jaspeandra ►  I don't know why, but I guess it's got something to do with you

 I don't know why,
but I guess it's got something to do with you
— jaspeandra

Je tourne en rond, je continue ma vie en cercle, et je me rend compte que celui qui créait les angles, c'était lui. D'un coup, j'ai été prise d'un manque. Naïvement, j'ai voulu reconstruire, me dire que ce n'était rien de grave, qu'on pouvait se retrouver, entre deux bouteilles de rhum déjà préparé. Une bouteille avait été acheté, l'autre retrouvé vide à une soirée. J'ai séparé de moitié, ajouté du jus dans les deux, un peu de canelle, un mélange bien connu, et tout mis dans le sac. J'avais préparé mon coup, cette fois. J'avais même prévu de la nourriture, et plus encore. Rejoins moi au port, que j'avais lancé par message, face au restaurant de poisson, soit à l'heure. Les précisions sont importantes, les restaurants de poissons, y en a à la pelle. Je me suis assise sur sur un banc, face au port, le sac prêt, le reste aussi. J'avais réservé quelque chose en plus, histoire que ça change, histoire qu'on s'amuse, histoire de créer des angles. Des angles, c'est ça.

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— jaspeandra

On est toujours entre le plan parfait, et celui qu'on aurait jamais dû rédiger, imaginer. Pas même envisagé. On s'en fout bien, nous, on prends la plume et on rédige entre les lignes, des trucs pas droits, pas réglementaires. C'est le Spring Break, et Jasper n'est pas encore capable de sauter cette étape dans son année. C'est comme une parenthèse prévue, dans la routine d'Harvard. Un truc qu'on attends avec une certaine impatience, pour brouiller son sang d'alcool, pour oublier les horaires, les conventions ; pour oublier que les réveils sont un peu plus compliqués, désormais. Se raccrocher à cette vie étudiante, qui s'éloigne un peu plus d'année en année. Un jour, nous prendrons juste tous un chemin différent, et ces vacances ne seront qu'un précieux souvenir, gravées sur quelques photographies. Mémoire, imprègnes-toi, souviens-toi de nous. « Soit à l'heure ? » Comme bonjour, alors qu'il prend place à côté de la meilleure amie, les traits rieurs. Les vacances, y a rien à faire, ça l'fout de bonne humeur. Les élèves se baladent moins vêtus, ils balancent pleins de trucs qu'ils regrettent après, c'est plutôt marrant. « Toi qui parle de ponctualité, c'est vraiment du foutage de gueule. » Le sourire s'esquisse. « Je suis venu les mains dans les poches, j'te préviens. » C'est toi, la plus prévoyante, celle qui a toujours des plans. Moi, le mien, c'est souvent celui des mauvais choix.

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— jaspeandra

On fait toujours les mauvais choix, et je parie que c'en est un de plus. On l'ajoutera à la liste, celui là aussi.  « Soit à l'heure ? » se retour vers l'homme, le sourire est large. "J'voulais ajouter un côté drama." comme si c'était pas déjà le cas. Je sais qu'il est ponctuel, plus que moi, meême. J'arrive trop souvent en retard, je crois que même le jour où j'ai rencontré son père, j'étais en retard. « Toi qui parle de ponctualité, c'est vraiment du foutage de gueule. » rigole, hausse les épaules. On en reparlera plus tard, quand j'aurais ta vie entre mes mains. « Je suis venu les mains dans les poches, j'te préviens. » hôche la tête, "C'est parfait, j'ai tout ce qu'il faut !" se relève, attrape le bras de l'homme et l'attire pour marcher, droit sur le port. "J'ai loué un bateau." sourire large, la prime du dernier mois de salaire couvrait les dépenses, on peut même laisser dire que c'est son argent, au final, qui a loué ce bateau. J'ai même prévu le moteur, parce que je connais notre motivation et je sais surtout qu'on aurait pas été loin, à partir de rames. Je souris quand même, taquine, remonte ma main sur le bras de l'homme, tâtant les muscles, "J'pense que t'as ce qu'il faut, pendant que tu sera le moteur, je profiterai de la vue." C'était pas prévu, mais devant nous, une barque. Je décide de m'arrêter, histoire de faire un peu plus durer le mensonge. Regarde l'homme, se pince les lèvres, "J'ai pas encore eu mon augmentation donc.. budget restreins." j'en ai pas besoin, en réalité, mais j'aime taquiner là dessus, surtout depuis que c'est lui, le patron.

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— jaspeandra

"J'voulais ajouter un côté drama." Leandra, elle est comme ça, elle te rajoute un peu de drama sur le simple, elle te fout des obstacles partout, juste pour te regarder les escalader. Pour te relever après, pour y déposer des baisers empoisonnés. Ils sont magiques, certes, mais pas comme il faudrait. "C'est parfait, j'ai tout ce qu'il faut !" Les programmes s'écrivent rapidement, si tu nous laisses un stylo et une feuille. Un rien devient tout. Et, parfois, tu nous aides, tu nous mets déjà le sujet principal. "J'ai loué un bateau." Un bateau, ça résonne pas comme une bonne idée. Ca résonne comme une navigation faite d'à peu près, ça se retourne, ça tangue, c'est pas super fiable. « Genre, un bateau avec moteur, chauffeur, bar intégré ? » Qu'il hausse un sourcil, armé de son sepsicisme habituel. Jasper, c'est celui qui râle, dans tous nos scripts. « Un vrai bateau quoi. » Tu sais, un truc en dur, où tu peux y aller avec une équipe de rugby ; solide. "J'pense que t'as ce qu'il faut, pendant que tu sera le moteur, je profiterai de la vue." Mes doigts qui attrapent les tiens, qui les dégagent de mon biceps. Faudrait pas que tu te rendes compte que j'suis capable d'être un moteur temporaire. "J'ai pas encore eu mon augmentation donc.. budget restreins." Les lèvres se mouvent en un ritus. « Okay alors déjà, pour l'augmentation c'est toujours non, et pour … ça. » regard vers l'espèce de barque, là. «..c'est non aussi, sauf si c'est toi qui rame. » Encore, si j'ai juste à m'allonger et attendre que ça passe en t'entendant galérer, j'veux bien. « Y a un match de beach volley tout à l'heure, j'te montrerai que j'ai ce qu'il faut autour du filet, plutôt. » Regarde, j'te tire en sens inverse. Loin de cette idée foireuse.

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C'est blessant. Parce que chaque jour un peu plus, je réalise qu'on s'éloigne. Ca me blesse, de me dire que les minutes ne font que élargir les barrières qu'ils ont mis entre nous. Nous, on se bat, mais on se bat pas assez fort, on se battra jamais assez fort. On est pas là pour détruire un monde, mais c'est juste que le notre prend trop de place pour être acceptable. Alors on le joue en version taille réduite, puisque c'est le mieux qu'on puisse faire. « Genre, un bateau avec moteur, chauffeur, bar intégré ? » Le rire devrait lui faire comprendre. « Un vrai bateau quoi. » Hausse les épaules, "Un bateau." sans plus d'indications. Un bateau, pour que notre monde puisse être en sécurité pendant quelques heures, pour qu'on puisse l'emporter, s'emporter, vers de nouveau rivages, de nouveau virages, juste nous, juste un court instant. Là où je profiterai de la vue sans avoir à me sentir jugée par le regard des autres. Ces autres, qui construisent contre nous. « Okay alors déjà, pour l'augmentation c'est toujours non, et pour … ça.. c'est non aussi, sauf si c'est toi qui rame. » secoue la tête, "Non non, j'peux pas, t'es trop lourd." alors que moi, à côté, un vrai poids plume. « Y a un match de beach volley tout à l'heure, j'te montrerai que j'ai ce qu'il faut autour du filet, plutôt. » Rigole, secoue la tête, attrapant la main de l'homme de mes deux mains, "Nooooon !" tire l'homme à l'inverse, de toute mes forces, "ça va ! ça va j'déconne c'est le bâteau d'après !" montre du doigt le vrai bateau, ce qui se rapproche d'un vrai bâteau. Un moteur, un bateau en dur, de quoi s'asseoir, quelque chose de plus luxueux, on va dire. "On a pas le chauffeur, mais ton père m'a dit que t'avais ton permis bâteau." enfin, moi c'est ce que j'ai dis à la location. Ca doit pas être plus compliqué qu'une voiture, quand on y pense. C'est un volant, ça ira tout seul. "Et j'ferais le service." vend le tout d'un sourire trop large pour mes lèvres. Je garde la main de l'homme, le tire jusqu'au bateau, le vrai, montant dedans, ouvrant avec les clefs la cabine. "T'es vraiment une diva.." je souris en coin, taquine. Allez, prenons notre monde et partons. C'est la plus belle promesse que je peux offrir pour le moment.

hj : le bâteau

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"Un bateau." Ouais, je crois qu'avec l'âge, toussa, j'ai plus envie de me galérer dans une barque, avec toi qui manque de me mettre un coup de pagaie à chaque mouvement. Avec moi qui fait tanguer le bateau, juste pour t'entendre râler. Avec nous, loin de tous. Peut-être que j'suis le meilleur gardien de notre nouvelle manière de fonctionner, que je suis celui qui mets le frein,  celui qui recule, quand tu t'avances trop. A force, on sait danser, on arrive à s'arranger, pour que l'un de nous fasse la marche arrière quand c'est nécessaire, quand les corps oublient les règles, quand les regards sont trop appuyés, trop invasifs, impudiques. Alors, là, je tire de l'autre côté, je nous éloigne. "Nooooon !" Ma main n'est qu'une corde que tu agrippes de tous tes doigts, têtue. Ca le fait marrer, Jasper, de te voir si entêtée. « Je grimperai pas dans ton truc ! Je suis trop lourd pour ta barque. » Qu'il rappelle les termes féminins, d'une esquisse de sourire malin. Et, alors qu'il s'apprête à mettre de la force dans son choix, demoiselle change d'argument. "ça va ! ça va j'déconne c'est le bâteau d'après !" Septique, l'homme, qui fronce doucement sourcils. On est jamais à l'abris d'un mensonge pour mieux l'influencer. "On a pas le chauffeur, mais ton père m'a dit que t'avais ton permis bâteau." Parler du patriarche, ça rend toujours les pas de l'homme plus motivés, plus légers, moins suspicieux. « Il t'as dit ça ? » Le rire s'affirme. « C'est quand même hallucinant que t'arrives toujours pas à voir quand il se moque de toi. » L'ironie, la comédie, tous les défauts qui stagnent à la surface de Jasper, elles découlaient directement du père. Nienke lui avait apprit quelques rudiments de la navigation, il saurait s'en sortir, je suppose. "Et j'ferais le service." La malice entre en jeu. « Alors si tu fais la soubrette, comment refuser ? » Hum ? Quoi, c'est pareil. Laissez-le, avec ses fantasmes chelous. L'important, c'est que ça marche, qu'il monte sur ce bateau. "T'es vraiment une diva.." Lève les yeux au ciel, et tourne les clés du contact. Ca, jusque là, il sait faire. « T'inquiète pas, quand on se sera prit un rocher, tu l'auras ton tour en barque. » On est pas a l'abris d'une catastrophe. Grimace, exagérément. « J'espère que t'as pas laissé un trop gros chèque de caution.. » Laisse-moi me venger comme je peux.

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Je le forcerai, s'il le faut. Je me mettrais à genoux, je supplierai. J'en suis à là, dans ma peur de l'abandonner, de le voir partir, de le voir quitter ce monde avec lequel nous avons tant joué. « Je grimperai pas dans ton truc ! Je suis trop lourd pour ta barque. » Le rire est sincère, il fait du bien à l'intérieur, répare les organes cassés, ceux qu'on pensait qu'on avait oublié. « Il t'as dit ça ? » Hoche la tête, sans voir le mal. « C'est quand même hallucinant que t'arrives toujours pas à voir quand il se moque de toi. » Les yeux s'écarquillent, "Parce qu'il le fait encore ?" je pensais que ça avait cessé depuis longtemps. Qu'est-ce qu'est la vérité et où le mensonge s'arrête ? Le monde prend une autre tournure. « Alors si tu fais la soubrette, comment refuser ? » Lui lance un regard en coin, retenant un sourire. On peut encore rire de ça ? On a encore le droit ? « T'inquiète pas, quand on se sera prit un rocher, tu l'auras ton tour en barque. » Quand on aura quoi ? Encore de l'humour d'Ellington, ça. Faut vraiment que j'apprenne. « J'espère que t'as pas laissé un trop gros chèque de caution.. » regarde droit devant soi, la mer au loin, secoue la tête, "Non t'inquiète, ton père m'a dit d'le mettre sur la compagnie." hausse les épaules, masque le sourire, "J'crois qu'il m'apprécie encore." faut dire que jamais personne d'autre ne t'a tenue si bien la main. Les affaires sont posées, le regard se pose sur l'homme, les yeux s'attardent trop, "J'veux aller au bout du monde." Les bras s'enroulent autour du torse de l'homme, dans le dos, comme une demande de tendresse trop longtemps oubliée, les lèvres s'amènent vers l'oreille, le visage se pose sur l'épaule, "Emmène-moi loin." le plus loin possible. Un sourire anime les lèvres, "Enfin.. évite quand même les rochers." ne la fait pas exploser, cette bulle que nous sommes entrain de créer.

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Ellington père n'a jamais vraiment changé de comportement, j'crois qu'il a juste arrêté de parler de toi, quand son fils s'en prenait aux murs, quand il entendait le bruit du battant brisé, en morceaux, qui se baladait dans sa carcasse. Maintenant qu'il voit les cicatrices, que le prénom sort à nouveau des lèvres d'un Jasper allégé, il reprends. Il arrête de faire semblant de ne plus t'intégrer dans une famille dans laquelle il t'as adoubé depuis des années. "Parce qu'il le fait encore ?" La malice aux lèvres. « Peut-être, peut-être pas. » Le doute, y a rien de mieux quand tu le sens s'insinuer dans les certitudes. Surtout quand rien n'est grave, quand ce qu'il y a en jeu, ce sont juste quelques rires. "Non t'inquiète, ton père m'a dit d'le mettre sur la compagnie." Ou, des mines défaites. Le clown qui arrête de sourire bêtement, qui grimace, trop lisible. « Il a pas fait ça ? » Il rigole plus du tout le Jasper. "J'crois qu'il m'apprécie encore." Hausse les épaules. « J'crois surtout qu'il a jamais arrêté de t'apprécier. » Il a même dû penser, parfois, que t'avais bien fais, tu sais, de faire l'autre choix. Celui des certitudes, de la mer calme ; le choix qu'on a jamais été capable de faire, le père et le fils. La solitude nous guette, et elle nous enrobe délicieusement, s'enroulant avec notre égoïsme primaire. Joli linceul. En attendant, ce sont tes bras qui me capturent. Presque surpris, l'homme, qui aggripe plus fort la barre. "J'veux aller au bout du monde." On visera peut-être moins loin, que j'sois obligé de te ramener, que j'ai pas cette excuse pour te garder.  "Emmène-moi loin. Enfin.. évite quand même les rochers." Esquisse un sourire amusé. « Ah, je comptais t'emmener loin dans les abîmes. » Enfin, j'oublie pas l'histoire de la caution, toussa. J'oublie pas aussi, que j'ai jamais été celui aux bonnes idées, pas celui qui te ramène à la surface. J'attrape tes chevilles et j'te fais couler, pour mieux te sauver ensuite. « Par contre, va falloir que tu laisses respirer le capitaine, si tu veux pas te démerder avec un cadavre. » Parce que le capitaine, là, il a du mal, et c'est pas parce que tu serres fort. C'est juste parce que t'es là. « D'ailleurs, appelle-moi capitaine, j'aime bien. » Qu'il reprends, avec ce rictus d'idiot. Balance un regard par-dessus son épaule. « A droite ou à gauche ? » J'suppose qu'il aurait fallu prendre une carte, un truc comme ça. J'suppose qu'on va pas le faire.

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On s'offre un peu de liberté, qu'on frôle du bout des doigts. On s'offre une nouvelle bouffée d'air frais, qu'on arrive à voler pendant quelques heures. On s'offre ce nous qu'on a laissé disparaître pour d'autres sillons. « Peut-être, peut-être pas. » Je souris en coin, gardant ça à l'esprit, pour quand je reverrais le paternel Ellington. Lui qui m'apprécie encore un peu trop, qui me voit encore comme celle que son fils apporte à son bras. J'aimerais ne jamais changer ça. « Il a pas fait ça ? » ne réponds pas, parce qu'en réalité, la caution est mienne, mais que l'homme n'y mettra pas la même taquinerie s'il sait que c'est avec son argent, qu'on joue. « J'crois surtout qu'il a jamais arrêté de t'apprécier. » nostalgie d'une époque, de ce repas partagé, de ces verres ensemble trinqués. "J'suis une femme d'exception, j'y peux rien." parfois je me demande ce que ça aurait été, si on avait pas tout gâché. La faute vient des deux protagonistes, à parts égales. Est-ce que tu t'en veux ? Est-ce que tu m'en veux ? Trop souvent, surtout quand je m'avance, quand je nous lie d'un contact qu'il ne souhaite probablement pas. L'égoïsme hurle, tu te souviens ? « Ah, je comptais t'emmener loin dans les abîmes. » Je souris, confiante. Il sait faire, il est maître dans l'art des terreurs les plus profondes, de me plonger dans le noir, puis d'être la seule source de lumière. « Par contre, va falloir que tu laisses respirer le capitaine, si tu veux pas te démerder avec un cadavre. » Les bras se desserrent, j'avais oublié. "Oops, désolée." je ne le suis pas. J'ai aimé sentir un semblant de coeur, là dessous, s'affoler. « D'ailleurs, appelle-moi capitaine, j'aime bien. » Explose de rire, "Rien que ça, Capitaine ?" je t'offrirais des monts et des merveilles sur lesquelles tu pourra naviguer, si je le pouvais. « A droite ou à gauche ? » hausse les épaules, essaie de voir un signe dans les yeux plus sombres qui pourraient indiquer une préférence. "A droite mon capitaine !" la voici la voilà, la fille aux mauvais choix. Qui fait le tour de l'homme, qui se glisse entre le corps plus carré et la barre, qui attrape les mains brunies par le soleil, puis qui tends vers la gauche, "Non ! à gauche !" on peut hésiter jusqu'à quand, comme ça ? "Concentre toi !" qu'elle gronde, enfant turburlante. C'était pas la bonne droite, il faut déchiffrer, comprendre, lire entre les lignes. On t'as pas appris à lire dans les étoiles, à l'école de marin ? "Tu mérites plutôt d'être Monsieur Mouche, là." la tête se tourne, la langue se tire, taquine. Redresse, on a dit qu'on allait à gauche. Gauche, tu sais, la direction du coeur.

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— jaspeandra

Les vacances nous réussissent, toujours. L'ivresse peut-être, affaiblit quelques réticences. Le soleil rend tout plus beau, même nos failles, ainsi exposées. Peut-être parce que t'oublie ton quotidien, t'en viens à davantage regarder devant toi, pas derrière, pas sur les côtés, juste le mec en face de toi. Et, c'est souvent moi, ce mec là. Toujours là, mais jamais à la bonne place. Il a prit son nom, et a mélangé les chaises, tu sais plus vraiment où le trouver. Lui-même, ne sait plus où s'assoir. "J'suis une femme d'exception, j'y peux rien." Les billes vrillent dans leurs orbites comme seule réponse, expression de l'ironie. T'en fais pas trop Leandra, jamais, c'est ça qui est bien. Mais, j'arrive jamais à t'en vouloir longtemps. Parfois, j'm'en rappelle en regardant les plaies dans la glace, ou quand j'attarde trop mon regard sur le passé, ça revient, ça se rouvre un peu, mais j'ai appris maintenant, je sais comment apaiser les douleurs. Je sais gérer, j'ai finis de chercher le coupable, j'ai finis de te désigner comme l'unique responsable. Je nous mets comme deux victimes d'un truc qui se loupe, qui se casse la gueule quelques centimètres avant la ligne d'arrivée. C'est un échec, mais joli, quand on voit le parcours. Alors c'est pas grave si ça s'agite sous la peau, quand tu t’immisces trop près. "Oops, désolée." C'est même pas grave si tu l'es pas. "Rien que ça, Capitaine ?" Se grandit un peu, le sourire aux commissures. "Quoi, j'en ai pas la stature ?" Fait gaffe à ce que tu vas répondre à ça, oublie pas que c'est moi qui tient la barre. "A droite mon capitaine !" Ah tu vois, comme ça sonne bien ? "Non ! A gauche ! Concentre toi !" Soupire, et arme sa bouche de sarcasme : "Tu sais plus ta droite et ta gauche ? On part de trop loin moussaillon, j'peux plus rien faire pour toi !" Surtout qu'elle continue, la demoiselle, tirant une langue qu'il aurait bien agrippé s'il en avait eu les réflexes. "Tu mérites plutôt d'être Monsieur Mouche, là." Ôte ses mains de la barre, et recul d'un pas, les mains relevées. "Okay j'abandonne, j'te laisse être maitre à bord !" Monsieur Mouche, l'insulte n'est pas digérée pour le capitaine. Alors il laisse la jeune mousse se démerder pour la direction, se contentant de se pencher au-dessus de son épaule. "J'ai comme l'impression que tu sais pas du tout ce que tu fais." Puis reprends ses mots avec malice : "Concentre-toi !" Et, souffle dans la nuque féminine, pour la distraire en traître.