Don't worry. Lukas's Relatives

Lorsque tes lèvres épellent les vers de Baudelaire, je me laisse bercée, mon regard se perdant au travers de la vitre, dans cette ville où je ne suis qu’une anonyme, où nous sommes hors du temps. Un mince sourire vient orner mes lèvres désabusées, mais sous l’impulsion de la prose, elles viennent se révéler. Je pourrais rester là de longues minutes à partager avec toi toujours un peu plus de poésie mais tu sembles préoccupé par la disparition de ton ami et je veux t’aider. Pourquoi ? Cela parait dingue puisque je ne te connais pas. Mais tu ne m’as pas jugé cette fois là dans le parc, tu as insinué une spontanéité que je ne connaissais plus depuis longtemps. Alors oui, juste pour ce souffle, j’ai envie de t’aider. Je souris davantage lorsque tu me commandes une crêpe. C’est que quelque part dans cet échange de regards sur le pas de cette porte, nous sommes encore des enfants. « C’est noté. » Rien ne me fait peur, rien ne me parait insurmontable et déjà mes pas de frêle fantôme me glisse au travers des couloirs. Je prends cet air perdu, un peu chétif, un peu égaré. Je viens même appeler l’eau tu sais au rebord de mes prunelles. J’ai l’air bien trop innocente, bien trop perdu, si bien que lorsque je franchis le poste de soins, l’infirmier ne peut que désirer m’aider. Je ne tarde pas à avoir les indications concernant la chambre de ton ami, numéro de chambre, ligne directe, griffonnée à la hâte sur le papier. Une promesse de secrets, un sourire effacé, une larme qui vient perler et le tour est joué. La collation s’avère plus délicate et je dois m’aventurer hors des murs mais après tout on trouve tout ce qu’on cherche à Boston. Et dans cette quête, j’oublie un peu l’autre attente qui me tenaille les veines. C’est moins de trente minutes plus tard que je remonte dans ton antre, papier précieux accompagné d’une crêpe dans les mains. « Voilà pour Monsieur ! » Regarde comme mon sourire est fier, comme mes traits sont un peu lissés de ma victoire de Gamine effrontée. Regarde comme avec toi, je parviens à oublier.

Ma tête perdu dans cette lecture que je te destinais, me marquais au cœur inconsciemment, parce que l'ami pour lequel tu t'empressais d'aller chercher les coordonnées, avait beaucoup trop de valeur à mes yeux, parce que je m'inquiétais beaucoup trop pour lui, pour sa vie. Ta proposition, tes propositions étais bien tentante, à manger, une crêpe était ma seule réponse, comme si s'était la seule chose qui pouvais atténuer un peu les sensations désagréables que j'ai en moi depuis des jours. Puis tu t’effaçais me laissant de nouveaux seul dans cette chambre froide, blanche, le recueil entre les mains, je ne pouvais m'empêcher de parcourir chacune des pages noircies, un sourire quelque peu mélancolique sur les lèvres, entre inquiétudes et regrets à son sujet. Et je parcourais les lignes, attendant ton retour ne faisant pas attention au minutes qui passe, bien loin de me douter du défi que je t'avais lancé, parce que les vers de Beaudelaire m'happais totalement de cette réalité, me laissant dans cette bulles au gout de tristesse.
Ton retour, me sortis de là totalement, toi l'inconnu prête à tout pour moi, toi qui venais chasser la bulle de tristesse qui m'entourai par ta simple présence, toi, ta crêpe et ton morceau de papier noirci. Mes yeux dans les tiens, un sourire pour toi: Merci, demoiselle.. Saisissant tout les trésors que tu avais à m'offrir. L'ouvrage a mon côté, la friandise sur les genoux, je faisais glisser entre mes doigts la feuille, le cœur battant, j'allais pouvoir enfin l'entendre, avoir de ses nouvelles. Mon attention se reportait sur toi, toi qui m'accordais ton temps... Tu me lis ton passage. Un léger sourire en coin, prés à t'écouter, me livrer une partie de toi.

Parfois le bonheur tient à peu de choses, et parfois plus que le chaos, c’est lui que j’affectionne semer dans mon sillage. Le bonheur a cette particularité immuable, il est éphémère, il faut savoir l’attraper. Un peu comme ce numéro que je viens t’obtenir après quelques sourires et mines éplorée. Un peu comme cette crêpe encore chaude que j’ai su te dégoter. C’est de ton sourire aux lèvres que je me repais. Toi l’étranger, qui a su m’offrir une trêve dans le chaos de ma vie. Quelques proses déclamées et c’est la légèreté qui s’offre à ma grisaille, l’entrevue de celle que j’ai été. Tu viens me demander de lire mon passage et c’est sans grande surprise que je viens te déclamer Alchimie de la Douleur, dans un français quelque peu maladroit il faut l’avouer. « L’un t’éclaire avec son ardeur, l’autre en toi met son deuil , Nature ! Ce qui dit à l’un : Sépulture ! Dit à l’autre : Vie et splendeur ! Hermès inconnu qui m’assistes et qui toujours m’intimidas, tu me rends l’égal de Midas, le plus triste des Alchimistes ; Par toi je change l’or en fer et le paradis en enfer ; Dans le suaire des nuages, je découvre un cadavre cher, Et sur les célestes rivages, je bâtis de grands sarcophages. » Mon regard se relève au tien et un mince sourire vient éclairer mes traits. Parce que rien ne m’apporte plus de paix que ça.

Ta présence et ta prévenance adoucissait ma peine, parce que chacune des petites attentions que tu m'apportais étaient de grandes choses. Ce livre pour nous évader, ce numéro pour me reconnecter et cette crêpe à déguster. Je te rendais le livre, j'avais besoin d'en savoir plus sur toi à travers ces vers. Je glissais le numéros sous le téléphone le faisant patienter pour finalement m'installer, la crêpe dans les main, prés à t'écouter, comme si je pouvais me trouver devant un orateur prés à me crier ses nouvelles, donne moi tes nouvelles. Et j'écoutais ce français si bancale passer entre tes lèvres, si charmante. J'aimais l'accent que cela te donnais. Croquant dans ma friandise, mes yeux posés sur toi, j'affichais ce sourire serein qui m'avais bien trop manqué. De ces sourires en coin qui se veulent apaisés. A la fin de tes mots je recevais tes yeux, ils étaient si doux, agréables où il ne faisait pas peur de s'attarder. Je te lâchais un Merci... un merci qui n'étais pas seulement destiné a ces quelques lignes mais aussi pour ta présence dans cette chambre, ton dévouement, et tes attentions. Alors est ce que tu as essayer de nouveau le théâtre? Totalement spontanée sorti de nul par comme un vieux souvenir.

J’ai personne avec qui partager cette affection un peu trop romantique pour les poèmes. Les poètes étaient les premiers maudits et quelque part, je me reconnais en eux. On essaie de faire quelque chose de beau du lugubre, de l’apprivoiser. Dans les pires horreurs finalement, je trouve toujours une note poétique, ça a toujours été ma façon de sortir de ce monde que je trouvais trop terne et triste. Les vers s’accompagnent de quelques rictus maladroits, car j’ai bien conscience de massacrer la langue de Molière, sans doute que l’italien natal de ma mère aide tout de même à la prononciation mais on est bien loin de la perfection. Je viens baisser le livre tout en te regardant et ce qu’on échange dans ce silence vaut bien tous les mots. « Le plaisir est pour moi. » et tu ne peux pas savoir à quel point. Apprivoiser ce qu’il me reste d’humanité est doux, comme quoi j’en suis encore capable. Tu viens m’interroger sur le théâtre et mon regard se fait pensif bien qu’amusée. « Pas vraiment. » On va dire que j’ai davantage pratiquer les horreurs que les jeux de dupes, mais peu importe. « Je ne saurais pas où en faire. » Je ne sais même pas comment on approche ce genre de monde, ce n’est définitivement pas le mien. « Tu m’emmèneras ? » que je te demande avec un mince sourire aux lèvres. Je ne sais pas vraiment pourquoi je te demande ça, mais peut-être que moi aussi, je laisse parler la spontanéité finalement. Je me laisse surprendre par elle. Et c’est agréable et bon.

Je te lâchais pas du regard, c'était apaisant et tu étais heureuse de me rendre ces services, la bonté que t'avais a mon égard était sans pareil, bienveillante, mais détacher par les inconnus que nous étions. Le théâtre arriva rapidement entre mes lèvres, je voulais savoir si tu avais de nouveau pratiqué, comme nous l'avions fait par le passé, inventer une vie a ces gens inconnus que l'on croise au détour d'une rue... Les vrais acteurs d'une vrai vie jouée, en plein dans leur rôle. Et tu n'étais pas confiante dans ton imaginaire. Partout tu sais partout et oui tu savais parce que je te l'avais déjà dis il fallait simplement te faire plus confiance. Après une autre chose pouvais rentrer en ligne de compte, l'accompagnement... Tu étais certainement de ceux qui avait besoin d'un partenaire. Je serai le tien si tu le souhaites. Tu le souhaitais. Un nouveau sourire se dessinait sur les lèvres. Ouai je t'emmènerai. Dans un vrai théâtre, voir une vrai pièce... Celle que tu voudras. parce que j'avais bien compris que tu cherchais un moyen de t'évader le temps d'une soirée dans un monde que tu ne connais pas. La pièce que tu choisiras n'aura aucune importance, le tout étant de te faire partager un bon moment, et puis même si tu voulais je pourrai t'emmener en voir plusieurs, toutes des différentes. Des associatives, des semi-pro, des pros et d'autre qui font des tournées mondiales, une multitude de possibilités s'offrait a nous. Tu n'auras qu'à choisir ce qui te plaira.

Je suis de celles qui épousent la violence, mais qui viennent ensuite parler de théâtre. Une étonnante funambule éprise par le risque. D’être celle que j’étais, de m’autoriser à devenir celle que je serai. Et d’être quelque part entre les deux. Avec toi, c’est davantage l’innocence. La curiosité du monde qui s’offre dans ce qu’il a d’agréable. « Avec grand plaisir. » que je dis avec un sourire plus sincère cette fois. Le théâtre c’est toujours un monde qui m’a fasciné sans que je n’ose y mettre un pied. J’appartiens pas à ce monde mais peut-être qu’avec toi, je parviendrai à le tromper. « Aucune idée de ce qu’on pourrait aller voir. Je n’y connais rien, rien du tout. » Et j’ai un peu honte de l’admettre mais autant être honnête. « J’imagine que quelque chose de bien écrit ferait l’affaire. » Puisqu’on a tous les deux cette sensibilité pour les mots. Autant trouver une pièce qui puisse répondre à nos attentes, sans doute quelque part dans les grands classiques.

J'te proposais, d'enfin voir un réel pièce, totalement à part de ce monde qu'on pouvait imaginer ensemble, non une vrai pièce déjà totalement écris par les plus grands auteur des siècles passés. Tout dépend ce que tu voudrais, comédie, tragédie, de l'antique, du moderne, de l'humaniste, du français, du britannique, même dans les plus grandes oeuvre il existait une multitude de choix. Et tu ne m'aidais pas dans la tâche. Je souriais. Le plus simple sera alors de regarder la programmation je suppose. Nous sommes dans une ville qui bouge, il y a des représentation tout les jours, nous trouverons bien notre bonheur non?! Tout est toujours bien écris après tout dépends si tu veux à envie de rire, de pleurer, ou bien de réfléchir. Il y avait tellement de possibilité qui s'offrait à nous Lyra tu sais. Perso, je partirai bien sur quelques chose de léger. J'en avais besoin après cette semaine, après cet accident.

Je sens mon sourire s’allonger parce que je me sens idiote tu sais. Pleine de failles. J’ai toujours été une enfant curieuse, mais le monde qui s’offrait à moi a toujours été trop étriquée. Trop vide et lugubre pour moi. Alors, j’ai grapillé là où c’était possible mais accéder à la culture dans les basses entrailles du monde reste une chose difficile. L’or vert seul, permet l’ascension et je ne peux pas profiter de ce confort qu’ignorent ceux qui sont bien nés. Nés avec suffisamment de blé disons. « Oui, tu pourras m’aiguiller. » Parce que certains titres résonnent mais la plupart ne sont que des mots qui se succèdent. « Quelque chose de léger oui. » Et je ne sais pas ce que c’est la légèreté oui. Mais peut-être qu’avec toi, je peux encore apprendre. « Quelle est ta pièce préférée ? Disons celle qui t’a le plus marqué ? » Je suis curieuse, affamée aussi, de me nourrir à travers toi, de sentir un peu moins les béances et d’apprivoiser la connaissance.

Le sujet t'interressais, ça se voyait, tu avais soif de tout ce que je pouvais te promettre. C'est petites minutes de bonheur, d'évasion alors oui, c'était promis nous irions. Je t'emmènerai voir ce qui te plaira, les choses dont tu as entendu parler mais dont tu n'as pas pus profiter, même sur papier. J'ai toujours trouvé ça dommage, que la culture doive s'acheter, je veux dire c'est à partager, a se nourrir, a s'offrir, a s'échanger , a s'imprégner, a s'emplir. Pourquoi le roi dollars s'en mêlait ? pourquoi les création palpables se payait ??? A qui tout celà profite t'il ? Pas aux artistes en tout cas. Tout le monde n'a pas la plume et la renommée de Rowling au point d'amasser ce roi pognon. Mais il y avait tellement de chef d'oeuvre dans le monde, il fallait les trouver et les partager... Les faire connaître... Pour moi c'était ça la culture, du partage et pas de la propriété !
Tu voulais quelques chose de léger, le Bourgeois gentilhomme serai peu être le plus approprié. Mais d'autre aurai pus convenir, une représentation des farce de maître patelin par exemple mais, sans parler là langue pas certain que même moi je saisisse la totalité des propos énoncé. Nan ça risquerait d'être difficile. Je te propose une pièce de Molière, j'essaierai de trouver une représentation dans le coin. On en profitera... Et tu en voulais encore plus comme si je n'étais qu'un livre de savoir, mais t'avais bien compris je suppose que le partage était inné chez moi, alors oui tu en redemandais. Hum.... je dirai Beckett... Fin de partie... C'est particulier... en fait il ne se passe rien... pas d'action pas de ... nan ils attendent juste la fin... et tu le sais des le début, tu le sens dans les mots des personnages. C'est triste, réel, brut, très brut, mais emplis d'une tel vérité d'un fatalisme je dirais... l'auteur a un pouvoir particulier dans ses pièces... Tu avais lâché la bête et je ne pouvais pas m'arrêter, parler de se qui me passionnais prennait un temps fou