Born to be Wild - Mark

Mark avait passé une matinée très productive à travailler sur ses différents projets en cours. En millionnaire lui avait confié une ancienne Bentley Continental de 1957 à retaper et il faut dire qu’il la bichonnait comme si c’était lui qui l’avait construire. Et avec tout ce sur quoi il avait travaillé dans cette voiture, c’était presque comme si c’était bien lui qui l’avait construite !

Mais maintenant, il avait fini pour la journée étant donné que pas mal d’éléments devaient prendre le temps de se solidifier tranquillement et l’empêchaient par conséquent de continuer à travailler dessus.

Se posant devant l’ordinateur du bureau – le proprio/patron n’étant pas là – il vérifia les avancées des commandes de pièces pour vérifier que rien n’était arrivé sans qu’il ne le voie. Non, rien de nouveau donc les autres projets restaient en attente. Il avait donc remis sa veste en cuir, prêt à partir mais la sonnette résonna. Il vit que ses collègues étaient tous bien occupés et se dirigea donc lui-même vers le comptoir – peut-être qu’il aurait de la chance et que la cliente serait une jolie jeune femme ?

Il n’avait vraiment pas une gueule d’employé, cela devait être cocasse de le voir sortir de l’arrière-boutique pour venir au comptoir. Le patron ne le laissait jamais faire l’accueil de toute façon. Il arriva donc vers le client, un peu déçu qu’il n’ait pas le profil de la jolie jeune femme qui a besoin d’aide.

- ‘Jour ! Qu’est-ce que je peux faire pour vous mon bon monsieur ? demanda-t-il en posant ses grandes mains sur le comptoir avec son sourire de satisfaction du travail bien fait.

Mark eut un petit regard pour la moto sur la remorque et opina en posant sa main sur le comptoir pour sauter par-dessus et rejoindre le propriétaire de la bête.

- Je suis le spécialiste des motos et des véhicules anciens ici donc t’es tombé sur la bonne personne. Ça te va si on se tutoie du coup ? demanda-t-il en lui tendant la main. Tu peux m’appeler Mark.

Il grimpa dans la remorque pour regarder la moto et la tripota à quelques endroits, testant les deux trois éléments qui devaient normalement pouvoir s’allumer.

- C’est une belle bête… T’as l’air de savoir ce que tu veux, je peux te faire le check up et te commander les pièces de rechange. Ensuite soit tu peux faire l’assemblage ici ou je m’en occupe. Pareil pour les modifs, je peux m’en occuper ou te procurer le matos. Tu pensais à quoi comme modifs ? Esthétiques ou tu veux pimper le moteur ? Parce que la Triumph une fois qu’elle sera rafraîchie aura un joli ronronnement mais si tu veux je peux te la faire rugir comme une Harley, tout dépend des goûts après.

Bondissant de la remorque pour revenir au sol, il lui sourit.

- Tu peux en tout cas la mettre de mon côté du garage. Descends-la et je vais te montrer.

Il longea le garage par la gauche et ouvrit une grande porte coulissante où trônait la magnifique Bentley et trois monstres de motos, ainsi qu’une vieille Porsche 911 dans le fond du garage.

- Bienvenu dans mon humble royaume. Ta nouvelle acquisition ne sera pas en trop mauvaise compagnie en tout cas, sourit-il.  

Mark ne disait clairement jamais non à une cigarette et prit celle que lui offrait son futur client. Il l’alluma avec le zippo qu’il avait dans la poche et continuant à observer la bête pendant qu’il la descendait du pick-up.

- Ouais, Bobber, je vois très bien, dit-il en opinant. C’est un style intemporel, c’est clair. Tu risques pas de passer de mode avec ça.

Il eut un petit rire lorsqu’il demanda si toutes ces beautés étaient à lui.

- Haha ! Nan, pas du tout, sourit-il en fumant sa cigarette. La Bentley et la 911 sont à des clients. Ce genre de caisses, c’est ma niche, c’est ce qui est rentable pour moi. Et après je travaille sur des petites beautés comme celles-ci pour la passion, dit-il en tapotant une des motos. Mais les cinq là sont à des clients.

Avançant un peu, il posa finalement sa main sur le guidon d’une superbe Harley-Davidson Switchback FLD de 2016 qu’il caressa comme si c’était lui qui l’avait construite.

- Ca, par contre, c’est mon bébé, dont je me sers tous les jours.

Se détournant, il retira un grand tissu militaire d’une autre silhouette de moto pour dévoiler une vieille Harley aux lignes très élégantes dans les tons vert d’eau/turquoise.

- Et j’essaie de rendre la vie à cette Harley Duo-Glide de 1958 aussi. Je trouve la couleur improbable, je suis pas sûre de l’assumer mais c’est un classique de la marque et je me dis que si jamais un jour j’ai envie de voyager, que ce soit avec ma fille ou avec une nana, au moins, elle aura un truc solide sur lequel compter.

Mark eut un petit rire à sa remarque.

- Je me doute, mais c’est toujours un plus si c’est indémodable. Toutes les belles motos le sont de toute façon, ajouta-t-il avec un sourire.

Il le laissa regarder ses petits protégés et s’intéresser ensuite à son bébé.

- Je crois que les gens ont l’habitude de me voir avec ma bécane. Ou alors je fais pas attention, je remarque pas trop si on me regarde de travers en tout cas. Mais pour rien au monde je roulerais en bagnole. C’est eux qui sont fous de se taper les bouchons alors qu’on slalome entre, dit-il avec un sourire fier.

Le suivant jusqu’à la petite dernière, il sourit.

- Ouais, elle pourrait être tout droit tirée de Grease en vrai.

C’est vrai qu’il n’avait pas trop pensé à l’inconfort de la selle. Et puis il ne savait même pas si ça plairait à sa fille, si c’était son genre de trucs, si c’était quelque chose qu’il partageraient… Tout était compliqué de toute façon avec elle en ce moment.

- Franchement, je sais même pas si ça lui plairait à la mienne. Je suis encore en train de découvrir ses goûts et ses besoins. Je suis un daron repenti, je suis encore au purgatoire… T’as une chouette relation avec ta fille ? Elle a quel âge la tienne ? dit-il en s’adossant contre le mur.

Se redirigeant vers la moto de Markus, il l’observa.

- Ca dépendra du temps de livraison des pièces tu sais, c’est toujours chiant et indépendant de nous ça. Mais je dirais une semaine pour la méca’, sachant que je dois quand même continuer à avancer sur les autres commandes. Et pour le design, tu me dis un peu ce que tu veux et je te fais ça vite fait.

Mark eut un petit rire en s’imaginant en Travolta et fit un petit pas de danse nul pour illustrer ses talents de rockeur des années 50s.

- Je suis convaincant nan ? rit-il.

Il opina lorsqu’il parla des choix dans la vie. C’était un peu compliqué d’expliquer maintenant à quel point il n’avait justement pas l’impression d’avoir eu le choix et que c’était qui faisait le plus mal dans cette histoire. Il releva les yeux vers lui lorsqu’il demanda l’âge de sa fille.

- 24 ans, je l’ai eue très jeune, quand j’avais 19 ans. C’est bizarre de me dire que je l’ai eue avant l’âge qu’elle a maintenant, dit-il en réalisant cela.

Secouant un peu la tête pour chasser cette pensée étrange, il se pencha sur les plans de Markus et opina doucement en regardant.

- Ah ouais, c’est canon. Nan, je vois bien le genre de ce que tu veux. Bah, je vais essayer de te faire ça au mieux du coup. Tu peux me laisser le cahier ? demanda-t-il en montrant les plans. Sinon je peux en faire des copies au bureau.

Il se dirigea de toute façon vers la partie bureau du garage.

- C’est le moment moins drôle, faut qu’on remplisse deux trois paperasses, je prendrai ton numéro et puis je te tiens au jus dès que possible pour les pièces manquantes et tout. Et pareil, dès que j’ai une idée du prix des pièces, je te fais un devis et on est parti quoi ! Ca te va ? sourit-il.

Sans savoir pourquoi, il sentait qu’il y avait un bon feeling avec ce type. Peut-être qu’il pourrait même le conseiller sur tout ce principe de paternité qu’il était seulement encore en train de découvrir. Et, mine de rien, cela le terrifiait plus qu’il ne pouvait se l’avouer pour sa propre santé mentale.