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Oui, je suis parti Alexis, parce que je le devais. Je ne pouvais pas rester éternellement chez toi, caché avec ma soeur. Je devais lui trouver un autre endroit, un avenir. Moi, je m'en foutais de ma survie, c'était celle d'Ushuaia qui était primordiale. J'me souviens toutes les fois où je me privais, où je lui disais que je n'avais pas faim pour lui donner ma ration. Pourtant, j'étais bien là-bas, avec toi. Mais dans le long terme, je ne voyais que du brouillard. Je ne suis pas quelqu'un qui aime faire du sur-place, je devais bouger, trouver un équilibre pour ma petite famille. En te laissant, hélas, avec comme cadeau d'adieu, des souvenirs mémorables. Je t'ai jamais dit merci, pour tout ça, pour ces moments de chaleur et de lumière que t'as apporté dans nos vies. Je veux pas que tu penses que j'ai été qu'un simple squatteur qui a profité de la situation pendant quelques semaines. Si seulement tu savais tout ce que tu représentes pour moi, Alex. Tellement. Avec mon discours, je la sens un peu plus détendue, mais pas sereine pour autant. De ses mains fragiles, elle me montre son ventre, sa peau abîmée, couverte d'empreintes du passé. Je suis stupéfait. Mon regard reste fixé sur ses coups et mon sang s'emballe. Une cicatrice, dont je n'ai jamais connu l'existence. Naturellement, je viens poser le bout de mes doigts sur sa blessure fermée. Elle est réelle. « comment... qu'est-ce que tu as eu ? et ces bleus... ils sont récents. » j'ai eu assez de coups durant mon enfance pour reconnaître quand un hématome est frais ou non. Je pose ensuite mon regard sur elle, l'observant d'un air interrogatoire. Elle déraille. Je ne crois pas. J'ai connu pas mal de gens malades dans leur tête dans ma putain de vie pour savoir qu'elle n'est pas folle. J'peux pas vous exprimer la douleur que je ressens quand je vois les coups qu'elle a sur le corps. Belle de l'extérieur, mais retirer une couche et voyez comment elle est abîmée. Tout comme moi. Elle se débarrasse de son haut. J'humecte mes lèvres et je finis par retirer mon pull et enlever mon t-shirt par la même occasion. C'est pas comme ça que j'avais imaginé me déshabiller devant elle, pour que nous puissions découvrir notre morphologie. Mais si elle a le courage de me montrer ses cicatrices, alors je dois aussi le faire. Les marques sur mes avants-bras, elle les connait. Je me souviens encore de ce regard qu'elle a porté sur mes bras la première fois que j'ai retroussé mes manches. J'avais pas osé lui dire que c'était les traces de cigarettes de mon père. Mais intelligente et perspicace, elle avait deviné, sans pour autant le dire de vive voix pour éviter de me mettre mal à l'aise. Mais mon dos, elle n'a jamais vu mon dos. Personne ne l'a touché à part trois personnes dans ma vie. « j'suis foutu aussi. » je mets mon t-shirt en boule et je le jette près de son haut. Je lui lance un dernier regard et je pivote pour lui tourner le dos, et lui exploser le chantier qu'il y a tout le long de ma colonne vertébrale. Des coups de ceinture, de bâton, la chaire abîmée qui a laissé des cicatrices horribles. On a chacun notre histoire écrite sur notre épiderme. Je suis ému car... je suis obligé de replonger dans le passé en m'infligeant ça. Mais c'est pour lui dire que je l'accepte, avec ses démons, avec ses marques, tout comme elle pourrait m'accepter comme je suis si c'est ce qu'elle veut. « si je dois dérailler, perdre le contrôle, j'aime autant savoir que t'es là. » que devenir barge tout seul. Et si tu dérailles Alexis, j'aime autant être à tes côtés pour t'apaiser. Je souffle, je baisse la tête et je pose mes mains sur le plan de la cuisine, les bras tendus.J'ai flanché loin de toi loin de moi
w/ @Alexis Callaghan
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