Invité
est en ligne
Invité
Je devais me rendre à l'évidence. Mon état n'allait pas s'arranger. J'avais été trop longtemps optimiste, pensant que je trouverai un donneur. J'avais toujours été la première à rassurer les autres. Mais la vérité était que j'étais en train de mourir et que je ne verrai pas un autre noël si les choses ne s'amélioraient pas. Je n'ai jamais été du genre à baisser les bras mais là, il fallait admettre que je ne pouvais plus rien faire. J'avais beau me reposer, faire attention à ce que je mangeais, à ne pas faire trop d'effort, mon corps ne suivait plus. Il était fatigué et à vrai dire, je l'étais aussi. J'étais fatiguée de tous ces examens, des allées-retours à l'hôpital. Fatiguée aussi de devoir constamment vivre avec cette peur et de ne pas pouvoir faire de projet. Les crises d'angoisse me réveillaient en pleine nuit quand ce n'était pas les effets secondaires de la maladie. Qui pouvait envisager à dix-neuf ans de faire face à la mort? Personne. Et pourtant, je vivais avec ça depuis trop longtemps. J'étais épuisée. Je n'avais plus vraiment envie de me battre. A quoi bon? J'étais consciente de la gravité de la situation. Mais Soliman voulait encore que je tienne bon. Je voyais aussi qu'il luttait pour contenir ses larmes. Je venais lui serrer sa main dans la mienne. Je le regardais mettre la chaine autour de son cou. C'était le seul bien de valeur que je possédais et je ne m'en étais jamais séparée jusqu'à ce soir. Puis aux paroles de Soliman, je levais mes yeux sur lui. J'avais remis le masque devant la bouche. Il voulait faire le test? Je retirais le masque après un silence, avant de répondre: « Merci...mais ne t'en veux pas si ça ne marche pas... » Prendre la responsabilité de faire un test de compatibilité, ce n'était pas rien. Je ne voulais pas qu'il en retire des regrets ou qu'il se sent coupable de quoi que ce soit. J'avais déjà fait plusieurs tests, avec ma mère, ma grand-mère, mon beau père, ma meilleure amie... personne n'était compatible. « Toi qui déteste les hôpitaux, tu prends le risque d'y rester un peu plus longtemps pour moi. » J'esquissais un doux sourire. C'était peut-être ce qui me manquait: ne pas me battre seule. « T'es adorable... » Je sentais un nouveau vertige. Je remettais le masque. J'avais du mal à garder les yeux ouverts. Mon cœur battait irrégulièrement et cela s'entendait dans la pièce à cause du monitoring. Mais je n'entendis ensuite plus rien. J'avais été happé dans un trou noir, perdant connaissance.
(Invité)