Comment avoir une réaction concrète et réfléchie dans ce genre de situation ? A vrai dire, j’avais passé les pires minutes de ma vie, moi qui espérais tant une famille aimante. J’étais déçue, mais après tout je connaissais. Je savais ce que ça faisait de ne pas avoir de parents, alors forcément ce genre de réaction ne me faisait ni chaud, ni froid, même si j’avais un arrière-goût d’amertume. « Oui tu as eu raison. Je préfère me faire ma propre idée de toute façon. » J’haussais les épaules, tournant mon regard dans sa direction. Elle avait dû vivre des années compliquées avec les parents, sachant le caractère qu’ils avaient. Mais je préférais ne pas y penser, il fallait apprendre à se débrouiller tout seul. « Oui, pourquoi pas. » Une bonne bière me ferait le plus grand bien aussi. J’étais heureuse d’avoir trouvé une sœur, mais triste de ne pas comprendre le comportement de ceux qui m’avaient mis au monde.
Elle savait par avance ce qu'il allait se produire dans son appartement. Elle connait bien trop ses parents pour ne plus appréhender leurs réactions où les mots qu'ils prononçaient. Ils avaient encore une fois dénigrés plus bas que terre Maddie, chose qui ne l'a surprend pas du tout. Ce qui l'a blessé venant d'eux, c'est qu'ils puissent dire qu'ils auraient préférés avoir une fille comme Paolina plutôt qu'elle. Elle ne s'attendait pas à ces révélations choquantes. Elle se force à sourire auprès de sa jumelle. « Même si j'aurai tellement préféré ne plus me trouver face à eux. Je pensais qu'avec le temps plus rien ne m'atteindrait de leurs parts, j'avais complètement faux. » Les mots résonnent encore dans sa tête. Elle n'arrive pas à les retirer même si elle en meurt d'envie. Elle s'est construit un caractère de merde en cause de leurs parents. Le caractère de Maddie s'est doublé en puissance au fil des années. Son caractère bat largement les deux réunis de ses parents. Si seulement Paolina savait le quart de ce que Maddie est capable de faire. Elle est persuadée qu'elle ne voudrait pas apprendre à connaître sa jumelle. « Allez viens. » répond-t-elle en allant dans la cuisine pour récupérer deux bières avant d'en donner une à Paolina. Elle vient à l'ouvrir pour venir en boire une grande gorgée. Cela fait du bien de pouvoir ce ressourcer comme on peut. « Si tu as des questions à me poser, vas-y c'est le moment ! » Elle est prête à se livrer intégralement auprès de sa sœur. Il faut crever l'abcès tant qu'il est encore temps. Demain c'est certain que Maddie n'aura plus envie de parler.
J’étais encore interloquée de cette rencontre. Comment ça avait pu tourner aussi mal ? Moi qui avais toujours rêvé d’une famille, j’en venais à me dire que je préférais la vie que j’avais vécue. Être ballotée de foyer d’accueil à foyer d’accueil, sans réelles attaques, sans problèmes. « Je suis désolée de t’avoir fait subir ça. » Je grimace. Après tout, c’était en partie de ma faute. Si nous ne nous étions pas rencontrées elle et moi, jamais elle n’aurait fait face de nouveau à ses parents. Alors forcément, je m’en voulais un peu. Je sentais que mon moi le plus profond était en train de changer. J’étais en train de me renfermer sur ma coquille alors que j’avais toujours été du genre ouverte. J’acquiesce quand elle me demande de la suivre jusqu’à la cuisine. Je lui emboite le pas, les mots fusants dans mon esprit tel la vitesse de la lumière. Lorsque nous arrivons dans sa cuisine, Maddie récupère deux bières et elle m’en tend une. Je l’attrape, le regard perdu dans le vide et la décapsule avec ma main. J’avais l’habitude de boire, alors ouvrir une bière avec la main était un jeu d’enfant. Je viens boire plusieurs gorgées sans rien dire, réfléchissant aux mots que je pouvais employer. Tout ça, ne me ressemble pas. « Je pense que je suis choquée. Et je me demande sérieusement comment tu as pu faire pour supporter ce genre d’attitude. » J’hausse les épaules et bois de nouvelles gorgées.
Il y a fort longtemps, tu as toujours espéré ou rêvé de pouvoir appartenir à une autre famille. Tu n'as jamais été aimé dans celle-ci. La rejetée de la part de sa mère et de son père simplement parce qu'elle n'a pas suivi leur chemin vers la médecine. Ce n'est qu'un ramassé de gâchis intégral. Lorsque tu as rencontré Paolina, tu étais choquée de votre ressemblance si forte. Une réponse était requis pour elle comme pour toi. Tu lui as organisé une rencontre avec les parents Kingston. Elle devait voir de ses propres yeux la méchanceté qu'ils puissent émaner d'eux. « Tu n'es pas obligé de l'être. » Tu as acceptée de les recevoir, tu es autant coupable de subir encore la négativité de vos parents. Elle vient à te suivre dans la cuisine après lui avoir demandé de le faire. Tu lui donnes une bière en prenant la tienne. Tu la décapsules à ta manière tout en écoutant les mots de ta soeur. « Je me pose cette question tous les jours Paolina ! Je me surprends moi-même à ne pas avoir cette réponse ... »
Je ne les connaissais pas. Maddie n’avait été rencontré que quelques jours auparavant et j’avais l’impression de débarquer dans un film à rebondissements. Comment réagir ? Comment ne pas être déçue après avoir idéalisé une version de parents parfaits ? La chute avait été difficile, je ne m’en remettais toujours pas. Subir tant de méchanceté ne devrait pas quelque chose à vivre pour des enfants. Alors je me sentais mal. Moi qui étais si joyeuse en temps normal, mon caractère était devenu bien morne. Et je ne pouvais nier que ça avait un rapport avec cette rencontre. Arrivée dans la cuisine de Maddie, elle me tend une bière, je la décapsule rapidement et bois une gorgée. L’alcool, deviendra surement mon premier ami suite à cette confrontation. « Ça a dû être horrible. Je suis presque heureuse d’avoir grandie sans parents. » Oui, il fallait que je dise ce que je pensais et après tout, c’était la vérité. J’observe Maddie et boit une nouvelle gorgée de ma bière. J’arque un sourcil et inspire profondément. « Ne parlons plus d’eux, d’accord ? Parle-moi de toi. Je ne sais rien de toi. » Oui, on vient juste de se rencontrer.
Tu ne connais que ta soeur jumelle depuis quelques jours. Il y a encore deux semaines, tu vivais ta vie pleinement tranquillement. Tu étais peinarde dans ta petite vie bien rangée. Puis les choses se sont accélérées sans qu'on puisse le contrôler. La rencontre avec vos parents se déroule très mal. En même temps, tu n'espérais pas l'inverse venant d'eux. Vous finissez par vous rendre dans ta cuisine où tu lui sers une bière comme convenu. Tu bois une grande gorgée de la tienne pour décompresser de toutes les méchancetés que tu viens d'entendre. « Tu n'imagines même pas à quel point ! J'aurais préféré être sans parents pour la peine ! » Les mots sonnent peut-être fort à entendre, pourtant c'est ce que tu ressens. Tu bois une nouvelle gorgée de la bière. « Qu'est-ce que tu veux apprendre de moi exactement ? » demandes-tu avec un sourire. Même si tu es encore triste de toute cette soirée, tu essaies de ne rien montrer. Le fait qu'elle s'intéresse à toi réellement, ça te fait plaisir au fond. Vous vous installez sur le canapé du salon où vous continuez à-vous découvrir plus en profondeur. Sans pour autant parler de détail de ton passé le plus sombre. Finalement, Paolina finit par s'endormir sur le canapé. Tu viens à prendre une couverture que tu mets sur les épaules de ta sœur avant d'aller t'allonger sur ton lit et de te fermer les yeux petit à petit.