Rainbow in the Dark - Katja

Je pouvais le comprendre. Personne n'aimait être pris en pitié... Ça leur donnait des airs supérieurs abominables. Mais ce n'était pas mon intention. Je me faisais seulement du soucis. Cependant je n'étais pas son père donc si elle préférait n'en faire qu'à sa tête, je n'avais rien à redire là dessus.

Avançant dans la maison, je trouvais finalement la chambre de la demoiselle avant de rentrer à l'intérieur. Attendant près de la porte qu'elle rentre, j’amorçais le mouvement de fermeture lorsqu'elle me coupa l'herbe sous le pied en me disant de ne pas fermer. La regardant sans vraiment comprendre, je vis le golden se présenter rapidement pour aller dans son panier... Je sais que tous les goldens se ressemblent mais j'avais l'impression de l'avoir déjà vu quelque part celui-ci.

Repoussant finalement la porte pour la clore, j'approchais du lit avant de m'asseoir à côté d'elle. Je retirais mes chaussures avant de poser les pieds sur le lit et de mettre mon bordel par terre.

Est-ce que tu connais Unbreakable Kimmy Schmidt ?

Il ne fallait pas croire, moi aussi j'avais Netflix. Et encore une fois contrairement à mon apparence, j'adorais les séries comiques. J'avais des goûts assez éclectiques. Prenant les diverses oreillers se trouvant sur le lit, je les installais contre le mur avant de m'appuyer contre, écartant les jambes pour qu'elle puisse venir s'y loger avant d'attraper les bouteilles pour finalement les ouvrir.

le temps qu'il fasse toutes ces bricoles pour être plus à l'aise, je regarde défiler la liste des séries proposées sans jeter mon dévolu sur une en particulier.
j'avoue que je n'étais pas du tout partie pour regarder la télé, j'étais persuadée de mettre un alien en fond et de manger des popcorn au melon en envoyant des textos à markus jusqu'à la fin de la nuit.
mes plans étant chamboulés, je ne savais plus vraiment ce que je voulais réellement regarder. est-ce qu'il penserait que je suis une folle d'aimer les films d'horreur et de détester les films à l'eau de rose ? d'être différentes de toutes ces filles... cette même fille qui dort surement du sommeil du juste dans sa chambre.
cette fille qui aime le rose, les poupées, l'amour et la vodka. j'étais un parfait opposé. mais l'humour, c'était aussi mon dada.

le voyant installé et écarter les jambes, je recule pour m'y nicher, posant mon dos contre lui, les yeux perdus sur mon écran. « à tes souhaits. » que je réponds au nom de la série dont il parle. je ris, secouant les épaules malgré moi, légèrement moqueuse. « pardon. » bien qu'on ne puisse réellement croire à la sincérité de cette excuse, alors que je pinçais les lèvres pour ne pas continuer à rire.
l'accent de markus était plus mâché que ceux que j'avais tendance à entendre. les américains mangeaient des mots, mais les lèvres de markus semblaient si soudées que parfois je devinais les mots.
dix ans en amérique, ne veut pas dire que je comprends toujours tout. j'imagine pas si je devais finir à table avec un texan. « j'ai pas compris, juste kimmy schmidt ? » je lui donne mon téléphone et prends ma bouteille ouverte pour boire une gorgée. c'est plus fort que mes bières de petite joueuse, mais c'est pas désagréable. « qu'est-ce que c'est, du coup ? parce qu'en france, schmidt, ce sont des cuisines. »
oui, j'ai du bouffer du clown. ou je suis juste de bonne humeur. posant ma main sur sa cuisse pour prendre appui et me redresser pour voir l'écran. l'embêter, et l'empêcher de voir correctement ce qu'il cherche. le nez presque collé à l'écran, je demande : « c'est ça ? »

Si j'avais des clichés sur les gens, il était rare que les catégorises dans des cases. Une fille ne devait pas forcement s'habiller en rose, aimer les comédies romantiques et que sais-je encore... ? Je n'aimais pas les clichés... C'était bien plus plaisants de les briser à renfort de grands coups de pieds.

Enroulant mes bras autour d'elle lorsqu'elle s'installa, j'attrapais la couverture qui se trouvait à côté avant de la border. J'avais un corps naturellement chaud, c'était appréciable en hivers et détestable en été... Heureusement que nous étions dans la bonne saison. Je pouvais la garder contre moi.

Baillant la gueule grande ouverte, je manquais de m'étrangler lorsqu'elle me fit rire en me répondant. Je ne venais pas du fin fond du Texas, au contraire, je venais d'une ville où le français était encore parlé. Il me semblait avoir bien articuler pourtant. Mais apparemment, non. Lui donnant un petit coup d'épaule alors qu'elle était en train de se moquer de moi, je prends son téléphone avant de retrouver moi même la série.

Tu le dis si je te dérange ?

Un léger sourire aux lèvres, faisant un droite, gauche pour essayer de voir ce que je faisais.

C'est pas un nom de famille avant d'être des cuisines ?

Appuyant sur quelque chose aléatoirement sur l'écran afin de lancer la série. Ne voyant pas ce que je faisais, je n'avais aucune idée de ce que j'avais démarré. Attrapant la bouteille de bière qu'elle m'avait proposé, je la portais à mes lèvres pour en boire une gorgée.

un sourire sur les lèvres lorsqu'il réussit à lancer quelque chose. je baisse sa main pour voir et ça ne semble pas être la mauvaise série. mon coup loupé mais j'allais avoir la chance de découvrir quelque chose. retrouvant ma position initiale, laissant tomber ma tête sur son torse, je soupire mon aise et mon bien-être alors que je capture son bras dans ma main pour le caler sur mon ventre.
tenue bien au chaud entre lui et la couverture. finalement, mes plans chamboulés ne pouvaient devenir plus agréables. « et si, enfin je crois. » en réalité, je ne connais aucun schmidt, je me souviens juste de la pub à la télé. « mais on a une publicité en france. » penchant la tête sur le côté, je lui dis en parfait français. « et la cuisine c'est nous... et schmidt. » riant dans le nez pour ne pas assumer la dite publicité qui me faisait pourtant bien sourire.
c'était un mème récurrent, qui ne connait pas la pub de schmidt n'est pas français. j'exagère ? complètement. plus jeune, je regardais la télévision bourrée de publicités. une soirée blindtest sur le sujet, je suis persuadée de tout exploser.

posant finalement ma bouteille sur la table de chevet, je lève la tête pour avoir mon bisou sur le front. « t'es beau vu d'en bas. » que je dis un sourire dans la voix.
une façon subtile de lui rappeler. subtile si l'on veut. je ne faisais pas dans la dentelle, quand je pensais, je le disais. surtout si c'était des compliments.
la série, aussi bien soit-elle, je ne voulais pas me perdre dedans, je voulais profiter de sa peau contre la mienne, de sa chaleur, de son parfum... et de le regarder. tout le temps.
non pas que j'ai peur de l'oublier, loin de là. mais mine de rien, quatre jours, c'est long. trop long. et je l'aimais cette relation sans nom, même si j'avais fini par en mettre un dessus. je ne pouvais pas le nommer comme un flirt, mon cœur ne le voyait pas comme un simple prétendant. il avait déjà pris un peu trop de place.
et si sa fille était son épreuve, elijah était la mienne. « un autre. » que je dis pour avoir plus de bisous.
on oublie les obstacles quand on est protégé par un motard qui sent la cigarette froide.  

Il n'était finalement même pas retourné sur l'écran principal pour constater le fond d'écran qu'elle avait.

Posant le téléphone sur la table de chevet qui se trouvait à côté de nous, je la laissais s'installer avant de poser mon bras sur son ventre, la tirant légèrement contre moi. J'étais crevé mais j'avais envie de passer du temps avec elle alors je me faisais violence. L'écoutant parler d'une publicité française pour les cuisines, je m'imaginais quelques choses de très prout-prout sans être drôle mais pourtant cela la faisait rire. Je me demandais bien ce qu'ils avaient pu inventer pour que ça soit aussi hilarant.

La laissant poser sa bouteille, son compliment me fit lever les yeux au ciel en secouant légèrement la tête, un sifflement s'échappant de mes lèvres alors que je sentais mes joues me chauffer. Une chance que la pénombre rende les choses plus difficiles à voir. La poussant légèrement en avant avec mon corps d'un air de dire ne dis pas de bêtise, je levais les yeux vers l'écran avant de passer ma main le long de son bras lentement en l'embrassant sur le front. Mais elle m'en réclama un autre presque aussitôt alors j'allais chercher ses lèvres dans un tendre baiser.

Tu vas faire monter les quotas, toi.

Adressant un léger sourire à son attention, j'envoyais ma tête en arrière pour m'appuyer contre le mur, profitant de la garder dans mes bras pour cette nuit.

un sourire sur les lèvres quand il m'embrasse finalement, de ce baiser que j'aimais toujours plus passionnément.
qui me couvrait d'un cocon de sécurité et d'un amour encore inconnu qui me réchauffait suffisamment le cœur pour reprendre confiance.
finissant par détacher mon regard de lui pour me concentrer sur nos doigts, les miens venant taquiner les siens, avant de s'entrelacer.
j'aimais la rudesse de ses doigts, ces mains qui avaient travaillé, que le froid n'avait pas épargner, ni les coups de piliers de bar sans doute. comme ces cicatrices dans son dos. serrant fort ses doigts, je me niche un peu mieux sur lui, posant ma tête sur son torse et regardant l'écran sans vraiment la regarder.
soupirant mon aise et l'anxiété de le quitter quelques jours.
ce grand retour à paris m'effrayait, par l'avion, par la peur de vouloir y rester... et parce que je ne voulais pas abandonner cette histoire qui m'aidait à respirer enfin.
de cette jeune femme mal dans sa peau, j'avais l'impression de pouvoir soulever des montagnes.
grâce à markus, je me sentais comme la reine du monde. « merci. » que je chuchote en français alors que je regarde l'épisode défiler sans vraiment le comprendre.
serrant son bras sur mon ventre, ses doigts prisonniers des miens.
je finis par fermer doucement les yeux, me laissant bercer par l'odeur de la cigarette froide et par le battement de son cœur régulier.
en sécurité, protégée.
je ne me serais jamais sentie aussi bien n'importe où qu'ici. il était devenu une véritable bouteille d'oxygène, et un repère dans ma vie.
en deux semaines de temps, voilà que j'avais l'impression d'être sienne depuis des mois.
merveilleuse chose que le coup de foudre, n'est-ce pas ?

Cela faisait quelques temps que je n'avais eu l'occasion d'avoir quelqu'un contre moi. Mon ex-femme et moi ne partagions plus le même lit depuis environs un an, ma fille était sur Boston, mes gars n'étaient pas vraiment tactiles... Alors l'avoir contre moi me faisait plus de bien que je ne voulais bien l'admettre.

Nouant ses doigts aux miens après les avoir provoqués, je caressais le dos de sa main avec la pulpe de mon pouce... Elle avait la peau douce comparée à la mienne... Posant ma tête contre la sienne, je me mis à fermer les yeux. Tant pis pour la série, la fatigue commençait à avoir raison de moi donc je préférais profiter d'elle avant son départ.

Je n'avais pas réellement peur de la voir partir pendant ce week end. Au contraire, je savais à quel point ça pouvait faire du bien de retrouver sa famille. Dix ans sans voir ses enfants, je ne pouvais qu'imaginer ce que ressentait ses parents.

L'entendant me remercier, j'ouvris un œil en la regardant. Un léger Hm s'échappa de mes lèvres mais elle n'y répondit pas, elle devait s'être endormie. Il n'y avait pas que moi qui était fatigué apparemment.

La bordant avec la couverture, je m'installais confortablement avant de reverrouiller les bras sur elle, me laissant aller dans les bras de Morphée avec elle à mes côtés. J'avais peut être passé l'age de ses conneries mais qu'est-ce que ça faisait du bien...