OXANA MIKHAÏLOVITCH ► Shelley Hennig

❀ Je suis née à Saint-Pétersbourg, au milieu du mois de mai. Mes parents sont tous les deux des aristocrates, venant de familles (russe et anglaise) plus que respectées. J'ai donc grandi dans un milieu aisé où je n'ai jamais manqué de rien. Ma mère anglaise, était très protectrice à mon égard. Peut-être parce que j'étais la seule fille de la famille, parmi deux mecs. J'étais un peu sa petite poupée. Quand j'étais enfant, ma mère me faisait monter sur le meuble de la salle de bain alors qu'elle coiffait mes cheveux ou qu'elle me faisait essayer un tas de vêtements. Malgré les apparences, et mes bouderies, j'ai toujours aimé ça. J'adorais quand ma mère s'occupait de moi. J'étais une véritable princesse. Quant à mon père, je le voyais comme le type même d'homme que je voulais épouser plus tard: séduisant, cultivé, attentionné. Je n'ai jamais douté de l'amour de mes parents et je crois que c'était pareil pour mes frères.
J'ai quitté ma patrie alors que j'avais à peine deux mois. Mon père s'est installé dans le pays de sa chère et tendre et il a emmené sa petite tribu avec lui. J'ai donc grandi à Londres parmi le gotha de l'île. J'ai fréquenté les meilleures écoles privées mais mon cœur restait attaché à la Russie. C'était ma patrie et j'étais bien heureuse chaque année, pendant l'hiver de venir fouler à nouveau son sol neigeux.



❀ « Fais attention! La glace est très fine par ici. » Je suivais Cal qui se trouvait devant moi. Nous étions en plein hiver et la température ici à Saint-Pétersbourg avoisinait les -30°c. J'étais emmitouflé dans un gros manteau, une chapka blanche sur la tête. Nous avions quitté le manoir de la famille pour faire un tour dans les environs. Calvin et moi en avions assez des discussions. On voulait prendre l'air. Nous sommes sortis et nous avons chaussé nos patins pour aller sur le lac tout proche. Je le suivais, cherchant notre jeune frère Sergueï du regard. « Oui oui c'est bon. Je sais tout ça. » Je visais un peu plus mon bonnet sur le crane. Le froid me mordait les joues mais j'adorais ça. Soudain je sentis la glace craquer. Je posais mes yeux sur mes pieds et j'aperçus une fente dans la glace. Je compris tout de suite ce qui se passait. « CAL! » Il était trop tard. J'étais engloutie dans l'eau alors que la glace venait de s'effondrer sous mon poids. Le froid glacial de l'eau me transperça comme des dizaines de coups de poignard. J'avais du mal à revenir à la surface à cause du poids de mes vêtements. J'ai lutté pendant des minutes avant de remonter à la surface. J'attrapais ensuite la main que Calvin me tendait. Il me hissa rapidement à la surface. Grelotante de froid, je m'étais blottie contre lui. Je voyais au loin, nos parents qui criaient, surement alertés par l'héritier des Mikhaïelovitch. Ce jour là, j'ai reçu un sacré savon. C'était la première fois que mon père levait la voix sur moi. J'avais eu la peur de ma vie et lui aussi.



❀ « Dépêches-toi, tu vas être en retard. » Une voix douce arriva jusqu'à mes oreilles. J'étais plantée devant un grand miroir en bois ancien, finement sculpté. J'observais mon reflet. Je sentais mon cœur battre la chamade. Je portais une robe bustier en fourreau avec une petite traine. Mes cheveux étaient coiffés sur le côté de mon visage et tombaient légèrement sur mon dos, mettant en valeur ma nuque. La porte finit par s'ouvrir et une dame d'une soixantaine d'année entra. Elle était vêtue avec une élégance simple mais raffinée. Elle m'observa un instant avant de prendre la parole. « Tu es splendide ma chérie. » Ses yeux pétillaient de fierté. Je lui souriais en retour. J'adorais ma grand-mère. Elle s'approcha de moi et me tendis un écrin. « Ouvre. » Avec précaution, je retirais le sceau sur la boite en velours rouge et j'y découvrais un superbe diadème d'or et de pierres précieuses. « Oh Baboushka, il est magnifique. » Je savais la valeur de cet objet et j'étais encore plus touché par ce geste. « Tu dois être la plus jolie aujourd'hui, pour ton fiancé ». Je levais mes yeux sur elle, esquissant un doux sourire rempli d'amour. Je prenais le bijou dans mes mains et je le posais sur ma tête. « Tu es le véritable diamant des Mikhaïlovitch. » Elle s'approcha de moi et déposa ses lèvres douces sur mon front.



❀ « Hey Mika! » Je levais les yeux sur Amber. Nous étions assises à l'une des tables de l'Ambassy, un club hype de Mayfair. « Tu ne vas pas nous lâcher?! » Je prenais une gorgée de mon cocktail aux fruits rouges. « Mais je ne vous lâche pas les filles. Je vais simplement terminer mon cursus chez l'Oncle Sam. » Je reposais mon verre sur la table. Amber, Violet, Lexie et moi étions inséparables depuis le jardin d'enfants. Nous étions toutes issues des plus grandes familles du pays. Nous avions les mêmes loisirs, les mêmes passions. Une amitié comme celle-ci, on la recherchait souvent. Et j'étais un peu triste de les quitter. Mais j'avais l'opportunité d'aller à Harvard alors je n'allais pas raté ça. J'ai toujours aimé les voyages, découvrir les pays, prendre un tas de photographies. « Oui mais tu vas nous oublier. » Je souriais un peu plus. Je secouais légèrement la tête et mes boucles brunes voletèrent un instant avant de retomber sur mes épaules. « Pas du tout! Je vous écrirai tous les jours. » Je savais que cette séparation allait être difficile mais j'avais besoin de prendre un peu l'air. C'était devenu vital.



❀ Le soir, je participais à un bal de l'aristocratie russe installée à Londres. Je me devais être présente. J'ajustais ma robe alors que je me trouvais dans la salle de bain. Je mettais une touche de parfum sur mes poignets tandis que des lèvres avides se posèrent sur mon cou. Je ne pouvais m'empêcher de sourire. « Dim' ... on va être en retard. » Je regardais mon fiancé à travers le miroir. Nos regards se rencontrèrent. Nous étions fiancés depuis deux ans et notre mariage était programmé à la fin de mes études. Pourtant, parfois je me demandais si c'était une bonne chose. Dimitri était gentil, beau et intelligent mais il y avait certaines facettes de sa personnalité que je n'aimais pas. Je posais mon parfum avant de me tourner vers lui. Nos destins étaient scellés. « Tu vas t'ennuyer sans moi quand je serais à Harvard. » « Bien sûr... » Il m'embrassa à nouveau. « Menteur. » Je savais qu'il n'était pas fidèle et je ne l'étais pas non plus. Pourtant cette situation nous convenait. Lui non plus, n'avait pas eu le choix. C'était peut-être aussi pour cette raison que j'avais demandé à finir mes études aux États-Unis. J'avais envie de m'éloigner un peu de nos traditions familiales. Et je comptais bien sur l'expérience américaine pour me changer un peu les idées et retrouver un peu de liberté.