Rainbow in the Dark - Katja

Mais à peine avait-elle signaler qu'elle partait dans moins de douze heures que la porte d'entrée se mit à sonner.

Je savais qu'elle partait dans moins de douze heures, que ce n'était qu'un week end mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Ayant terminé mon tour de moto un peu plus tôt que prévu, je mettais retrouvé presque à côté de chez elle alors autant passer lui dire au revoir. La veste en cuir sur les épaules, la cigarette aux lèvres, j'avais monté les escaliers quatre par quatre avant d'arriver devant chez elle. M'appuyant contre le mur pour qu'elle puisse pas m'apercevoir pas l'oeillet, je croisais les bras, fumant en attendant l'ouverture de la dite porte.

allongée sur mon lit en jogging noir et rose avec un débardeur noir, les cheveux en bataille et pas maquillée, j'envoie mon sms en même temps que sonne la porte.
fronçant les sourcils et attendant de voir une réaction de veïa qui ne vient pas, je râle en jetant la tête en arrière abandonnant mon téléphone sur le lit et tâtonnant le sol pour trouver la canne.
le salon dans la pénombre, le silence de l'appart me stressent.
« t'attends quelqu'un ? » que je demande, mais pas de réponse. elle est sortie, elle dort ?
je soupire en claudiquant jusqu'à la porte. œil dans le judas, silence, lumière dans le couloir mais pas de visage. pas de corps. pas de passage.
une sale impression de déjà vu, de ce jour funeste où Mrs Herckles fut assassinée, et où mon nom a été salie par les faits divers, m'associant au meurtrier... heureusement vite innocentée. « eden. » que je siffle sans crier.
le chien approche en remuant la queue, sentant sous la porte. doucement je tourne la poignée. c'est une erreur de débutante, que j'entends elijah me dire dans l'esprit.
eden fuse dans le couloir, je ne bouge pas mais le suis du regard, s'arrêtant juste devant la porte près du mur. je lève la canne par pure protection.
mon chien aime trop de monde. « qui est... » sortant la tête, j'écarquille doucement les yeux. « markus ? » béate, la canne sur l'épaule, prête à frapper.
un sourire se dessine et fuck off la douleur, je saute littéralement dans ses bras.

Attendant patiemment devant la porte sachant qu'elle devait être là, je m'attendais à être trahit par l'odeur de ma cigarette. Je ne cherchais pas vraiment à me cacher mais je voulais faire durer la surprise le plus longtemps possible. Voyant un chien arriver sur moi, je m'accroupis à sa hauteur avant de le caresser. J'aimais les animaux et ils me le rendaient bien avant d'entendre la voix familière de la maîtresse qui s'approchait une canne à la main. Me redressant pour la réceptionner dans mes bras, je la serrais contre moi.

Si tu veux un conseil, ce n'est pas comme ça que tu arriverais à taper assez vite pour te défendre contre un agresseur...

Le casque autour du bras, ce dernier gênait un peu mes mouvements. La reposant au sol, je posais mes mains sur ses joues avant de l'embrasser. Peu importe qu'elle ne soit pas sur son 31, ça n'enlevait rien à son charme.

C'est plus sympa que les sms, non ?

le golden retriever regardait la cage d'escalier avec une certaine envie alors que je flottais actuellement dans un autre monde.
l'odeur familière de la cigarette, son habit de moto, ses cheveux, son visage, son parfum.
voilà que j'aspire à ne plus partir. une grève générale à l'aéroport, et je ne pars plus. grâce matinée dans ses bras, et plus rien n'existe.
si ce n'était pas pour mes parents, j'aurais annulé tous mes plans... dire combien il me rend folle.
souriant doucement en le serrant contre moi. il a raison sur un point, je n'aurais pas fait grand chose, mais j'ose espérer qu'eden aurait fait quelque chose si j'avais été réellement en danger... même si je doute toujours de son niveau d'agressivité. « j'ai été agent de sécurité. je sais très bien me battre. » que je dis, l'orgueil touché.
je savais me défendre, ce réflexe était purement humain.

reposée au sol, les doigts de mon markus se pose sur mon visage, chassant la frustration d'être considérée comme faible. ses lèvres chassent toute la peur de l'avion, et le futur qui s'accompagne.  
je pose ma main sur son poignet, un sourire reconnaissant sur les lèvres. « bien mieux. » l'attirant dans l'appartement en tirant par le poignet, claudiquant toujours.
sifflant, eden rentre un peu boudeur avant de se poser dans un coin du salon en soupirant. « je l'ai sorti mais ... fini les longues balades. » donc pas très content. « installe toi. » aucun soucis pour fumer dans l'appartement, veia le faisait. « je suis pas du tout apprêtée, je m'attendais pas à te recevoir. » un peu prise de court, je claudique sur ma canne jusqu'à la cuisine américaine. « tu veux quelque chose à boire ? »

J'étais presque certain que Jill aurait désapprouvé mon choix de faire un crochet par chez elle ce soir là. Elle aurait préféré que je rentre directement à la maison, que je la laisse partir en week-end en espérant que cette passion qui semblait me consommer s'éteigne aussi rapidement qu'elle s'était allumée. Mais ma fille était une chose, Katja en était une autre... Même si elles partageaient toutes les deux ma vie.

Tu me feras une démonstration. Je sais me battre mais c'est plutôt style pilier de comptoir.

Ou MMA... Tous les coups étaient permis, même ceux qui pouvaient être potentiellement mortel. Je me battais pour prouver ma supériorité lorsqu'on la mettait en doute de manière alcoolisé. Il n'y avait rien de glorieux là dedans.

Passant une main sous ses jambes et l'autre dans son dos avant de lui faire quitter le sol pour finalement la faire rentrer à l'intérieur. J'étais encore là pour lui faciliter la tache alors autant en profiter. L'embrassant à nouveau, je la posais sur le canapé avant de regarder le golden.

Non non tu vas te reposer et me dire ce que tu veux boire, toi...

Récupérant la cigarette entre mes lèvres, je la suivis jusqu'à la cuisine américaine alors qu'elle s'était relevé.

On va passer l'étape tisane pour aller au lit si tu continues à forcer sur ta jambe.

Oui, j'étais clairement en train de m'inviter pour la nuit.

j'aimais me sentir princesse. cajolée, choyée. moi qui avais l'habitude de l'être pour mes proches, c'était bien une première depuis elijah que je passais en premier plan aux yeux de quelqu'un.
je n'en voulais pas à mes amis, les amis étaient présents pour s'épauler, et mes plus proches amis étaient tous blessés, me plaindre c'était comme rappeler à tous nos conditions misérables.
avec markus j'avais surtout l'impression de toujours trop en demander sans vraiment le vouloir.
heureuse qu'il ne m'ait pas boycotter ou qu'il ait décidé de m'oublier malgré les difficultés qu'il rencontrait dans son entourage.
car j'avais cette petite voix dans la tête qui trouvait le comportement aimable d'elijah légèrement suspect. surement parce que j'avais fait exprès d'omettre son âge... sûrement même.
atterrissant sur le canapé, je souris en me relevant, m'arrachant donc une grimace de douleur. « je sais pas. toi peut-être ? » que je dis en me faufilant près de lui pour ouvrir mon frigo et lui couper l'herbe sous le pied. « boire ton âme et ton sang. » que je dis avec une voix grave légèrement exagérée. « ou alors... » je sors deux bières duff que veia m'a dit de goûter. « ce truc là. » haussant les épaules. « sinon y a du whisky, du martini, du gin, du rhum, de l'eau... ? »
posant la canne contre le comptoir, je viens me glisser dans ses bras. interrompant ma réflexion, respirant son odeur, la mélancolie légèrement présente. « j'aime pas la tisane. » que je finis par dire presque en chuchotant, boudeuse.
et si possible, j'aimerais rester là toute ma vie.

Cette nana n'était pas possible... Sa jambe ne se remettra pas rapidement si elle ne se ménageait pas d'avantage. La faisant quitter le sol, elle semblait plus légère encore que la dernière fois dans le métro. Mangeait-elle réellement assez...?

Je n'aimais pas montrer mon inquiétude ou mes problèmes à mon entourage c'était généralement le genre de de chose que j'intériorisais. Levant les yeux au ciel lorsqu'elle se releva et son réponse me fit souffler du nez, amusé. Attrapant la bouteille qu'elle avait dans la main pour en observer l'étiquette, j'haussais les épaules. Pourquoi pas ?

Ça ira très bien.

La journée avait été longue et j'étais crevé donc je n'avais aucune envie de me prendre une murge ce soir. La voyant se glisser dans mes bras, je glissais ses derniers autour d'elle en la regardant.

Tu ne bois jamais un truc chaud le soir avant d'aller dormir ?

Éteignant la cigarette qui était totalement consumé dans le cendrier voisin, je la regardais droit dans les yeux avant de passer une main dans ses cheveux.

Si on allait regarder une série... ?

je soufflais du nez tout l'air que je pouvais avoir dans les poumons. anxieuse à l'idée de partir, de prendre l'avion, de traverser l'atlantique... et de laisser derrière moi des amis blessés, meurtris... ou en plein dispute.
pis encore de laisser markus alors que nous commencions tout juste une histoire. cette histoire déjà gênée par les ragots et les réactions inquiètes d'une fille à son père.
et moi, je laisse tout ça derrière moi pour partir à paris.
alors oui, j'avais vraiment hâte de voir mes parents, je suis même persuadée que j'oublierais toutes mes inquiétudes une fois que ma mère aura refermé ses bras sur moi et que mon père pleurera pour la seconde fois. la première ayant été quand je suis partie.

la tête contre son torse, je me laisse bercer par ses gestes doux. c'était ce que je préférais chez markus. son image de badboy, gueule cassé effrité par la douceur de ses gestes et même de ses paroles.
il n'était pas le gros nounours non plus rempli de miel et de guimauve, mais il était le savant mélange de quelque chose de particulièrement unique.
me redressant pour le regarder, je souris. « d'accord, mais quoi ? » sautillant jusqu'à ma canne, je recule de plusieurs pas pour m'échapper de ses bras qui sauraient me trouver si je ne partais pas vite. « je sais marcher ! » que je dis fort et en riant, courant presque. oubliant complètement les bières sur le comptoir. « me rattrape pas, c'est de la triche ! » contournant le meuble en faisant du cloche pied pour gagner de la vitesse.

Je n'avais aucun intérêt pour les ragots mais je devais avouer que je n'avais jamais été la victime de l'un d'eux. Personnellement je n'avais rien à branler de ce genre de chose mais cela me dérangeait lorsque ça touchait mes proches... C'était le cas cette fois-ci car Jill vivait mal cette situation... Je ne pouvais pas lui en vouloir, ça faisait beaucoup d’éléments à encaisser en peu de temps. Comme disait Katja, il fallait lui laisser du temps.

En attendant, j'évitais de lui exposer ma relation dans la figure à la moindre occasion. Même si nous n'avions jamais mis de mot sur ce que l'on partageait... L'embrassant sur le sommet du crane, je lui proposais une soirée peut être bien loin de ceux à quoi elle s'attendait mais cela ne sembla pas la gêner pour autant.

Ça dépend de ce que tu as envie de regarder.

Mais je n'eus pas ma réponse qu'elle commença déjà à s'enfuir. Non mais c'est vrai... Passant mes doigts le long de mon sourcil, je la suivis sans chercher à la rattraper, les bières à la main, un soupire s'échappant de mes lèvres.

Mais tu vas t'en taper pour trois semaines de plus si tu forces trop sur ta jambe. J'ai rencontré un gars qui n'a pas fait gaffe à sa blessure et ça fait plus de 2 ans qu'il se déplace avec sa canne.

Prenant de l'avance sur la route avant de visiter l'appartement pour trouver la chambre de la demoiselle.

je pince les lèvres pour ne pas rigoler. le savoir s'inquiéter de mon état me fait excessivement chaud au cœur.
mais je détestais être ce pauvre petit chaton blessé que l'on prend en pitié. j'avais besoin de bouger, je détestais rester statique. moi qui faisais souvent la course avec les gens dans le métro pour montrer que la marche rapide c'est mon dada. je me souviens même qu'une fois j'ai couru le long d'un long couloir avec un jeune homme. on s'est rien dit, on marchait l'un à côté de l'autre de plus en plus vite... pour finir par courir. remontant les escaliers jusqu'à la surface deux par deux avant de le dépasser d'une marche et de crier victoire dans la rue. un check, une accolade et je ne l'ai jamais revu.
alors ne même pas pouvoir dépasser markus alors qu'on est à moins de dix mètres de ma chambre, ça m'agace.  
ça m'agace parce que j'aimerais avoir pleinement l'envie de sauter partout, de faire des galipettes dans mon lit, de casser les lattes de mon lit en sautant pour toujours le plafond.
et au lieu de quoi, j'avais l'air d'une mamie avec sa canne qui marche encore plus lentement qu'une tortue.
donc quand il me dépasse, je fais une grimace dans son dos en mimant un gnagnagna. très enfantin, oui. mais je ne voulais pas le faire en face, il m'aurait prise pour un bébé.
et c'était pas dans les projets de ce soir.
je finis par poser la canne sur le parquet et de marcher lentement jusqu'à ma chambre, me laissant tomber sur le lit, posant la canne sous le lit. « ferme pas. » que je dis en anticipant.
je compte jusqu'à dix sur mes doigts et à neuf, eden rentre sans prêter la moindre attention à nous pour se coucher dans son panier au fond dans le dressing. « là tu peux. » je ris doucement en attrapant ma télécommande, la jambe tendue l'autre sous ma cuisse. « je sais pas quoi regarder... j'ai pas fini sex education et j'ai pas commencé the witcher. » usant de mon téléphone, qui dormait jusque là sur mon dessus de lit, allumant l'écran avec la photo de markus en fond d'écran, pour mettre netflix sur l'écran au mur. « ou un truc plus léger ? friends ou the big bang theory ? »
de toute façon je ne voulais pas dormir. quitte à faire nuit blanche et dormir dans l'avion. profiter de chaque seconde... même si certaines seraient de le regarder dormir.