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{ deja vu }
crédit/ giphy ✰ w/@cosmo cavalero
Ca devient répétitif, presque trop habituel. Non, trop habituel. Le bruit d'une porte qui s'ouvre, ma tête qui se tourne, la silhouette inconnue, la porte se referme, et dans un soupir las, mes yeux se tournent à nouveau en direction du liquide alcoolisé qui remplit encore à moitié mon verre. Qu'est-ce que j'fous là ? C'est bien joli de se demander ça chaque fois que je franchis les portes de ce bar, mais c'est pas pour autant que la réponse me vient dans un éclair d'ingéniosité. Elle ne se trouve, de toute évidence, pas au fond de mon verre non plus. Rejetant la tête en arrière dans un nouveau soupir, je tourne les yeux vers le plafond, avant de glisser d'une traite le contenu du verre entre mes lèvres. Ca brûle, mais j'y fais presque plus attention, par habitude. J'ai même pas l'âge de boire légalement, que déjà les vices de l'âge adulte sont ancrés en moi. Qu'importe. Avec un sourire en coin, sourire amusé, je fais signe au barman pour avoir le même. Et encore, mes iris verts qui pivotent en direction de la porte, juste un peu, juste une seconde, on ne sait jamais que tu puisses être devant. Ca a commencé sur un putain de jeu, une envie de briser le quotidien, de savoir ce que ça faisait de vivre dans la peau d'une autre pendant une heure ou deux. J'pensais pas que ça s'étendrait sur des semaines, et pourtant... pourtant c'était bien moi la première venue ce soir. Hasard ou non, j'savais toujours pas si t'étais un client habitué, si c'est pour ça que j't'ai revu deux jours après ce premier soir, si c'est pour ça que je te vois si souvent. J'sais qu'y a quelque chose, mais j'sais pas non plus si j'ai envie de mettre le doigt dessus. J'veux juste retrouver cette échappatoire ce sourire que t'arrives à faire apparaître parfois. Une main qui glisse dans mes mèches brunes, je finis par sauter de mon siège pour passer par les toilettes, le temps de m'arrêter devant le miroir, de vérifier mon maquillage sur ce visage de poupée que j'suis obligée de garder intact les mauvais jours. Les bons jours aussi, au fond, comme ce soir. Les yeux dans les yeux, j'reste face à ce reflet pendant quelques secondes, avant de marmonner un « Pauvre conne. » Et de repartir jusque la salle, jusque mon verre. Jusque toi. Je m'immobilise devant le bar auquel t'es adossé, je cligne des yeux une fois, deux fois. Puis j'esquisse un sourire en coin. « Encore toi. » Enfin toi, que disent mes yeux alors qu'avec une apparente nonchalance, je m'accoude au bar pour récupérer mon verre.
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