Je me suis foutue dans une situation encore pire qu'inconfortable, et je ne sais pas comment m'extirper de tout ça. Je sens bien que ça l'énerve bien plus qu'autre chose, que je sois là. Je soupire, et je me demande même si je fais bien de rester là. J'ai pas spécialement envie de partir, mais rien ne me dit de vraiment ne pas le faire. Sa façon d'agir, sa façon de me parler, aussi sèche qu'il est humainement possible de l'être. Préférable de mettre des distances entre nous. Comme si c'était vraiment préférable. Je reste silencieuse, et quand elle me dit que je peux m'installer près d'elle, j'hésite vraiment. Si je le fais, je vais avoir le réflexe de la prendre dans mes bras, et je comprends bien dans sa façon d'être que c'est la dernière chose dont elle aurait envie. « J'veux pas te déranger... » dis-je, d'une voix déraillée, en posant mes fesses sur l'accoudoir près d'elle. Je renifle légèrement, avant de me relever. « J'crois que j'ferais mieux d'y aller... » dis-je doucement, en baissant les yeux.
Cette tension me donne mal au crâne. Je suis tiraillée entre l'envie de lui dire de me serrer dans ses bras, qu'on peut faire comme si de rien n'était, et de l'autre côté, j'ai une rage terrible qui me crispe. C'est un duel entre ange et démon qui se passe dans mon esprit, et son absence de réaction tend à faire gagner le mauvais. Je suis saoulée, j'ai limite plus envie de m'occuper de ce qu'elle fait ou non. Quand elle s'installe, ni trop près ni trop loin de moi, j'ai une lueur d'espoir. « Tu me déranges pas, je te l'ai déjà dit. » soufflais-je, agacée. Peut-être trop, puisqu'elle se relève presque aussitôt, en me disant qu'elle ferait mieux d'y aller. Là, j'ai envie de péter les plombs assez fort. « Tu sais quoi, fais ce que tu veux. Tu veux rester, reste. Tu veux te barrer, barre toi. Tu veux encore faire la morte pendant des semaines ? Fais le. J'ai l'habitude. Mais là, c'est en train de me gaver, en fait. Tu fais la malheureuse alors que c'est toi qui fait des conneries. En fait, je crois que t'as raison. Tu ferais mieux d'y aller. » Il fallait que ça sorte. Il fallait que je lâche ma colère sur elle.
Elle est sèche, agacée, et ça provoque un vrai malaise. Ca a le don de me frustrer, et ça n'aide en rien l'avancée de la journée. Je comprends vite que c'est finalement pas aujourd'hui qu'on va se réconcilier. Mais le pire, c'est quand ses mots se fracassent dans mon crâne. Je prends une grande inspiration, je regarde autour de moi pour récupérer mes affaires. Je remets ma veste sur mon dos, j'attrape ma planche et je me plante face à elle. « Alors j'me tire. On parlera quand tu seras moins énervée. A plus. » dis-je alors, avant de poser mes lèvres sur sa tête et de tourner les talons, en claquant la porte doucement derrière moi. Je dévale les marches en courant, avant de remonter sur ma planche pour me vider la tête, jusqu'à la nuit tombée.