Réminiscence {Ethan}

Lorsqu'elle le mit au défi comme il s'y attendait, posa son sac et déboutonna son pantalon avant de le baisser sur les genoux. C'est suffisant pour toi que je me balade en calbut ? Bon aller tu t'es assez rincé l'oeil. Ouai j'étais pas du genre à faire les choses à moitié ni à faillir à ma parole. Je remis mon pantalon en place, tout fier d'avoir pu la décontenancer à mon tour. L'air de rien, je me mis à marcher à ses côtés en direction du kiosque à café auquel je passais tous les matins depuis mon arrivée ici. Un véritable bain de jouvence quand on sait que je passe le plus clair de mon temps entre les cours et le boulot. Sans parler de mes récents déboires avec l'alcool qui commençaient tout juste à se dissiper. C'est ton petit côté british qui doit reprendre le dessus. Je crois que personnellement si on pouvait me l'injecter en intraveineuse, je serai le plus heureux des hommes. Tout en marchant elle ne manqua pas de me rappeler qu'à l'époque j'avais fait semblant d'aimer le breuvage immonde que ce type un peu dodgy nous avait servi. J'imagine que le café était supportable à cause de la personne avec qui je le prenais. Rien à voir avec le goût. Je ne ratais pas une occasion de faire rosir ses joues face aux compliments subtils que je lui faisais. Elle était vraiment aussi charmante que dans mes souvenirs. Enfin c'était une autre époque... disons qu'aujourd'hui on est libre de faire tout ce qu'on veut. J'ajoutais un sourire avant de me rendre compte que ma phrase pouvait être mal comprise. Enfin, c'était pas une proposition hein... enfin... bref. Voila que je m'embrouillais comme un gamin de 15 ans qui drague pour la première fois. J'avais perdu la main. J'espérais au moins qu'elle trouverait ça mignon plutôt que pathétique.

Lorsqu'elle me corrigea sur ses origines, je ne pu m'empêcher de rire à moitié. Cela démontrait à quel point notre relation avait été brève, mais intense. J'en avais oublié presque la moitié de ce que j'avais appris sur elle, sans jamais l'avoir vraiment oubliée, elle. Me parle pas de l'Australie, même si j'y suis né aussi techniquement, c'est devenu mon pire cauchemar depuis le début de cette année. Devant son air interrogateur je continuais. Mon frère biologique que j'ai rencontré il y a environ 8 mois est parti s'exiler là-bas alors qu'on venait à peine de commencer à se rapprocher. Je finis par soupirer tout en continuant de marché, les yeux plantés sur mes pieds. Désolé de t'embêter avec ça, c'est juste que ça a pas été facile. Une fois à proximité du kiosque, elle essaya une fois de plus de me faire changer d'avis sur ma boisson fétiche. Du thé... il faut dire que j'en avais bu à la pelle lorsque j'habitais encore Londres. C'était un peu comme une tradition à laquelle on ne peut pas couper. Mais pour les longues nuits de révision à la bibliothèque, le café redevenait mon meilleur allié. Je ne suis plus aussi influençable qu'à l'époque mademoiselle Ravenwood. Laisse moi donc commander mon américano tranquille. Amusé je passais donc notre commande commune à base de thé pour elle et de café pour moi. Je sortis un billet de 5 dollars chiffonné de ma poche de veste avant de le tendre au marchand qui me connaissait que trop bien. Puis me tournais enfin vers elle, lui tendant son breuvage. Pour en revenir à ce que nous disions. Est ce que... tu aurais aimé que ce soit une proposition ? ajoutais-je un regard innocent planté sur le visage tandis que je soufflais doucement sur mon gobelet.

Elle marquait un point. Elliot n'était pas mort non, il m'avait juste abandonné. En tout cas, c'est comme ça que je le voyais. Je tenais à lui bien plus que je ne l'avais laissé paraître, et alors que je commençais vraiment à l'aimer comme un frère, voilà qu'il sortait de ma vie, presque aussi vite qu'il y était entré. Non je sais que t'as raison, mais j'ai toujours tendance à dramatiser. J'ai toujours eu un problème avec l'abandon, c'est pas maintenant que ça va changer. Fallait rester positif. La vie continuait. Je le reverrai sans doute un jour prochain. Et si en plus de ça il avait un putain de sourire collé sur le visage, c'était l'essentiel. En tout cas, Juliette, elle, était bien là. Elle continuait de me charrier, de me charmer. Soufflant le chaud et le froid et ne laissant rien paraître de ce qu'elle pensait en réalité. Tu vas pas me rendre la tâche plus facile, n'est-ce-pas ? Sourire aux lèvres je l'invitais à venir se joindre à moi sur un banc qui se trouvait non loin de là. Une fois installé, je ne pu m'empêcher d'éclater de rire à sa remarque. Mes soirées en général je les passe au boulot. C'est sans doute pour ça d'ailleurs que j'ai du mal à faire tenir une relation sérieuse. Après j'ai tellement travaillé pour ça que je ne peux pas abandonner maintenant. Je soupirais avant de laisser mes lèvres se perdre dans mon gobelet. Fermant les yeux pour profiter un peu des arômes qui s'en dégageaient. Puis je reportais mon attention sur elle, n'ayant pas oublié ce qu'elle venait de dire. Alors comme ça tu trouves que je suis bel homme ? Tu sais depuis l'Irlande j'ai pris un peu de bide et quelques rides. Content de voir que ça ne te fais pas peur. Content de voir mon ego flatté, c'est tout fier comme un coq que je relevais la tête. Faire le pitre, c'était ma spécialité en toute circonstances.

Elle avait vraiment un don. Le don de toujours être capable de me redonner le sourire, quoiqu'il arrive. D'ailleurs je ne l'avais pratiquement jamais vu triste. Elle devait sans doute être ce genre de personne qui préfère voir le positif dans tout ce qu'elle traverse au lieu de se concentrer sur le négatif. Personnellement j'étais à ranger dans la deuxième catégorie. Les contraires s'attirent comme on dit. Comment tu veux que je ne souris pas bêtement en te voyant faire la gamine comme ça. C'est de la triche ! Je fis semblant de bouder un instant avant de m'installer plus confortablement sur le banc, buvant une autre gorgée de café et profitant de la légère brise qui nous faisait l'honneur de sa présence. Lorsqu'elle me confirma qu'elle n'avait aucunement l'intention d'être plus transparente, je ne fus même pas surpris. Le fait qu'elle me laisse penser qu'elle n'était peut-être pas intéressé me rendait encore plus accroc. Enfin... façon de parler. Hmm... je vois que c'est toujours un véritable challenge de plaire à mademoiselle. C'est ton copain qui doit être ravi. Et voila, une belle façon pas du tout subtile mais détournée de savoir si elle était célibataire ou non. Bien joué Ethan. Après m'être fait un auto-high-five dans ma tête, je me concentrais un peu sur la conversation, qui tournait un peu trop autour de moi d'ailleurs. Vieux et moche ? Je serai jamais vieux et moche, je compte rester beau gosse jusqu'à 80 ans moi tu sais. Je m'imaginais aller en boite ou draguer dans des bars en déambulateur ce qui me fit éclater de rire. Trève de plaisanterie, si c'est ça qu'il faut pour être dans tes bonnes grâces alors je ne me plaindrai plus d'être un vieux grincheux dorénavant. Un léger sourire en coin était apparu sur mon visage. C'était tellement facile et naturel de parler avec elle que ça en devenait déconcertant. Tu comptes aller au Spring Break à Hawaï ? Je me disais que si tu y étais... et que moi j'y étais aussi... on aurait pu... je sais pas.. prendre un verre, ou ce que tu veux. Je n'y allais pas par quatre chemins sur mes intentions, il fallait parfois prendre des risques quitte à se prendre une veste.

Elle m'exaspérait à avoir réponse à tout. C'était impossible d'avoir le dernier mot avec elle, et pourtant c'était pas faute d'essayer. J'étais sensé être doué pour manier les mots mais là, face à elle, j'avais du mal à être au top de mes capacités. Un grand sourire, peut-être un peu trop satisfait vint se dessiner sur mon visage lorsqu'elle répondit trop vite à ma question. Si ça peut te rassurer, moi non plus j'ai personne en ce moment. Ma dernière relation a été disons... assez auto-destructrice. On s'aimait, mais c'était juste trop étouffant, trop compliqué. Enfin une relation quoi. Je haussais les épaules me rendant compte que finalement ma vie était peut-être plus banale que je voulais bien le prétendre. Je levais mon café à son espèce de proverbe improvisé. C'est vrai que j'avais toujours eu un petit faible pour les femmes plus mûres à l'époque où j'étais barman, mais bon, y avait rien de tel que les petites étudiantes en manque pour se satisfaire pleinement. En tout cas physiquement parlant. Je pris une gorgée, l'écoutant à son tour me confirmer qu'elle venait elle aussi au spirig break. Si tu commences à me donner carte blanche attends toi à ne pas beaucoup dormir alors. Je lui fis un clin d'oeil qui se voulait moins pervers qu'il en avait l'air. Je suis sûr qu'on trouvera de quoi s'occuper une fois sur place, j'ai entendu dire qu'il y avait de superbes excursions, musées... l'air faussement sérieux je me mis à rire immédiatement. Evidemment je rigole, on va là-bas pour picoler, larver sur la plage et... s'amuser. Qui sait, tu ne reviendras peut-être pas célibataire. Je glissais ça comme ça, encore une fois pas du tout subtilement.