Are you kidding me? [FEAT Lily]

Journée de cours enfin terminée. J'étais ravi, pour une fois que mes cours finissaient avant la tombée du soleil. C'était une belle journée et j'avais décidé de profiter du dernier cadeau en date de mon père: un superbe cabriolé noire. Je devais dire que Noël plus les excellents résultats que j'avais obtenu à mes derniers examens poussaient mon paternel à la générosité et j'étais loin de m'en plaindre. Il avait parfaitement choisi, et ça me changeait du traditionnel chèque de fin d'année. Lui et moi savions que je n'en avais pas besoin et ledit chèque se trouvait généralement réparti entre différentes oeuvres de charité de mon choix. Du coup, j'étais content que mon père ait fait l'effort de réfléchir à ce qui pourrait me plaire, bien que je doutais sérieusement du fait qu'il est choisi lui-même la voiture.

J'étais habillé assez légèrement pour la saison. Costume beige et chemise blanche, presque une tenue estivale. Enfin, si on exceptait le manteau, du même beige que mon costume, qui accompagnait le tout. Arrivé sur le parking, je me dirigeais vers ma voiture, près à aller me détendre avec mon nouveau jouet quand quelque chose attira mon attention. Je ne pourrais dire exactement ce que c'était, mais quand je me retournais, mon coeur manqua un bond. Elle était là... La colère commença à couler dans mes veines. Trois années avaient passées mais cette colère était toujours autant vive en moi. Je murmurais.

"Oh, you got to be kidding me!"

J'avais espéré ne jamais plus la revoir. Pouvoir l'effacer complètement, définitivement de ma mémoire. Des questions commençaient à affluer en moi, certaines anciennes, d'autres nouvelles. Que faisait-elle ici? Pourquoi était-elle partie? M'avait-elle un jour réellement aimer? Mais je ne pouvais pas me laisser aller sur cette voie. Je n'étais plus ce jeune homme stupide et faible. J'étais un homme maintenant, et je ne devais plus la laisser avoir aucune influence sur moi. Ce n'était pas pour autant que j'allais me jeter dans la gueule du loup et m'approchais d'elle.

Harvard. Je commence à en avoir l'habitude de cette université, de cette ville, de ce pays, de ce continent. Et pourtant quelque chose m'a toujours manqué. Je sais depuis toujours ce que c'est. J'ai perdu deux parties de moi quand j'ai quitté l'Afrique avant de venir ici. Ma passion et l'amour de ma vie. L'un ne va pas sans l'autre pour moi, et devoir l'abandonner lui, je me suis sentie inconsciemment obligée d'abandonner ma passion. Mais le naturel fait bien facilement surface, puisque je suis chez les Quincy. Étrange non ?! Non, tout simplement parce que je continue à œuvre pour les plus démunis, mais j'y prend juste moins goût. C'est comme essayer de vous enlever un trait de caractère, ce n'est pas possible. Cependant, je me suis encore plus refermée et suis devenue bien plus froide et bien plus violente. Sûrement parce que j'ai tout perdu et que j'ai de pires regrets. Mais ce qui est fait et fait, et depuis toutes ces années, j'avance, toute seule, ou quasiment. Je n'ai pas le choix.

Cette journée avait été incroyablement longue. Trop de cours, tue les cours. Et pourtant Dieu sait que j'adore ça ! Et voilà que maintenant je me met à parler de Dieu alors que je n'y crois plus depuis que ... Depuis que j'ai supplié de faire revenir ma maman a la vie. Débile et naïf, je sais, mais c'est resté, que voulez-vous. Toujours est-il que à la fin de ma journée, c'est à dire maintenant, je n'ai qu'une seule envie, enlever mes escarpins, mon jean trop serré et aller me réchauffer bien confortablement dans ma petite chambre toute douillette. Je me dirigeais donc vers ma voiture. Seulement, en cherchant mes clés dans mon sac et dans la précipitation du froid, je fis tomber mes clés et lâcha une quelconque jolie petite injure qui en disait long sur ma fatigue ambiante. Mais quand je me suis relevé, j'ai cru que je rêvais. Il était là. Il se tenait devant moi. J'étais choquée. Ma bouche s'était légèrement entre-ouverte et mes clés manquaient de s'échapper de ma main de nouveau. Un faible son sortit de ma gorge puis je réussis à articuler, pas bien fort :

- James ... C'est ... Qu'est-ce que ... Je euh ...

Je m'étais mise à sourire, mais ce dernier s'effaça bien vite quand je plongeais mon regard dans le sien, qui n'était pas très chaleureux, ce que je comprenais parfaitement. Du coup, je m'étais mise à baisser la tête et à rajouter bêtement, un peu sur le cul.

- Est-ce que tu vas bien ? ... Depuis toutes ces années ...

Impossible d'en dire plus, j'étais bien trop émue. Alors, je soufflais un bon coup et lui faisait face de nouveau, d'un air bien plus assuré et bien plus neutre. Je me suis interdit d'être faible de nouveau. Même pour lui.

Tout remontait en moi. Cette douleur tellement intense, toujours autant vive. La même douleur que j'avais ressenti ce fameux matin, en Afrique, quand j'avais ouvert les yeux et découvert qu'elle était partie. Mais Lily ne s'était pas contentée de partir, ça aurait été trop clément de sa part. Elle m'avait laissé un mot dans lequel elle déchirait mes rêves en tout petit morceau. Elle avait brisé mon coeur et mes rêves, mon avenir et ce en quoi je croyais. Je n'avais pas pu finir ce voyage. Tout le monde au camps c'était rendu compte que quelque chose avait changer chez moi, qu'il y avait maintenant une part de moi qui était brisée. J'avais donc pris un avion pour rentrer sur Londres. L’accueil de mon père. Ou plutôt la prise de conscience qui avait eu lieu quand ce dernier m'avait pris dans son bureau pour avoir une discutions "entre homme". J'avais alors réalisé que j'étais un homme faible, un homme qui laissait sa conduite et ses rêves être diriger par quelqu'un d'autre.

Le chemin que j'avais parcourt depuis ce jour est simplement impressionnant. Ce garçon naïf et crédule à disparut. Je suis maintenant un homme. Mes projets ne concernent que moi. Et que celui qui essaye d'en rire face attention à lui. J'ai pris ma vie en main. Et maintenant, j'allais affronter celle qui avait failli la détruire. Oh, elle allait être surprise si elle pensait se retrouver face à l'enfant qu'elle avait connu. Je la vis faire tomber ses clefs et c'est là qu'elle me remarqua.

- James ... C'est ... Qu'est-ce que ... Je euh ... Est-ce que tu vas bien ? ... Depuis toutes ces années ...

Comment dire? J'étais ravi. Ravi de voir son sourire s'effacer quand ses yeux avaient rencontrer les miens. Ravi de l'entendre bégayer parce qu'elle ne savait pas comment réagir en face de moi. Elle avait jouer avec moi, j'allais maintenant jouer avec elle. Elle ne serait qu'une autre de mes conquêtes, une passade comme je les enchaînais maintenant. Je n'éprouvais pour elle que de la colère à présent. Pire, de la haine. Mais je savais me contrôler. Depuis le temps que je faisais attention à mon comportement, je savais cacher mes émotions. Je m'approchais d'elle, lentement, et lui lançais.

"Mais qui voilà! O'Callaghan, après toutes ses années, nous fais l'honneur de sa présence. Quel honneur inespéré! "

Bon, je n'étais peut-être pas tout à fait capable de métriser ma haine, mais je restais dans l'homme que j'étais devenu. Je ne redeviendrais pas ce garçon naïf, ça jamais. Je lui pris la main est la baisser, restant dans cette dynamique où je la tournais au ridicule.

"Chère O'Callaghan, je te dirai bien que tu n'as pas changer, mais ce serait mentir. Le temps à déjà fait des ravages sur toi. "

Et bam, dans les dents! Un mensonge éhonté, car bien qu'elle ait changée, le changement était positif, même moi je devais le reconnaître. Elle avait quelque chose de plus froid en elle, mais qui la rendait à mes yeux encore plus désirable. Car Lily, même si je la détestait profondément, restait une femme magnifique. Le temps avait simplement accentué certaines formes et le résultat était.... Il valait mieux que je n'y pense pas....

Le voir, là, en face de moi, toujours aussi beau et séduisant, allait me faire perdre la tête j'en suis persuadée. Parce que si lui a apparemment réussi à passer à autre, vu la façon dont il me parle, ce n'est pas le cas pour moi. Et au fond, je sens mon cœur se briser en mille morceaux. Il me cherchait. Il cherchait à me faire autant de mal que j'avais pu le faire. Si seulement j'arrivais à lui dire pourquoi j'avais fait ça ... Mais j'ai tellement honte de moi. En attendant, je suis surprise de voir qu'il a plus d'assurance et a quelque peu changé. Mais ça, je ne peux pas l'affirmer, je sais juste qu'il m'en veut. Comment l'en blâmer ?!

Seulement, je ne pouvais pas me laisser faire. Bah oui, c'est tout de même pas de ma faute si je suis partie et si je l'ai abandonné. Je vais sûrement me faire passer pour une salope mais je n'ai pas le choix. C'est son père qui est un gros con, pas moi. Moi je n'ai fait que l'aimer. Même si je lui ai menti, que je lui ai brisé ses rêves et son cœur. Je l'affrontais donc, mais mon corps commençait à faiblir et mon cœur a se meurtrir et à vouloir partir en courant. Seulement, je m'étais endurcie et était devenue une femme depuis le temps. Aussi, quand il me fit cette dernière remarque pas très sympa, je lui répondis direct :

- Oh mais quel gentil compliment ! Et je vois que tu t'es enfin pris en main ! Enfin, vu ton manque de tact j'en doute. Mais bon, il semblerait que mon départ t'es arrangé !

Il me pousse à être méchante. Alors que je voulais simplement savoir si il allait bien, ce qu'il devenait - bien que je m'en doutais, vu que j'étais la cause de tout ça - et ensuite filer pour lui échapper. Je ne veux pas l'affronter, j'ai trop mal, mais il ne me laisse pas le choix. Je sais qu'il dit ça par pure souffrance et que je l'ai blessé. Sinon, il ne serait pas ici, avec ce superbe costard et sûrement à faire des études pour ensuite rejoindre son père dans l'entreprise. Moi qui à l'époque voulait qu'il réalise ses rêves et vive sa propre vie. Voilà où nous en étions aujourd'hui : à nous lancer des vacheries qu'on ne pensait pas.

Je sentais le sang courir dans mes veines. J'avais gardé sa main dans la mienne, après le baise-main. Il y avait déjà une forte tension entre nous, chose nouvelle. J'avais envie de la voir souffrir, lui faire goûter une minuscule partie de ce mal que j'avais supporté. Mais je doutais y arriver. Parce que pour souffrir comme je l'avais fait, il fallait avoir un coeur. Et elle, elle n'en avait pas. Ou, en tout cas, je n'avais pas su la toucher à l'époque. Mais j'allais jouer et m'amuser, à la différence de la dernière fois.


- Oh mais quel gentil compliment ! Et je vois que tu t'es enfin pris en main ! Enfin, vu ton manque de tact j'en doute. Mais bon, il semblerait que mon départ t'es arrangé !

Mes points se crispèrent. Je pensais qu'elle aurait la bonne idée de ne pas parler de ça. Mais non, elle n'avait définitivement rien à voir avec la fille que je croyais connaitre, que je croyais avoir aimer. La colère était maintenant comme une part de moi. Je fis encore un pas dans sa direction. Je devais me contrôler, absolument. Ne pas lui montrer qu'elle pouvait me blesser. Ne pas la laisser m'atteindre, surtout. Quand je parlais, ma voix avait changer. Le ton légèrement charmeur avait disparu, remplacer par une extrême froideur.

- Oh, très fin cette réplique Lily. Un peu comme toi. Simple et sans finesse.

J'étais très proche d'elle, mon visage à quelques centimètres du sien pour murmurer ses mots. Etre là, si près, c'était aussi me prouver qu'elle n'avait plus d'influence sur moi.

Je n'en revenais toujours pas de l'avoir sous mes yeux. J'avais envie de pleurer tellement j'étais émue et à la fois triste. Triste parce que je sais qu'il me déteste et qu'il ignore tout de mon départ. Plus je le regardais, plus j'avais envie de me jeter dans ses bras et de tout lui dire. Mais ce n'est certainement pas le moment. Il n'est pas prêt non, il a besoin de se défouler, de sortir toute sa colère, je connais bien ça. Mais avec lui, je suis différente. Non. Je redeviens moi-même. Une personne que j'avais perdu depuis bien des années, et la retrouvais me faisait une sensation bizarre. Je ne sais plus comment me comporter, il m'a complètement perturbé. Il faut que je me ressaisisse, surtout avec sa main dans la mienne, que je n'arrive pas à lâcher, tellement le contact avec sa peau m'a manqué. Puis il me répond, mais ses paroles ne passe plus parce que je suis plus qu'hypnotisée par lui et qu'il s'avance dangereusement vers moi. La panique ! Non pas que j'ai pas irrésistible envie de l'embrasser, mais surtout parce que je ne sais pas à quoi il joue ! Si ... Il veut me rendre folle. Et ça marche ! Mais je ne vais pas me laisser faire, ça non !

- A t'entendre, tu n'as jamais eu de sentiments pour moi ...

Je lâchais alors sa main pour la déposer sur son torse et passer l'autre dans ses cheveux, pour le rapprocher davantage de moi.

-Si ce n'est pas le cas, alors embrasse moi.

Très logique mais on s'en fout ! Tu veux faire mumuse ?! Bah je joue ! Je sais bien qu'il ne va pas rentrer dans mon jeu à moi et que c'est moi qui me plis à ses règles, mais il veut me rendre folle, alors pourquoi moi je n'aurais pas le droit d'essayer ?! Surtout que quelque chose en moi me dit qu'il a toujours des sentiments pour moi.

La colère était toujours là. Pourtant, si proche d'elle, je sentais autre chose courir en moi. Comme de l'adrénaline. La même émotion que doit ressentir un chasseur près de sa proie. Et ça, c'était génial. C'était une sensation particulière, comme de jouer avec le feu. C'était un peu ce qu'il faisait, par ailleurs. Jouer avec elle, c'était jouer avec pire que le feu

- A t'entendre, tu n'as jamais eu de sentiments pour moi ...

Ne pas laisser ses mots m'atteindre, ni me laisser perturber par la main qu'elle passait dans mes cheveux. Il fallait absolument que je tienne.

- Si ce n'est pas le cas, alors embrasse moi..

La colère reprit le dessus à ses mots. Je m'approchais encore plus près d'elle, de ses lèvres. Je m'étonnais de mon self control, mais depuis le temps que je le travaillais, je devenais proche de la perfection. Elle me croyait donc encore naïf. Elle allait voir. J'arrêtais mes lèvres à quelques millimètres des siennes. Un peu plus et elles se frôlaient. Je murmurais.

-Parce que tu me penses aussi stupide....

Et je me dégageais d'elle, sans violence. Toute l'attraction qu'elle avait eu sur moi à une époque avait disparu en ce moment. Elle pensait que j'allais retomber dans ses griffes? C'était pour ça qu'elle était revenu? Elle allait être déçue. Oui, elle m'attirait. Mais physiquement, car la personne qu'elle me montrait et que je savais qu'elle était me révulsait.

-Je ne suis plus la personne naïve que tu as connu Lily. Et si maintenant je décidais de t'embrasser, ou même de coucher avec toi, je partirais une fois la chose faite sans un regard.

Moi-même je savais que je jouais avec le feu, parce que j'avais envie de ce baiser, j'avais envie de sentir encore ses lèvres sur les miennes, comme à l'époque, comme lorsque nous étions ensemble et heureux. Malheureusement cette époque était révolue et il fallait bien se rendre à l'évidence que James m'en voulait plus que jamais. Il s'était incroyablement avancé de moi, tellement que j'aurais pu en perdre mes moyens, mais il se recula en me faisant remarquer qu'il n'était pas aussi stupide que je le pensais. Stupide ... Non jamais je ne penserais ça de lui. Je lui ai brisé le cœur alors que nous filions le parfait amour. La seule chose que je trouve stupide c'est d'avoir foutu en l'air tout ça. Je ne répondis rien en essayant de rester de marbre et de reprendre mes esprits. Ce qu'il me dit par la suite me fit comme l'effet d'un couteau en plein cœur. Mais je n'arrivais pas à lui en vouloir. Il fallait faire comme si, je n'ai pas le choix. Alors je me mis à prendre une énorme respiration, la faisant passer pour un souffle de désespoir.

- Non tu n'es pas stupide, t'es devenu un connard ! Je sais vraiment pas ce qui est le mieux ! Je suis déçu de voir ce que tu deviens ...

Évidemment que c'est de ma faute, mais peut-être reconnaîtra-t-il que c'est de ma faute tout ça et que c'est parce qu'il était vraiment amoureux de moi. Ça me ferait un petit bien dans ma souffrance. J'avais beau chercher, mais j'avais du mal à faire apparaître ma séductrice qui en a rien à foutre des mecs, tout simplement parce qu'il était la cause de ce comportement également. Cette histoire nous a bien changé, et personnellement, ça m'a tellement ravagé que j'ai changé bien trop. Une personne que je regrette être devenu quand je le regarde dans les yeux. J'ai juste envie de revenir comme avant, de m'échapper de nouveau avec lui et de ne plus jamais répondre aux appels. Rester éloignée du monde que nous aurions laissé derrière nous. Malheureusement, c'est un rêve irréalisable. Parce que même si je lui disais la vérité, jamais il ne me pardonnerai, puisque je l'ai tout de même abandonné.

- Va falloir que j'y aille. Et excuses moi, mais moi j'ai aucune envie de coucher avec toi.

Ouh la menteuse ! Bien sûr que j'en ai envie, mais étant encore complètement amoureuse de lui, ça aurait fini par devenir de la torture. Déjà que de rester en face de lui dans ce parking ça me torture, alors plus ?! Oh my god quoi ! Alors oui je préfère m'enfuir, même si je n'ai bien sûr rien à faire à part m'affaler dans mon lit et me mettre à pleurer en cachette et en silence.

A un moment donné, quand on est tellement plein de rage, on peut sentir comme un grand calme vous envahir. Le calme avant la tempête comme on dirait. C'était exactement l'état dans lequel j'étais. J'avais l'impression de me métriser totalement, de dominer la situation.

- Non tu n'es pas stupide, t'es devenu un connard ! Je sais vraiment pas ce qui est le mieux ! Je suis déçu de voir ce que tu deviens ...

Je partis d'un grand éclat de rire ne l'entendant prononcer ses paroles. Pas d'un rire chaud comme quand je trouvais quelque chose amusant. Non, un rire froid et presque cruel. C'était peut-être la meilleure que j'avais entendu aujourd'hui, et pourtant il y avait du niveau.

- Si je suis devenu un connard, c'est que j'ai beaucoup plus pris de ton influence que ce que je pensais...

Je réalisais en prononçant ses mots à quel point j'avais changé depuis la dernière fois que je l'avais vu. J'étais vraiment capable de me contenir face à elle, même si je me doutais bien qu'une fois qu'elle serait parti j'allais probablement exploser. J'étais en ce moment une bombe à retardement.

- Va falloir que j'y aille. Et excuses moi, mais moi j'ai aucune envie de coucher avec toi.

Mais je ne pouvais pas la laisser partir comme ça, fière comme si elle avait gagné. Je devais porter encore un coup.

- Je précise quand même que je n'ai pas dit que je voulais coucher avec toi. J'ai dit que je pourrais coucher avec toi et partir sans que cela ne me fasse rien. C'est tout à fait différent. Bien sur que tu dois y aller Lily. Il faut bien que tu fuies. C'est ce que tu fais de mieux après tout.

De mon influence ... Cela ne me toucha pas comme ce qu'il m'avait dit plus tôt. Oui c'était de ma faute qu'il soit devenu comme ça, et je voulais qu'il me réponde ça aussi, parce que cela prouvait bien qu'il avait changé pour moi, bien que ce n'était pas positif. Puis je me sentis pas terriblement bien. Il fallait que je parte avant de craquer, avant de m'écrouler et de pleurer tellement je regrettais de l'avoir transformé en cet homme là et d'avoir passé toutes ces années loin de lui à cause d'une foutue naïveté de gamine. Mais c'était comme ça, ça devait se faire ainsi.

Puis comme je m'en doutais, il répliqua, il n'allait pas me laisser partir sans répliquer quelque chose pour essayer de me blesser de nouveau. Rien que de le voir me blesser, ne comprenait-il pas cela ? Le début de ce qu'il me dit ne me toucha point. Il essayait de se justifier, alors que c'était clair. Pourquoi me parler de ça s'il n'avait clairement pas envie de moi ?! C'était juste qu'il a été blessé de voir que moi je n'avais pas envie de lui. Enfin, hypothétiquement. Parce que la seule façon dont j'ai envie de lui n'est pas dans mon lit, mais contre moi, à le sentir, à le serrer contre moi et rester des heures ainsi, pouvant respirer son odeur, son parfum à volonté. Il ne peut pas comprendre ça, puisqu'il ne sait même pas pourquoi je suis parti. Ne se pose-t-il donc aucune question ? Pourquoi est-ce qu'il ne me demande rien ?

Puis il finit de m'achever. Oui il avait raison, je ne sais faire que ça, face à lui. J'ai peur et j'ai eu très peur à l'époque, parce que je l'aimais plus que tout et que je ne voulais pas voir souffrir la personne que j'aimais le plus au monde. Il ne sait pas ce que c'est de souffrir comme j'ai souffert. Se dire qu'on ne reverra plus jamais la personne aimée, que n'importe où vous irez jamais vous ne la retrouverai. Je ne sais pas comment ça a fonctionné dans ma tête, mais cette souffrance était liée à lui, et je ne pouvais pas le supporter. Alors j'ai fuis, comme j'allais fuir dans quelques minutes.

- Oui ...

J'avais baissé la tête. Comme avouer vaincue. Tant pis, si après tout c'était ce qu'il voulait, il allait l'avoir. Tout ce que je veux c'est son bonheur. Alors s'il veut des engueulades à tout bout de champs, je lui en donnerai. Mais aujourd'hui, c'est trop, trop dur. Je préfère fuir. Surtout que je sentais mes larmes monter dangereusement jusqu'à mes yeux. Mais quelque chose en moi, sûrement pour essayer de clore la conversation, m'a fait relever la tête et dire dans aucune émotion dans la voix :

-Et toi, comme toujours, tu vas laisser faire et rien faire pour essayer de comprendre ...

Hop hop on part ! Tout de suite ! Je le frôlais donc, respirer son odeur plus que discrètement, puis une fois dos à lui je me mis à fermer les yeux et à souffler évitant que les larmes ne coulent. Je repérais alors ma voiture et m'y dirigeais plus que rapidement, espérant qu'il ne me rattrape pas. Ou si, en fait.