LOVE VANCOVE ► Caitlin Stacey

caractèreAu premier abord je peux avoir l’impression d’être quelqu’un d’assez mystérieux, je parle plutôt peu et même les gens qui me connaissent le mieux comme ma mère serait capable de dire qu’on ne sait jamais quelle réaction je vais avoir, cela sans doute dû à mon histoire de vie. Si je reste mystérieuse, je ne me décrirais pas comme timide, je suis plutôt quelqu’un qui peut discuter mais si on va vers elle. Une fois cette étape franchit je peux rapidement sembler sympathique en façade mais il est plus compliqué de savoir ce qui se cache derrière tout cela. En effet je peux réagir très calmement à une situation et partir en crise dans les quelques minutes qui suivent, des crises violentes où je suis absolument dans tout mes états et je suis capable de casser des objets. Douce, je me révèle entièrement en présence d’animaux à qui je fais bien plus confiance qu’aux hommes. Même si je peux avoir des crises de violences je ne ferais jamais de mal à personne, ce sont des moyens d’extérioriser ma colère. Je suis une personne assez déterminée qui fait tout pour réussir ce qu’elle entreprend et je suis aussi une personne d’une grande gentillesse et d’une grande générosité.  

admission à harvardJe ne pensais pas faire mes études à Harvard. Même si mes parents habitaient proche de cette université je n’y ai jamais pensé. D’abord parce que je venais d’une famille modeste et aussi parce que je ne savais pas si je ferais des études prestigieuse. Cependant après mes années de captivités et ma remise à niveau de deux ans ainsi que l’important gain d’argent que j’ai obtenu en dommage à intérêt m’offrant la possibilité de faire des études très couteuse. J’ai rempli mon dossier avec enthousiasme mais sans trop y croire, pourtant je suis à ma grande surprise accepté ayant eu c’est vrai des bonnes notes auprès de mes professeurs.

story of my lifeMa vie commence à Harvard, en 1998. Lorsque des étudiants d’origines françaises Edouard Montespand et Livia Vancove se rencontrent à l’université. Rapidement ces deux expatriés en raison de leurs études se trouvent de nombreux communs et une histoire d’amour née entre eux. Ils sont très jeune quand ma mère apprend être enceinte. Une grossesse pas vraiment attendu mais que ma mère décide d’assumer. Mon père est plus réticent quant au fait d’avoir un enfant en plein pendant leurs études. Livia rêvant d’avoir un enfant, n’a pas pu accepter l’idée d’avorter. Ils ont donc trouvés un compromis : mon père continuerait ses études tandis que ma mère travaillerait pour gagner de l’argent. Ma mère a donc fait le sacrifice d’abandonner ses études et à trouver un travail à l’intérieur de l’université ce qui facilitait les choses avec mon père qui étudiait toujours là bas.
Petite je n’ai aucun mauvais souvenir, plutôt des bons, on me disait toujours que j’étais la copie conforme de ma mère, que je lui ressemblais beaucoup. Mon père même si il était beaucoup pris dans ses études s’occupait bien de moi. Je me rappelle que nous allions souvent au manège ou au restaurant tous les 3 quand j’étais toute petite, c’était les premiers souvenirs de mes parents et les derniers d’ailleurs d’eux réunis. Car rapidement ce petit bonheur familial allait voler en éclat plus vite que prévu. C’est un dimanche que ma vie bascula pour de bon, un dimanche de vacances scolaires puisque mon père et ma mère étaient avec moi. Cela devait être un jour de fête, ou de carnaval mais je me rappelle que sur la place principale de la ville il y avait énormément de monde. Beaucoup de choses pour les enfants, des manèges, des vendeurs de glace, des stands de pêche aux canards, tous les enfants adoraient ça. Et bien sûr moi aussi, j’adorais particulièrement un petit manège ou seul les enfants pouvaient aller et je me mettais toujours dans une petite voiture rouge. Ce jour là j’avais pris le même véhicule que d’habitude mais il y avait tellement de monde que je me rappelle qu’en tournant dans le manège j’avais du mal à distinguer mes parents qui m’attendaient sur le bord. Quand le manège fut terminé, je me rappelle qu’il eu un mouvement de foule et que je pris la main d’un adulte avec difficulté. Je pensais qu’il s’agissait de la main de mon père du moins cela y ressemblait mais un sentiment de peur s’échappa de moi en constatant que ce n’était pas lui. Je tournais la tête à droite et à gauche regardait tous les adultes autour mais il n’y avait pas mon père, ni ma mère, juste cet adulte qui me conduisait à travers la foule. Je me rappelle que j’ai du prononcer deux ou trois fois maman et papa mais qu’avec ma voix d’enfant personne ne m’a vraiment entendu. Et rapidement j’étais dans une voiture noire au vitre tintée qui m’emmenait je ne sais pas où.
J’avais 5 ans à cette époque, mon ravisseur me priva ensuite de toute liberté d’entendre la radio ou la télévision. Bien sûr il y eu des affiches avec ma photo, bien sûr il y eu sur toutes les chaines une alerte enlèvement et bien  sûr la police interrogea toutes les personnes qui avaient vu quelque chose. Moi, lorsque le chemin fut terminé, je me retrouvais dans la cave d’une maison au confort sommaire qui deviendrait ma prison. De cette pièce on ne pouvait pas sortir, la seule personne qui pouvait ouvrir la porte c’était mon ravisseur que j’appellerais X.
X ne travaillait qu’a mi-temps, en tout cas, il était toujours à la maison. Mais je n’étais pas toujours avec lui. Tout était ritualisé avec cet homme, le matin il m’apportait le petit déjeuner et des « devoirs », il a toujours pris le soin de m’apprendre ce que j’aurais pu apprendre à l’école. Il me faisait lire, calculer, comme un bon professeur et d’ailleurs je me suis toujours fait la réflexion, même enfant qu’il était loin d’être idiot pour m’apprendre toutes ces choses. X me déposait ensuite à 12h30 un plateau repas avec deux dvd pour l’après-midi. Ma télévision ne me montrait pas des actualités ou ne me reliait pas avec l’extérieur. Non la seule chose à laquelle j’avais accès c’était les dvd qu’il me donnait.
Je regardais donc cela jusqu'à 17h30 environ et il rentrait. Parfois je ne regardais pas le second dvd, parfois j’écrivais, des longues pages de roman fantastiques, d’histoires, de poèmes pour me sortir toute cette histoire de la tête, c’était ma façon d’avancer. Je n’avais aucun contact avec lui jusqu’au repas du soir qui était le moment le plus détestable. Il venait environ à 19h00 au sous sol, ouvrait la porte et je pouvais avoir accès à une pièce à côté plus grande, il y avait une petite fenêtre vers le plafond où on voyait l’extérieur. Dans cette pièce nous faisions à manger, bien souvent il me donnait des ordres et après nous dinions. Quand j’étais très petite j’allais ensuite me coucher seule, quand j’ai commencé à avoir mes règles à l’âge de 12 ans, quelque chose comme ça, il avait déclaré que j’étais une femme et que je devais faire des choses de femme. A partir de cet âge donc et à la fin de presque tous les repas il me violait sur le canapé de cette pièce avant que je puisse rejoindre ma chambre où il m’enfermait pour dormir.
Pendant ce temps là, je n’avais aucune idée de ce qu’était devenu mes parents, est ce qu’il me cherchait ? Ma mère Livia, ne cessa jamais de me chercher, voilà pourquoi je porte son nom aujourd’hui. Mon père lui, peut être pour moins souffrir décida que j’étais sans doute morte et qu’on ne me retrouverait pas vivante. Mes parents se séparèrent un an après ma disparition et mon père se maria avec une autre femme avec qui il eut d’autres enfants tandis ma mère continuait ses recherches avec acharnement.
X était une personne que je détestais du plus profond de moi, mais pour laquelle aussi j’avais une forme d’attachement singulier. J’apprendrais plus tard qu’il s’agit du syndrome de Stockholm, il me nourrissait, c’était la seule personne que je voyais et comme un être humain ne peut vivre sans sentiment et amour autour de lui, il développe parfois des liens étranges. Voici ce qu’avait expliqué mon premier psychiatre. Malgré tout cela j’avais dès mon plus jeune âge eu envie de partir de cette maison que je détestais, de cette chambre que je maudissais et de cet enfer qu’il me faisait subir. X avait un peu de confiance en moi et je crois qu’il m’appréciait, surtout depuis qu’il avait des relations sexuelles avec moi, parfois, il voulait me « récompenser ». Il m’emmenait donc dehors, à l’extérieur, il me tenait fermement la main tout le long de la ballade dans le petit village qu’il habitait.
Je me rappelle bien des détails de la place où nous finissions notre tour à pied systématiquement. Il y avait une vendeuse de glace, un préau avec chaque mois différente exposition de peintures et d’œuvres diverses et un tobogan. J’avais donc compris en venant là que le village dans lequel nous habitions était vraiment petit. Nous venions seulement le dimanche, et pas tous les dimanches, et quand je me promenais je n’avais pas encore l’impression d’être libre car il me tenait fermement la main, pourtant je savais que si je voulais agir, ce serait a ce moment là.
J’avais tout préparé alors, quand je compris comment il fallait faire, j’avais déjà 16 ans quand j’écrivais sur un petit papier « Je suis Love Montespand, enfant disparu et prisonnière de l’homme avec moi depuis 11 ans. Comme tous les dimanches nous allons aller sous le préau voir l’exposition, nous en avons pour 15 minutes. Aujourd’hui je vais le convaincre d’aller acheter une glace, je vous supplie d’appeler immédiatement la police afin qu’il arrive avant la fin des 15 minutes sinon je rentrerais encore chez lui, dans cet enfer. Si vous avez le moindre doute, taper mon nom sur internet, vous verrez que je suis portée disparue ». Le plan était bien rôdé, et j’avais mis le papier dans ma poche. Quinze jours après que celui-ci fut écrit mon ravisseur m’annonça fièrement que j’aurais droit à ma balade le lendemain. Le lendemain comme prévu donc nous faisions une ballade dehors et une fois arrivée devant la marchande de glace je suppliais X d’avoir un peu d’argent pour acheter le cornet. Il hocha la tête et me donna 2 dollards. J’étais si heureuse d’avoir ces deux dollards, je les mis dans ma poche avec le papier et je donnais le tout à la vendeuse qui ne le remarqua pas de suite.
Comme d’habitude ensuite nous faisions le tour du préau et c’est alors que j’entendis les policiers arrivaient. Immense soulagement. Mon ravisseur ne comprit pas tout de suite ce qu’il lui arrivait, il me fit même de la peine, il me demandait si j’étais malheureuse avec lui en rentrant dans la voiture de la police. Il ne se rendait pas compte de son comportement. Evidemment la police me posa des tonnes de questions et j’étais obligé de tout raconter. Plus tard les médias aussi raconteront toute ma vie et mon nom sera connu partout, raison pour laquelle j’en ai changé.
Et puis ce fut les retrouvailles avec mes parents, ma mère était dans une immense joie et mon père lui n’en revenait pas. Il ne crut jamais à ce retour, comme si j’avais trop changé pour que je sois sa fille et encore aujourd’hui j’ai l’impression d’être une étrangère. Ma mère me gâtait beaucoup ; beaucoup trop. Je vis avec elle et je pris son nom après le scandale dont j’avais été victime. Mon agresseur fut condamné à me verser beaucoup d’argent et aussi à mourir. J’ai trouvé cela triste qu’on le condamne à mort chose que ma mère n’a pas comprise.
Lorsque je suis revenue chez moi à l'âge de 16 ans, une sorte de programme de "re-sociabilisation" . Comme je ne souhaitais pas forcément être en psychiatre 24h/24 j'allais en hôpital de jour le matin et en remise à niveau dans une classe spécialisé l'après midi.
Ce programme me permit de savoir que j'avais eu des apprentissages a peu près correcte de la part de mon bourreau, élève sérieuse, j'apprenais mes cours avec attention et avait des bons retours de la part des professeurs. Avec tout l’argent reçu par mon ravisseur en dommage à intérêt je pris la décision de faire un dossier pour Harvard où j’étudie la médecine vétérinaire et les études de la femme depuis plus de 3 ans.