WINTHROP - défi Némésis n° 1

C’est le noir complet depuis des heures. Je transpire. Mes poignets me brûlent. Mes mains sont engourdies. Je continue de m’agiter et de vouloir briser mes liens, en vain. Dans mon malheur, je ne suis pas seule. Trois autres filles m’accompagnent, Arizona, Aymalyne et Maxine. Les murmures se fracassent contre les murs. On élabore des plans. On émet des hypothèses sur nos ravisseurs. Et cette bande sonore qui n’arrête pas de tourner en boucle m’rend folle. Je suis sur le point de dérailler complet. J’perds la tête. Je m’assoupis, comme si mon cerveau avait besoin de cette pause pour se régénérer de tout le stress qu’il venait de subir. Soudain, de la lumière percute mon bandeau et m’éloigne de mon rêve. Mes paupières clignent et s’ouvrent. Quelqu’un approche. Ma respiration s’accélère. Je me rapproche des filles et c’est la voix d’Hades qui se fait entendre. C’est lui qui a organisé tout ça ? J’peux pas y croire. Je pleure, mais c’est plus de la colère. Je suis impuissante dans cette position. C’est bas, très bas comme attaque. Je me mords les joues et secoue ma tête pour essayer de me débarrasser de mon bandeau, mais ce con est bien serré. Il reste en place et ce n’est qu’Hades qui pourra l’ôter. Aucune agression. Il semble même inquiet ? J’y comprends plus rien. Mon regard flou se perdant dans le sien, j’acquiesce et n’arrive à prononcer aucun son. Je me laisse libérer et me relève en titubant. « Il n’y avait que des hommes .. » que je marmonne en découvrant mes poignets ensanglantés. Le second de DBS est aussi dans la place. Beaucoup moins de compassion sort de sa bouche, bien au contraire. Le ton monte entre les nanas et lui-même. Une gifle part dans la gueule d’Abelard de la part d’Arizona. Je réagis même plus. Je suis sous le choc. Tout me paraît irréel. Une brune contre attaque contre Aymalyne. C’est comme si rien ne nous était arrivé. Ils reprennent leurs disputes habituelles. Je m’écarte du groupe. Je ne me mêle pas de ce qui ne me regarde pas, l’essentiel, c’est qu’on soit libre. Je m’en fous si Abelard fait du Abelard. C’est sa façon d’être, je relève plus. La preuve, il me demande comment je vais, c’est un miracle. « Tout va bien les mecs, tout va bien. » Deux princes autour de moi, je crois que je rêve encore. Non, je suis bien dans le monde réel, mais je me sens absolument anesthésiée. « Eum, je vous remercie, je vais .. je vais monter et on se reparle de tout ça bientôt. Prenez soin de vous » Le corps en miettes, je grimpe tout doucement les marches et fuis l’attroupement. Je sors par une porte plus discrète, sans attendre les secours. Je disparais. Je m’éclipse. Je décide de cesser d’exister pour quelque temps, le temps que je me retrouve entièrement et que je retrouve le chemin que je souhaite emprunter.