Addicted to you • Naëlle

Notre dernière rencontre ne s'est pas si bien terminée. J'ai passé des heures à ruminer dans mon coin, toutes ces choses qu'elle a pu me dire, ces excuses bidons qu'elle se trouvait. J'étais triste, au fond. Triste et en colère. Je ne voulais pas la contacter la première, et j'ai tenu bon. Ce soir, elle a prit les devants, me demandant si on pouvait se voir pour discuter. Une partie de moi voulait dire non, pour lui faire comprendre que je ne suis pas une fille faible, et de l'autre côté, je voulais vraiment savoir de quoi elle voulait me parler. Elle avait l'air bizarre dans ses messages. Elle pensait me trouver chez moi, mais je l'ai prévenue de me rejoindre au Lord Hobo. Je suis assise à une table, seule, à écouter le petit concert de la scène ouverte du week-end, et je viens de me commander une assiette de mac' and cheese avec un coca. Mon téléphone s'éclaire une fois de plus, à l'instant où on me sert ma nourriture. C'est Naëlle qui me dit qu'elle est devant le Lord, qu'elle m'attend dans sa caisse. Je lui dis de rentrer dans l'établissement, à quel endroit de la salle je me trouve, avant de commencer mon plat. Quelques minutes plus tard, je la vois entrer. Et dans ma tête, je me dis qu'elle est juste magnifique.

Je suis vraiment pas douée pour les relations humaines. Heureusement que mon pote Lukas m'a remise sur le droit chemin. C'est grâce à lui que j'ai su mettre des mots sur ce que je ressentais. C'est grâce à lui que j'ai trouvé le courage de vouloir dire ce qui se passe dans ma tête et dans mon coeur, à ce petit bout de femme qui me fait chavirer. Je sais qu'elle m'en veut encore, elle ne s'en cache pas, mais faut pas que je me démonte, que je perde mon courage. Faut que je lui dise que j'ai pas envie de continuer d'être sans elle. Je veux pouvoir l'embrasser quand je veux, me balader fièrement avec elle à mon bras, ce genre de choses. Alors je me rends au Lord Hobo, en voiture, et je l'attends, en lui envoyant un message pour annoncer ma présence, à quoi elle me dit de rentrer dans le bar. Alors je me trouve une place dans la rue du Lord, et je gagne l'entrée de l'établissement, en la cherchant du regard, jusqu'à la trouver. Alors je m'avance vers elle, et viens déposer mes lèvres sur sa joue. « Bon ap'. Ca me fait du bien de te voir... » dis-je en m'installant face à elle, en souriant doucement.

Le contact de ses lèvres sur ma joue, malgré tout, ça me fait du bien. Même si ça n'a rien d'un tête à tête comme on a pu en faire de nombreuses fois, je suis heureuse de me trouver face à elle. Sa remarque me fait sourire légèrement, alors que je la regarde prendre place. « Merci. J'ai été surprise que tu veuilles absolument me parler ce soir. J'ai hâte de savoir ce qui se passe. » lui répondis-je alors, avant de mettre une nouvelle fourchette dans ma bouche, tout en l'observant. Elle a l'air à la fois tendue et décontractée à la fois, c'était assez spécial. « Alors, qu'est-ce que t'as à me dire, depuis la dernière fois ? » J'espérais qu'elle avait réfléchi après cette fameuse soirée, et que celle-ci allait mieux se dérouler.

De me retrouver là, finalement, j'avais un peu plus la trouille que sur le chemin. J'étais pleine d'ambition, de bonne humeur, mais je ne sais pas si tout va finir par suivre. Quand je la regarde, j'ai le coeur qui palpite, ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Son sourire me désarme dès la première seconde. « J'ai eu envie de te parler tous les jours. J'ai juste pas eu assez de courage pour ça. Mais je compte bien me rattraper, crois moi. Et je crois même que t'es pas prête pour tout. » finis-je par avouer dans un léger rire. J'essaye de jouer le change, de ne pas paraître trop tendue, mais dans ma tête, c'est un concert de heavy metal. C'est encore pire quand elle me demande ce que j'ai à lui dire depuis cette fameuse soirée. Je respire longuement, avant de regarder autour de nous. « Comme je te disais, j'pense pas que ce soit le lieu idéal pour ça. Mais j'peux pas garder ça plus longtemps pour moi. » Je marquais une légère pause, avant de reposer mon regard sur elle. « Tu devrais arrêter de manger pour entendre ça, d'ailleurs. » dis-je en souriant, en attendant qu'elle pose son couvert et d'avoir toute son attention. « Alors voilà. La dernière fois, j'ai dis des conneries. T'avais raison, c'était des excuses que j'me trouvais. Mais la vérité, c'est que j'peux pas me passer de toi. J'ai envie d'être avec toi. J'ai envie que toi et moi... ça soit concret, solide. Parce que... » Je prends une grande inspiration. « Parce que je t'aime, en fait. Tout simplement. Ca m'est tombé dessus sans que je puisse comprendre, et ça me plait. Et j'étais vraiment mal, ces derniers temps. J'pensais à toi, tout le temps, j'avais envie de te voir tout le temps, je marchais jusqu'à chez toi, machinalement. Je t'aime, Helina. » finis-je par lâcher. Et putain, je me sens plus légère.

Quand elle m'avoue qu'elle a eu envie de me parler tous les jours, ça me fait du bien. Moi aussi, j'ai lutté pour ne pas lui envoyer de messages, malgré le fait d'être en colère après elle. Elle dit qu'elle n'avait pas trouvé le courage de le faire et qu'elle comptait bien se rattraper, et que j'étais pas prête. Un sourire interrogatif se dessinait sur mon visage. « Ah ouais, carrément ? J'ai vraiment envie de savoir tout ce que tu comptes dire ou faire qui montre que je suis pas prête. » dis-je en riant légèrement. Puis elle se lançait, en me disant de faire une pause dans mon repas, à sous-entendre que je risquais de m'étouffer après. Alors je pose ma fourchette près de mon assiette, silencieusement, et j'écoute les mots qui sortent de sa bouche. Elle m'avouait que j'avais eu raison, la dernière fois, puis elle me dit qu'elle veut qu'elle et moi, ça soit concret et solide. Je sens mon coeur qui bat plus fort dans ma poitrine quand elle marque une pause dans son discours, et elle me dit directement, de but en blanc qu'elle m'aime. Je suis choquée, j'ai les larmes qui me viennent aux yeux, mais de joie. Jamais j'aurai imaginé une seule seconde qu'elle allait m'avouer ses sentiments. Je pose mes mains sur mon visage pour cacher cet immense sourire qu'elle avait provoqué chez moi. « Je suis choquée, je m'y attendais vraiment pas. » dis-je en riant légèrement avant de me lever et de l'inviter à se lever, pour l'embrasser en plein milieu du bar, en enlaçant mes bras autour de sa nuque.

Elle voulait savoir, et moi, j'avais une peur pas possible à décrire. Son sourire me donnait à la fois la force de me lancer, mais en même temps, ça me déconcertait. Mais j'ai pris mon courage à deux mains, je ne me suis pas enfuie cette fois. J'ai lâché les vannes qui maintenaient mon coeur entier, et je lui ai offert en cadeau, sans savoir si elle allait l'accepter, ou le piétiner avant de me le rendre. Peu m'importait, finalement, mais il fallait qu'elle le sache, et je pense que le jeu en vaut largement la chandelle. Quand je vois sa réaction, au fur et à mesure que je débite mes mots, je ne sais pas quoi en penser. Le pire a été quand elle m'a dit qu'elle était choquée, mais quand elle m'a invitée à me lever et qu'elle m'a embrassée, en plein milieu de cette foule, de ce musicien, j'ai senti mon corps s'envoler au dessus de tout ça, le temps d'un instant, en la saisissant par la taille, avant de sourire, mon front contre le sien. « Alors, ça veut dire quoi, ce baiser ? » demandais-je alors doucement, tout en la gardant contre moi, de peur qu'elle ne s'échappe.

Je m'étais attendue à tout, avec elle. Tout sauf à ça. Quand elle m'a déclaré sa flamme, j'avais la sensation d'être unique au monde, que plus rien autour de nous n'existait. Elle nous a formé cette bulle bien à nous dans le bruit assourdissant du bar qui se remplit toujours un peu plus. J'avais cette envie au plus profond de moi depuis longtemps déjà. J'avais été déçue mais finalement, elle s'est très bien rattrapée. Mon coeur bondit dans ma poitrine dès que ses mains se posent autour de moi et qu'on s'embrasse. Je crois qu'à l'heure actuelle, je suis la femme la plus heureuse de ce bar. Quand elle me demande ce que ce baiser veut dire, je souris largement. «  Viens, on va en parler dehors. » dis-je en posant le montant de ma commande sur la table et de lui prendre la main pour nous faufiler vers la sortie.
Une fois à l'extérieur, je ne lâche pas sa main, et ce sourire ne me quitte pas d'un poil. Je l'entraîne à l'écart et la pousse doucement contre un mur, avant de l'embrasser à nouveau. « Ça veut dire que t'en as mis, du temps. Et qu'à partir de ce soir, t'es rien qu'à moi. » dis-je en souriant.

Je me sens bien, mieux que jamais, d'ailleurs. Quand elle me dit qu'on allait en parler à l'extérieur, je ne sais pas tellement à quoi m'attendre, mais je me laisse entraîner à l'extérieur. Quand elle me pousse gentiment contre ce mur pour m'embrasser à nouveau, avant de me dire que j'avais trop attendu, je peux respirer de nouveau. « J'étais à toi bien avant ce soir, en vrai. Depuis qu'on se fréquente, j'ai vu personne d'autre que toi. » dis-je en souriant, avant de glisser mes doigts dans ses cheveux et en la regardant tendrement. « Tu veux qu'on aille faire un tour ? Ou qu'on rentre ? » demandais-je, alors que mon sourire ne quittait pas mes lèvres. Même si elle ne m'a pas dit qu'elle m'aimait, elle me fait comprendre qu'elle veut être avec moi, et c'est déjà bien. J'ai le temps, après tout.

Qu'est-ce qui m'a pris autant de temps. Cette question qui semble si désuète a le mérite d'être posée, c'est vrai. Mais la vérité, c'est que moi-même, j'en savais rien. Je ris légèrement, le temps de trouver une véritable raison dans le fin fond de mes neurones fatigués de s'user pour des réponses si évidentes. « Ma connerie, c'était un sacré boulet à me traîner, je crois. » répondis-je simplement. Un léger sourire venait trahir le sérieux de ma réponse, et je profite de cet instant, adossée contre le béton froid du bar. Quand elle couine, un léger rictus venait s'étirer sur mon visage heureux. Une fois encore, j'avais réussi à lui arracher un frisson. « Alors on va se balader à la belle étoile. Rien que toi et moi. » Romantique, je l'admets. Un énième sourire se dessinait sur mes lippes quand sa main venait à nouveau saisir la mienne. Je me redressais à mon tour et l'emmenais vers la ruelle où j'avais stationné ma voiture. Et pour compléter ma démarche romantique, je joue la carte de la galanterie en lui ouvrant la porte, légèrement amusée. « Si mademoiselle De Luna veut bien se donner la peine. » Courbettes et tout le bordel. Légèrement kitsch. Puis je venais refermer sa portière, avant de prendre place côté conducteur, avant de démarrer et de rouler au hasard, avec de la musique en fond sonore. « Tu préfères aller vers le bord de mer ou ailleurs ? » demandais-je en la regardant furtivement, pour ne pas quitter la route des yeux trop longtemps.