Addicted to you • Naëlle

Derrière ce sourire, aussi beau soit-il, je pouvais voir à quel point elle répondait avec sincérité et sérieux. Alors ça m'allait, et je souriais à mon tour. J'étais heureuse, à l'abri dans ses bras, contre son coeur battant. Je n'avais pas envie d'être ailleurs à ce moment précis. " J'espère que tu t'es débarrassée d'une partie de ce boulet, alors. " répondis-je simplement, avec un sourire amusé au coin des lèvres. Quand elle me dit qu'on va se balader, rien qu'elle et moi à la belle étoile, je me sens aussi timide qu'une gamine à son premier rendez-vous. Et cette sensation, ces petits fourmillements dans le ventre, c'est terriblement plaisant. Je souris bêtement, on pourrait me croire naïve, mais non, seulement comblée de me sentir aimée, et de l'aimer en retour, bien qu'encore secrètement. " Rien que toi et moi. J'aime bien l'idée. " dis-je doucement, avec un large sourire. Sa main dans la mienne, on s'est rendue dans une ruelle, non loin du Lord Hobo, et une fois devant son carrosse, elle sort le grand jeu bien kitsch, qui m'amuse à mort. " Je dois avouer que celle-là, on me l'a jamais faite. " dis-je en riant de bon coeur, avant qu'elle ne prenne sa place dans l'habitacle. Elle écoute de la bonne musique, mine de rien. " Il fait un peu froid pour aller en bord de mer, non ? Au pire, ça me fera un alibi pour me coller contre toi. " dis-je, amusée, tout en la regardant. Elle est belle, quand elle est concentrée. Elle est belle tout le temps, en vérité. Je pourrais bien passer la nuit dans cette voiture, rien qu'à la regarder et à me délecter de toute sa sensualité naturelle et de la douceur de ses lèvres. Merde, j'ai jamais pensé un truc pareil.

Le message est passé. Derrière ce sourire amusé, elle a su capter la sincérité que je tentais de masquer. C'était très bien comme ça. Pas plus de questionnement, juste une remarque masquée sur le ton de l'humour, qui m'arrachait un sourire. « En théorie, je l'ai laissé plus loin. Il est pas sensé me retrouver, donc ça devrait aller. » Loin de moi, cette connerie qui me freine. La peur mortelle de faire des conneries idiotes et finir par faire pire. Ma plus belle spécialité. Mais j'ai pas envie de merder encore. Pas cette fois, pas avec elle. Elle a ce petit truc qui me fascine. Ce petit truc qui fait que ça cogne aussi fort dans ma cage thoracique que dans mon crâne. Cette petite chose qui me dit que, merde, je ne pourrais pas trouver plus bel ange sur terre pour m'éloigner de ce chaos qui martèle ma sombre existence depuis trois ans. Alors je souris, bêtement, de bonheur, et je me laisse aller. « Tant mieux que ça te plaise. Je risquerai souvent de venir te chercher en plein milieu de la nuit comme ça, sur un coup de tête. » dis-je en riant doucement. C'est le problème de mes insomnies, ça. Des années que je ne dors que quelques heures par-ci, par-là, grappillées entre deux songes, entre deux avions, deux retouches pour le boulot. Et je tiens, miraculeusement. J'ai dû prendre le rythme, j'imagine. Je ris simplement quand elle m'annonce que le comble du romantisme, c'était la première fois qu'on lui faisait le coup. Je reste même perplexe, au fond. « Aucun mec ni aucune meuf n'a fait ça ? Avec une si jolie fille que toi ? Putain, ça se perd trop le romantisme, avec Tinder et ces autres conneries. » Le sourire se veut taquin et le regard en coin s'amuse à dessiner son profil dans ma tête. Je ne fais pas gaffe à la musique qui défilait, et étrangement, je me sentais rougir. « Dans ce cas, je fonce vers le bord de mer. J'ai envie de me risquer à te sentir te coller à moi. » dis-je en souriant, en prenant la sortie vers Harbor Area, avant de prendre une grande inspiration. « Je pars dans quelques jours, pour cinq jours. A Nouméa. A la base, c'est pour le boulot, mais j'y vais avec mon meilleur pote, Lukas. Et j'voulais savoir si tu voulais pas venir avec nous. Enfin, surtout avec moi. Je te fais passer ça pour un stage aux yeux de la fac, mais on va surtout chiller. C'est l'été là-bas. » dis-je en m'arrêtant au premier feu tricolore qui passe au rouge sous ma gueule.

J'aime la voir sourire, ça me rend fébrile. Ça efface le visage morne qu'elle avait la dernière fois qu'on s'est vues quand elle a claqué la porte de chez moi. Ça implique qu'elle tient vraiment à moi, qu'elle se déleste de ce qu'elle appelle son boulet. Alors évidemment, je me sens bien, apaisée, et j'oublie cette sensation amère que provoque la peur de l'abandon qu'elle a éveillée en moi. « J'espère que tu vas pas le retrouver avant longtemps. » souriais-je doucement. Je vois qu'elle est sincère avec moi, que c'est pas du vent, tout ce qu'elle m'a dit ce soir. J'ai ses mots qui résonnent de nouveau dans ma tête et emplissent mon coeur de joie. Quand elle me dit qu'elle va certainement venir en bas de chez moi le soir, pour qu'on se balade comme on va le faire ce soir, je me sens intimidée. Agréablement intimidée. « T'es ce genre de fille, alors ? Le genre de nana romantique, qui vient juste sur un coup de tête, parce que t'as envie de voir la fille qui te fait vibrer ? C'est mignon, je trouve. » dis-je en souriant, tout en la regardant du coin de l’œil. Quand je la vois comme ça, si sûre d'elle, tout ça, j'ai du mal à l'imaginer douce et romantique. Et c'est ce qui rend les choses encore plus belles, venant d'elle. Sa remarque sur cette génération Tinder, je la trouve drôle. J'ai jamais été sur cette application, et autant dire que ça ne m'a jamais tentée. « Je vais pas sur Tinder, je préfère les rencontres directes, auxquelles on ne s'attend pas. Un peu comme toi et moi. Heureusement que tu es là pour remettre les valeurs romantiques du siècle dernier au goût du jour. » m'amusais-je à lui répondre alors que je la regardais, inlassablement, sans pouvoir m'empêcher de sourire toujours plus. Puis, quand je regardais la route et que j'ai vu qu'on prenait la sortie d'Harbor, tout en écoutant ce qu'elle me disait, un vaste sourire venait étirer mon visage. « Tu peux aussi bien demander, si tu en as envie. J'aime bien me blottir contre toi, moi. » dis-je, avant de rire légèrement. Quand je l'entends soupirer, j'ai peur. Puis j'écoute son monologue, évoquant son boulot, son départ avec son meilleur pote, et sa proposition de me joindre à eux. Je prends le temps de me faire à tous les mots que je viens d'entendre. Nouméa, l'été là-bas, stage... Je secoue la tête, rapidement, pour faire comme si ça allait m'aider à tout mettre en place. « Tu veux vraiment que je viennes avec toi ? Parce que... Oui, je veux. » finis-je par dire, préférant ne pas y penser plus longuement qu'il ne le faut. J'ai envie d'être avec elle, n'importe où sur le globe. « Tu sais... moi aussi j'ai quelque chose à te dire. » me lançais-je, maladroitement, mais en souriant.

Je me traîne bien trop de casseroles depuis trop longtemps. Je me suis laissée aller dans des bras qui me répugnaient au premier abord. Je me suis fourvoyée dans des relations qui ne menaient à rien, et j'ai préféré fuir ce qui était bon pour moi, parce que j'ai eu peur. Maintenant que tout est bien en place dans mon crâne, je n'ai plus de craintes. Je me laisse porter par mes sentiments, tant pis pour les conséquences. Son regard, son sourire, c'est tout ce qui m'importe. « J'espère bien aussi. » souriais-je à mon tour, de toutes mes dents. J'ai jamais été aussi honnête de ma vie. Je ris légèrement quand elle fait allusion à ce côté romantique que je cache toujours. Je la regarde avec un sourire. « Tu as beaucoup de choses à apprendre sur moi, ma belle. Tu risquerais d'être surprise. J'suis pas toujours la fille qui fait des conneries. » dis-je en faisant allusion à notre seule et unique dispute et à mon manque sérieux de bon sens après la première nuit qu'on a passée ensemble. Je me sens bien, ici. Rien qu'avec elle, rien que nous deux, peu importe le lieu. J'étais là, et heureuse comme je ne l'avais pas été depuis longtemps. Un large sourire s'étire sur mon visage quand elle évoque que notre rencontre était bien mieux qu'un simple date sur une application de rencontres que beaucoup de personnes utilisent aujourd'hui. « T'es en train de me dire que je suis mieux qu'une rencontre Tinder ? J'suis touchée. Tu viens de me donner quinze ans dans la gueule, là. J'suis choquée. » dis-je en riant, en posant une main sur mon pauvre coeur. C'était amusant, et plaisant de sentir son regard sur moi. « Tu peux t'y blottir quand tu veux, l'espace t'es réservé. » répondis-je timidement, laissant un léger sourire apparaître au coin de ma bouche. Puis c'était l'angoisse, tout ce temps au feu rouge. Mon coeur était sur le point de bondir hors de ma poitrine, puis je retrouve mon souffle quand elle finit par accepter ma proposition. « Bien sûr que j'en ai envie. Autrement, je te l'aurai pas demandé. Et je suis heureuse que tu acceptes. » répondis-je sobrement, en posant furtivement mon regard dans le sien, en esquissant un sourire. Alors qu'on commençait à longer la côte, elle me dit qu'elle doit me dire quelque chose. A l'approche d'un parking, je me gare et arrête ma voiture. « Vas-y, je t'écoute. » finis-je par dire, avant de la regarder, avec un sourire chaleureux.

D'après les dires de Naëlle, il y a beaucoup d'autres choses que je ne sais pas encore sur elle. Je souris largement quand elle me dit cela, mais mon visage se referme légèrement quand elle fait allusion à nos différends. J'aurai aimé ne pas évoquer ça ce soir, ni plus aucun soir, mais il semblerait que malgré tout, ça reste un marqueur temporel dans l'évolution de notre relation. Je fais donc abstraction de cette légère pointe d'amertume pour jouer avec les boutons de son autoradio. « J'aime beaucoup apprendre, et je suis sûre que tu es bien plus passionnante qu'un bouquin de commerce. Alors, apprends moi qui tu es, jolie et talentueuse photographe. » lançais-je en posant mon regard sur elle, en souriant. J'étais tout de même intimidée et surprise par ce que j'avais laissé échapper. Je sors rapidement de ma propre surprise quand elle me demande si elle est mieux qu'un rencard sur Tinder. « Beaucoup mieux qu'un date Tinder. Toi au moins, t'es pas là que pour me sauter. » dis-je en riant, avant de passer ma main dans ses cheveux courts. « T'es pas si vieille, rassure toi. » dis-je en souriant, avec un air attendri. Je me suis sentie toute chose quand elle m'a annoncé que l'espace de ses bras m'était réservé. Une douce sensation de chaleur s'est glissée au fond de mon coeur à cet instant précis. A tel point que je ne sais pas quoi répondre de plus à ça, et ce durant un moment. Quand je lui ai annoncé que je devais lui parler, elle s'est rapidement arrêtée sur le premier parking qu'elle a trouvé sur le chemin, avant de me dire qu'elle m'écoutait. Je prends alors une grande inspiration. « Tu sais, depuis que tu m'as parlé tout à l'heure, je cherche quoi te dire. Et pour la première fois, j'ai pas les mots qui viennent assez vite. » dis-je en riant nerveusement. « Je veux pas te laisser dans le flou ou quoi que ce soit. Alors je vais faire de mon mieux. » J'ai les mains qui tremblent, et finalement, je me plonge dans ses beaux yeux bleus, qui me donnent le courage. « Moi aussi je t'aime, Naëlle. Et j'ai pas dit ces mots très souvent dans ma vie. Je t'aime et tu me rends folle, quand tu me regardes comme ça. » dis-je en riant, avant de venir poser mes lèvres sur les siennes, en douceur.

J'ai pas l'habitude de tels compliments. C'est vrai qu'on me dit que je bosse bien, que je suis du genre des belles filles qui brisent les coeurs à tour de bras, et pourtant, quand ça vient de cette fille, je me sens comme unique au monde, comme si personne au monde ne comptait plus que moi sous ses yeux. Mais dévoiler réellement qui j'étais, c'était relativement compliqué. « Tu sais déjà pas mal de choses sur moi, non ? » dis-je en riant légèrement. « J'ai quelques qualités qui font de moi une partenaire exceptionnelle, il paraît. Et je cuisine bien. » fis-je alors, sur le ton de la rigolade, avant de croiser son regard. « C'est donc à ça que sert Tinder ? C'est pourri ! Et non, j'suis pas là uniquement pour te sauter, comme tu dis. » avouais-je dans un demi-sourire. Si tel avait été le cas, je ne serai pas retournée vers elle une fois que j'avais eu ce que je voulais. J'ai apprécié le contact de sa main dans mes cheveux, ça m'a apaisée et décontenancée en même temps. Et vu le silence qui s'est installé, je crois pouvoir dire sans détour que je ne suis pas la seule. Mais elle termine par briser ce néant, assez maladroitement, et plus ses mots s'amorcent, moins je me sens tranquille. Je reste silencieuse, je la regarde, et finalement, elle s'élance. Le souffle court se transforme en soupir de soulagement. Elle m'aime, elle aussi. Je ne m'y attendais pas vraiment, même si je me doute que certains signes devaient me mettre la puce à l'oreille. Toutes ces soirées en tête à tête, ces rapprochements entre l'Alaska, la nuit qu'on a passée ensemble, l'embrouille et ses proportions... Le goût de ses lèvres sur les miennes avaient une saveur différente, bien plus douce. « C'est tout mignon, tout ça. T'es belle, quand t'es amoureuse. » murmurais-je alors contre ses lèvres.

On a passé des soirées entières ensemble, à discuter, à se découvrir mutuellement, et c'est vrai que je sais pas mal de choses sur elle. Bien que je ne sache rien de sa jeunesse, de ses conquêtes, des raisons de ses conflits familiaux, je peux estimer que je la connais bien. Je ris à sa remarque quant au fait d'être une partenaire exceptionnelle. « Si tu fais référence à tes... capacités sulfureuses... Je confirme. Et je veux bien connaître tes talents culinaires. » finis-je par dire en souriant. Et ce sourire se prolonge alors qu'elle me confirme qu'elle n'est pas là uniquement pour me sauter. « Et ouais, il paraît que ça sert à ça. Je suis contente de le savoir. » dis-je en riant légèrement. Je rougis une fois qu'elle me dit que je suis belle quand je suis amoureuse. « Et toi, t'es belle tout le temps. » avouais-je dans un murmure avant de l'embrasser encore un peu, les yeux clos. C'est si bon, d'être là, avec elle, et de ressentir tous ces papillons dans mon ventre. Puis je me redresse lentement, en souriant. « Tu veux qu'on aille marcher ou qu'on rentre chez toi ? » demandais-je alors. Parce que je n'ai jamais eu l'occasion de visiter son habitation, de voir un peu à quoi ressemble sa vie. Et puis, j'ai bien envie de m'assoupir dans ses bras.

J'ai toujours pris soin de ne pas trop dévoiler mon passé peu glorieux. Le strict minimum. Ne pas évoquer les nombreuses fois où j'ai terminé à l'hôpital, un coup de couteau qui entaille ma chair. Ne pas donner des détails qui pourraient faire en sorte qu'elle me prenne en pitié. Pourtant, je me sens en confiance, avec elle. Je ris légèrement quand elle évoque ce qu'elle nomme mes capacités sulfureuses. « Ravie de savoir que cette partie est vraie, dans ce cas. Je t'invite quand tu veux, dans ce cas. Peu importe le style de cuisine. » ajoutais-je en souriant. Tinder, un vrai fléau des relations humaines, je crois. « Edifiant. J'suis heureuse de pas avoir utilisé ce truc. » avouais-je, comme si ça allait changer la donne. Je me sens libre, pour la première fois depuis bien longtemps. Ses lèvres contre les miennes, mon coeur battant contre le sien, et cette sensation grandissante d'amour partagé. Elle me fait rougir, en plus. « Peu importe tant que tu restes avec moi. » dis-je en souriant, prête à remettre le contact au cas où elle veuille rentrer.

Je veux tout savoir d'elle, même ce qu'il y a de plus noir dans sa tête, dans ses souvenirs. Je veux qu'elle ait confiance en moi, qu'elle trouve bon de se dévoiler et qu'elle sache qu'elle ne sera pas jugée pour des actes qui ont eu lieu il y a quelques temps. Mais je sais aussi que je dois laisser le temps au temps, que tout ne s'est pas bâti en un jour, et que cette relation se consolidera un peu plus chaque jour qui passe. Un léger rire venait éclairer le son de ma voix. « Parce que tu as réussi à en douter ? Je viendrais avec plaisir alors, j'ai presque hâte que tu me cuisines quelque chose. Tu n'auras qu'à me surprendre. » finis-je par dire, avec un petit sourire en coin. Quand elle me dit qu'elle n'a jamais utilisé Tinder, ça m'amuse. En même temps, je me doute qu'avec sa belle gueule, elle n'a pas eu besoin de ça pour embobiner des filles qui brisent la solitude la nuit. J'aime la voir rougissante, malgré la peu de lumière qui entre dans la cabine de conduite. Même si l'idée d'une balade à la belle étoile était un beau programme, ce sont bien d'autres idées qui me viennent à l'esprit. C'est vraiment rare de me retrouver dans un tel état, d'ailleurs. « Je veux bien qu'on rentre se mettre au chaud... » souriais-je doucement, avant de me mordre la lèvre inférieure.

un léger sourire venait se dessiner sur mes lèvres quand elle me demande si j'avais réussi à en douter. après une légère réflexion et une moue, je venais rire franchement. « c'est juste agréable à entendre, j'avoue. vu que je t'ai coupée dans ton repas de supers macaronis au fromage, je peux toujours te cuisiner un petit truc en rentrant. » fis-je en souriant. le goût du défi, c'est sûrement celui que je préfère, et elle sait comment me stimuler de ce côté là. quand elle me propose de rentrer, je suis un peu surprise, mais je comprends rapidement ce qu'elle entend par "se mettre au chaud" dès que je prête attention à son visage et à son sourire. du coup, je remets le contact, direction chez moi.