On est parti quelques heures plus tôt, j’ai pris un sac contenant le minimum, on s’arrangera bien sur place. Je suis comme ça moi, je fais confiance au destin. On est tombés d’accord, ce sera le canada, et si possible un coin au naturel. Je nous vois bien dans un chalet entre les bois, une cheminée, la peau de bête, bref… Je me marre tout seul en conduisant la bécane sur laquelle t’es installée avec moi depuis un certain temps, tes bras enserrant ma taille, je me dis qu’on passera simplement un petit réveillon tranquille sans prise de tête, loin de Boston, loin des responsabilités et autres problèmes. On se gare dans une petite ville quelques instants plus tard. Je nous fais payer une bière par le gérant du bar local, toi et moi on a la côte, et les gens nous prennent facilement sous l’aile, c’est que le contraste doit intriguer autant qu’émouvoir et puis j’ai toujours eu ce don pour me faire adopter là où je passe, on va dire que c’est plus facile encore avec toi. Bref, le type nous conseille un chalet qui lui appartient et qu’il accepte de nous prêter pour quelques jours en échange d’un peu d’entretien et d’un petit billet. Le plan par-fait. Il nous en faut pas plus pour se mettre en route et tomber quelques instants plus tard sur le chalet au milieu de la forêt. « On va s’éclater ! » Que je dis super enthousiaste, en la portant pour sortir de la bécane. « J’ai putain de mal au cul ! » Je ris avant de sortir une clope que je porte à ma bouche, des heures que j’ai pas fumé. Le chalet a l’air de pas avoir vu de passagers depuis un moment moi je trouve ça génial, mais Marla elle va peut être flipper de trouver une chaumière de nains du style avant le passage de Blanche-Neige.
Pour notre virée, j'ai mis les artifices de côté. Le minimum que j'ai fais tenir dans le même sac que toi. À moto, pas vraiment le choix que de voyager léger, mais ça m'allait très bien ainsi. Un nouvel an en toute simplicité, au naturel et franchement, je ne demandais pas mieux que de me perdre au milieu d'une forêt, sous les étoiles, à tes côtés. M'éloigner de Boston allait me faire le plus grand bien, d'autant plus que mes pensées étaient brouillées en cette période. Il y a bientôt un an de cela, le 1er janvier 2019, j'avais essayé de mettre fin à mes jours alors que je venais de passer les fêtes en compagnie de mon meilleur ami Antonio. J'avais un peu peur je dois l'avouer, que des idées folles me traversent l'esprit cette fois encore. J'avais peur de te faire subir ça Maverick et à chaque fois que tout cela me revenait en mémoire, mes bras resserraient leur emprise autour de ta taille. On fait une première pause dans un bar où le dirigeant nous paye la bière. Je suis subjuguer par la facilité avec laquelle tu uses de ton charme sur les gens, sans peut-être même le faire exprès. Sans une once de maquillage, mes joues rouges et mon mauvais pull en laine, j'avais l'impression de passer complètement inaperçue. On nous propose un chalet et on s'emballe à l'unisson. Une forêt et un chalet au milieu des paysages canadiennes tous plus sublimes les uns des autres. « On va s’éclater ! » et je rayonne déjà rien que d'y penser. Mes doigts fins agrippent ton manteau alors que tu m'aides à me lever du deux roues. J'ris un instant avant de regarder autour de nous. C'était... parfait. « J’ai putain de mal au cul ! » - « La même... » mais j'fais pas attention à c'que tu me dis parce que j't'écoute plus déjà. Je marche d'un pas décidé en direction de notre petite maison pour les jours à venir, un coup d’œil par la fenêtre pour constater de l'authenticité et j'me tourne dans ta direction, large sourire aux lèvres. « Et doooonc, tu me kidnappes et on ne rentre plus jamais ? » J'ris d'ma connerie avant de poser mes deux mais sur la vitre et d'y approcher mon visage pour mieux y voir.
Comme à mon habitude, ce plan pour le nouvel an a été décidé totalement à l’arrache. Ce qui est plus étonnant, c’est que je sois parvenu à entraîner Marla dans ma folie. Et voilà qu’après quelques pérégrinations on se retrouve dans une cabane en pleine forêt canadienne. « Je te le masserai bébé c’est pas un souci. » que je te lance en venant coller mon épaule contre la tienne (enfin vous avez compris l’idée vu la différence de taille), et en te lançant un regard exagérément aguicheur, au sujet de ton petit postérieur. Pour le coup, la cabane a quelques allures de maison hantée mais le lieu promet de passer une bonne soirée et de belles ballades. « Je pourrais te kidnapper ouais, ça ferait jaser au campus. » Les présidents ennemis disparus dans une forêt canadienne. Ah moi et mon sens romanesque, j’ai déjà ma cervelle en mode turbine rien que d’y penser. « Allez viens ! » que je te lance en attrapant rapidement ta menotte dans la mienne. Je suis trop impatient de découvrir l’intérieur. La clé à peine sortie de ma poche, j’ouvre la petite habitation pour y découvrir un décor un peu désuet mais non dénué de charmes, on va juste dire que c’est un peu poussiéreux et que ça sent le refermé. « Putain y’a une cheminée ! » Je suis tout guilleret, mais je suis aussi con, parole de maverick, c’est un peu normal dans ce genre d’endroits tout de même… Je me précipite tout de même vers l’âtre avant de me retourner vers toi. « Bon va falloir aérer un peu. » Je suis pas précieux mais là tout de même. Mon regard se tourne vers une tête d’ours empaillée qui siège sur le mur qui contient l’entrée. Je souris malgré moi. « Oh Marla, je te présente Hubert, l’ours ténébreux et impitoyable de la forêt canadienne. » C’est carrément flippant mais moi ça me fait marrer. De toute façon, il est trop tard pour t’enfuir désormais.
« Je te le masserai bébé c’est pas un souci. » - « J'espère bien » Et j'pouffe de rire, les joues rouges. Le week-end en compagnie du grand brun s'annonçait épique, le genre de voyage qu'on n'oublie pas de si tôt. Je m'avançais vers le petit chalet, curieuse de savoir ce qu'il se trouvait à l’intérieur. J'm'y voyais déjà, prête à me raconter des histoires, m'imaginant vivre une vie paisible ici. Aux côtés du grand brun, j'savais que je ne m'ennuierais jamais. « Je pourrais te kidnapper ouais, ça ferait jaser au campus. » - « Tu penses ? Tu crois pas que les gens passeraient à autre chose rapidement ? » Regarde-moi bien Maverick, je passais complètement inaperçue. Te concernant, tout le monde parierait sur ta folie, comme si te voir disparaître du jour au lendemain n'étonnerait personne. « Allez viens ! » Ta main m’entraîne et je me laisse faire, curieuse et docile, comme à mon habitude. Bien qu'un peu poussiéreux, les lieux sont fantastiques. J'avais l'impression d'être plongée dans l'un de ces vieux Disney. Mon sourire ne quitte plus mes lèvres et je fais des tours autour de moi-même pour assouvir ma curiosité grandissante. J'suis incapable de retenir mes rires, d'autant plus quand j'te vois t'extasier pour un élément pourtant si banal. « Bon va falloir aérer un peu. » Mes épaules se dressent et je me dirige aussitôt en direction des quelques fenêtres pour les ouvrir. « Et quand l'air sera changé et que la nuit va commencer à tomber, on pourra faire un feu » Oh lala, au coin du feu avec un plaid et une boisson chaude. On allait passer des supers moments. J'me tourne dans ta direction quand mon nom résonne. « Oh Marla, je te présente Hubert, l’ours ténébreux et impitoyable de la forêt canadienne. » J'peux pas faire autrement que rire. « Merde. J'suis déçue. Je pensais que c'était toi l'ours ténébreux et impitoyable... » J'aurais été prête à me faire dévorer crue. « Il est même plus terrifiant que toi... » Je m'approchais du brun, les mains dressées, mes doigts légèrement pliés pour faire comme si j'avais des griffes. « Ou alors, c'est moi » que je dis en riant avant de grogner et de crocheter son haut avec mes menottes.
J’aime bien ce petit côté autoritaire chez toi. Mais ouais, je masserai ton petit cul avec un certain plaisir, crois-moi. Mon sourire s’étire à cette seule pensée. Je suis un homme simple moi franchement. Et puis cette cabane au milieu de la forêt canadienne, ça me donnait des idées, des envies d’excursion, de m’enfuir avec toi, qu’on revienne plus là bas. Je pose mon regard sur toi quand tu me poses cette question. J’avais parfois du mal à comprendre comment tu pouvais autant douter de toi-même. « Bah quand même, t’es un peu un nom connu sur ce fichu campus Witherspoon. » La présidente de la plus prestigieuse confrérie, rien que ça. Enfin moi, je dirai ceux qui pètent plus haut que leur cul, mais peu importe. Pour le moment, je voulais oublier tout ça, être juste toi et moi, et qu’on se prenne pas la tête avec tout ce qui pouvait nous attendre là bas. « Carrément et on se donnera la main et on se fera des nattes. » Je me moque, mais ouais j’ai carrément l’intention d’en faire un ce soir. « J’aurais du amener ma gratte. » Mais ça aurait pas été pratique en moto alors j’avais renoncé, pas grave, je me doute qu’on trouvera d’autres occupations. Je me penche vers la cheminée pour l’inspecter, elle a besoin d’être nettoyée mais elle est pas en trop mauvaise état. Et puis mon regard se porte sur Hubert que je te présente. Je rigole à ta réponse. « Tu plaisantes ? Je suis un vrai ourson guimauve moi. » Et c’est pas si faux lorsqu’il s’agit de toi. Et c’est peut-être toi la plus terrifiante des deux ouais, mon sourire s’élargit lorsque tu fais mine de m’attaquer. Et je grogne comme une bête avant de me lancer sur toi et te porter courant à l’extérieur pour te reposer et te chatouiller un peu. Puis je redeviens sérieux, parfaitement normal. « Allez mon petit ours féroce, on va poser nos affaires et ensuite je monterai sur le toit pour déboucher le conduit. » Oui, j’suis taré, c’est pas nouveau.
« Bah quand même, t’es un peu un nom connu sur ce fichu campus Witherspoon. » Ouais. Peut-être. Ça me laissait pensive en tout cas. Mon nom connu ne tenait qu'à la présidence de l'une des maisons et non pas à des heures d'acharnement sur des dossiers passionnants et des recherches importantes. J'étais encore jeune et pourtant, je me bagarrais déjà pour voir plus loin dans mes études. Dans le fond, la présidence, c'était secondaire et sans ça, je n'intéresserais personne. Je balaye mes pensées et je reviens au moment présent. Toi. Le chalet. Notre voyage pour le nouvel an. Mon sourire revient aussitôt et j'secoue même la tête en te voyant te moquer ouvertement de ma proposition. « Carrément et on se donnera la main et on se fera des nattes. » nia nia nia. « J’aurais du amener ma gratte. » Je m'insurge pratiquement aussitôt. « J'y crois pas. Tu te moques de ma proposition et tu me sors un cliché plus grand q'toi en retour » Marla ou l'art de ne pas marcher mais courir. J'sais plus tellement comment on en vient là, mais nous voilà à plaisanter à propos de l'ours trônant sur la cheminée. Terrifiant. Plus que toi, clairement. « Tu plaisantes ? Je suis un vrai ourson guimauve moi. » Je ris parce que tu as raison. Tu es passé du diable à l'ange me concernant. Mais j'aime l'idée de savoir que le diable n'a pas quitté ton corps et qu'il peut resurgir à chaque instant. J'ai appris à apprivoiser ta folie et aujourd’hui, je crois que je l'aime autant que ta tendresse. Même que parfois, ta folie permet à la mienne de se montrer, habituellement cachée sous sa carapace. Voilà pourquoi j'en viens à te montrer mes talents d'oursonne agressive. J'ai en semblant de sursaut quand tu répliques avant d'éclater de rire et de complètement me laisser porter jusqu'à l'extérieur. Mon corps réagit aux chatouilles en se débattant et il me faut plus de temps que toi pour retrouver mon calme. « Allez mon petit ours féroce, on va poser nos affaires et ensuite je monterai sur le toit pour déboucher le conduit. » Mes yeux s'éveillent. « J'VIENS AVEC TOI SUR LE TOIT » que j'ordonne en sautillant d'excitation sur place. T'sais, moi j'aime bien faire des trucs qui change d'ordinaire. L'problème, c'est que j'connais pas tellement la peur.
Tu l’entends mon rire qui résonne entre ces murs trop étroits ? Parce que oui. Je suis ce mec qui n’a peur de rien. Qui ose la moquerie quand tu évoques la peau de bête et le feu de cheminée. Mais qui surenchérit en regrettant d’avoir oublié sa guitare. Tu ne manques pas de le remarquer et ça ne fait que m’amuser davantage. « Tu ne résisterais pas à ma voix. » Et que je te sors mon plus beau sourire enjôleur. Façon Flynn Ryder. Je fais comme si je n’avais rien entendu de ma remarque, ne m’attachant pas au ridicule. Bien au contraire, je le laisse s’envoler sans aucune volonté de m’y accrocher. Et je viens te charrier doucement, plaisantant sur Hubert l’ours empaillé, laissant mes phalanges venant martyriser un brin tes côtes un peu trop frêles. T’es cette précieuse pourtant si forte. Cette juvénile qui a cent ans d’âge. Et la folie nous guette toujours un peu quand nos ombres embrassent le même sillage. Je donne plus de légèreté à ton sérieux et tu viens apaiser un peu ce feu. C’est cette alchimie étrange, un peu trop étonnante pour épouser les allures du réel et pourtant… C’est bien toi qui veux me rejoindre sur ce toit. C’est bien moi qui déjà épouse les tuiles un peu bringuebalantes de la cabane. Moi encore qui adopte une moue plus sérieuse quand je réalise que tu veux me rejoindre là. « Fais attention. » Les rôles s’inversent, les nuances qui nous sont propres habillent l’autre. Mais mes phalanges se tendent tout de même pour te frayer le passage, alors que tes pieds se posent bien plus silencieux que les miens sur le sol un peu trop fragile pour nos carcasses. « J’espère qu’on ne va pas passer à travers. » Une bonne façon néanmoins d’observer les étoiles. Pour toi, qui les aime tant.
« Tu ne résisterais pas à ma voix. » Tu remarqueras que ton faux air enjôleur n'a pas l'effet escompté. Mes yeux roulent pour regarder le plafond, une moue surjouée aux lèvres. Il n'empêche que je ne peux pas m'empêcher de rire à ta connerie un instant plus tard. Incorrigible. Incapable de garder mon sérieux à tes côtés. Encore moins quand une tête d'ours monstrueuse nous surplombe. Je sentais bien qu'on allait passer quelques jours intéressant toi et moi. Mes éclats de rire ne tardèrent pas à se faire entendre quand tu vins à te jeter sur moi pour me soulever et me chatouiller les côtes. C'était bon enfant et ça marchait toujours ce genre de truc. Et puis, le sérieux reprit place, enfin... presque. Je m'imaginais déjà grimpant sur la toiture du chalet quand tu en fis l'allusion. Je n'avais peur de rien, tu sais. Et là, j'y voyais un petit moment de fun qui sortait de l'ordinaire. D'ailleurs, à ton regard inquiet par moment, je sentais que de nous deux, c'était moi qui allait le plus en profiter. « Fais attention. » que tu m'ordonnes quand mes pieds gagnent la toiture. « C'est mignon, tu as peur pour moi » que je glousse comme une ado. Je le répétais mais... je n'avais pas peur. Je me tenais fièrement, bras tendus pour ne pas perdre l'équilibre. « J’espère qu’on ne va pas passer à travers. » Mes épaules se dressent et je te regarde de la tête aux pieds. « Je suis légère comme une plume » J'étais incapable de voir le danger par moment. Pendant que tu inspectais la cheminée, me voilà à mettre un pied devant l'autre tel un funambule sur l'arrête de la toiture. « Regarde Mave » large sourire aux lèvres, bras cherchant un équilibre peu certain. Qui l'aurait cru ? Marla Witherspoon insortable. Certainement pas toi.
Je sais pas vraiment comment on se retrouve sur ce toit. Sans doute qu’une folie entraîne l’autre, mais que tout de même je m’inquiète de toi. « Je voudrais pas que tu te fasses mal. » Je sais me soucier des autres, bien plus que je sais me soucier de moi-même. Mais peu importe. En l’occurrence, la réalité est bien là, tu as bien plus de chance de rester indemne que moi. Je fais quelques pas en direction de la cheminée, passant le manche au travers du conduit, toussant légèrement lorsqu'une fumée noircie s’en échappe. Au moins, on pourrait allumer la cheminée sans risquer de mettre le feu à la baraque. C’est à ce moment que tu m’interpelles alors que ton bras cherche ma main, je m’empresse de la glisser pour te tenir d’ailleurs, tandis que l’autre tient le conduit et l’outil. « Heureuse ? » que je lance avec un sourire avant de laisser mes yeux vagabonder. « C’est dément la vue qu’on a d’ici. » On est en pleine nature et avec cette impression d’être insubmersible. Protégés par cet écrin de verdure, à l’abri du monde.
En moins de temps qu'il n'en faut, on se retrouve sur le toit du chalet. La vue est splendide ici. Le paysage environnent est virtuose et le ciel se dévoile sans mal. Ça me change de Boston et ça me fait le plus grand bien. Sans peur, je m'amuse à marcher sur la toiture pendant que tu t'occupes de la cheminée. Je pourrais me rendre utile pendant ce temps, mais je préfère largement m'amuser et souffle. On avait quelques jours devant nous de toute façon. « Je voudrais pas que tu te fasses mal. » um. Mon sourire se veut espiègle. Il arrivera ce qu'il arrivera, mais je ferais en sorte qu'il n'arrive rien de grave. En témoigne mes bras que je dresse de part et d'autre pour garder l'équilibre. Je reviens vers toi, fière de moi. Toi, tu as l'air toujours inquiet que mon corps soit appelé par la gravité. Ta main trouve la mienne à la hâte et je la caresse de mon pouce pour te rassurer. « Heureuse ? » Je hoche la tête, sourire radieux aux lèvres tandis que mon regard suit le tien. J'inspire profondément l'air frais. « C’est dément la vue qu’on a d’ici. » - « On devrait venir se percher ici ce soir, pour regarder les étoiles » mes bras enlacent tes épaules pendant que mes lèvres se posent sur ta joue. « J'vais te laisser travailler et je vais aller dépoussiérer à l'intérieur » Un nouveau baiser et je redescendais pour faire du ménage dans la maison afin qu'on puisse se poser tranquillement ensuite.