Je dois te parler [Reaghan]

Les fêtes de fin d'année étaient passées et je me retrouvais à nouveau chez les Quincy. Je me trouvais dans ma chambre pour bosser sur mon devoir de civilisation américaine. Ce devoir me plaisait mais il y avait tellement de choses à dire que je ne savais pas quoi mettre et quoi éviter... J'étais assise au bureau, près de mon lit. La fenêtre était juste devant moi et je pouvais voir l'avenue menant à l'entrée de la Quincy House. Il avait encore un peu neigé mais cela n'empêchait pas les étudiants de sortir dehors pour vaquer à leur occupation. Je reportais mon attention sur le livre qui était devant moi. Aujourd'hui je me sentais encore toute courbaturée. Je n'étais pas au meilleur de ma forme ces derniers temps et je savais ce que cela signifiait. Mais je n'étais toujours pas décidée à parler à Andy. Je n'avais pas envie qu'il pense que je sois venir vers lui, pour une unique chose. J'étais dans mes pensées quand mon téléphone qui était posé sur le bureau, vibra. Je le pris en main et je découvrais un message de Wendy. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas vu. J'acceptais sa proposition pour se voir et quelques minutes plus tard, la Dunster se retrouvait dans le hall des Quincy. Je venais bien sûr à sa rencontre. J'avais reporté mon devoir de civilisation à plus tard. C'était pour la semaine prochaine, j'avais encore le temps de le travailler. J'esquissais un sourire en la voyant bien qu'elle me semblait pale à première vue. « Salut! Contente de te voir. Oui ça va et toi? Viens, j'ai préparé deux bons chocolats chaud avec des biscuits à la cannelle qui n'attendent que nous. » Je prenais doucement le bras de mon amie et la conduisait à la cuisine des Oranges.

« Super alors, suis moi! » Je lui souriais gentiment tout en prenant son bras. Je traversais le grand salon des Quincy pour arriver à notre petite cuisine. Enfin petite était un euphémisme. Elle était plus grande que ma chambre à l'étage. J'invitais Wendy à s'asseoir sur l'un des tabourets autour de la table, puis je prenais le thermos que j'avais préparé quelques minutes plus tôt avant que je ne démarre mon travail de civilisation. Je prenais deux mugs et les remplissais d'un bon chocolat fumant à la douce odeur de cannelle. J'en donnais un à la Dunster avant de refermer la bouteille et de la ranger dans le placard qui m'était attribué. « J'espère que tu vas aimer. » Puis je prenais un tuperware et je l'ouvrais. Des bons gateau au chocolat et à la cannelle en forme de bonhomme le remplissaient. J'en donnais un à Wendy tandis que je prenais place à ces côtés, à la grande table des Quincy. Je prenais mon mug et je buvais une gorgée de chocolat. J'adorais ce genre de moment de détente où je ne faisais que profiter de ceux qui étaient à mes côtés. Je croquais un morceau de gâteau qui fondait en bouche et j'ajoutais. « Alors, quoi de neuf depuis la dernière fois. » Je la trouvais un peu pale. Mais en même temps, elle aurait pu me retourner la réflexion. Je mangeais mon gâteau tandis que mon regard se perdait sur la brunette.

Spoiler:

Cela me faisait plaisir de voir Wendy. Ça faisait un moment que l'on ne s'était pas vu. Et puis sortir un peu la tête de mes bouquins allait me faire du bien. Je travaillais beaucoup en dehors des cours. Je ne voulais pas rater mon année parce que je savais que la bourse que l'on m'avait attribué, me serait retiré. Et puis, j'aimais beaucoup ce que j'étudiais alors je travaillais durement pour avoir d'excellentes notes même si je ne savais pas encore vraiment ce que je voulais faire après cette année. Enfin, si j'avais encore une année devant moi. Le journalisme me plaisait toujours. Mais j'étais aussi tenté à suivre un cursus en mode. Mes créations s'étaient bien vendues et je me demandais si je pouvais vraiment en vivre... Bref, je reportais mon attention sur la Dunster qui se trouvait près de moi. Je souriais à ces propos, goûtant à mon tour un peu de chocolat et un morceau de gâteau. Puis je relevais mon visage sur elle quand elle m'avoua qu'elle était malade. « Malade » cela voulait tout dire et ne rien dire à la fois. On peut être malade, avoir un rhume, le nez qui coule ou cela pouvait être plus sérieux. Mais à voir la mine de Wendy, je comprenais qu'il s'agissait de la seconde hypothèse. Oh... C'était surement la raison de sa venue chez les Quincy. Je buvais une gorgée de chocolat, attendant de voir si elle voulait poursuivre sa phrase ou non. « C'est-à-dire? » Je l'observais, ne cherchant pas du tout à la pousser. J'attendais qu'elle parle d'elle même, qu'elle emploie ses propres mots, qu'elle fasse sa propre formulation.

Spoiler:

Les mauvaise nouvelles, j'avais l'habitude. C'était plus difficile quand elles mettaient en cause, des amies proches avec qui j'avais un bon feeling, avec qui je m'entendais bien. Je savais que trop bien que la main du Destin s’abattait sur un individu, c'était toujours par hasard. C'était un peu comme le poker. Parfois, on avait une bonne main et à d'autres moments, on se demandait si vraiment on avait une bonne étoile. Chaque événement qui s'est présenté à moi, je l'ai pris comme une étape. Et j'ai franchi chacune de ses étapes. Certaines sont plus dures que d'autres, mais elles peuvent toutes être franchies. J'en avais la certitude. Je posais mon regard sur Wendy et je savais, avant même qu'elle n'ouvre la bouche, qu'un sujet douloureux allait être abordé. Je l'observais en silence, la laissant parler, choisir ses mots, me dire tout ça, à sa façon. Je soupirais intérieurement à ses paroles. Je venais poser ma main sur la sienne pour la réconforter. Ce n'était nullement de la pitié. Je la refusais alors je n'allais pas en dispenser aux autres. Je laissais un silence s'installer avant de dire: « Cela explique certaines choses oui... » Je n'avais jamais parlé de ma maladie à Wendy. Parce que ce côté de ma vie, j'en parlais le moins possible, justement pour ne pas que les gens changent à mon contact à cause de ça. Peu de personnes étaient au courant et je voulais que ça continue. J'ajoutais ensuite: « Mais tu sais que ça se soigne bien si c'est pris à temps, tu as plus de 70% de chance de t'en débarrasser. » Elle devait surement se demander comment je connaissais ces « statistiques ». Je la regardais à nouveau avant d'avouer. « C'est ce que mon cancérologue m'a dit... ». Je lui fit un léger sourire. Les chances de guérir étaient là, même pour moi. Pour Wendy et pour moi même je voulais être confiante.

Je pouvais comprendre ce que ressentait la jeune femme, parce que j'étais dans la même situation qu'elle. Quand j'ai appris ma leucémie, je n'étais qu'une gamine de douze ans. J'étais paumée et je ne pensais pas que ma maladie pouvait être mortelle. Ou peut-être y faisais-je déjà abstraction. Mais ma mère, elle, s'était renseignée. Elle avait épluché tous les livres de la bibliothèque municipale. Elle avait également posé des tas de questions à mon hématologue. Bien sûr, ce dernier lui avait tout expliqué. Et j'étais là, j'avais tout écouté. Je n'avais pas compris la totalité de tous ces mots barbares. Mais j'avais compris que c'était sérieux et qu'à partir de maintenant, j'allais devoir faire attention. Toutefois, j'avais eu la chance d'avoir un très bon médecin qui pensait à ses patients. Il m'avait rassuré. Et si je pouvais rassurer Wendy sur certains points, je voulais le faire. Elle venait d'apprendre la nouvelle et je ne doutais pas que cela devait être difficile pour elle. J'étais donc contente qu'elle se soit dirigée vers moi pour parler de sa maladie. A ses mots, j'esquissais un léger sourire, haussant doucement les épaules. Je ne savais pas ce qu'il allait advenir mais une chose était certaine, je ne voulais pas baisser les bras. « J'en suis persuadée. » Je buvais une gorgée de chocolat avant de reprendre: « Personne ou quasiment est au courant... » Et je ne voulais pas qu'elle ébruite le fait que j'avais un cancer. Je le gérais bien depuis mon arrivée, je voulais que cela continue. « Mais je suis contente que tu sois venue m'en parler. Maintenant, les médecins vont pouvoir agir. Qu'est-ce qu'ils t'ont dit? »