The sound of reverie • Ralvisio

the sound of reverie  ★ ─ w/ @Veïa Alvisio

C'était le désespoir qui m'avait poussé à être sur cette application. Roxane était avec ce mec et moi, je me retrouvais seul dans cette ville, ne connaissant personne à part la rousse. Mais je suis sociable, n'est-ce pas ? Je suis le mec gentil, celui qui est un peu trop maladroit mais qui plait quand même un peu. Je suis celui qui fait rire volontairement ou non. Et il faut que je rencontre des gens, que je me fasse ma place dans cette ville qu'est Cambridge. Boston étant tout près, je pouvais tout aussi bien découvrir les lieux aussi. C'était tout un nouveau monde qui s'offrait à moi. Mon visa me laissait un an pour l'instant alors j'allais faire en sorte que cette année soit mémorable. Et que j'efface cette culpabilité qui me ronge un peu plus chaque jour. Natasha s'en était allée, ce qui m'aidait légèrement, mais pas plus que ça dans le fond. J'allais vraiment devoir vivre avec et apprendre de mes erreurs. A commencer par ce soir, en me laissant aller dans ce date rapidement improvisé. Le Paint Bar. L'adresse indiquait une demi-heure de chez moi, ce qui me laissait un peu de temps pour me préparer. Est-ce que je devais essayer de t'impressionner ou au contraire, rester chill et relax ? Je pars sur la deuxième option. Je suis chill et relax en temps normal alors je ne devais pas changer mes habitudes. Une chemise et un t-shirt, au dessus d'un jean foncé et des Timberland en guise de chaussures. Un parfum… peut-être un peu trop prononcé. Et je me rendais sur les lieux, où tu m'attendais déjà probablement. Un coup d'œil rapide dans la salle pour te retrouver au fond, avec deux verres et un pinceau à la main. Un sourire naissait sur mon visage au fur et à mesure que je m'approchais de toi. Bien sûr, l'appréhension était de mise aussi, c'était normal. Mais je tentais de relativiser, soufflant plusieurs fois pour faire partir ce stress inutile. Et finalement, je m'installais à tes côtés, lançant un simple « Hey, je suis là » Pathétique mon vieux, mais c'est rien, tu peux te rattraper. « Sympa l'endroit, j'adopte » disais-je en rigolant, remarquant toujours plus de détails au fur et à mesure que mon regard scrutait les lieux.

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Je crois que c’était le vrai premier date que j’avais accepté depuis que j’étais dans le coin. Enfin, j’avais pas non plus l’habitude de trainer sur Tinder mais disons que je me sentais assez seul ? Ouais, Glasgow me manquait et rien n’était pareil ici. En plus, Roxane m’en voulait pour Natasha alors… c’était compliqué. Et puis ma vie tout court n’était pas si simple. La pression de faire quelque chose de mal restait au dessus de ma tête. Mes parents, ma fratrie… Harvard à présent. J’avais encore sur les épaules les erreurs du passé, la culpabilité qui me ronge. Mais quand je me dirige vers ce bar, je tente d’effacer tout ça de mon esprit pour être plus léger et profiter comme il se doit de ce que tu as à me proposer. L’alcool, la peinture. Oui, je vois ça quand je pénètre dans les lieux. L’endroit était quand même pas mal niveau ambiance et ça me foutait le smile sur le visage. Puis je t’apercevais non loin, alors je m’approchais, t’indiquant ma présence assez rapidement. « Paradis, à ce point ? » demandais-je en m’installant sur le tabouret juste à côté du tien. Les lieux m’intriguaient, happaient une partie de ma concentration, avant que je n’y mette un terme pour te regarder glisser un verre face à moi. « Ah, non, t’as eu raison. T’as commandé quoi du coup ? » À vue d’œil, c’était de la vodka. L’alcool fétiche des étudiants. J’admets avoir une préférence pour la tequila ou même le rhum. Mais ça ne tenait vraiment qu’à moi. « Enfin laisse, je m’en fiche » J’attrapais le verre et buvais cul sec le shot qui m’était offert, reposant alors le conteneur sur le bar, tout en souriant. Bon, avec une grimace oui, mais c’était quand même agrémenté d’un sourire. Puis tu me présentais un pinceau. C’était un choix intéressant pour faire connaissance, je l’admets. Je vois qu’en plus, t’en avais déjà sur le visage et sur les mains, preuve que la créativité s’était emparée de toi. « Je suis pas Picasso hein… » Mais je tentais de me débrouiller comme je peux. Trempant doucement les poils du pinceau dans la peinture, je finissais par en mettre un peu sur ton nez. Un beau bleu y était présent, et ça me faisait d’autant plus sourire. « J’aurais bien mis rouge mais certains ont peur des clowns » Je haussais les épaules avant de rire doucement.

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Tout ce que je voulais, c’était me créer mon cocon ici. C’était pas compliqué. A peine arrivé, je devais faire en sorte de me trouver des potes, des amis sur qui je pouvais compter. Et déjà, il fallait que je me rapproche de tous ceux qui étaient en informatique. Possible que j’aurais du tenter le MIT à la place, pour être proche de ceux qui étaient vraiment doués. Mais bon, trop tard. J’étais à Harvard et c’était bien suffisant. C’était déjà bien mieux que pour beaucoup d’autres étudiants dans le monde entier. Le cul sec du shot m’avait fait reconnaître la vodka, l’alcool de prédilection de bien des gens. Le tien aussi je suppose ? Je pense que j’en aurai la confirmation plus tard, quand ça sera à mon tour de payer la tournée. « Ouais, ça me va » Et l’idéal serait d’avoir un verre à la main tout le long de la soirée. Alors j’attendrai que tu aies fini ton shot pour réclamer quelque chose au barman. En attendant, j’attrapais le pinceau que tu m’offrais, afin de faire… je sais pas quoi faire en fait. L’inspiration n’était pas encore vraiment présente et je ne voulais pas mettre à mal l’œuvre que tu avais commencé. Alors pinceau dans la peinture, je finissais par le déposer sur ton nez, pour en laisser une petite trace, ce qui accentuait le sourire sur mes lèvres. « Bon choix » Le rouge était bien trop agressif, tandis que le bleu, bien que froid, restait un peu moins vif. Surtout celui que j’avais choisi. Et puis à ton tour, tu cherchais à illustrer une idée sur mon visage. Sur ma joue. Et tu continuais ensuite avec ton doigt, y découvrant à la volée le doré parsemé de paillettes. « Est-ce que je suis devenu une star d’Hollywood ? D’une vie en or et en paillettes ? » demandais-je en rigolant, avant d’appeler le barman pour de bon afin de commander deux cocktails à base de tequila. « Tu fais quoi dans la vie, mis à part dessiner sur les gens ? » Autant aller directement dans le concret : apprendre à se connaître.

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Ça faisait que quelques semaines que j’étais dans le coin, me familiarisant doucement mais sûrement aux lieux qui allaient faire mon quotidien durant les prochaines années. Harvard n’était pas donné à tout le monde et je faisais partie de cette infime sélection qui était privilégiée. J’étais heureux d’être ici et je ne voulais pas mettre à mal mes chances en faisant n’importe quoi. Si c’était une chance de reprendre à zéro pour Roxane, ça l’était aussi pour moi. Natasha n’avait pas su rester ici alors peut-être qu’on allait réussir à aller outre tout ce qui s’était passé à Glasgow. J’ose l’espérer en tout cas. Et toi, tu ferais peut-être partie de cette vague de personnes qui m’aideront dans ma quête. Tu venais de mettre des paillettes dans ma vie, que demander de plus ? « Je peux faire ça, attends… » Et j’attrapais de la peinture avec mon doigt, de la jaune pour changer un peu, et je l’étalais sur mes lèvres pour ensuite me rapprocher de toi, déposant ces dernières sur ta joue, y laissant une emprunte claire et nette. Barman interpellé pour avoir des nouvelles boissons, qui ne tardaient d’ailleurs pas. Faut croire qu’on était privilégiés ce soir, j’apprécie le geste. Et là, je cherchais à en savoir un peu plus sur toi, ce qui était un peu mon but premier ce soir. « Oh, une tutrice. Dommage que je fasse pas de littérature » disais-je en rigolant doucement, avant de baisser la tête, les boissons finalement arrivées. « Je suis étudiant en informatique, fraichement arrivé ici depuis début septembre et… » Ce que tu faisais sur ma main était quelque peu étrange mais appréciable. « Et je cherche à me faire mon petit réseau. Amis et le reste… c’est à voir » Je veux juste plus être seul. Je veux savoir que je peux compter pour des gens. « Ouais, je suis un newbie d’Harvard et c’est un peu flippant… encore plus que tes ‘bizarreries’, celles que tu m’as mentionné par message » Et possible que mon accent écossais était un peu plus ressorti en cet instant mais c’était vraiment pas voulu.

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C’était quand même osé que de faire ça, mais je n’avais aucunement honte de me promener avec des lèvres jaunes dorénavant. Disons que ça me faisait un petit charme en plus. Non ? J’espère que tu trouves çq cute quand même, parce que j’ai pas l’air con sinon. Je ne veux pas que mes chances soient réduites à néant sous prétexte que j’ai fait un coup osé. « Ah oui, je veux bien te croire. Mais toi, t’es ravissante, avec toutes ces couleurs sur ton visage » que je disais d’un grand sourire. Ouais, bon, la peinture était en train de sécher et ça tirait, mais tant pis. J’irai aux toilettes plus tard pour retirer tout ça. Faudrait pas que j’en avale par inadvertance en plus. « Oh, c’est vrai ? » Non pas que je sois intéressé par apprendre la littérature mais disons que ça pourrait augmenter un peu plus ma culture personnelle. Et puis, j’avais toujours eu cette soif d’apprendre donc c’était clairement une bonne chose que de me proposer ça. Entre cette proposition et le fait que le pinceau arpentait ma peau tel un serpentin, j’étais ravi. Tous deux semblions passer une bonne soirée, non ? Enfin, ça se verrait si tu te faisais chier, je pense. « Ok, tu m’offres beaucoup trop de choses là, je sais pas si j’arriverai un jour à te rendre la pareille » Entre les cours particuliers et maintenant m’aider à m’intégrer, tu faisais beaucoup pour moi. Je n’étais pas sûr d’être à la hauteur de ce que tu souhaites de moi. « C’est une proposition pour que je te foute dans ma poche ? Ou sur mon épaule, comme Jiminy Cricket ? » riais-je doucement avant d’attraper le shot de ma main libre, le levant vers toi pour trinquer afin de boire ensemble. « A cette soirée bien plus plaisante que je ne l’aurais imaginé » Oui, c’était un compliment pour ta personne, sois flattée.

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