Loin des yeux mais près du coeur ► Joleen

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J'arrivais en panique dans le hall de l'hôpital, me précipitant vers l'accueil pour demander à la femme où était la chambre de Joleen Abbott. A peine la femme me donna l'étage & le numéro que je courus aussi vite vers l'ascenseur pour trouver la chambre. Quelques minutes auparavant, Andy était rentrée à la maison en me disant que Joleen avait fait un malaise alors qu'elle était avec lui & qu'il l'avait emmené aussitôt à l'hôpital qui devait la garder quelques jours. Il n'avait pas voulu me dire ce qu'elle avait, pourtant ce n'était pas faute d'avoir insisté. Je n'avais pas eu le choix que me rendre à l'hôpital de moi même. Parce que même si j'étais en froid avec la brunette, il est clair que je tenais encore à elle & que cette histoire m'inquiétait. Je voulais être certaine qu'elle aille bien & surtout savoir ce qu'elle avait, si j'arrivais à obtenir des réponses, ce qui selon moi n'était pas gagné vu le peu de réponses que j'avais obtenu la dernière fois que je l'avais croisé. Arrivant à l'étage, je sortis de l''ascenseur à la recherche du numéro de sa chambre. heureusement que les visites étaient encore autorisés à cette heure ci, un coup de chance. Trouvant enfin la chambre 426, je toquais doucement puis ouvrit la porte afin de voir si elle était réveillée ou non. Passant la moitié de mon corps dans la pièce, je la voyais allongée, la tête tournait de l'autre côté. M'approchant doucement, je la vis les yeux fermés. Zut ! Elle dormait & je ne comptait pas la réveiller. Je fis donc demi tour pour m'apprêter à sortir de la chambre.

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Après le départ d’Andy, une infirmière était passé voir mes constances avant de me faire une prise de sang, j’allais passer les quelques jours à venir entre le défilé des médecins, des seringues, des scanners et tout le tintouin … Sans oublier bien sur les visites familiales, je n’étais pas sur de supporter voir ma mère pleurer encore, ni même ma sœur avec ce regard comme si elle n’avait plus aucun espoir pour moi, je n’étais pas encore morte, je n’avais pas dit mon dernier mot, mais parfois j’avais l’impression que ma famille me voyait déjà un pied dans la tombe et ça ne m’encourageait pas à me battre …
Je venais de me rallonger et de fermer les yeux quand quelqu’un entra dans la chambre, je cru d’abord à une infirmière, je restais donc tranquillement le temps qu’elle fasse ces affaires … Lorsque j’entendis la personne repartir vers la porte immédiatement je fus intrigué, ça ne pouvait pas être une infirmière, je pensais alors à Neveah ou Gary ou mes parents, je me retournais alors et je reconnu Elia de dos. Je me redressais légèrement avant de commencer à parler.

« Pour la discrétion tu repasseras. » Lançais-je en rigolant.

J’étais plutôt surprise de la voir ici, Andy avait dû lui raconter ma mésaventure de la journée, mais j’étais aussi contente de la voir.

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M'apprêtant à sortir de la chambre, j'étais la main sur la poignée quand j'entendis « Pour la discrétion tu repasseras. » suivi d'un rire. Me retournant je vis Joleen qui était un peu relevé, avec une mauvaise mine il faut le dire. Je fis un sourire gênée. & je restais d'ailleurs sur le pas de la porte, la main toujours accrochée à la poignée, avant de venir joindre mes deux mains pour les trifouiller entre elle. Moi mal à l'aise ? Je vois pas ce qui fait dire ça ! Désolée .. Je ne voulais pas te réveiller. Elle devait être si fatiguée, si pas bien vu la pâleur de son visage & j'avais réussi à la réveiller. Pas très douée moi. Je .. Tu veux que je te laisse ? J'espérais qu'elle me dise non car je voulais savoir ce qui c'était passé, ce qu'elle avait, pourquoi elle devait rester plusieurs jours ici. Cela ne devait pas être un simple bobo s'ils voulaient la retenir. Cependant je restais toujours sur le pas de la porte, n'osant pas trop m'approcher, un peu perdue, gênée & inquiète à la fois. & je ne cessais de donner des coups d'oeil à son visage, baissant aussitôt le regard pour ne pas me faire surprendre.

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Je sentais la gêne chez Elia, déjà je me souvenais pourquoi je n’avais rien dit de ma maladie, je ne voulais pas que les gens agissent différemment face à moi juste parce que j’étais la pauvre petit malade.

« Je dormais pas. » Répondis-je d’abord.

Il hésitait entre resté et partir, me demandant même si je voulais être seule. Je n’avais pas vraiment envie d’avoir cette conversation qu’elle attendait mais maintenant qu’elle était là, et puis Andy savait maintenant donc forcément Elia le saurait tôt ou tard et je préférais encore lui annoncer moi-même à choisir.

« Non tu peux rester. »

Il y eu un blanc pendant un petit moment. Je voyais le regard fuyant d’Elia et je décidais de prendre les choses en mains.

« Tu peux me regarder tu sais, je vais pas m’évaporer ou un truc du genre. Je sais que j’ai des fils de partout mais c’est moi. »

J’avais tenté d’éviter ce moment, c’était la raison pour laquelle je n’avais appelé personne. Je ne voulais pas qu’on me voit différemment, j’étais la même personne.

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« Je dormais pas. » « Non tu peux rester. » La regardant je m'avançais donc vers elle, toujours un epu gênée parce qu'elle devait se demander ce que je fichais ici, elle devait peut être ne pas vouloir que moi je la vois ici, en faiblesse. Mais je ne m'imaginais pas ne pas venir & d'ailleurs je ne savais pas trop quoi dire, par quoi commencer. Je voulais savoir pourquoi elle était là, si ça allait, mais je ne savais pas par quoi commencer, ni je ne voulais être maladroite. « Tu peux me regarder tu sais, je vais pas m’évaporer ou un truc du genre. Je sais que j’ai des fils de partout mais c’est moi. » Je me mis à rire nerveusement. Oui c'était toujours bien elle, je la reconnaissais sans problème. Je m'avançais donc encore un peu & les battements de mon coeur s'accélérèrent. Je sais t'inquiète dis je d'une toute petite voix. Pourquoi tu es ici ? Je veux dire .. qu'est ce qui s'est passé ? Andy m'a seulement dit que t'étais à l'hôpital, il n'a pas voulu m'en dire plus & .. & je me suis inquiété. Je la regardais m'avançant encore, étant presque collé à son lit, plantant mon regard dans le sien. Je voulais juste comprendre, parce que malgré notre dispute, malgré que je sois énervée contre elle de m'avoir laissé sans nouvelles, je tenais à elle & ça n'avait pas l'air d'un simple bobo. & j'avais bien trop de coeur pour être satisfaite de ce qui lui arrive, pour m'en réjouir comme si c'était sa punition. C'était pas mon genre.

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Après notre dernière conversation, qui s’était plutôt mal fini, je savais qu’il viendrait un moment où je devrais parler. J’avais espéré attendre ma guérison complète pour n’inquiéter personne mais ce n’était plus possible désormais, tout le monde voulait des réponses, Elia me posa donc une fois de plus les questions qui étaient toujours sans réponses jusqu’alors.

« J’ai juste fait un petit malaise, cette fois ce n’est pas grand-chose, je sortirais vite mais … » Commençais-je.

Ma gorge se serra, je ne savais pas comment le dire, quels mots utiliser, les seuls personnes à qui j’avais dû expliquer ma maladie c’était mon psy et ma famille, et j’étais tellement en colère à l’époque que j’avais pas utiliser des mots très … poli.

« Quand je t’ai dit que je n’étais pas chez moi ces derniers mois, que j’étais plus ou moins coupé de tout, je t’ai pas menti. J’étais allongé sur un lit ici, entre examens et opérations, j’avais une tête de zombie. »

Je lançais un petit rire nerveux, je n’osais pas monter les yeux vers elle, je n’en avais pas la force.

« Je suis malade … Lâchais-je enfin. Ça allait mieux ces derniers temps, mais tant qu’on est pas guérit tout est possible … »

Ça sonnait plutôt mal dit comme ça, je n’allais pas mourir, enfin normalement ce n’était plus prévu au programme, évidemment j’allais devoir attendre mes résultats mais j’étais plutôt confiante, ils allaient être bon, ils le devaient !

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« J’ai juste fait un petit malaise, cette fois ce n’est pas grand-chose, je sortirais vite mais … » Un malaise ? A priori ça peut arriver à plusieurs personnes, moi ça m'était déjà arrivé de faire quelques malaises. Mais ce n'étais pas bien grave, par contre le fait qu'elle prononce "cette fois" me refroidit. Ca voulait donc dire que ce n'était pas la première fois qu'elle faisait un malaise ? & la fin de sa phrase ne me rassurait pas plus. « Quand je t’ai dit que je n’étais pas chez moi ces derniers mois, que j’étais plus ou moins coupé de tout, je t’ai pas menti. J’étais allongé sur un lit ici, entre examens et opérations, j’avais une tête de zombie. » Je la regardais alors qu'elle ne levait pas les yeux vers moi. Je restais bouche bée & j'étais un peu mal à vrai dire, parce que j'avais été mauvaise avec elle alors qu'elle avait été loin de passer des beaux jours durant ce temps. Je l'écoutais encore. « Je suis malade ... Ça allait mieux ces derniers temps, mais tant qu’on est pas guérit tout est possible … » Je serrais mes deux mains l'une contre l'autre tout en regardant la jeune femme. Je m'apprêtais à prendre la parole mais c'est comme ci j'étais bloquée, le son ne voulait pas sortir. J'allais alors dans la salle de bain qui se trouvait dans sa chambre. Buvant une gorgée au robinet du lavabo, je revins vers Joleen, prenant place sur le lit à côté d'elle en faisant attention. Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Pourquoi t'as pas voulu me dire ça la dernière fois ? Je me sens conne maintenant

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Ce n’était facile pour aucune de nous. Je ne savais pas comment présenter les choses et Elia ne devait pas savoir comment gérer la nouvelle. Elle se rendit dans la salle de bain quelques instants. J’avais définitivement lancé un froid, et lorsqu’elle revint vers moi, elle avait changé d’attitude. C’est ce que ne craignait, elle n’y était pour rien dans ma maladie mais le fait qu’on se soit embrouillé la faisait se sentir mal.

« Quand je me suis fait virer, j’étais en colère et je ne voulais voir personne. Et quand j’ai appris que j’étais malade, j’en ai voulu à tout le monde parce que j’étais la seule malade, j’étais juste jalouse, c’était ridicule et égoïste mais il m’a fallu du temps pour accepter. »

Je voulais être complètement honnête, je lui devais bien ça après mon silence.

« Et puis après avec les opérations et tout, j’étais trop faible, je ne voulais pas que les gens me voient comme ça, c’est pas l’image que je voulais qu’on ait de moi. J’ai vu comment les gens ont changés et j’ai juste eu peur de ça … »

Je me souviendrais toujours de la tête de Neveah le jour où elle m’a vu pour la première fois après ma première opération, je faisais littéralement peur à voir, et même si dans le cas de ma sœur ça nous avait rapproché, je trouvais ça horrible de me dire que sans cette maladie on en serait toujours au même point elle et moi …

« Je suis désolé, je crois qu’au fond, je préférais que tu m’en veuilles de ne pas avoir donné de nouvelle plutôt que tu ais pitié pour moi à cause de cette maladie. »

Ça n’avait pas vraiment de sens, je le savais mais c’est ce que je ressentais, j’avais encore la tête en vrac.

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« Quand je me suis fait virer, j’étais en colère et je ne voulais voir personne. Et quand j’ai appris que j’étais malade, j’en ai voulu à tout le monde parce que j’étais la seule malade, j’étais juste jalouse, c’était ridicule et égoïste mais il m’a fallu du temps pour accepter. » « Et puis après avec les opérations et tout, j’étais trop faible, je ne voulais pas que les gens me voient comme ça, c’est pas l’image que je voulais qu’on ait de moi. J’ai vu comment les gens ont changés et j’ai juste eu peur de ça … » Je l'écoutais attentivement, me mettant à sa place. C'était normal qu'elle ait eu une période où elle fut jalouse que ça lui arrive à elle & pas à d'autres. Je pense que l'on ne pouvait pas la juger en mal sur ce point, n'importe qui aurait réagit pareil, j'aurais clairement pensé pareil. Me demandant pourquoi moi & pas un autre, pourquoi ça m'arrivait à moi, qu'est ce que j'avais bien pu faire de mal. La période de doute, de questions, de mal être, de jalousie ; tout ça se comprend & je le comprenais. Je m'apprêtais à lui répondre, mais Joleen reprit la parole. « Je suis désolé, je crois qu’au fond, je préférais que tu m’en veuilles de ne pas avoir donné de nouvelle plutôt que tu ais pitié pour moi à cause de cette maladie. » Là par contre je restais un peu sur les fesses pour être polie, comment pouvait-elle imaginait ça venant de moi ? Mais Joleen, tu sais bien que ça n'aurait pas été de la pitié. Tu sais que je suis très à fond dans les causes humanitaires, que je suis dans le club de Harvard pour venir en aide. Je ne le fais pas par pitié envers ces enfants qui sont sans école, sans vrai éducation, sans eau ou nourriture comme ils en ont besoin. Je le fais car ils ont besoin d'aide, d'amour. Ils ont besoin que d'autres s'inquiètent pour eux & veulent changer les choses, le faire évoluer pour que ce genre de chose ne se perpétuent pas. Je n'aurais pas eu pitié, j'aurai seulement voulu te venir en aide, être là pour toi, pouvoir essayer de te changer les idées, te faire oublier de temps en temps que tu es malade pour mettre des couleurs dans tes journées. Si elle elle le voyait comme de la pitié, pour moi c'était pas du tout cela. C'était de l'amitié. & j'aurai aimé venir lui remonter le moral, lui faire oublier sa maladie & même si elle veut qu'on n'en parle pas, qu'on fasse comme si elle n'avait rien juste pour qu'elle se sente bien. Ca n'aurait absolument pas été de la pitié. Je pensais que ça semblait évident sachant que tu sais que je suis dans ce club & que tu me connais quand même.

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Bien sûr j’avais confiance en Elia, mais malgré tout je n’avais pas eu le courage de lui en parler. Tellement de chose c’était mélangé dans ma tête, j’étais incapable de réfléchir comme il faut. Je m’étais senti tellement mal que de toute manière, j’avais l’impression que rien n’allait s’arranger …

« J’avais pas vraiment les idées claires … »

Je ne savais pas quoi dire, je n’étais pas douée pour ça, j’exprimais rarement ce que je ressentais. Un petit blanc s’installa, que pouvais-je dire de plus, je ne pouvais pas revenir en arrière de toute manière, les choses étaient ainsi et même si je regrettais, ça ne changerait rien.

« Encore une fois, je suis désolé. Ça s’est passé très vite et avant que j’aie eu le temps de réagir, des mois c’étaient déjà écoulés. »

J’avais encore un peu de mal à croire que j’avais été absente du campus pendant près de 9 mois, ça me semblait impossible et pourtant … Et puis je parlais alors d’une autre raison qui m’avait fait taire.

« Et puis de toute façon, il était préférable que je ne dise rien. Mon père a toujours dit que les faibles ne donnent pas une bonne image. Alors pour le bien de la chaine et pour l’honneur de ma famille, je ne devais rien dire. On ne tombe pas malade sans raison, c’est un juste retour des choses, pour tout ce que j’ai fait … »

Pendant des années, j’avais enchainé les conneries, entre fêtes trop arrosés, défilé de mec dans mon lit, attitude rebelle et j’en passe, je devais m’attendre à prendre un méchant revers. La roue tourne il parait, et bien l’y croyais aussi. Maintenant je voulais me racheter, tenter d’inverser les choses, et j’avais changé !