I need you now (Pv Soliman)

Je venais de raccrocher. J'avais encore du mal à réaliser ce que venait de me dire Adam. Je ne m'attendais pas à ce qu'il vienne ici, à la Quincy house. Pour moi, il se trouvait à des milliers de kilomètres. Mais j'avais fais appel à lui et à personne d'autres parce qu'il avait toujours eu le don de me calmer et de me rassurer. Et ce soir j'en avais besoin. J'avais été très malade aujourd'hui et ce soir ce n'était pas mieux. Je me sentais mal et je n'avais pas envie de bouger. Je savais que je devrais peut-être aller à l'hôpital. Mais cela me faisait peur. J'avais beau faire la fille forte, pleine d'assurance, je connaissais mon dossier médical et je savais que j'étais à un stade où je devais me faire hospitaliser. Mais je ne savais pas si j'allais sortir de l'hôpital si j'y entrais. Alors forcement, toutes ces pensées n'amélioraient pas mon état d'esprit. Pourtant je devais me bouger. Je ne voulais pas qu'Adam me voit dans cet état. Alors je posais le téléphone sur ma table de chevet et je repoussais la couette qui me couvrait. Je fais un effort pour sortir du lit. J'avais la tête qui tournait. J'étais vêtue d'un bas de pyjama et d'un pull un peu trop large pour moi à présent. Et chaque mouvement me faisait un mal de chien. Je serrais les dents pour aller jusqu'à la salle de bain. Je me tenais au rebord de l'évier. Puis je m'aspergeais le visage d'un peu d'eau. Je m'attachais ensuite les cheveux en une queue de cheval. Une nouvelle quinte de toux s'empara de moi. Je portais une main à ma bouche, fermant les yeux sous la douleur qui me tordait le ventre. J'en avais assez de tout ça. Et pour la première fois depuis des mois je regrettais d'être parti de Londres. Ici, j'avais parfois du mal et je me sentais constamment comme une étrangère. J'étais venue ici pour rencontrer mon frère et ce dernier ne voulait même pas me voir. J'avais fait tout ça pour rien. La quinte de toux fini par s'estomper. Je retirais ma main et je voyais du sang sur ma paume. Je le faisais partir avec un peu d'eau. Le sang se mélangea à l'eau pour finir sa course la tuyauterie. J'enfilais ensuite un gilet que je nouais à la taille et je quittais la salle de bain, éteignant la lumière derrière moi. Je regagnais ma chambre alors que du bruit se faisait entendre à la porte.

Je n’aurais jamais pensé être habité par une telle pulsion, mon impulsivité n’était plus quelque chose qui me surprenait, je me connaissais par cœur et je savais fort bien que lorsque je me retrouvais devant le fait accompli je ne réfléchissais pas, je fonçais la tête la première en prenant le risque de glisser sur la première peau de banane qui trainait dans le coin et de finir la tête la première contre le béton. Reaghan et moi parlions depuis un certain temps déjà, uniquement par téléphone ou par le biais d’MSN, jamais nous ne nous étions ne serais-ce qu’aperçus en photo et c’est de là que je possédais un avantage sur elle. Je savais à quoi est-ce qu’elle ressemblait pour l’avoir déjà croisée une fois par hasard, elle ne savait pas que c’était moi et n’avait même pas prêté attention sur ma petite personne. Logique, à ses yeux j’étais Adam, mon second prénom et non Soliman, elle ne connaissait rien de mon physique et si je n’avais pas été toujours très informé je n’aurais probablement jamais su qu’elle était là elle aussi. Ce soir alors qu’elle m’avait annoncé sa rechute je n’avais pas pu attendre, être patient en espérant qu’un jour peut-être nos chemins se seraient à nouveau croisés pour que notre relation évolue. Je mettais un gros coup de fouet et prenait de la vitesse dans les étapes à franchir mais je n’avais clairement pas le temps de faire les choses en finesse. Sa leucémie était revenue et une rechute pouvait très vite emporter quelqu’un. A peine vêtu d’un t-shirt imprimé en col U et d’un pantalon blanc je traversais rapidement le campus faisant attention à ne pas glisser sur la neige, il faisait froid mais je m’en moquais à cet instant. Une fois dans les dortoirs des Quincy je prenais une grande inspiration, je n’aurais jamais cru mais j’étais stressé, cette première rencontre était importante et très déstabilisante pour moi. Je frappais à la porte prêt à affronter Reaghan qui n’aurait aucun mal à me reconnaitre, moi, le vice-président des Winthrop.

La situation était telle que je n'avais pas le temps de me poser mille et une questions. Bien sûr, j'avais déjà pensé à quelques reprises à lui, à savoir qui il était et comment il était. On a commencé à parlé ensemble, on était deux adolescents. J'étais en pleine hospitalisation. Et j'avais pris mon ordinateur. Je m'étais connectée à un tchat sans même chercher à lier une véritable amitié. Et puis j'avais accroché avec l'un des connectés. On a parlé de tout et de rien ce soir là. Il m'avait fait rire alors que je me trouvais dans un lit d'hôpital. Et depuis, on avait pas cessé de se parler. On pouvait rester quelques jours, quelques semaines sans entrer en contact, sans coup de téléphone mais on ne restait jamais très longtemps sans nouvelle de l'un ou l'autre. Je n'avais jamais ressenti vraiment, le besoin de le voir. Peut-être que dans un sens, j'avais peur que cela entache notre relation d'amitié. Ce soir là si j'avais téléphoné à Adam, c'était pour entendre sa voix rassurante. Et parce que, lorsqu'on se parlait, je ne pensais plus à la maladie. Mais j'avais eu aussi envie de lui parler d'Andy. Il savait tout à propos des tests et de la greffe. Il savait pourquoi j'étais ici, en partie. J'étais ici pour retrouver mon frère. Mais finalement, je me rendais compte que le seul garçon que je considérais comme un frère depuis toutes ces années, c'était Adam. Parce qu'il s'était toujours comporté avec moi, comme le ferait un frère. Et la preuve encore aujourd'hui, c'était lui qui était là et non cet Eliot imbu de lui même. J'étais restée figée quelques secondes avant d'avancer un peu. « C'est ouvert. » La porte finit par s'ouvrir et je découvrais enfin la tête d'Adam... enfin, plus de Soliman Marlson... le vice-président des Winthrop...J'étais surprise. Ainsi il était ici lui aussi mais ne il m'avait rien dit. Mais je le comprenais. Après tout, il devait avoir pensé à la même chose que moi. Je finis par esquisser un sourire, pas du tout fâchée contre lui. J'étais contente qu'il soit là. Je venais me blottir dans ses bras tout en disant. « Tu vas devoir te faire pardonner... » Je souriais tout en profitant de cette étreinte partagée.

Au fond je redoutais ce moment, pas parce que j’étais effrayé à l’idée qu’elle ne soit pas comme je l’imaginais, sur ce point-là je pense qu’elle était tellement parfaite sur le point caractère que je ne pouvais pas être déçu une seule seconde même si elle pesait trois-cent kilogrammes. Le physique m’importait tellement peu que je n’étais pas inquiet là-dessus. Non, ce qui me faisait peur c’était de ne pas lui plaire lorsqu’elle apprendrait que je n’étais pas seulement Adam, le garçon avec qui elle dialoguait depuis un certain temps et qui était toujours là pour elle mais Soliman Adam Marlson, le vice-président des Winthrop qui avait déjà une bonne réputation sur le campus et qui était connu pour avoir eu quelques conquêtes et être parfois un vrai con. Je ne niais pas cette partie de mon caractère, mon impulsivité me perdrait un jour et je le savais mais savoir que ça pouvait décevoir Reaghan ne me plaisait pas. Ce soir j’étais prêt à tout mettre en péril, je plaçais toutes mes ressources sur cette table, un coup de poker qui pouvait être un flop, je n’étais pas prêt à la perdre et encore moins à l’abandonner alors qu’elle était malade et qu’elle risquait de s’éteindre du jour au lendemain sans cette maudite transplantation. J’ouvrais finalement la porte pour apercevoir celle que j’avais imaginée exactement comme elle était, je souriais timidement attendant sa réaction. Elle approchait et venait se blottir contre moi, je l’entourais de mes bras musclés. « Tu vas devoir te faire pardonner... » Je souriais amusé. « Comptes sur moi… » J’attendais un moment avant de reprendre la parole. « Je vais aller voir Andy ! »

C'était étrange la vie. Le fait que je me sois liée d'amitié avec Adam, enfin Soliman il y a des années et que l'on se retrouvait ici des années plus tard. Comme si le destin avait décidé de s'en mêler et de faire qu'on se rencontre une bonne fois pour toute. Je crois que c'était en Soliman que j'avais trouvé le frère qui me manquait depuis tout ce temps, depuis que papa était parti avec Will et surtout depuis que j'avais découvert l'existence d'Andy. J'avais confié toutes mes craintes, tous mes secrets, mêmes les plus intimes au Winthrop. Et pourtant je ne le regrettais pas une seule seconde. Le fait qu'il soit le vice-président des Rouge, qu'il se trouve ici et qu'il puisse avoir cette réputation sur le campus ne me dérangeait pas. Pour la simple et bonne raison que je le connaissais par cœur et que je savais comment était le « vrai » Soliman. Ce qu'on disait de lui n'était pas forcement vrai et puis même si cela l'était, je savais à quel point, il était drôle, gentil, affectueux. Alors je me fichais du reste. Je souriais alors qu'il m'entourait de ses bras. Déjà, rien qu'avec ce geste, je me sentais mieux. Je me sentais en sécurité. J'espérais avoir assez de temps devant moi pour passer plus de temps en sa compagnie. Et dire qu'on était là sur le même campus depuis des semaines. Je goûtais ensuite au silence avant que Soliman ne reprenne la parole. Je relevais mon visage sur lui. « Non.. non s'il te plait, ne fait pas ça. » Bien sûr, je me rendais compte qu'il avait dû comprendre que le « Andy » dont je parlais, était le président des Eliot, et accessoirement mon frère... Je me détachais doucement de ses bras. J'ajoutais ensuite: « Je ne veux pas qu'il soit au courant... » Je ne savais pas s'il allait comprendre. « Il... il ne veut pas me connaître. Alors je ne veux rien attendre de lui. » C'était compliqué tout ça. Je finis par m'asseoir sur le bord de mon lit, sentant que mes jambes tremblaient.

A cet instant j’avais en toute honnêteté tout le mal du monde à croire que je me trouvais bien à côté de Reaghan, pendant des heures et des heures nous avions été en contact sur le web, puis par téléphone liant une amitié hors du commun. Aujourd’hui elle était un peu comme ma petite sœur et ça me faisait un bien fou d’avoir quelqu’un sur qui pouvoir me reposer lorsque je n’étais pas dans une forme olympique, elle avait été une oreille attentive inattendue et savoir qu’elle faisait une rechute dans sa maladie me rendait très peu rassuré, j’allais être là pour elle, c’est ce qu’elle aurait fait pour moi et ça m’apparaissait tellement naturellement qu’il n’y avait pas besoin de discuter trois plombes pour débattre du fait qu’elle puisse peut-être ne pas m’aimer en connaissant ma réelle identité sur le campus. Je n’étais pas le gentil Adam qu’elle connaissait mais Soliman, un vice-président des Winthrop toujours prêt à faire la fête et à rigoler, j’avais besoin de ça dans ma vie, c’était un équilibre qui me permettait de décompresser en dehors des cours et d’être le meilleur petit-copain au monde pour Liam avec qui tout allait pour le mieux depuis Noël, date à laquelle nous étions officiellement devenus plus que des amants. Une fois auprès de Reaghan je m’étais blotti contre elle afin de la réconforter, elle en avait besoin après tout et ça me faisait plaisir d’être celui en qui elle avait confiance. « Non.. non s'il te plait, ne fait pas ça. » Elle ne voulait pas que je parle à Andy, quelque chose que je ne comprenais pas, il était important de le faire, je pouvais voir sur son visage, sur sa faiblesse alors qu’elle s’installait sur son lit que la situation tournait mal. « Je ne veux pas qu'il soit au courant... » J’allais lui demander pourquoi mais je me doutais bien qu’elle allait me donner une réponse. « Il... il ne veut pas me connaître. Alors je ne veux rien attendre de lui. » Je me mordillais la lèvre, la question n’était pas là pour le moment. « Très bien mais… Viens avec moi, je t’emmène à l’hôpital. » Je la regardais avec ce regard qui attestait qu’on ne pouvait pas me contredire, elle était obligée de me suivre sinon je l’emmènerais par la peau des fesses.

Combien de fois avais-je songé à dire toute la vérité à Andy? Des dizaines de fois. J'aurais tellement voulu que les choses se passent différemment, qu'il puisse m'aimer comme un frère aime une sœur. Mais je m'étais rendue compte que c'était peine perdu. J'avais attendu, des semaines et des semaines, un signe de sa part, sans résultat. Alors je m'étais peu à peu fait à l'idée qu'il resterai un étranger pour moi, pour toujours. J'avais grandi sans frère. Papa avait quitté Londres en prenant William avec lui. Mes parents nous avait séparé sans penser au monde que cela pouvait représenter pour Will ou pour moi. Pendant toute mon enfance, j'avais espéré que mon frère revienne à la maison. Maintenant, je me rendais compte que la seule personne qui avait eu ce rôle dans ma vie, était Soliman. Celui que je surnommais encore récemment Adam... Il avait été plus présent pour moi que n'importe qui d'autre. Je lui faisais confiance et je savais qu'il ne pourra jamais me trahir, ni même me décevoir. J'aurais préféré qu'on se rend compte dans d'autres circonstances. J'avais pensé parfois à cette rencontre mais elle ne s'était jamais déroulée comme à cet instant. Le Winthrop se trouvait dans ma chambre et je savais déjà que cela allait jaser dans la Quincy House, surtout si quelqu'un le voyait entrer dans ma chambre à cette heure. Mais à vrai dire, à cet instant, c'était le cadet de mes soucis. Je me sentais trop mal physiquement pour m'inquiéter de ce genre de choses. Je portais mon regard sur le vice-président quand il se mordilla la lèvre inférieure. Je savais que c'était difficile à comprendre. Mais j'avais envie que ce geste, s'il venait d'Andy, était sincère et désintéressé. Je n'avais pas envie qu'il se sente obligé de faire ces tests. Et puis, j'étais quand même inscrite sur le registre des patients en attente d'une greffe. Peut-être que je finirais par trouver quelqu'un qui est compatible avec moi. Aux paroles suivantes du Rouge, je relevais une nouvelle fois, mon visage sur lui. Je n'avais franchement pas envie d'aller à l'hôpital. J'avais peur de ne pas en ressortir... Mais Soliman avait raison. Je ne pouvais pas rester ainsi. Mon état s'empirait et j'avais mal partout... Peut-être qu'on pourra me donner quelque chose pour calmer les douleurs. Je soupirais doucement. « D'accord... » Je me relevais avant d'ajouter: « Laisse-moi le temps de m'habiller. » Je le laissais dans ma chambre, tandis que je me dirigeais dans la salle de bain. J'avais encore la tête qui tournait. Je me changeais, mettant un jean et un pull en fine maille. Je laissais tomber mes cheveux sur mes épaules puis je revenais dans la chambre, retrouvant Soliman.

Reaghan n’était pas dans un état qui m’apaisait, je me doutais qu’elle aurait une mine un peu fatiguée puisqu’elle n’était pas au top de sa forme, je le savais mais j’étais pourtant très surpris de la voir aussi mal. J’en étais même très inquiet parce qu’un mauvais pressentiment planait à présent en moi. Je n’aimais pas les hôpitaux, comme je le disais souvent on allait souvent là-bas lorsqu’il n’y avait plus rien à faire, je ne parvenais réellement pas à me dire que l’hôpital pouvait sauver des vies tellement j’avais vu peu d’exemples qui attestaient de la capacité de la science et de la médecine à sauver les malades. Bien-sûr après un accident c’était tout à fait possible et même plus que probable de s’en sortir sans trop de séquelles mais lorsqu’il s’agissait d’un cancer mal placé, d’une maladie plus conséquente et génétique les choses se gâtaient sévèrement. Avec la jeune femme je savais qu’il y avait peu d’espoirs, ne crachons pas dans la soupe, si Andy ne se décidait pas à faire un pas vers elle il n’y aurait aucun échappatoire. Je la sentais de plus en plus faible, ce soir je pouvais presque voir la mort sur son visage et c’est ce qui me faisait le plus peur à cet instant. Je ne voulais pas la voir s’éteindre et je réfléchissais sérieusement à trahir ma promesse une fois qu’elle aurait mis les pieds à l’hôpital. Comment pouvait-on en vouloir au jeune homme s’il n’était pas au courant de l’état de sa petite sœur ? Peut-être qu’il ne souhaitait pas lui parler pour le moment mais je ne parvenais pas à imaginer qu’il était prêt à laisser mourir une personne qui partageait le même sang que lui. « Laisse-moi le temps de m'habiller. » J’acquiesçais la laissant rejoindre la salle de bain. Une fois qu’elle ressortait nous partions jusqu’à ma voiture, en un petit quart d’heure nous arrivions à l’hôpital. Il était temps pour elle d’être reçue par un médecin, je ne pouvais pas entrer tout naturellement, la prenant dans mes bras pour lui apporter un peu d’affection je lui susurrais. « Je t’attends là, ne te fais pas trop de souci d’accord ? »

Le trajet en voiture avait été des plus silencieux. J'angoissais un peu à l'idée de me retrouver à nouveau dans un hôpital. J'avais pris avec moi, mon dossier médical. J'y avais glissé mes dernières analyses médicales. Je ne savais pas si je pourrais renter à la Quincy House ce soir. Je l'espérais. Mais comme beaucoup de choses, je crois que je me faisais de faux espoirs. Je regardais parfois le Winthrop qui semblait assez nerveux. Je ne voulais vraiment pas l'ennuyer avec tout ça. Mais j'étais contente et rassurée qu'il soit là, à mes côtés. Quelques minutes plus tard, nous étions arrivés à l'hôpital. Je patientais en salle d'attente avant qu'un médecin ne vienne jusqu'à moi. Il se présenta et il m'invita à le suivre dans une salle d'auscultation. Soliman me prit dans ses bras, me réconfortant avant de prononcer ces quelques mots. Je lui souris en retour. J'étais rassurée de ne pas être seule. « Merci... » Puis je le laissais pour entrer dans la pièce. Après un examen, des questions sur les derniers jours, le médecin décida de me garder à l'hôpital. J'étais allongée sur un lit, prenant le masque d'oxygène qu'il me donnait. J'avais du mal à reprendre mon souffle. Bien sûr, j'ai eu le droit à des remarques sur le fait que je n'étais pas venue plus tôt. Je gardais le masque sur ma bouche. Cela m'évitait d'avoir à lui répondre. Mais je pense qu'il devait se douter que j'avais tout simplement eu peur. Je fermais les yeux alors qu'il remplissait mon dossier. Je sentais à nouveau une nausée s'emparer de moi. Le médecin ouvrit la porte et appela une infirmière. Il invita ensuite Soliman à enter dans la pièce, le temps qu'on me préparer une chambre pour mon hospitalisation. J'ouvrais à nouveau les yeux quand il rentra. Je retirais le masque pour lui dire quelques mots: « Je dois rester... » Cela il devait s'en douter. Je lui donnais ensuite ma chaine en or à laquelle était attachée une croix. « Prends là, s'il te plait. Je ne peux pas la garder avec moi. » Je voulais qu'il la garde avec lui. Je ne voulais pas la laisser ici, dans un casier pour qu'elle soit ensuite voler.

Je n’appréciais pas l’hôpital et même si je ne le faisais pas voir à Reaghan je savais très bien qu’elle ne rentrerait pas sur le campus à l’issue de son entretien avec le médecin. Elle n’était pas dans un état qui pouvait rassurer, bien au contraire je la voyais physiquement plus que jamais atteinte, sa voix traduisait à quel point elle fatiguait et je m’inquiétais énormément pour elle. J’étais tellement préoccupé que je n’en avais pas décroché le moindre mot pendant tout le trajet, mon cœur me serrait et j’étais vraiment très apeuré parce que je sentais que la mort trainait dans le coin et si la jeune femme ne trouvait pas une solution de convaincre Andy je craignais qu’il ne soit trop tard ensuite pour faire quoi que ce soit d’autre. Une fois à l’hôpital je l’avais totalement encouragée en espérant que le médecin apporterait de bonnes nouvelles, moi qui était pourtant optimiste de nature je n’y croyais pas vraiment cette fois-ci. J’attendais patiemment pendant toute la durée du rendez-vous et finalement ce fut une infirmière qui vint me chercher pour m’annoncer que Reaghan resterait ici au moins pour la nuit mais qu’une date ne sorti n’était pas vraiment envisagée à ce stade. Je sentais des larmes qui montaient, c’est dingue mais je m’étais attaché à cette fille, savoir qu’elle n’était pas bien me faisait tellement de mal que je ne contenais même plus l’émotion que j’éprouvais. Je ravalais péniblement mes larmes, je devais être très fort, pas uniquement pour moi, pour elle aussi. La voir avec un masque me brisait le cœur et je pense qu’elle devait s’en rendre compte, j’avançais en ne disant rien de plus. « Je dois rester... » Je répondais du tac au tac. « Je sais… Ça ne veut pas dire qu’il faut arrêter de se battre ! » Si elle abandonnait maintenant il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre, les maladies évoluaient très rapidement lorsque quelqu’un baissait les bras, je le savais et ça avait été prouvé. « Prends là, s'il te plait. Je ne peux pas la garder avec moi. » Je prenais sa chaine que j’accrochais autour de mon cou immédiatement. « Je vais faire le test de compatibilité… » C’était décidé, si par hasard j’étais compatible alors je lui ferais don d’une partie de moi.