Le passé est une chose compliquée. A accepter, puis à tenter d'oublier. Cependant, il est toujours là, dans un coin de ta tête, à te rappeler à quel point tu dois tout mettre en oeuvre pour être une personne meilleure. C'est les échecs et les mauvais choix qui t'ont fait grandir et avancer dans la vie, et malgré toute la peine que cela a pu te causer, tu as l'impression que c'est quelque chose qui va t'arriver encore et encore et encore. Le plus dur et de se relever et d'avancer, et Toni semble dire que c'est exactement ce qui lui est arrivé. Tu souris doucement et fronçant très légèrement les sourcils, attentive aux moindres de ses mots. Le petit déjeuner que vous êtes en train d'engloutir te fait un bien fou. T'avais une faim de loup en te réveillant à ses cotés et c'est seulement là et maintenant, alors que tu vois la quantité de nourriture posée sur la table basse, que tu réalises que tu as eu les yeux beaucoup plus gros que le ventre. Ce n'est pas grave, ça te fera quelque chose à grignoter en revenant de cours en fin d'après-midi. Franchement, t'as même l'espoir qu'il accepte de re sortir avec toi ce soir, d'aller boire un verre ou d'aller vous balancer en ville ensemble. Bref, de tenter par tous les moyens d'étirer ce moment. Il t'avoue alors avoir l'impression de renaître de ses cendres en ta présence. Cette façon d'exposer les choses et sa franchise certaine te fait réellement chaud au cœur. Si tu avais été avec ta meilleure amie, tu te serais mise à sauter dans tous les sens comme une pré-adolescente beaucoup trop heureuse, mais à la place tu te contentes d'afficher un large sourire sincère. Tes yeux te piquent légèrement, fatigués par le manque de correction de ta myopie depuis le réveil. Tu déposes alors ton verre sur la table basse et vas attraper ta paire de lunettes nonchalamment posée sur la commode en face de ton lit. T'avais été retirer tes lentilles avant de t'endormir dans ses bras, mais ce matin, tu n'as pas envie de l'abandonner le temps d'aller à la salle de bain. Pas même une seconde. Tu fais glisser tes lunettes sur le haut de ton nez et retournes t'installer sur le fauteuil en face du sien, et prenant une seconde pour terminer ta coupe de jus d'orange. Toni t'avoue être agréablement surpris, et ses mots te font piquer un far que tu tentes de dissimuler avec un éclat de rire. Visiblement, il a été exactement dans le même cas que toi ces derniers mois. Vos points communs sont tellement nombreux que ça en deviendrait presque suspicieux. « Oui, ce n'est jamais bon de forcer les choses... » tu te contentes de lui répondre avec un air légèrement pensif. Forcer le destin n'est jamais une bonne chose. C'est juste un moyen de se prendre un énorme retour des choses dans la tête quelques semaines, mois ou années plus tard. « Réellement prête à reconstruire une nouvelle histoire ? » Ses mots te sortent de tes songes alors que tu viens plonger ton regard dans ses billes noisettes. « Oui, je me sens vraiment prête. » Un peu gênée par la tournure sérieuse que prend la conversation, tu penches le buste pour venir te resservir un fond de jus d'orange et piquer quelques morceaux de fraises. Après un court instant, tu recroises à nouveau son regard. « Toi aussi ? » Tu mords dans les fruits puis viens porter ton verre à tes lèvres pour déguster le jus frais. Tu déposes à nouveau le verre sur la table et remarques rapidement l'émotion dans les yeux de Toni. Parler de tout ça semble avoir réveiller quelque chose en lui. Tu n'aimes pas voir cette tristesse prendre possession de ses traits. Tu te lèves alors de ton fauteuil, et sans un mot, t'approches de lui, pour venir t'asseoir à califourchon sur le haut de ses cuisses. Tu viens doucement attraper ses avants bras pour les faire passer dans ton dos. Puis tu passes toi même tes bras autour du haut de ses épaules, avant de venir plonger ton visages dans le creux de son cou dans une étreinte que tu veux lasse et réconfortante. Tu laisses couler un instant, le laisses prendre la décision de la séparation de votre étreinte, et en profite pour réchauffer ton cœur de sa chaleur corporelle. Après un instant, lorsque tu sens qu'il redresses le buste, tu te recules et en restant dans la même position, viens glisser tes doigts dans sa nuque, au bas de son crane. « Je me sens prête. Je veux qu'on prenne notre temps, pour se sentir bien et pour être sur de nous. » tu révèles avec sincérité en plantant ton regard dans le sien. Oui, tu veux prendre ton temps, tu ne veux pas précipiter les choses. Tu veux faire durer aussi longtemps que possible ce sentiment de plénitude en sa présence. Et surtout parce qu'à vouloir aller trop vite, ça n'apporte rien d'autre que des mauvais choix et de la tristesse. Ta main gauche vient doucement glisser dans le creux de son cou, avant de venir courir sur sa joue. Tu inclines alors la tête pour venir l'embrasser. Lorsque tu recules, t'as juste envie de recommencer, mais à la place, tu prends la parole. « Je ne veux pas reproduire mes erreurs du passé. Je veux faire les choses bien, pour toi. » Tes mots sont spontanés, surement trop spontanés. Tu n'as pas réfléchis, tu t'es trop laissé aller à cet instant de sincérité entre vous. Et merde, peut être en as-tu trop dit. Cependant, tu te fais une promesse, ici et maintenant, c'est que s'il te demande " pourquoi ? " tu lui répondras honnêtement. Tu lui diras pourquoi tu as fais ça et toutes les leçons que cela t'a appris depuis. Tu veux que ce soit sérieux avec lui, tu veux tout savoir de lui, et tu veux qu'il sache tout de toi. Le bon, comme le mauvais. Tu lui diras ce que tu as fais, ce que tu es. Pourquoi tu avais fuis, pourquoi tu étais partie.
(Katalia Borgia)