Dezzy - L'association d'addiction est addictive.

Je repliais mes doigts au creux de ma main, faisant pression sur eux-mêmes, jusqu'à faire pénétrer mes ongles dans ma chaire. J'attrapais mon téléphone, pour chercher à joindre tous mes contacts qui pourraient potentiellement m'aider, sans avoir aucune réponse de leur part. Merde. Je commençais à retourner ma chambre, fouillant chaque tiroir, chaque recoin que j'avais déjà minutieusement fouillé. Rien à l'horizon. J'attrapais mes clefs, montais à bord de ma voiture pour conduire jusqu'à chez-toi. Je savais pourtant que tu n'aimais pas me voir traîner ici, mais au lieu de demander au dealer du coin, je montais les étages jusqu'à être devant ta porte. J'avais honte. Honte d'être si dépendante à cette drogue et de ne pas réussir à surmonter le manque. Je frappais, une fois, puis deux, puis trois, de manière excessive, faisant hurler Gotham à travers la porte. • Dev' c'est moi. • Que je criais devant chez-toi, impatiente, à la limite de incontrôlable.

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Toujours en train de réfléchir à des nouveaux moyens de m’en sortir, de ne pas me faire prendre. Créer un nouveau gang n’était pas sur la table pour l’instant. Trop de boulot, trop d’argent à investir au début. Je ne voulais pas, pas pour l’instant tout du moins. Alors je réfléchissais à d’autres pistes et le trafic de drogue était pour l’instant le moyen le plus rapide pour créer son réseau. Ares était un bon bras droit et pour le coup, j’en étais assez fier, de cette trouvaille. Cependant, je ne l’avais pas vu depuis quelque temps maintenant, j’espérais qu’il n’était pas mort d’une balle dans le crâne, ce serait dommage. Installé dans le canapé, Gotham calé contre moi, je trifouillais dans ma paperasse dans le but de rendre les choses clean mais surtout invisibles. C’était le moment que tu avais choisi pour frapper à la porte. Je me demandais qui c’était dans un premier temps, avant que Gotham ne se lève pour aller aboyer. Puis ta voix se faisait entendre. « Izzy ? » Je me levais du canapé pour aller ouvrir et te découvrir sur le palier. Sans rien dire, je me décalais pour que tu entres dans mon appartement miteux. « Qu’est-ce que tu veux ? » demandais-je, suspicieux.

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Je tournais en rond, comme enfermée dans une cage, sans réussir à trouver la sortie. Et si je voulais prendre un nouveau départ loin de mon addiction pour les drogues, je m’en sentais incapable. Il n’y avait qu’à voir l’état dans lequel je me mettais rien qu’à savoir que j’étais à sec. Personne ne répondait présent à mes messages, et torturer par cette envie de planer, je roulais jusqu’à chez-toi. Depuis le départ de Quinn, j’étais restée en réserve, parlant à très peu de personne y compris vous. Pour être totalement honnête, j’avais du mal à accepter sa décision, même si je tentais de garder bonne figure face à vous. J’avais l’impression de la perdre elle aussi, comme papa et maman. J’arrivais devant chez-toi, tambourinais contre ta porte avant de te signaler ma présence. « Ouais, c’est moi. » Tu voulais que ce soit qui d’autre ? Tu ne tardais pas à m’ouvrir, et me laisser le champ libre pour pénétrer à l’intérieur de ton appart. « J’ai besoin de toi. » Phrase que j’employais que très rarement, préférant généralement de débrouiller seule. Je me penchais doucement pour caresser la tête de Gotham, prenant une voix mielleuse face à lui. « Bah coucou toi, c’est le plus beau des toutous ça. » Paraître naïve et gamine devant ton chien, c’était peut-être une bonne technique pour amoindrir ma future demande. « Tu peux me dépanner un peu d’ecstasy stp ? » Roulant des yeux jusqu’à toi, battre des cils ne servirait à rien, alors autant jouer carte sur table. « Personne ne me répond, je vais péter un plomb. »

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Des coups à la porte, quelque chose qui n’est clairement pas commun dans ma vie. Et tu le sais, c’est ça le pire. Tu sais que je n’attends jamais personne. Ici tout du moins. J’étais pas de ceux qui communiquent facilement leur adresse. Alors intrigué par ce qui pouvait se passer sur mon palier, je me rendais à la porte, regardant par le judas ce qui pouvait s’y trouver, mais avant ça, j’entendais ta voix. Tu te faisais insistante, ce qui n’était jamais vraiment ton cas en temps normal. Alors j’ouvre, découvrant que j’avais raison. Tu pénètres dans les lieux, laissant entendre ton besoin de ma personne. Rares étaient les fois où j’ai pu entendre ces mots sortir de ta bouche. Ce qui, forcément, m’intriguait d’autant plus. Mais tu étais interrompue dans ton flux de paroles par la présence de Gotham. La seule chose bénéfique qui se trouvait entre nous dernièrement. Nos divergences d’opinion avaient presque eu raison de notre relation. Et alors que tu cajolais mon meilleur ami dans ce monde, les mots sortaient de ta bouche, comme s’ils étaient en totale contradiction avec tes agissements. Croisant mes bras contre mon torse, je te regardais perplexe. « Depuis quand tu prends ça ? » Une question comme une autre, mais il me semblait que t’étais la plus sage de nous quatre. Pas la plus dépravée. Certes, c’était de ta génération, prendre pilule sur pilule. Mais c’était pas une raison pour faire comme tout le monde. « J’ai peut-être ce qu’il te faut. » Ça veut pas dire que je consomme pour autant. Tout du moins, pas au point d’être addict comme toi.

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J’avançais, encore et toujours. Peut-être que notre vie n’était pas parfaite. Peut-être aussi, qu’on engendrait le mal autour de nous. Peut-être oui, mais nous étions armés, prêt à affronter la dureté de la vie depuis notre plus jeune âge. Mon pas était las, et je redoutais cette confrontation. On était comme le feu et la glace, l’opposé. Parfois, j’avais l’impression d’être l'outsider de cette famille, la tâche. Si j’affichais une confiance en moi constante, la réalité était bien plus complexe que je ne voulais bien l’avouer. J’étais comme vous, me complaisant dans la vie nocturne, aimant frôler le danger chaque fois que j’avançais dans les rues éteintes. Le danger rôde, partout, à chaque instant et j’étais prête à l’affronter, sans une once de peur. Qui pouvait réellement ressentir ça, à part les gens comme nous ? Je frappais à ta porte, pressée, que mon débit de parole en devenait ridicule, puisque je m’apaisais à la vue de Gotham. Je soufflais doucement avant de te soumettre ma requête. De l’ecstasy, rien de plus, rien de moins. « C’est réellement important ? » Que je te demandais, avant de me relever et te regarder. Après tout, t’étais plus que le dernier, mon dernier allié. « Depuis papa et maman. » Leur décès, la perte de l’équilibre qu’ils avaient tenté de nous offrir, malgré notre vie hors du commun. « Tu ferais ça ? » M’aider, en nourrissant un peu plus, ce qu’était en train de me tuer à petit feu ? L’impact qu’avaient tes mots, me soulageait, que j’me laissais tomber sur ce qui semblait être ton sofa. « J’ai été au Nephilim et… Connor aménageait le sous-sol pour lui et Ana. » Les yeux perdus dans le vide, je relevais doucement la tête pour croiser ton regard. « Lui aussi est parti. » Comme Quinn. Il ne restait plus que nous deux.

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Tu penses peut-être que je suis un peu trop individualiste, pas assez famille, mais c’est fort te tromper. Je suis plus famille que tu ne le crois. Si je suis froid et distant la plupart du temps, c’est pour vous protéger. Toi, Connor surtout. Avec Quinn, c’est différent. Elle était mon égale et la charge de cette famille nous incombait à tous les deux. Toi, t’étais la dernière, celle qu’on devait à tout prix protéger. Seulement, tu nous avais bien fait comprendre que tu étais assez grande pour te gérer toute seule. Mais… malgré ça, tu te retrouvais dans mon appartement, en pleine crise de manque. « Tu devrais arrêter. Ça te retombera dessus un jour. » Et je ne rigolais pas, tu sais. S’il fallait te sevrer entre les quatre murs de cet appartement, je le ferai. Et je suis sûr que Quinn serait d’accord avec moi. Connor aussi. On trafique cette merde, on l’ingurgite pas. « La seule et unique fois. Hors de question de te voir débouler tous les trois jours pour ta dose. T’as compris ? » Visiblement, le fait d’avoir ce qu’il te fallait semblait suffire à ce que ton corps se repose, relâchant tout le stress que tu pouvais ressentir. Installée sur le canapé, tu finissais par reprendre la parole alors que j’étais dos à toi, cherchant une dose pour subvenir à ton besoin immédiat. « Comment ça parti ? » Je m’étais retourné, et le choc de cette information se lisait sur mon visage. « C’est une blague ? » Connor n’avait pas osé faire ça ?

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Je ne pensais pas que du mal de toi, preuve étant, que je courrais jusqu’à chez-toi, quand mon monde s’écroulait. La distance qui s’était installé entre nous, n’était pas représentative de l’amour fraternel que je te portais, comme je ne doutais pas de celui que tu portais à mon égard. Pudique ou trop réaliste pour se dire les choses, la communication n’avait jamais été notre fort. Le choc des générations, diraient certains, mais c’était bien plus que cela. Arrivée en dernière, je n’avais jamais su trouver réellement ma place à cause du lien qui t’unissais à Quinn. La raison de ma venue n’était pas motivée par de l’égoïsme. « J’en suis consciente. » C’était d’la bonne grosse merde, mais c’était un moteur pour moi, une façon d’affronter la vie, avec le sourire qui me caractérisait tant. Tu n’en avais jamais pris toi ? Ou tu n’étais pas accro à l’adrénaline que te procuraient les rencontres mafieuses ? « Reçu cinq sur cinq, merci. » Et peut-être que si je sautais le pas vers une guérison, tu serais un allié de choc, mais pour l’heure, savoir que t’allais me dépanner, me détendait légèrement. Tu te tournais, cherchant dans tes stocks, de quoi nourrir mon démon, quand moi j’en profitais pour te parler de Connor. « Oui et non, ce n’est pas une blague. Il t’a même laissé une lettre, si tu la veux. » Fouillant dans mon sac, j’attrapais l’enveloppe légèrement froissée par le bordel de mes affaires avant de te la tendre et de voir les traits de ton visage surpris. « J’ai le sentiment que c’est bien plus grave que c’qu’il écrit dans celle qu’il m’a laissé. » J’avais un mauvais pressentiment. « On va faire comment, maintenant qu’il ne reste plus que nous deux ? » Parce que j’pouvais pas vivre sans famille, tu l’savais mieux que personne.

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Je n’avais pas envie de te retrouver un de ces quatre totalement blanche et raide sur le sol, sous prétexte que t’as fait une overdose. Il m’était impensable de t’imaginer dans cette position. C’est pour ça que je préfère te le rappeler à plusieurs reprises. Quitte à devenir le méchant grand frère qui te force le sevrage en t’enfermant ici. Tu sais parfaitement bien que j’en suis capable. C’était ce que papa pouvait faire également. C’était la seule et unique fois où j’allais te sauver de ton manque, de cette situation dans laquelle tu étais. Et j’allais possiblement bouger mon stock pour pas que tu le trouves si un jour, tu décides de forcer la porte de cet appartement. Seulement, outre ce problème de drogue que tu te trainais, il y avait Connor qui avait fait des siennes. Il s’était barré, apparemment. « Une lettre pour dire quoi ? Qu’il avait besoin de se barrer pour s’occuper de son bâtard de môme ? » soufflais-je, agacé. J’attrapais cependant la lettre en question, incapable de savoir en cet instant si j’allais la lire ou pas. Qu’il assume ses choix, la justification n’a pas à être prise en compte. Il s’est barré, point barre. « On va faire comme d’hab. Sauf qu’au lieu de compter sur Quinn ou Connor, on compte l’un sur l’autre. C’est tout. Alors tu vas vraiment arrêter tes conneries et on va te sevrer. Hors de question de te retrouver raide morte demain dans ton appart. »

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Je devais accepter le départ de notre sœur et celui de notre frère, mais t’en parler était synonyme de me livrer par les émotions et nous n’étions pas doués pour ça, qu’on s’le dise. J’étais peinée, sincèrement et atrocement attristé par son départ, alors je me réfugiais dans cette idéologie que j’avais du monde dès l’instant où je me droguais. J’étais libre. Invincible même, alors les sentiments, je les mettais de côté pendant ces moments et ça me permettait de les oublier un instant. Foutu paradoxe, quand j’utilisais ses sentiments pour écourter notre discussion au sujet de mon addiction. « Peut-être. » Que je soufflais simplement, avant de vouloir rétablir une vérité qu’il me semblait juste de te rappeler. « Ou peut-être bien qu’il est dans la merde et que c’est le seul moyen qu’il ait trouvé pour s’en sortir en gérant ses problèmes à sa façon. » Il était différent, chacun de nous l’était. Si nous étions acteurs du côté dark de ce monde, nous avions tous un rapport différent avec ce dernier. Tu pouvais être dur parfois, mais qu’est-ce que je pouvais t’envier de cette façon que t’avais d’être je m’en foutiste. Putain, tu choisissais ton moment, pour me sortir de mes pensées en revenant au sujet de base qui m’avait amené jusqu’ici. « J’suis pas prête Devon. » Me relevant, j’étais prête à faire face alors je m’approchais de toi en contournant le semblant de sofa sur lequel j’étais installée. « Je le ferais, un jour. » Parce que j’étais consciente de la merde que c’était. « Mais laisse-moi du temps. » De me reconstruire. Parce que je n’étais pas toi, et que perdre Quinn et Connor, ça chamboulait tout ce que j’avais toujours connu.

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Même si je ne l’avouerai jamais, le départ de Quinn me brise le cœur, et je soupçonne que tu le sais. Tu dois t’en douter. C’est ma jumelle, mon double. Et si pour toi, elle était plus une sorte d’idéal, ou je ne sais pas quoi, la perte est immense dans tous les cas. Que ce soit chez toi comme chez moi. Dans tous les cas, on vivait mal ce départ. Et tu venais de m’avouer que Connor avait fait la même chose ? J’avais envie de les traquer pour les ramener par la peau du cul en vrai. Cette façon d’échapper aux choses, à la dure réalité qu’était celle des Bulger, c’était une forme de lâcheté. Les deux. Autant je peux tenir Quinn à une haute estime, autant, elle m’avait déçu en agissant ainsi. Et Connor, ça ne m’étonnait que peu. Il était très famille, mais très solitaire aussi. « Quelle merde ? Il voulait rester clean avec son Nephilim de merde. Il pensait à la gamine plus qu’au reste. Il est juste lâche, c’est tout. » Et si tu n’avais pas été là, à attendre ta dose, j’aurais pu tout péter dans cet appartement. Je n’avais pas de réelle attache matérielle alors peu importe l’état du mobilier. Mais tu avais besoin de ta merde et je l’avais entre les mains. Un petit sachet, la seule fois que je te fais ce cadeau. « T’as intérêt à ce que ce soit bientôt. Y’a plus que toi et moi, kiddo. On est les seuls sur qui on peut compter à présent. Et je te laisserai pas tomber. » Jamais. T’es ma famille, mon sang. La première et seule personne sur qui je peux compter maintenant.

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