revenant sur la photo de mahé. «
il est venu me rendre visite à hawaï, il y est resté une semaine. et... » est-ce que c'était utile de le dire ? «
je l'aime bien, hm. » sentant mes joues rougirent, chose rare, je reviens sur le sujet précédent. «
il est moche, l'infirmier ? »
(c) AMIANTE