Ca devait être un rêve. Tôt dans la matinée, Apple et moi avions été réveillés par un appel de l'hôpital nous signalant qu'on pouvait venir chercher Coraleen. Elle sortait enfin de l'hôpital, on allait enfin pouvoir la serrer dans nos bras, passer du temps avec elle. Je m'étais habillé en vitesse, Apple aussi, j'étais stressé personnellement. Stressé parce que désormais elle serait sous notre entière responsabilité, et je craignais qu'elle grandisse mal, qu'on soit de ces parents obligés de faire faire une centaine d'exercices à leur bébé qui hurle sa souffrance. Je chassai ces pensées de ma tête, me retournant vers Apple en enfilant ma veste.

« T'es bientôt prête Apple ? »

J'attrapai le siège auto, le fixant un moment, songeant que ça allait me faire vraiment super bizarre au retour d'avoir Apple sur la banquette arrière aux côtés de Coraleen... J'y croyais toujours pas, elle serait bientôt à la maison et j'avais encore du mal à réaliser.

En Octobre, je me rappelle avoir très mal vécu l’absence de Coraleen. Elle devait rester à l’hôpital, sous la surveillance de professionnels… Et Andy et moi, on ne pouvait même pas la prendre, ni la toucher. Ça fait donc trois mois presque pile que notre fille est au monde et qu’aucun d’entre nous n’a pu la tenir dans ses bras. Par miracle, ce matin on nous appelle pour nous dire que Coraleen est enfin prête à sortir. Je n’ai pas pu rester sur place plus longtemps, quelques minutes après avoir raccrochée j’étais prête à sortir. T'es bientôt prête Apple ?, Je le suis ! Je me dépêche à enfiler mes bottes et mon manteau, j’étais toute énervée ! Go go go go go go ! Je tapote les fesses d’Andy pour l’encourager à avancer… Bordel, j’suis tellement de bonne humeur ! Une fois arrivée à la voiture, je m’installe au le côté passager.

Si Apple était de bonne humeur, toute excitée et avec la banane, moi je ne souriais pas, loin de là. Non pas que je n'étais pas heureux mais ça me stressait vraiment, mon travail de père à proprement dit commençait maintenant. Vous imaginez ? Je déglutis péniblement et sortis avec le siège auto, installant ce dernier -pour la première fois- pendant qu'Apple fermait l'appartement. Je pris place côté conducteur, elle du côté passager, et sans plus attendre je mis le contact avant de faire rouler notre gros 4x4 BMW jusqu'à l'hôpital. Sur la route, je lançai un regard en coin à Apple, pinçant les lèvres.

« Chuis un peu stressé. »

En fait je ne l'étais pas qu'un peu, je l'étais carrément beaucoup mais je n'avais pas besoin de le préciser pour qu'elle le voie, bien heureusement. Je soupirai, essayant de me détendre mais en vain.

Je ne pensais pas aux détails… Je ne pensais même pas à commencer Andy devait se ressentir. Je me dis depuis notre discussion sérieuse qu’il doit avoir autant hâte que moi de retrouver sa fille, qu’il avait sans doute chassé toutes ses peurs… Mais ce n’est pas le cas et ça pouvait se lire sur son visage. Chuis un peu stressé. Je pose ma main sur sa cuisse, le sourire aux lèvres. Nerveux ? Je l’étais aussi. Je ne m’imaginais juste pas comment c’était différent. Il faut me pardonner, j’ai tellement attendu ce moment qu’il était difficile pour moi de penser à autre chose que ma joie. Je caresse sa jambe jusqu’à l’arrivée, je détache ma ceinture et sort de la voiture pour me rendre jusqu’à l’intérieur.

La main d'Apple se posa sur ma cuisse alors que j'essayais d'oublier mes peurs en me concentrant sur la route, posant ma main sur la sienne. Pour ça, c'était pratique de conduire une voiture automatique. Arrivé devant l'hôpital, je garai la voiture et Apple s'empressa de sortir, alors je profitais d'être seul cinq secondes pour souffler profondément et calmer mon cœur qui battait la chamade. Je sortis à mon tour, emboîtant le pas à la jeune femme et pénétrant dans l'hôpital avec elle, soucieux et rejoignant le coin maternité. Je pressai un peu le pas pour arriver à la hauteur d'Apple et glisser ma main dans la sienne, la serrant doucement. Je ne savais pas comment ça allait se passer désormais, j'espérais seulement que tout irait pour le mieux et que je ne ferais pas de boulette comme j'avais l'habitude d'en faire depuis quelques temps.

J’étais pressée de la voir ! Enfin, elle serait ailleurs que dans cette pièce fermée, sous une couveuse… Enfin, elle sera à notre appartement, dans son berceau. Je n’arriverai pas à dormir de la nuit, je ne voudrais pas. J’avais déjà quelques pas d’avance sur Andy, je savais par cœur où aller ! Mon petit ami est finalement arrivé à me rejoindre et m’a pris la main. Ça y est, nous étions arrivés. T'es prêt ? Je me mords la lèvre, je pense n’avoir jamais autant montrée mes dents en souriant ! Je nous présente au comptoir, l’infirmière nous demande d’attendre quelques minutes alors je reste debout, aux côtés d’Andy. J’étais vraiment impatiente… Et ça se remarquait. Je croisais les bras, regardait partout, tournait en rond, me grattait les poignets et tout ça, sans dire un mot. Mais finalement une infirmière sort avec un tout petit bébé dans les bras, j’en conclus que c’est Coraleen… Je ne l’ai jamais vue d’aussi près.

Si j'étais prêt ? Ouais bof, est-ce qu'on peut vraiment dire, de toute manière, que je serai prêt à être père un jour ? Je ne pense pas. Je hochai simplement la tête, esquissant tout de même un léger sourire. Je voyais comment le bonheur illuminait le visage d'Apple et je n'y restais pas insensible malgré mon état de stress intense là. Elle était aux anges, on allait enfin avoir Coraleen à l'appartement, on n'aurait plus à en être séparés et à la laisser toute seule. Mais c'était aussi maintenant que les difficultés parentales commençaient, je ne voulais pas merder. Je retins ma respiration une fois au comptoir, l'infirmière se leva et revint quelques minutes après avec Coraleen dans les bras, emmitouflée dans une couverture. Elle était toute petite, si fragile... L'infirmière s'approcha d'Apple avec le sourire aux lèvres, glissant Coraleen dans ses bras et je me mordis la langue, passant une main dans le dos d'Apple et déposant un baiser sur ses cheveux. Notre travail de parents commençait vraiment maintenant. L'infirmière retourna derrière le comptoir et nous donna quelques instructions, des mesures de précautions à respecter et certaines choses à surveiller. Je reportai mon attention sur Coraleen dans les bras de sa mère, le cœur battant.

J’étais nerveuse, mais excitée comme une puce. J’ai attendu ce moment pendant dix long mois et maintenant je pouvais enfin la voir, la serrer contre moi ! L’infirmière revient vers nous, le bébé dans les bras. Je me sentais trembler et mes mains devenaient moites… elle semblait toute fragile et j’avais peur de l’échapper ou de ne pas la tenir comme il faut. Mais la dame m’aidait à la placer. Wow… je n’en revenais vraiment pas. Je tenais ma fille pour la première fois de ma vie, dans mes bras. La main d’Andy vint caresser mon dos et je me suis légèrement mise à pleurer, de joie bien sûr. J’étais tellement fière d’y être parvenue, tellement heureuse que Coraleen puisse revenir à la maison maintenant.

Je tenais ma petite alors que l’infirmière nous donnait quelques instructions… À propos des soins, de comment la nourrir. Une infirmière passera chez nous à toutes les semaines pour s’assurer que Coraleen va bien… En gros, un très bon service. Une fois que tout était terminé, je lève les yeux vers Andy en commençant à marcher dans les couloirs de l’hôpital. Elle est... vraiment miniature... Je la regarde tout en marchant. Elle est trop belle, Coraleen.

L'infirmière nous prévenait de certaines choses et je l'écoutais attentivement, espérant ne rien oublier. Je tournai les yeux vers Coraleen et Apple, cette dernière avait les larmes aux yeux et je ne pus m'empêcher d'esquisser un léger sourire avant de me retourner vers l'infirmière. Je signai les papiers pour sortir, effectuai les derniers paiements et Coraleen était libre. Je tournai les pieds avec Apple et commençai à marchai dans l'hôpital en silence, c'était comme si les mots étaient bloqués dans ma gorge, j'aurais aimé dire quelque chose mais ça ne sortait pas. Je regardais simplement devant moi jusqu'à ce qu'Apple me dise qu'elle était toute petite et trop belle, ce qui m'arracha un nouveau sourire et je m'approchai d'elle, passant une main dans son dos et déposant un léger baiser sur ses cheveux sans stopper la marche.

« Tout comme sa mère. »

On finit par sortir de la néo-natalité, se rapprochant de notre voiture, que j'ouvris et ouvris la portière arrière à Apple pour qu'elle puisse installer Coraleen.

Elle est tellement légère… Tellement petite et fragile. Je la dévorais des yeux… Mais vraiment quoi. C’est ma petite fille, la nôtre. Coraleen était ma fierté, au-delà de toutes mes accomplissements… Et à travers ses yeux je pouvais voir et ressentir tout l’amour que je ressentais pour Andy. Tout comme sa mère. Il mit sa main sur mon dos et m’embrassa la tête. Je t'aime. Je m’arrête pour l’embrasser tendrement. J’étais déjà amoureuse de ma toute petite Coraleen… Il n’y avait pas de façon pour mieux m’exprimer. Tout ça c’était bien grâce à lui. En fait, j’étais fière de nous deux.

Arrivé à la voiture, Andy m’ouvre la porte et je le remercie, avant d’entrer dans la voiture pour attacher la petite sur son siège. Elle me semblait encore trop petite pour ce genre de chose, alors je restais à ses côtés, pour m’assurer qu’elle ne tombe pas ou quoi que ce soit. J’avais hâte d’arriver à la maison et de la montrer à Elia et Matys, de lui faire découvrir son nouveau chez soi…