I'm still with you || Apple & Dylan

J'ai beaucoup de mal à me rappeler ce qui s'est passé lors de ce gros bordel dans le pub. Lorsque je me réveille, l'environnement ne me plait pas du tout. Une chambre d'hôpital sinistre, un énorme bandage autour du crâne et cette infirmière qui vient me foutre son truc lumineux dans les yeux alors que je suis à peine réveillé. Si mes pensées vont directement à Sheryn dont je ne sais absolument rien pour le moment, mon inquiétude elle, est dirigée vers ma petite sœur de cœur dont je me rappelle l'état très préoccupant. Je repousse gentiment a demoiselle qui me dit de rester allonger, je ne l'écoute et file à l'accueil pour demander dans quel chambre tu te trouves puis je m'y rends sans attendre une seule seconde. Je suis obligé de poser une main sur le mur, de prendre appui pour ne pas tomber comme un con, le tournis étant encore un peu présent. Je parviens devant ta chambre de la quelle je pousse la porte et je vois ton corps en sale état sur le lit. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine en m'approchant d'un peu plus près alors que tu semble dormir paisiblement, parfait contraste avec ton état physique. "Oh Apple...", dis-je tout bas avant de venir prendre ta main dans la mienne et que j'ai beaucoup de mal à maintenir le regard sur ton corps. "Je suis désolé sis', j'ai pas su te protéger, c'est de ma faute.", exprimais-je tous les remords qui m'assaillent désormais.  

Tout s’est passé tellement vite. Je n’ai pas envie de me souvenir et pourtant, depuis que je me suis réveillée sur ce lit d’hôpital, j’ai cette scène dans ma tête. Constamment, je revois ce bar, les gens affolés, et je me revois tombée et bloquée. La douleur me le rappelle aussi, quand les flashs ne s’imprègnent pas de mon esprit et me laissent un peu tranquille. La dose de médicaments est tout de même bien forte mais je n’ai pas envie de tomber là-dedans. Je sais que Dylan était présent mais je l’ai vu, lui aussi, tomber comme une masse à un moment donné. Je songe à lui depuis le 20 Janvier. Je n’ai plus rien su ni vu du 19 Janvier après avoir fermé les yeux au bar alors que Raleigh était lui aussi près de moi. Les médecins m’ont dit que j’ai eu beaucoup de chance. Oui, on peut dire çà comme ça, car oui, je suis vivante et je m’en sors bien mais je vais devoir rester un petit peu à l’hôpital histoire de voir comment ça se passe pour moi. Je n’ai pas encore de nouvelles de mon frère de cœur et je m’inquiète. Je ne sais pas non plus comment va Sheryln, ni même Andrew. Je n’ai pas touché à mon téléphone depuis que je suis là, sauf pour répondre aux messages que je peux recevoir. Les yeux clos, je me repose comme je peux et quand la douleur me laisse un peu de répit. Je vois finalement Dylan et je ne peux m’empêcher de me mettre à pleurer en le voyant. ne t’excuse pas souffle-je à mon frère de cœur tu n’as rien à te reprocher, c’est pas de ta faute il n’est coupable de rien, il a été là jusqu’à ce que ses blessures le lui rappellent comment tu vas ? je t’ai vu tomber..

Son regard vient se poser sur moi et je ne peux supporter de la voir en pleurs alors que je lui dis être responsable. Elle a beau me dire le contraire, j'ai beaucoup de mal à m'ôter de la tête que si je ne l'avais pas abandonné ne serait-ce que quelques minutes, j'aurais pu la pousser et me prendre cette merde sur la gueule à sa place, me retrouver dans ce lit d'hôpital. "Tu me considère comme ton grand frère Apple, j'aurais dû te protéger, mais j'étais partis je ne sais où...", exprimais-je une nouvelle fois mes remords sans poser mes yeux sur la jeune femme, sans parvenir à me souvenir ce que j'étais partis faire à ce moment là, serrant ta main dans la mienne. "J'ai pris un gros coup à la tête, ouverture du crâne, je vais avoir une belle cicatrice. J'ai encore un peu le tournis mais ça va.", répondais-je à la brunette quand elle me demande si je vais bien, prenant conscience que je lui ai caché mon état durant cet attentat. Je ne voulais pas l'inquiéter, tout simplement, mais cela a dû être bien pire quand je me suis écroulé au sol, inconscient. Je n'ose imaginer l'inquiétude que je lui ai fait subir à ce moment là. Clairement, il y a de fortes chances pour que la petite sœur m'engueule  sur ce coup là, et je le mériterais amplement. Mon regard se pose enfin dans ses yeux humides avec un air gêné et coupable, mon pouce passant sur sa joue pour essuyer une larme qui coulait.S'il te plait, ne m'en veux pas Apple, j'ai fait ce que je pensais le mieux, puis je me suis lamentablement trompé. Tout est partis de travers...

L’année avait pourtant bien commencé, mais non, il a fallu deux semaines après 2019 se soit annoncé, pour que quelqu’un vienne tout bousiller. Je ne suis pourtant pas du genre défaitiste mais là, je crois que j’ai assez donné. Mais je dois m’estimer chanceuse car beaucoup ont péris dans l’attentat qui s’est déroulé ce jour. C’est difficile, il faut surmonter çà mais je crois que ce que j’ai vu avant de fermer les yeux et de me retrouver à l’hôpital m’a vraiment vacciné à vie. Je ne pourrais pas m’enlever les images que j’ai, même très brèves. C’est difficile et il faut vivre avec. Mais encore une fois, je suis en vie, et çà n’a pas de prix. oui, t’es mon grand frère, même quand tu ne peux pas forcément me protéger. Je ne t’en voudrais jamais tu le sais ? Et tu ne dois certainement pas t’en vouloir non plus. Tu as été touché toi aussi et tu as déjà fais tout ce que tu pouvais avant de tomber. Tu m’as aidé et j’aimerai qu’il le sache. Parce que c’est la vérité. Même si Raleigh est resté auprès de moi après qu’il ait sombré, il m’a beaucoup aidé en étant là au départ. Je ne suis jamais resté seul et j’en suis vraiment heureuse. J’ai eu la compagnie dont j’avais besoin en attendant les secours. Je lui souris. Je n’ai qu’une envie à présent, le serrer dans mes bras et pouvoir marcher correctement de nouveau. Il me faudra un peu de rééducation mais je sais que çà ira. toutes les femmes aiment les hommes avec une cicatrice j’essaie un petit peu d’humour alors repose toi quand même hein, mais tu es déjà beaucoup moins blanc car oui, avant qu’il s’écroule, il est devenu tout blanc. je t’aime mon dylan, n’en doute pas d’accord, maintenant, je vais devoir surtout compter sur toi pour ma rééducation

C'est étonnant le contraste intérieur en moi ces dernières heures, d'un coté la tristesse de cet événement horrible, l'horreur des images qui resteront gravé dans la tête et surtout la culpabilité de te voir dans cet état là Apple. De l'autre, cet éditeur qui a adoré le début de mon roman et qui est carrément prêt à me financer un voyage autour du monde pour me permettre de trouver l'inspiration afin de terminer mon bouquin. De plus en plus, je me dis que j'aurais peut-être dû t'en parler avant alors que tu me dis que je ne dois pas m'en vouloir de ne pas avoir su éviter ce qui t'arrives, de te retrouver dans ce lit d'hôpital. Mais le coup au cœur arrive quand tu me demandes d'être présent pour toi Apple, ce que je ne pourrais pas faire bien évidemment si je pars en voyage. J'en viens même à remettre ce voyage en question, à me demander s'il ne vaut mieux pas rester auprès de ceux qu'on aime, de ceux qui ont besoin de moi plutôt que de te tenter de réaliser un rêve qui ne se réalisera peut-être pas. Dans un premier temps, je te dois au moins la vérité: "Je vais partir en voyage Apple, un éditeur a adoré mon roman et il me finance un voyage à travers le monde pour que je le termine, il croit que ça peut être un succès.". Je baisse les yeux parce que je ne veux pas affronter ton regard et y voir la déception. Fixant le sol, je finis par dire tout bas: "Je suis désolé Apple...".

J’en ai marre d’être dans ce lit d’hôpital. Je préfère ma liberté et pouvoir faire ce que je veux de mes dix doigts. Je ne peux rien faire, je me fais chier, mais je suis obligée de rester dans ce lit. Je fais des cauchemars la nuit, pas toutes les nuits, mais la majorité des nuits depuis ce qu’il s’est passé. Je ne pensais pas être témoin d’une telle horreur un jour et pourtant, je sais que les Etats-Unis sont réputés pour toutes les tueries. Mais, Californienne de naissance, je n’ai jamais rien vu de tel. J’aime ce pays, et je sais que çà peut se passer partout, mais je ne sais pas, je suis perdue, et si je n’avais finalement pas ma place ici ? En tout cas, il est clair, que je n’ai pas ma place dans ce lit d’hôpital malgré les blessures que j’ai. Dylan est venu et çà me fait plaisir de le voir. Heureusement, il va mieux car le voir tomber devant moi, m’a vraiment fait mal. J’étais impuissante à ce moment là et je le suis toujours dans ce lit. J’ai besoin de lui, j’ai encore pas mal de choses à faire avant de pouvoir enfin marcher correctement. Me cœur se serre et je le sens commencer à se briser une fois qu’il me dit qu’il va partir faire un tour du monde. Je crois que c’est la dernière chose à laquelle je m’attendais… je le vis mal, très mal. Je fais tout pour ne pas pleurer. Il ne me regarde même pas. Il a honte et je commence à être en colère. Il est désolé… j’aurais été tellement contente pour lui dans d’autres circonstances, mais là, j’ai le cœur brisé.

Il y a très peu de gens à qui je tiens assez pour ne pas avoir envie de voir la déception dans leurs yeux. Ma famille en fait bien évidemment partie, et Apple fait bien évidemment partie de cette famille, parce que c'est ma petite sœur de cœur. Celle que j'ai promis de protéger coûte que coûte, et pourtant, je me résigne à la laisser dans cet état pour partir réaliser mon rêve. Si je baisse les yeux présentement, c'est justement pour ne pas voir cette déception dans son regard. Mais après quelques secondes, je suis bien obligé de m'y faire et je relève la tête vers elle. Si je peux effectivement y voir de la déception, je décèle aussi de la colère que je n'ai jamais vu dans ses yeux quand elle me regarde. Ses yeux posés sur moi me font très mal, me font culpabiliser au plus haut point, je pourrais presque envisager de ne plus partir avec ce simple coup d’œil dans ses prunelles. Seulement, ce rêve n'est pas seulement pour moi, si je parviens à le réaliser, je pourrais sortir mes parents et mes sœurs des quartiers pourris de Boston, je leur achèterais un appartement digne de ce nom, leur offrirait une meilleure qualité de vie. "Je suis désolé Apple, il faut que je le fasse", redis-je une nouvelle fois dans l'espoir qu'elles comprennent mes motivations. Mais je peux tout à fait comprendre sa déception.

Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre. Je ne sais même pas si je pourrais vraiment lui pardonner de me faire ça. C’est au moment ou j’ai le plus besoin de lui, au moment ou son ex est enceinte, qu’il s’en va et qu’il nous laisse comme ça. Qu’il me laisse. Je ne sais pas si je suis en colère, si je suis déçue ou bien tout à la fois mais je n’arrive même pas à parler. Mon coeur est bien trop brisé, ma gorge serrée. Si je pouvais, je sortirai de ce lit d’hôpital et je partirai. Le laissant là, et le laissant faire son putain de tour du monde. Je le regarde, alors que lui n’a même pas la décence de me regarder dans les yeux alors qu’il vient de m’apprendre cette nouvelle. En temps normal, je serai tellement heureuse pour lui, tellement fière de lui, mais là, je suis un peu égoïste sur les bords et j’attendais bien mieux de mon grand frère de coeur. Je déglutis, j’ai la gorge sèche. Je commence à sentir les larmes perler sur mon visage. Elles ont fini par passer la barrière que je m’étais mise. Je ne peux pas les contrer, elles sont malheureusement beaucoup plus fortes que moi. il faut que tu le fasses ? lui demande-je, pas certaine d’avoir bien entendu. il faut que tu le fasses ? je reposes la question regarde moi putain ! T’es même pas capable de me regarder pour me dire que tu te casses. Comme ça, au pire moment ? Au moment ou j’ai le plus besoin de toi ? Tu te fou de moi ? Et t’as pensé à sheryln ? j’ai envie de lui dire qu’elle est enceinte Dylan, j’ai jamais mais vraiment jamais été déçue de toi même quand tu faisais les pires conneries, mais là, je suis vraiment déçue. je soupire, je suis énervée.

Je l'ai sentis venir de très loin... Dès le moment où elle m'as dit qu'elle aurait besoin de moi, j'ai sentis que j'aurais le droit à une engueulade de la p'tite sœur. Je lève les yeux quand elle me dis froidement de la regarder et je comprends que ce ne sera pas la petite dispute, mais bien l'une de celle qu'on peut ranger dans les catégories des très sérieuses. Sheryln ? Crois moi que ce n'est pas à elle que je pense le plus présentement, je ne suis même pas sûr que je lui manquerais, elle semble persuadée que je ne la respecte. Dernièrement, j'ai tendance à en conclure qu'elle sera bien mieux sans voir ma gueule pendant un moment. "Apple...", lui dis-je alors qu'elle continue son sermon avec les larmes coulantes sur les joues, m'assénant le pire des coups quand elle me fait savoir qu'elle est pour la première fois très déçue. Je la regarde, elle me fixe sévèrement et je ne sais pas quoi dire. Je pense à pleins de choses, de nombreuses réponses qui ne conviendront surement pas. C'est pourquoi je me contente d'ouvrir la bouche, sans qu'aucun son ne parviennent à sortir. Je soupire et finis par lui demander: "Tu veux que je sorte de ta chambre sis ?". Si tu me réponds positivement à cette question, je le prendrais très mal mais je l'accepterais, parce que tu as tout à fait le droit de m'en vouloir. J'ai fait un choix, celui de suivre mon rêve, peut-être aux dépends d'autres personnes. Je ne dis pas que c'est le bon, mais c'est celui que j'ai fait, pour peut-être parvenir à sortir mes parents et mes trois petites sœurs de la misère dans laquelle ils vivent...

Il ose prononcer mon prénom. Seulement mon prénom et ne rien dire. Il s’interrompt et je n’ai pas envie qu’il voit que je suis mal, que çà me brise complètement le coeur qu’il se casse comme ça et qu’il fasse son putain de tour du monde de merde. J’aurais tellement été ravie pour lui, j’aurais été fière de lui, j’aurais tout fait pour lui, et j’aurais même été prête à financer aussi une partie de son voyage si cela avait été à un autre moment. Dans d’autres circonstances. Mais non, il a fallu qu’il me le dise, là, alors que je suis sur ce lit d’hôpital et que je ne peux même pas bouger. Je ne peux même pas fuir alors que je sens les larmes me monter. J’essaie, depuis quelques minutes de les stopper, de leur dire de revenir une fois que je serai seule. Car même si je n’avais pas été dans ce lit d’hôpital, je n’aurais même pas fui. Je suis trop fière, trop… tout ce que vous voulez pour fuir. Je ne fuis jamais un conflit, je préfère le crever tout de suite que de le fuir car il reviendra tout de suite. apple… C’est tout ce qu’il trouve à dire. c’est tout ce que tu trouves à dire ? lui par contre, il aime fuir tout ce qui se rapproche à un conflit. Je lève les yeux au ciel lorsqu’il me demande si je veux qu’il sorte de ma chambre. Quel con. Et en plus il ose encore m’appeler sis ? Je crois que je suis simplement en plein cauchemar, mais le tintamarre des battements de mon coeur me tire tout simplement de mon songe, me remettant directement dans la réalité. Triste réalité. t’es con, mais alors jusqu’au bout je n’arrive pas à me contenir. C’est fou, mais je n’y arrive tout simplement pas. Je siffle, j’ai envie de lui foutre une claque.