the storm is raging against us now (céleste)

( we could turn around or we can give it up but we'll take what comes, the storm is raging against us now. if you're afraid of falling, then don't look down. but we took the step and we'll take what comes, take what comes. @céleste witherspoon )

Tu pensais pas pouvoir parler de tout ça un jour, en tout cas pas si tôt. Ca fait quoi ? Une semaine tout au plus ? T'as jamais aimé t'épencher sur tes sentiments, surtout lorsque ces derniers s'avèrent assez négatifs, mais la situation a le mérite d'être particulière. T'es pas face à un psychologue, à un de tes proches ou encore n'importe quel inconnu qui ne pourrait pas comprendre ce qui t'arrive. La petite elle a vécu la même chose que toi, à deux ou trois détails près. L'horreur, ça rapproche les gens. Vous avez toutes les deux survécu à ce 19 janvier 2019, vous y avez toutes les deux laissé un proche, une partie de vous. Vous n'avez pas besoin de mots ou de longs discours pour vous comprendre, vous n'avez pas à craindre le regard ou la pitié de l'autre et c'est ce qui rend votre conversation si simple et évidente. T'as pas vraiment les mots pour la réconforter, mais c'est pas tellement ton objectif non plus. C'est pas aujourd'hui qu'elle ira mieux, ni même grâce à toi. « J'en sais rien ... » que tu lâches dans un haussement d'épaules. C'est vrai Lucrezia, t'as vu quoi au juste ? « Pour ce que j'en sais, ça pouvait n'être que le fruit de mon imagination. » t'es pas encore prête à faire l'analyse de ce que tu penses avoir vécu. T'as juste envie de garder cet instant pour toi, de le chérir à ta façon, le protéger du reste du monde. « T'es croyante ? » tu finis tout de même par lui demander. T'es curieuse, puis tu vois bien qu'elle a besoin de réponses à ses questions. Des réponses que tu ne pourrais pas lui apporter, mais qu'elle serait peut-être tentée de trouver autre part. Après tout, la plupart des religions vendent une vie après la mort, ou un paradis. Une jolie histoire pour permettre aux vivants de reprendre leurs vies. Tu hoches la tête en silence lorsqu'elle t'explique préférer écouter les autres plutôt que de faire son introspection. T'as toujours fait ça toi aussi. Meilleure pour donner des conseils que les appliquer toi-même. Alors pour une fois, tu préfères rester silencieuse, car t'as pas de bon conseil à lui donner. Son petit-ami est vraisemblablement mort dans ses bras, que pourrais-tu dire pour atténuer son deuil ? Certaines situations ne nécessitent pas de bons discours, seulement des silences entendus. La vie, c'est de la souffrance, depuis notre premier jusqu'à notre dernier souffle. « Oui, je comprends ... » tu réponds. La petite n'a pas tord, parler ne ferait que raviver sa douleur et si elle souhaite la garder anesthésiée encore un peu, c'est son droit. « Ne te forces pas dans ce cas. Mais si besoin, saches que je suis là. » tu lui offres tout de même ton soutien, sait-on jamais. Tu te décides alors de passer aux présentations et tu lâches un rire amusé en entendant son prénom. Céleste. Encore une. A croire que tes relations tournent autour de l'univers astral. « Enchantée. » tu souris à ton tour. « T'en as encore pour combien de temps ici ? » à l'hôpital. Toi les médecins t'ont dit qu'ils te garderaient encore quelques jours. Tu cicatrises plutôt vite, mais c'est ton coeur qui les inquiète. Et t'as qu'une hâte, c'est rentrer chez toi.

J’écoutais attentivement cette jeune femme, qui semblait toujours plus âgée que moi, lorsqu’elle évoquait tout ce qu’elle avait pu vivre mais surtout voir lors de l’attentat. « Peut-être que c’était le cas mais ça peut être totalement l’inverse. Tu sais on ne sait pas ce qu’on voit avant de partir car c’est rare que les personnes reviennent mais tu es unique. » Elle avait survécu et elle avait lutté contre la mort donc à mes yeux c’était plus qu’une survivante. Je lui souriais lorsqu’elle me demandais si j’étais croyante et je secouais doucement ma tête. « Non je ne le suis pas car je n’ai jamais réellement eu une vie de famille stable donc je n’ai jamais pu évoquer la religion. » J’avais été baladé de famille d’accueil en famille d’accueil donc c’était difficile de croire en quelque chose quand on voit la vie que j’avais. « Et toi ? » lui demandais-je par la suite. Je ne croyais en aucun dieu mais je n’étais pas contre le fait de croire qu’il y avait une autre vie après la mort car on ne pouvait pas être sur Terre que durant quelques années. Peut-être que je me faisais des films mais c’était ma manière à moi de ne pas appréhender la mort. Ma mort. « Il a voulu jouer au super héro comme dans ses jeux vidéos mais il a oublié qu’il n’était qu’un humain. » soufflais-je alors que je lui en voulais d’avoir voulu jouer au bouclier humain car sans ça il serait encore à mes côtés. « J’ai essayé de le réanimer en lui faisant un massage cardiaque mais je n’ai pas réussi...» Je baissais les yeux avant de passer ma main sur mes joues puisque des larmes coulaient à nouveau. Il avait pris ma défense, il avait voulu me protéger, mais je ne lui avais jamais demandé de le faire et je lui en voulais pour ça. « Je devrais sortir dans les jours à venir et toi ? » lui demandais-je avant de relever mon visage vers le sien tout en souriant très légèrement.

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( we could turn around or we can give it up but we'll take what comes, the storm is raging against us now. if you're afraid of falling, then don't look down. but we took the step and we'll take what comes, take what comes. @céleste witherspoon )

La religion. Parfois tu jalouses la capacité qu'ont certaines personne de croire en l'intangible, parce qu'ils semblent trouver des réponses aux questions que tu t'es longtemps posées et que tu te poses encore. La vie après la mort, le destin, le karma. Tandis que d'autre ont une confiance aveugle en leur présent, voire leur futur, toi t'es assaillie par les doutes et l’ignorance. C'est bien beau le savoir, sauf que certaines choses resteront à jamais un mystère dans ta vie, comme ton expérience de mort imminente. Etait-ce la réalité ? Ou simplement une manifestation de son imagination ? Ta culpabilité vis-à-vis de toi-même et de tes proches. Dans un tel instant, t'aimerais pouvoir croire au paradis, à la vie après la mort. Donner un sens à tout cela. « Mmh moi non plus. Mes parents croient davantage en l'argent qu'en dieu. » l'argent, la renommée, le succès. Ce sont eux les dieux dans leur monde et ils t'ont destinée à le devenir également. Tu n'as pas la moindre idée de la situation familiale de Céleste, pourtant malgré vos différences, vous manquez toutes les deux des mêmes repères. Des figures paternelles et maternelles. Vous vous considérez bancales, alors vous ne voyez pas encore que cela constitue votre force. Ayant toi-même l'habitude de ne pas aimer parler de tes problèmes, tu lui laisse suffisamment d'espace pour juger de ta confiance. Elle finit par te parler de son petit-ami, des circonstances de sa mort et tu l'écoutes avec bienveillance. C'est beau, mais c'est toujours mieux dans les films. Dans la vraie vie, nos actes ont des conséquences d'une toute autre gravité, et c'est Céleste qui peut en attester. « C'était pas de ta faute. » que t'essayes de la rassurer. Tu connais trop bien ce sentiment de culpabilité. Encore une fois, t'es plus douée pour donner des conseils que les appliquer. « Il t'as sauvée Céleste. Tu dois honorer ce choix qu'il a fait. Et je suis sûre que si c'était à refaire, il n'hésiterait pas une seconde à te sauver une nouvelle fois. » t'as envie de croire en l'amour Luce. En l'humain, car s'il est capable du pire, il peut également être capable du meilleur. « Il devait vraiment t'aimer. Tu as eu de la chance. » tu lui dis, mélancolique. Rares sont ceux à avoir connu un tel amour. C'est injuste qu'il ait du prendre fin de manière si abrupte. Tu finis par lui demander combien de temps elle devra rester à l'hôpital. Il faut regarder vers le futur maintenant. Tu hoches la tête. A nouveau, vous avez eu de la chance d'avoir survécu, et d'être en un seul morceau. Plus ou moins. « Pareil. Le temps de cicatriser, puis de s'assurer que mon coeur tienne le coup. » t'as horreur de t'admettre fragile. Tu rediriges ton regards vers les derniers rayons de soleil qui s'estompent dans l'horizon, avant de te redresser non sans difficulté. « Il commence à faire froid. On redescend ? » tu lui proposes en lui tendant la main pour l'aider à se relever à son tour. Tu comptes prendre note du numéro de sa chambre pour lui rendre à nouveau visite avant votre départ.

Je n’ai jamais du aller à l’église ni même devoir faire ma communion ou d’autres cérémonies de ce genre et cela me va à merveille. Je ne me suis jamais posée de question sur la religion et ce n’est pas quelque chose qui m’attire. Je préfère vivre ma vie comme je l’entends et non comme on veut me la dicter. Lucrezia venait d’apprendre la vérité sur le décès de Floyd et j’essayais de parler à coeur ouvert en essayant de ne plus pleurer mais ce n’était pas quelque chose de simple. « Il n’avait pas le droit de faire ça. » Tout le monde me répétait la même chose concernant la chance que j’avais de l’avoir eu dans ma vie mais j’aurai préféré qu’on soit blessés tous les deux mais vivants. Je n’avais pas envie de continuer à avancer sans la personne qui m’avait aidé à me relever après mon enlèvement. « J’aurai aimé être chanceuse plus longtemps...» On avait même pas été 2 mois ensemble donc c’était difficile pour moi de dire que j’avais tout découvert avec et grâce à lui mais maintenant je savais que l’amour était un sentiment que j’aimais et qui me rendait heureuse. Je ne savais pas si un jour j’allais pouvoir être à nouveau avec un garçon mais je me le souhaitais. « Que ton coeur tienne le coup ? » lui demandais-je doucement tout en la regardant puis je tournais mon regard également. « Oui de toute manière je vais devoir aller voir une infirmière pour mes pansements. » Il était temps que je revienne à la réalité et Lucrezia aussi. Je prenais sa main avant de me lever à mon tour. « Merci. » Je ne la remerciais pas seulement de m'avoir aidé à me lever mais de m'avoir écouté durant ses dernières minutes.

Hj - Tu peux clore.

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