(bleach) vin et viande rouge : restaurant français

Je t'y amènerai bien d'ailleurs dans le sud, moi. Je suis sûr que tu ne te rappelles plus de grand chose de là-bas, mais dieu que c'est magnifique. La Ciotat, Cannes, Frejus ou même Saint-Raphaël. Il y a tant de villes à voir. Tu te confies un peu, même si ce n'est pas grand chose et moi, ça me fait juste bêtement sourire. T'as ce charme naturel, presque irrésistible et ça me plaît, tu me plais surtout. On part sur une conversation un peu plus intéressante, laissant de côté les petites questions presque insignifiantes. Je t'avoue que j'ai été légèrement surpris étant donné que ma réputation ne joue pas en ma faveur, toutefois je ne suis pas que cet homme là. Je peux être mieux, je peux être quelqu'un de bien si j'en ai l'envie. Ne serait-ce pas plus intéressant que tu le découvres par toi-même ? Je pose mon regard sur toi. Tu aimes ? M'enquis-je alors que tu viens d'avaler, j’appréhendes, j'ai envie que t'apprécie ouais. Te parler de moi... Tout le monde croit que la vie d'un héritier, d'un riche est facile... Je ne dis pas que c'est compliqué, juste que les problèmes sont bien différents.

Le but de cette soirée, de ce dîner, c'est un peu ça aussi non ? Peut-être que j'avais un brin de curiosité. Envie de savoir si justement, y avait de Camille que cette réputation de dragueur qui cumule les conquête sans les compter, sans qu'elles comptent, aussi. Peut-être que t'es plus que ça, Bonaparte, mais à toi de me le prouver. C'est pas moi qui vais creuser. Et pourtant, je l'interroge. Fais un nouveau sourire bref en l'entendant me suggérer de chercher à le découvrir par moi-même. « N'est-ce pas un peu ce que je fais ce soir ? » M'aventurer sur le terrain et poser quelques questions pour m'intéresser à toi ? Je baisse les yeux sur mes escargots à sa question. « C'est... étrange. Mais pas désagréable. » Un peu caoutchouteux, mais j'en attrape déjà un second que je déguste également, tout en l'écoutant parler. « Ouais... je connais ça. » Et pas seulement moi. J'ai grandi dans une sphère de riches, où les héritiers sont constamments mis sous pression. « Les regards braqués sur toi, la pression constante, l'excellence exigée dans tous les domaines, j'connais. » Et y a une pointe d'amertume dans ma voix, jusqu'à ce que je me reprenne, piochant un autre escargot avant de me pencher au dessus de la table, lui tendant ma fourchette. « Tiens. » que je dis simplement, sans le quitter des yeux.

C'est vrai, tu me donnes également l'occasion de te montrer autre chose. J'apprécie encore que tu aies accepté mon invitation, pour l'instant le moment que l'on passe ensemble est agréable sans être transcendant, pourtant ça change de mes précédents rendez-vous avec une femme. Là, je dois te montrer un peu qui je suis, ce que tu peux rater. Je te fais part un peu de la vie de riche que tant de gens s'imaginent facile, et pourtant elle ne l'est pas vraiment. T'as l'air de t'y connaître, j'acquièse en hochant la tête. Quand tu n'es pas le fils parfait que veulent tes parents, c'est un peu plus compliqué. Toujours été le chouchou de ma maman et pourtant, mon papa, ça a toujours été compliqué, conflictuel. Je te regarde, tu te penches au-dessus de la table afin de me faire goûter un de tes escargots. Je me penche également, et avale le contenu de ta fourchette. J'adore ça... A mon tour. Je prend un peu de foie gras poêlé, du fruit et me penche pour te faire goûter. Un régal, je t'assure.

Et pourtant, bien des fois j'ai laissé entendre qu'il était inutile d'essayer. Que j'étais pas le genre de nana qu'on pouvait séduire d'un sourire, d'un clin d'oeil, pour mieux la mettre dans son lit. Qu'on gagne sans effort, sans donner un peu plus de soi qu'un simple numéro de charme. « C'est l'idée. » acquiescai-je alors simplement, avant de reprendre notre conversation. Quand t'es pas le fils parfait qu'attend tes parents... ou la fille parfaite. Ouais, je connais, et pourtant, c'est même pas moi qui aspire à reprendre l'hôpital de ma mère, j'ai aucun intérêt dans toute son affaire, mais y a toujours ce besoin d'excellence qui me plane au dessus du crâne. Je hoche la tête avec un rire discret. « A croire qu'eux-mêmes n'ont jamais eu de jeunesse. » Sont-ils donc nés riches et puissants pour ne pas accorder à leurs enfants le moindre répit ? Décidant de clore le sujet, je me penche dans sa direction pour lui proposer de goûter mon assiette. De toutes façons, il connaît probablement, mais s'en délecte malgré tout. Je m'installe à nouveau sur ma chaise en croisant les jambes, un sourire en coin sur les lèvres, jusqu'à ce qu'il vienne à son tour me faire goûter son foie gras. Intriguée, je m'avance à nouveau, rien qu'un peu, pour ouvrir mes lèvres sur sa fourchette, et tester l'entrée française. Et je dois avouer que... « C'est délicieux. » Même meilleur que mes escargots. « La gastronomie française est bien différente de celle d'ici. » Déjà, comment ont-ils eu l'idée de manger des escargots...? Je retourne contre ma chaise, terminant sagement mon assiette après avoir fait un sourire à Camille. « Tu n'as jamais le mal du pays ? »

Qu'on veuille me cantonner à une case, ça a toujours été un problème pour moi et je suis devenu moi-même le problème pour la famille Bonaparte. Pourtant, je sais me comporter comme il faut, je sais faire les choses biens lorsqu'il le faut, notamment lorsque cela concerne l'entreprise que je compte bel et bien reprendre. Quitte à faire un coup d'Etat contre mon père, enfin je ne me vois pas te parler de ça, tu ne t'y intéresserai sûrement pas et cette conversation n'a surtout pas lieu d'être. Bref, on se fait goûter mutuellement nos entrée et c'est à mon tour donc de te faire goûter le foie gras poêlé aux deux fruits que j'ai pris. Les français excellent dans tout ce qu'ils entreprennent... Vantard ? Un petit peu, je suis vraiment le genre de mec bien patriote comme il faut. Non... je fais en sorte de souvent y retourner pour ne pas l'avoir justement. Tu sais que je viens tout récemment de revenir ici après un an en France ? Et même quand je ne suis pas là, on arrive à parler de moi, ça, c'est que j'ai marqué les esprits, ouais. Des petits problèmes à régler. Tu en reveux ? Il reste du vin sur la table, je te ressers et me ressers également. Finissant mon assiette, je bois alors une gorgée du vin resservi. Le serveur arrive pour prendre nos assiettes, nous repasse la carte pour le plat principal. Donc, tu veux que je choisisse pour toi, c'est ça ? A part la viande, dis-moi ce que tu aimes précisément... Laisse moi te surprendre un peu.

Tout en terminant mon entrée ainsi que mon verre de vin, je peux pas m'empêcher de rire légèrement aux paroles de Camille. « Monsieur Bonaparte ne serait-il pas un peu prétentieux du fait de sa nationalité ? » demandai-je en haussant un sourcil, reposant finalement mes couverts pour l'interroger sur son potentiel mal du pays. Parfois, New York me manque. Et pourtant, j'suis qu'à trois heures de route et j'y retourne souvent. « J'étais pas au courant, non. » C'est pas comme si j'étais le genre de femme attentive, de façon générale. Des petits problèmes ? Je fais une moue, et me contente de hocher la tête. Je sais que moi, j'aimerais pas qu'on vienne m'interroger sur les trucs où je reste évasive. Hochant la tête, je lui tend mon verre qu'il remplit, avant de le remercier. Rapidement, le serveuse vient débarrasser nos assiettes, et nous voilà à nouveau devant la carte. Camille, il prend sa tâche au sérieux. Me pose des questions sur mes goûts. « J'ai des goûts relativement ecclectiques. » dis-je d'abord en haussant une épaule, avant de passer ma langue entre mes lèvres, songeuse. « Hm... j'aime surtout la viande rouge. Et en général, je préfère les accompagnements légers, pour avoir de la place pour le dessert.. » Sourire qui s'agrandit, j'appuie mon visage dans la paume de ma main avec négligeance, les yeux sur la carte. « Alors, quelque chose qui correspond à mes exigences ? »

Je crois pas que tu te rendes comptes d'à quel point, t'es plaisante et genre pas que physiquement, t'as juste ce charme naturel qui attire et moi, j'veux plus. 'Fin, oui, j'veux te mettre dans mon lit mais j'sais pas, y'a ce truc qui me dit que ouais, t'es peut-être vraiment intéressante. Oups, un petit peu... mais t'es aussi française d'origine, alors.... on est pareil. Petit clin d’œil pour te faire comprendre que c'est aussi un petit compliment pour toi. Puis, on parle un peu de moi, de mon départ en France, sauf que c'est pas forcément un sujet que j'ai envie d'aborder maintenant. Enfin, pas au premier rendez-vous et j'te connais pas assez pour  parler un peu de ma vie privée. J'préfère qu'on parle du plat principal que je vais choisir pour toi, et tu déclares aimer la viande rouge et les accompagnements légers. Hm, je vois... Je lis la carte, ne la quitte pas des yeux. Je sais, tu me fais confiance ? J'ose même pas attendre ta réponse, le serveur revient quand je l'appelle de la main.  Un steak tartare pour mademoiselle, pour ma part, ce sera un boeuf bourguignon. Une bouteille Rotschild de 2001, s'il vous plaît. Je souris au serveur avant de tourner mon regard vers toi. Ouh, j'appréhende ta réaction là.

Faut croire que c'est dans ma nature. Cette habitude de jouer avec les mots, de jouer avec les regards, de jouer avec tout ce que j'ai à portée de main pour rendre la situation attrayante. Même avec lui. Même si j'savais que c'était dangereux du fait de sa réputation... tant que je rendais le jeu suffisamment attrayant, j'avais rien à perdre après tout. J'esquisse un sourire en coin à sa remarque. « Un point pour toi. » Même si j'ai pas d'affinité particulière avec mon côté français, et que le seul lien réel que j'ai avec mes origines, c'est mes études, je reste à demi française. On passe rapidement à la sélection du plat, et moi tout ce que je vois, c'est du charabia, alors je laisse Camille aux commandes, je détache mes yeux de la carte, et me contente de le laisser choisir en fonction de mes quelques directives. Quand il me demande si je lui fais confiance, je fais une moue dubitative, avant de sourire. « Disons que oui. » disons que pour cette fois, j'ai envie de dire oui. Sitôt ma réponse donnée, le français commande auprès du serveur, pour lui, pour moi, et une bouteille en prime, pour remplacer le vin actuel. Le serveur s'éloigne de nous pour préparer nos commandes, et je croise les bras avec un sourire en coin. « Quoi, c'est si dangereux que ça ce que tu as commandé pour moi ? » Je crois que pour une fois, il s'agit d'un plat que je ne connais pas. « Et avec tout le vin qu'on aura bu d'ici la fin du repas, comment monsieur compte s'en sortir avec sa voiture ? » Est-ce qu'il a anticipé ce - léger - détail ?

Finalement, la soirée se déroule plutôt bien avec toi et j'ai appréhendé ce moment pour rien. Pourquoi l'avoir appréhendé ? Peut-être que je me dévoile avec toi, que je ne fais pas le mariole et menteur comme avec les autres, t'es différente c'est tout et tu me plais vraiment. Genre physiquement déjà, mais j'apprécie beaucoup ta façon d'être. Je te demande rapidement si tu me fais confiance et ta réponse me suffit alors pour commander les plats principaux ainsi qu'une bouteille de vin qui va s'allier parfaitement avec nos deux plats. Je suis fort quand même, même si là j'avance un peu à l'aveugle concernant ton plat. Disons que pas tout le monde n'aime, je tente. Je sais que j'adore ça, comme d'autres, mais certains n'aiment pas et là, c'est soit ça passe, soit ça casse. Je te souris quand tu me demandes concernant le retour. Tu sais... Je m'appelle Bonaparte... juste à appeler mon chauffeur et il est là. Juste que je voulais t'y conduire pour l'aller au moins. Bon là, je me la joue un peu prétentieux. J'ai tout prévu pour que tu puisses passer une bonne soirée sans te soucier de rien.

Un plat qui n'est pas au goût de tous ? Je hoche la tête, sincèrement intriguée. « J'apprécie l'audace du choix, dans ce cas. » Ca veut dire qu'il me juge suffisamment aventurière pour tester un plat qui passe ou qui casse, et j'apprécie la chose. Les mecs qui me prennent pour une poupée sans papilles, merci mais non merci. Après mon interrogation quand à notre moyen de locomotion pour le retour, je hausse les sourcils quand il répond. « Le revoilà, le français prétentieux ! » que je dis dans un éclat de rire peut-être un peu fort, un peu spontané. Le genre de rire qui fait du bien, jusqu'à ce que je reprenne mon calme et m'appuie à nouveau contre la table. « C'est très consciencieux de ta part, j'dois dire que je suis très agréablement surprise. Et ça veut dire que j'peux boire plus de vin sans culpabiliser. » Tu me surprend dans le sens positif du terme, Camille, et c'était pas gagné quand j'suis sortie de mon appartement pour monter dans ta voiture. « T'as l'air d'être un mec sympa. Cette réputation que tu traînes sur le campus, c'est parce que t'aimes pas être sérieux ? » que je demande avec curiosité, lèvres pincées, regard rivé sur lui.