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Son enthousiasme faisait plaisir à voir, mais j'suis pas née de la dernière pluie. Vu la renommée de sa famille, les carrés VIP, elle connait bien. Mais je sens que le cœur y est. « Te fous pas de moi ! dis-je en riant. J'ai rien d'une fille connue, même si j'essaye de percer artistiquement. Le fait de toucher un peu à tout, ça aide. Dessin, peinture, photo, mais j'reste quand même la petite livreuse de sushis sur son scooter pourri. Malgré notre relation, que je qualifierais de quasi inexistante avant ce soir, j'suis une fille douce et attentionnée. J'vois bien qu'elle est dans le mal, et j'essaie de faire en sorte que ça se passe pour le mieux pour elle. Si ça doit passer par de l'eau et des gâteaux, alors ainsi soit-il. Ma bonté d'âme me perdra surement.
Pendant que j'vidais mon sac, j'voyais sa tête et ses grimaces d'incompréhension. Et les larmes qui montaient dans ses yeux. C'était étrange de voir que ça la touchait autant. Elle m'expliquait qu'elle avait eu peur, qu'elle avait adoré cette nuit là malgré que ça n'était qu'un jeu et que sa famille allait être déçue si ça venait à leurs oreilles. « De quoi t'as eu peur ? Et tu sais, ça n'a rien d'anormal. Une femme donne une autre forme de plaisir à une autre femme, c'est quelque chose qu'un homme ne peut pas donner. Et qui allait leur dire que t'avais couché avec moi ? J'allais pas leur envoyer une lettre, tu sais ? » finis-je par dire, avec un léger rire pour détendre un peu ses craintes. Elle a vraiment l'air bouleversée à l'idée qu'un jour, cette histoire puisse sortir. Mais je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'elle pose sa main sur la mienne et qu'elle me demande comment j'ai su que j'étais lesbienne. « C'était une évidence. J'avais quatorze ans, et pendant un jeu, on m'a proposé d'embrasser un mec. J'ai refusé. Puis on m'a demandé d'embrasser une fille, et là, j'ai sauté sur l'occasion. Ce jour là, j'ai embrassé une fille et j'ai aimé ça. Depuis, rien n'a changé. » J'comprenais pas vraiment pourquoi cette question, mais peut-être qu'elle se cherche, alors je lui raconte mon vécu. Elle changeait de position, fixant le plafond, et sans arrière pensée, je me penchais au dessus d'elle. « Tu te sens bien ? » lui demandais-je, l'air un peu inquiète.
@Charlotte De Luxembourg
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