Les vielles habitudes font les meilleures surprises. [PV Reagh]

C'était ce qui plaisait aux autres, chez moi. C'était ma façon de ne pas me conformer à la norme, à rester moi même, peu importe ce qui peut se passer. Parfois cela me cause des torts, je devais l'avouer. Mais en général, c'était de cette façon que j'attirais la sympathie autour de moi. Parce que j'étais une fille authentique qui ne se cachait pas derrière des faux -semblant ou un trop plein de maquillage et d'artifices en tout genre. J'étais moi, tout simplement. Je ne demandais pas à ce que tout le monde m'aime. Mais je leur conviais de me laisser vivre ma vie comme je le voulais. Et pour l'instant, cela se passait plutôt bien. J'avais des amies sincères sur qui je pouvais compter, à n'importe quel moment du jour ou de la nuit. Et cela, j'en étais très fière.

Je hochais ensuite la tête aux paroles de Charlie. Jasper était un garçon, enfin non un homme, adorable, attirant. Il y avait plein de qualités que j'aimais chez lui, même si on ne se connaissait pas encore très bien. Je n'avais pas envie, de toute façon, de précipiter les choses. Il y avait des sujets dont je devais aborder avec lui, dont un, mais pour l'instant, je ne m'en sentais pas encore capable. C'était au dessus de mes forces. « Il est adorable avec moi, même s'il y a toujours un truc qui ne va pas pour lui. » Personnellement, je trouvais que chaque moment qu'on passait ensemble, était parfait. Puis je rebondissais sur le sujet de son père, que j'avais zappé la minute plus tôt, involontairement. « Et ton père alors? Qu'est-ce qu'il pense de la vie ici? Tu dois l'avoir sans arrêt sur le dos non? » Je me souvenais que le père de Cha était très protecteur. En même temps, je le comprenais. Mon beau père était ainsi. Je l'adorais pour ça. Il n'était pas mon père biologique et parfois, je le regrettais. Peut-être que je devrais lui dire, un jour. Je finissais mon hamburger qui avait été carrément bourratif. Je buvais une gorgée de mon coca avant de m'essuyer la bouche tout en écoutant les propos de Charlie à propos d'Andy. Andy était un sujet complexe. Je me perdais moi même parfois, avec toutes mes questions. Je comprenais qu'il soit mal à l'aise, vis à vis de ma présence. Mais j'avais du mal à accepter qu'il me snobe comme il le faisait. Je ne lui demandais rien, sauf d'être mon frère. Ma mère l'avait fait adopter, pas moi. Moi je ne voulais pas perdre mes frères et à cause de mon père biologique et de ma mère, je n'avais plus de frères. J'aurais voulu que les choses soient plus simples. J'aurais voulu qu'il soit curieux de me connaître, mais au lieu de cela, il était absent. J'avais son numéro de téléphone qu'il m'avait donné, mais je n'osais pas l'appeler. Lui non plus, ne l'avait pas fait d'ailleurs... Mais je devais lui parler, je le savais. Je devais lui parler des tests mais j'avais peur, oui j'avais la trouille. « Je ne sais pas Charlie... j'ai l'impression qu'il ne veut rien savoir de sa vie d'avant... enfin en même temps, il était bébé quand il est parti. C'est un McDougall et non un Evers...Et moi...de quel droit je viens bouleverser sa vie par ma présence? » Je soupirais un peu avant de poursuivre alors que la serveuse débarrasser nos assiettes à présent vides. « J'ai eu aussi un choc quand maman m'a apprit l'existence d'Andy. Et si je n'avais pas de leucémie, je doute qu'elle m'en aurait parlé un jour... Elle veut, elle veut que je lui parle mais je suis une étrangère pour lui. Comment pourrais-je aller jusqu'à lui pour lui parler des tests et de la greffe...Alors qu'il me voit en cachette et ne me présente à aucun de ses amies? » Je ne savais vraiment pas quoi faire dans tout cela. Je savais une chose, que je faiblissais de plus en plus et que je ne pourrais pas reporter cette conversation indéfiniment. J'avais besoin de savoir s'il était compatible. Dans le cas contraire, je profiterais des derniers mois qu'il me reste, sans rien regretter. J'en étais là dans mes réflexions quand la rouquine reprit la parole. Je reportais mon regard sur elle. Un cap ou pas cap? Cela me fit sourire. Avec la rousse, on jouait souvent à ce genre de truc. C'était amusant. Et puis, cela me faisait tout oublier en général. Je regardais la scène un instant. Je détestais chanter devant les autres. Mais finalement l'idée me séduisait. La lumière n'était pas trop forte...alors je n'allais pas scruter l'assemblée. Et puis, je devais profiter de chaque instant, pas vrai? Je finis par sourire alors, tout en me levant de la chaise sur laquelle j'étais assise. « Cap la rouquine. Mais tu ne t'en sortira pas comme ça. » Je me dirigeais alors vers la scène, un nœud au ventre malgré tout. Je venais voir les gars qui étaient au piano et à la guitare pour leur murmurer quelques mots. Je prenais ensuite un micro alors que j'essayais de ne pas faire attention aux dizaines de paires d'yeux qui m'observaient à présent. Je me plantais sur la scène. Allez Reagh', tu peux le faire non? Fais comme si tu étais dans la salle de bain de ta chambre des Quincy. Je pris une petite inspiration avant de relever mon visage et de commencer la chanson.