(numsin) ≈ fidelity is a schimpfwort

"C'est du matériel qui a été dégradé." Arrête, arrête de trouver des excuses. De baisser les bras, de dire que c'est plus fort que toi. Y a rien qu'est plus fort que la volonté. Mais tu veux pas, tu veux pas m'aimer pas complétement, pas comme il faut. Attrape son poignet, le serre comme mon coeur se serre. "Je.. j'en sais rien, Numa.." Elle a cet air las, ce haussement d'épaules si désinvolte alors que je fulmine, que je suis au climax de mes émotions. Pourquoi est-ce que j'ai aussi mal et pas toi ? Pourquoi pas toi Tam ? "Je peux pas prédire ce qui se passera demain.." Demain, demain, demain. Alors que moi je ressens tout au présent. Ses deux yeux noirs qui viennent se fixer dans les miens. Deux yeux dans lesquels je voyais fleurir des girofliers, nager des sirènes, danser des constellations. J'aurais pu écrire des poèmes, faire la sérénade. Et là je tombe de mon nuage, m'écrase au sol, pas de parachute. "Tu sais quoi ? Arrête. Déteste-moi, parce que c'est fini. Trouve toi quelqu'un, quelqu'un de beau, qui t'aimera comme jamais." Je secoue la tête, des larmes qui perlent au coin de mes yeux, mes lèvres qui se pincent pour étouffer les tressautements de mon menton. "Tu l'mérites, tu le mérites vraiment." Ses mains qui montent jusqu'à mes joues, ma main à moi qui lâche son poignet pour se poser sur ses doigts alors qu'une larme roule sur ses phalanges. Et ma tête qui fait non, non, non, non. "Tu te débarasses de moi comme tu t'es débarassée de la rouquine ? Scarlett ?" Mes deux yeux embués viennent trancher les siens. Mes sourcils froncés cassent les traits doux de mon visage. "J'mérite peut-être mieux mais mes sentiments ils sont pas comme toi Tam, ils peuvent pas sauter d'une personne à l'autre." Je chasse ses mains de mon visage, essuie mes yeux du revers de ma manche, renifle péniblement. "Mais hey, voyons le côté positif des choses, t'auras pu ajouter mon nom à ton tableau de chasse, félicitations."

Les excuses, c'est facile. On met ça sur l'incapacité, sur les sentiments impossibles à trouver au fond de l'âme, sur l'enfance, bien que de ce côté là, tout va bien. Quand est-ce que c'est, cette passion de jouer avec le coeur des autres ? Probablement quand je me suis rendue compte que le mien n'allait pas tenir. Voler un bout chez les autres, les faire souffrir, c'est voir dans leur yeux qu'ils tiennent à moi. Rien qu'un peu, rien qu'une fois. Personne ne mérite ça. "Tu te débarasses de moi comme tu t'es débarassée de la rouquine ? Scarlett ?" le corps subit un bug. Quoi ? Le tout reste figé, les sourcils se haussent, je crois mal entendre, l'espace d'un moment. C'est pas le prénom qu'on prononce, c'est ce qui déclanche le mal-être, l'horreur, la tristesse profonde. "Quoi ? Comment tu.. " la question ne se pose même pas, je suis presque sûre que c'est pas Numa qui aurait été chercher. La rousse est venue à elle. Mes lèvres se pincent alors que ses yeux se plantent dans les miens. "J'mérite peut-être mieux mais mes sentiments ils sont pas comme toi Tam, ils peuvent pas sauter d'une personne à l'autre." J'encaisse et mes mains quittent la belle. Je ne réponds pas, je mérite la colère, le dos est large, je prendrais tous les coups que tu me donnera, Numa. Ne m'épargne pas, surtout. "Mais hey, voyons le côté positif des choses, t'auras pu ajouter mon nom à ton tableau de chasse, félicitations."c'est la goute de trop. "Mais arrête ! Arrête de dire ça !" l'énervement qui montre le bout de son nez, un temps soit peu de sentiment dans ce corps vide. "Tu crois que j'm'amuse à revoir les gens avec qui j'ai juste envie de coucher ?! Tu crois quoi, Numa ? que j'me donne autant de peine pour rien qu'ajouter un nom à une stupide liste ?" qui fait des listes, de toute façon ? C'est un truc d'homme ça, ne m'insulte pas autant. J'ai fais des efforts, j'ai appris à te connaître, j'ai craqué pour la pureté. Encore. Je cherchais de l'ailleurs et je t'ai trouvé. Soupire, reprends ses esprits, "On est juste différentes par rapport à.. tout ça." les sentiments, les gens, ce genre de choses.

J'ai appuyé sur la touche magique. La rousse. Peut-être une qui a compté plus que moi. Les traits de Tamsin se figent, un air ahuri. "Quoi ? Comment tu..." -"Je fouillais pas dans ton téléphone pour le plaisir..." Je souffle. J'avais reçu comme un avertissement, une alerte que j'aurais préféré ignorer. Ouais, j'aurais pas voulu savoir, jamais fouiller son téléphone et continuer à être dupée, le plus longtemps possible. Profiter de la brune le temps qu'il me serait donné, peut-être pour toujours, femme cocue. Je lâche tout ce que j'ai sur le coeur, toute cete aigreur, cette amertume. "Mais arrête ! Arrête de dire ça !" Alors quoi ? Depuis que j'ai mentionné la rouquine elle se réveille, le haussement d'épaules las est oublié, ma colère trouve un mur auquel se heurter. Mais vas-y Tam, gueule un peu, que j'ai pas l'impression que tu t'en fiche complétement. "Tu crois que j'm'amuse à revoir les gens avec qui j'ai juste envie de coucher ?! Tu crois quoi, Numa ? que j'me donne autant de peine pour rien qu'ajouter un nom à une stupide liste ?" -"Tu sais ce que je crois Tam ? Tu veux vraiment savoir ce que je crois ?" -"On est juste différentes par rapport à.. tout ça." Les paroles et les soupires s'entremêlent, une tornade. "Je crois que t'es égoïste, je crois que t'es incapable de comprendre comment je me sens là, tout de suite, je crois que je suis bête, bête, bête..." Je suis à bout de souffle, en apnée. Peut-être que je suis pas gay, que je suis Tamsinosexuelle, jamais je sentirai cette boule de feu dans mon ventre de nouveau. "Je crois que ça aurait pu être génial, peut-être qu'on serait parties d'Harvard ensemble, faire le tour du monde, habiter sur une île du Pacifique et faire l'amour toute la journée. Finalement ça ne tenait qu'à toi de nous laisser rêver encore un peu..." L'engin de l'autre abruti en photo ça te faisait plus envie que toutes mes folies, je comprends, j'encaisse. Je me glisse dans la chambre, récupère mes habits en boule au pied du lit, je retire mon pyjama que je fourre dans mon sac à main, m'habille en vitesse.

"Je fouillais pas dans ton téléphone pour le plaisir..." Génial, c'est bon à savoir. De se dire que tout ça n'a été déclanché que par l'intervention d'une personne, que sans ça, on en serait pas passé par là, c'est bon à savoir, ouais. "Tu sais ce que je crois Tam ? Tu veux vraiment savoir ce que je crois ?" Que ce n'est qu'un numéro sur une liste. Je l'ai assez entendu, mais crois-moi, je ne met pas tant d'effort juste pour coucher avec quelqu'un. Encore moi quand je sais cette personne hétérosexuelle. "Je crois que t'es égoïste, je crois que t'es incapable de comprendre comment je me sens là, tout de suite, je crois que je suis bête, bête, bête..." Je la regarde, et je crois que le pire dans sa réaction, c'est qu'elle a raison, sauf pour la dernière partie. "T'es pas bête, arrête." Je suis égoïste, et je comprendrais certainement jamais comment elle se sent, là, maintenant. "Je crois que ça aurait pu être génial, peut-être qu'on serait parties d'Harvard ensemble, faire le tour du monde, habiter sur une île du Pacifique et faire l'amour toute la journée. Finalement ça ne tenait qu'à toi de nous laisser rêver encore un peu..." Le futur me fait peur. L'aspet d'un futur, l'idée de quelque chose après, me perturbe. Il en faut peu, pour me faire fuir. Parler de sentiment, parler d'avenir. Rien que ça, Numa. C'est ce que tu fais, et c'est normal. Parce que son coeur s'emballe, parce qu'elle ressent ses nouvelles choses, parce qu'elle aime trop fort. J'arrive pas à imaginer demain, alors une île du pacifique ? la fin d'Harvard ? Alors je ne dis rien. Vaut mieux me taire que de mettre de l'huile sur le feu. Que de lui dire que je n'ai pas d'avenir, que je ne crois pas au futur, qu'après Harvard n'existe que pour elle. Je ne fais pas tous ses plans, je ne suis pas de celles qui imagine ensuite. Je vis comme le jour se présente, et j'ai des problèmes quant à l'imagination qui me lie au futur. Est-ce qu'avec nos idées si éloignées, on aurait pu continuer sans jamais rien heurter ?

"T'es pas bête, arrête." Si, si, si. D'avoir jamais fait sonner l'alarme quand je te voyais toujours tellement détachée, petit électron libre, l'esprit carpe diem. J'aurais dû me dire que ça finirait pas comme je l'imaginais, que Tam c'est une fille que je saisirai jamais. Carpe diem et jamais voir ce qui se passera demain, jamais se projeter, pas s'imaginer comment la personne que tu trompes ce soir souffrira demain. Je rassemble mes affaires et me revoilà, dans le cadre de la porte où se tient toujours la brune en soutien-gorge. "T'as rien à me dire qui me fera rester ?" Je tente le tout pour le tout, parce que je suis encore capable de pardonner, de faire machine arrière, d'oublier, j'en ai tellement envie putain si tu savais.

Quelque chose s'est débloqué et j'ai fais l'erreur de m'accrocher. Elle est belle, Numa. Elle est pétillante, elle est aimante. Elle est mon opposé et ma complémentarité. Mais moi, je ne fais que jouer. Je ne faisais que jouer. Et elle se trouve face à moi, et je suis cette fille qui s'est amusée, et qui s'en mord les doigts maintenant. La tristesse ronge, ça commence à prendre, quand elle me fait face. "T'as rien à me dire qui me fera rester ?" Je regarde son visage, ses traîts, la beauté qu'elle est. Qu'est-ce que j'ai fais ? Pourquoi j'ai fais ça ? J'aurais pu m'accrocher, Numa. J'aurais pu être à tes côtés, m'endormir dans tes bras. Je pourrais te dire monts et merveilles dans l'unique but de te faire rester, je pourrais te dire que ça ne se reproduira pas, qu'il n'est personne, que je n'irais jamais voir ailleurs, mais au fond la vérité, c'est que je ne peux pas l'assurer. Moi-même, j'en suis pas persuadée. J'aurais tellement à te dire pour que tu reste, je pourrais t'en écrire, des choses. Sauf qu'aujourd'hui, j'ai pas envie. J'ai pas envie de te faire plus mal ensuite, quand ça se produira, encore et encore. Que j'irais dans d'autres bras, quand mon intérieur me criera que c'est pas grave, quand je ne verrais pas les conséquences. Les yeux se remplissent de tristesse et la tête se secoue de gauche à droite, lançant un faible : "Non..". C'est pas que j'ai pas envie que tu restes, c'est que j'ai pas envie de détruire ce qu'il te reste, à toi. Cette beauté, cette tendresse, cette naïveté et cette envie de vivre leschoses. J'ai pas envie de voir ces yeux tristes de nouveau. Mon égoïsme t'aurait gardé à jamais, je t'aurais enfermé dans un mensonge, j'aurais fais de mes actes les plus belles romances. C'est une autre partie de moi qui parle, celle qui a compris que je faisais du mal, et qu'il fallait se poser, changer, évoluer, avant de connaître une réelle histoire, avant de se lancer.

Mes mots qui restent pendus en l'air. Mon coeur qui bat à tout rompre attend une réponse, n'importe quoi qui le retienne, qui l'attrape. Les yeux de Tam qui dessinent les traits de mon visage, qui me font m'enfoncer encore plus dans ce piège à cons qu'est l'amour. Espoir, espoir brisé quand sa tête fait non, secouée de gauche à droite. "Non..." Je compte pas assez pour toi pour que t'inventes un joli mensonge comme tu sais bien faire ? Une larme sur ma joue accuse le coup, j'voulais pas perdre la face mais je peux pas les retenir, ces traîtresses. Hoche la tête, résignée. Alors c'est fini ? Je peux pas le croire. Impossible. Comment ça pourrait être fini ? Je suis encore dans le rollercoaster émotionnel, mon coeur fait du trampoline, les oiseaux chantent dans ma tête. Je ravale ma salive, amère. Petite mort. "Salut." Je tourne ma tête alors que je sens mes larmes arriver en cascade, mon menton trembler. Un pas, deux pas. Je sais encore marcher. Des pas en hâte jusqu'à la porte, j'espère encore qu'au dernier moment elle m'attrape le poignet, me rappelle avec des mots tendres mais là encore, je suis trop bête. La porte se referme sur moi dans un claquement sourd et je me laisse glisser contre le mur, seule dans la cage d'escalier, ma tête écrasée contre mes mains. Lourds sanglots.