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Glacée, la vitre de l'arrêt de bus dans mon dos dénudé. J'ai les mains liées sur mes genoux agités, et l'hiver me mord les joues, rosies au fil des heures passées dans les rues de Boston. Je sais pas ce que je fous. Je sais pas ce que j'suis en train de foutre et je me dis que je ferai tout aussi bien de retourner dans mon appartement. En même temps, ça fait combien de temps ? Trop pour compter, trop même pour qu'il se souvienne probablement de la gamine qui s'est fait violer dans le coin d'un bar pourri. Mais j'sais pas pourquoi, j'ai commencé à le chercher. Dans ce quartier où je traîne la plupart du temps, dans ce quartier où, pour la première fois, il m'a dit que si j'avais besoin d'aide, si j'voulais m'assurer que ça se reproduise plus jamais, il pourrait me protéger. Mais ça existe pas, les personnes comme ça. Ca existe pas les types sympas dans "notre univers", même si ce soir là, il a cassé la gueule de cet homme qui a pas su se limiter aux règles qui lui étaient imposées. Alors j'me suis barré, en emportant avec moi rien d'autre que son nom en souvenir : Ares. Son nom et sa promesse de protection que j'ai préféré fuir. Alors pourquoi il voudrait m'laisser revenir ?
Je sais pas franchement ce que je fous là ce soir. Je me redresse du banc sur lequel j'étais assise, j'remonte ma veste sur mes épaules, je souffle dans mes mains en avançant encore dans la rue. Y a des types qui se battent devant un bar, je traverse la route, j'enfonce mes mains dans mes poches. J'entends même pas ce qu'ils disent, probablement des insultes. Un peu comme ce qu'il venait d'me dire, lui. Celui qui, quand il m'a embauchée, m'a promis qu'avec ma bouille de poupée, tout irait bien. Que tant que je suivais les directives qu'il me donnait, j'aurais jamais de problèmes, et de quoi vivre sans ma mère. Tout ça pour mieux me traiter de salope inutile parce que j'étais tombée malade. Pour la première fois en deux ans, je chopais un putain de rhume, et ça faisait de mois la connasse inutile. Et cette fois là déjà, quand il m'a dit que mon viol lui faisait une belle jambe et que j'avais probablement "lancé les mauvais signaux", ma conscience m'avait soufflé de partir. Mais non, parce que j'ai préféré le "confort" d'une situation familière, plutôt que l'inconnu.
Je m'arrête dans la bordure d'une ruelle, et j'expire. « Merde. » que je marmonne d'une voix tremblante avec que d'une pression de deux doigts sur les coins de mes yeux verts, je retiens des larmes parasites. Respire, Carson. Respire. Sauf que quand je retire ma main de devant mon visage, j'le vois lui. Et je fonds en larmes, sans même savoir pourquoi, comme une gosse un peu trop usée par la vie.
@Ares Raad
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