(pluson) ☾ i’m yours until the stars fall from the sky

pluson ☾ i’m yours until the stars fall from the sky
w/@Pluton Westerberg  — à l'appartement des Westerlain
Les vacances les plus belles de toute ma vie s’achèvent. Retour au bercail. Traverser les États-Unis est aussi long que se rendre en Europe. Étant partis en début d’après-midi, nous arrivons à l’heure où le soleil disparaît pour aller éclairer une autre surface de la Terre. Je sais, c’est nous qui bougeons, pas cet astre. Au cours de mon séjour chez les Westerberg, j’ai pu avoir quelques cours d’astronomie, c’était excellent, Félix m’a noyé sous des tonnes d’informations stellaires. C'est donc moins idiote que je reviens sur Boston. Les valises désormais dans le coffre du Uber, je me suis allongée sur la banquette arrière, épuisée par tous les jet lags accumulés ces derniers jours. Ma joue enfoncée sur ta cuisse, je suis recroquevillée, en boule, mes paupières s’alourdissant sous le roulis régulier de la bagnole. Mes doigts caressent ton genou et mes lèvres viennent quelques fois l’embrasser, tout ça, avec une putain de nostalgie douloureuse. Dans quelques jours, tu iras en cours, j’irais en cours et on ne se retrouvera que le soir, le corps et l’esprit endoloris par nos journées respectives. J’ai pas envie. « Tu vas me manquer lorsque tout va reprendre.. » Cette phrase n’est qu’un léger murmure. Je crois que j'ai perdu ma force à San Francisco. Malgré ce manque de tonus, je me redresse lorsque j’aperçois Cambridge nous entourant. Notre appartement n’est plus très loin, cela va faire plus de quinze jours que nous l’avons abandonné. Il doit être glacial. Sans vie. Mort. Ma main empoignant ta jambe, je serre ta chair sous ton jean et cumule les soupirs en mode spleen. « Dès qu’on rentre, tu cours allumer tous les vieux chauffages ok ? C’est ta mission Pluton 007 » Me penchant vers toi, mon sourire vermeil grâce au nouveau rouge-à-lèvres reçu à Noël, je tâche ta joue et explose de rire. « Je t’ai marqué de mes lèvres mon amour, t’es beau comme ça » Hop, violent coup de frein. Mes cheveux voltigent autour de ma face et se collent à mon visage repeint. C’est quoi ce pilote ? Je lui filerais qu’une petite étoile à ce trou de cul. « Bon .. On est arrivé j’crois, re-bienvenue chez nous .. » Ma main sur la poignée, je me focalise sur notre immeuble qui n’était devenu plus qu’un vague souvenir. Je veux pas sortir d’ici, ça marquera la fin de nos aventures autour du globe, je veux pas ..

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w/Louison Chamberlain  — à l'appartement des Westerlain, Janvier 2019
J'étais incapable de redescendre de mon petit nuage sur lequel j'étais depuis que nous avions décollé tous les deux pour l'Europe. Parce qu'on avait pas mal voyagé tous les deux depuis la semaine avant Noël. La Laponie qui avait été exceptionnelle, puis Stockholm où elle a pu rencontrer ma famille, notamment les deux tiers des triplés. Puis on s'était envolé par la suite à Dubaï et c'était juste magique. Les poissons, la chaleur, les buildings. Ouais, l'ensemble avait été assez sensationnel et c'était même pour cette raison qu'une fois à l'aéroport, on avait fini par choisir une destination autre que Boston. San Francisco ça avait été et c'était quand même tout autre chose, tout un mode de vie différent du Massachussetts. Et ouais, j'avais les yeux en cœur quand je la regardais, quand je la prenais dans mes bras ou que je l'embrassais. Mon cœur battait follement pour elle et j'étais certainement le mec le plus heureux de la planète quand j'étais à ses côtés. « Toi aussi... » Sa tête sur mes cuisses, je caressais sa chevelure tout en plongeant mon regard dans le sien quand elle tournait la tête vers moi. Incapable de me défaire de cette proximité qui nous était propre, j'avais ce besoin constant d'être en contact avec elle. « Je l'accepte Jerry! » Ouais, non. C'était qui dans James Bond qui donnait les ordres ? J'en avais aucune idée. Jerry, c'était la seule référence qui m'était venue et ce n'était pas vraiment glorieux pour un garçon de mon âge. « Je suis toujours beau quand tu es à côté de moi » Je me sentais beau, je me sentais apprécié, admiré. Je me sentais pousser des ailes par le simple fait que notre amour nous portait au delà de tout le reste. Mais un coup de frein plus tard et j'aurais pu devenir moche si je n'avais pas eu le réflexe de me retenir au siège avant. « Ça va bien se passer bébé » que je finissais par dire, ouvrant ma portière pour aller chercher dans le coffre nos deux valises, remplies à craquer. Ouais, quand on les ouvrira, ça fera explosion de cotillons tellement on avait tout entassé. Remerciant — pas chaleureusement — le chauffeur qui s'en allait, on avait pas tellement la foi de remonter dans ce cocon, mais le froid nous poussait à le faire, ne serait-ce que pour y trouver un peu de chaleur. « C'est parti, allons redonner de la vie à notre appartement » Ma main dans la sienne, je la tirais tandis que de l'autre, j'avais une des deux valises. Rapidement à notre étage, j'ouvrais la porte d'entrée pour découvrir le froid qui émanait de la pièce principale. Cherchant à allumer la lumière, rien ne se passait. Fronçant les sourcils, je trouvais ça suspect. « Y'a plus de lumière ? » Comment ça se fait, j'ai pas cassé l'interrupteur quand même ?

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w/@"Pluton"  — à l'appartement des Westerlain
Même le retour des vacances est magique. Je n’ai jamais eu de main dans les cheveux, ni de regard réconfortant lorsque je croulais sous la fatigue. Personne n’a eu de tels gestes d’affection pour moi aussi loin que je me souvienne. T’es le premier qui prend aussi bien soin de moi, alors tu comprendras que je ne veuille plus que tu partes. Je m’y habitue et rompre cette habitude serait équivalent à prendre un coup de guillotine en pleine nuque. Ouais, ce serait la mort. Mon cerveau survivrait quelques secondes et il s’éteindrait, arrêtant par conséquent mon pauvre petit coeur. « Jerry ? C’est pas dans Totally Spies ça ? » Quittant tes guiboles, je me raccroche à la portière, une main toujours sur ta cuisse pour me stabiliser. L’euphorie de notre voyage se dissipe, mais je dépose avec plaisir mes lèvres dans ton cou. Pour les baisers sur ta peau, je serais toujours présente, mélancolie ou pas mélancolie. « T’as raison, dès que je m’éloigne, tu ressembles plus à rien » Joke. T’as un putain de sourire ravageur, un regard qui tue, un nez à croquer et une paire de fesses en béton. Mon mec à moi il est magnifique. Pas touche, c'est une oeuvre d’art conservée au musée Chamberlain. Et bim, le chauffeur pile sec. Si je n’avais pas ma main fermement accrochée à la portière, je me serais probablement tapé une rhinoplastie dans les heures suivantes. « Ouais, si tu le dis » Péniblement, je m’extirpe de la berline et récupère ma valise pour te soulager de son poids. Tout le linge est sale. La machine à laver va avoir du taf. J’ai pas envie de me coltiner toutes ces tâches si chiantes. Je traîne alors des pieds, ma main dans la tienne. « Je l’aime notre appartement, mais il nous manque une bonne. Enfin non, fausse bonne idée. Tu materas son cul quand elle passera le plumeau » Écoeurée, je roule des yeux et marque un arrêt à la boite à lettres pour y récupérer la pile de courriers. On gravit ensuite les escaliers jusqu’à notre nid d’amour et dès qu’on y pénètre, c’est pire que dans le couloir, pire qu’à Stockholm, pire qu’en Laponie. Je grelotte dès les premiers pas effectués dans le salon. Je t’entends faire jouir l’interrupteur, sans succès. Pas de lumière. « Hein ? » Je me rapproche de toi et m’attaque alors au bouton. Rien. « C’est quoi cette histoire ? Y a de l’eau au moins ? Il est où le .. le disjoncteur ou j’sais pas quoi. Dans les films c’est dans la cave, mais il doit être chez nous ce panneau à la con. » Je frotte mes mains pour me réchauffer, mais ces frictions ridicules ne parviendront pas à rétablir une température normale pour que mon corps survive. « Pluton, mon bébé .. JE VEUX DU CHAUFFAGE ! Ta femme va dépérir ! Tu veux vraiment faire l'amour à un cadavre ce soir ? » Trouve le bouton qui résoudra tout ce bordel steplait. Le manteau toujours sur mon dos, je me dirige vers le canapé où je me recouvre du plaid et où je commence à trier les lettres. Et voilà des cartes postales de potes, de la famille, des publicités, un courrier de l’agence de mannequinat ? Weird. Un truc des flics. Wow mon permis ? Et la dernière, la compagnie d’électricité. Merde, et si c'était de ma faute tout ça ?

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w/Louison Chamberlain  — à l'appartement des Westerlain, Janvier 2019
« Peut-être. » Je pinçais mes lèvres avant de sourire. Oui, j'avais des références douteuses mais qu'importe. Je sais que j'allais la faire rire avec ça. Ce n'était pas James Bond, c'était un truc de filles, que je connaissais. Pour ma défense, ma sœur kiffait ça à l'époque, bien que son côté féministe en puissance gâchait tous les épisodes. Je me délectais de ces petits moments complices qu'on pouvait avoir. Totalement amoureux, n'ayant d'yeux que pour elle, il allait de soit que ouais, je n'étais beau que quand elle était là, parce que seule sa vision pouvait compter. Si j'étais beau à ses yeux, alors j'avais gagné le jackpot. « Faut pas qu'on se quitte alors » Passant ma langue sur mes lèvres, j'étais prêt à l'embrasser quand le chauffeur pilait, arrivant à destination. Ouais enfin, si on pouvait arriver entier de préférence, ce serait mieux. En moins de temps qu'il fallait pour le dire, on se retrouvait à l'extérieur de l'habitacle, nos valises en main. « J'ai pas envie de regarder qui que ce soit d'autre que toi » Si ça pouvait la rassurer un tant soit peu. Le chauffeur partait et nous, on pénétrait dans le petit immeuble, retrouvant alors ces petites habitudes. Courrier récupéré, on arrivait enfin devant la porte que je déverrouillais, sentant le froid qui s'y était installé. Ouais, j'avais pas oublié ma mission que de rallumer le chauffage. Seulement, faudrait déjà que la lumière s'allume... ce qui n'est pas le cas. « Pas de lumière » Et elle arrivait pour vérifier d'elle même mais le résultat était similaire. On avait beau jouer avec les interrupteurs, aucun signal ne passait dans les fils électriques pour fournir les ampoules d'électricité. Récupérant mon téléphone, je le mettais en mode lampe torche pour accéder à la cuisine où l'eau... n'était pas là du tout. « Rien ne coule, bébé, on a plus d'eau ! » Et c'est là qu'elle gueulait à son tour, pour que je trouve comment mettre le chauffage pour pas faire l'amour à un cadavre. Wow, wow ! « Hey mais on va à l'hôtel si c'est ça, moi je veux pas un cadavre qui fait l'étoile de mer, c'est à moi en plus de choisir les positions » J'avais décidé ouais. Alors qu'importe ce qu'elle disait, en l'état actuel des choses, je ne pouvais pas faire grand chose. « Tu crois qu'il faut qu'on appelle plombier ET électricien ? » Ça va nous revenir à combien tout ça...?

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w/@"Pluton"  — à l'appartement des Westerlain
C’est déprimant. La pierre est froide. Les gens courent sous leurs manteaux. Le soleil fait semblant de briller. Cambridge me désole. Je préfère encore la Suède sous son manteau blanc et encore plus Dubaï et ses températures excessives. J’ai juste envie de pleurer. La monotonie me rend folle, mais j’ai de quoi y pallier, l’homme que j’aime continue de serrer ma main. Il me ramène chez nous en un seul morceau et comment dire .. Chez nous, il fait aussi froid que dans l’igloo loué en Laponie. L’électricité se moque de nous. Les ampoules ne s’allument plus malgré toutes nos tentatives. Je grelotte et m’avance vers le canapé où les dernières lumières du jour éclairent encore la pièce. Réfugiée sous un plaid, je trie le courrier qui s’était amoncelé dans notre boite et le dernier courrier me glace définitivement le sang. Quoi ? En plus de ne pas avoir d’électricité, on a plus d’eau. J’ai merdé à ce point ? Mon coeur s’accélère, j’ai honte d’avouer mes erreurs. Je suis une calamité. J’étais trop submergée par les examens, le stage, la présidence mather, la perte de ton bébé, notre relation. J’ai laissé tout l’aspect administratif dans un coin de mon bureau et de ma tête. « Euh, l’hôtel a un coût Pluton, on a trop dépensé ces derniers jours. » Pour une fois, je ne relève pas la partie la plus intéressante de ta phrase, je parle bien des « positions ». Non, je suis beaucoup trop focus sur le courrier que je tiens. C’est la preuve de ma faute, je le sais. Tout me revient désormais à la mémoire. J’ai cru que tout ça pouvait attendre, que les prélèvements étaient automatiques ou que tout était compris dans le loyer, mais non. « Je ne pense pas non .. J’ai .. » Déchirant l’emballage, j’en retire la lettre et je déplie le morceau de papier pour lire l’arrêt du contrat faute de paiement. « J’ai oublié de régler les factures, je suis complètement conne. Une gamine pathétique. » Je passe ma main sur mon front et le masse en réfléchissant. J’ai aussi oublié de mentionner que j’avais un gros trou dans mon compte en banque à cause du mec pour qui mes parents sont toujours en fascination alors qu’il n’est plus qu’un petit voyou. « En plus de ça, avant qu’on ne parte, j’ai filé trop d’argent à quelqu’un et j’attends toujours d’être remboursée .. Engueule-moi, je l'ai mérité. »

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w/Louison Chamberlain  — à l'appartement des Westerlain, Janvier 2019
C'était presque déprimant de rentrer chez nous après les semaines qu'on venait de passer à l'étranger, que ce soit en Laponie, en Suède, à Dubaï ou sur la côte ouest. Ouais, c'était juste... exquis. Mais là, on retrouvait notre appartement, froid puisque privé de vie pendant tout ce temps et il allait falloir redoubler d'efforts pour retrouver cette vie qu'on avait mis en place ici. Seulement, j'ai beau forcer, j'arrivais pas à allumer la lumière. Ça ne voulait pas, vraiment pas. Alors quand Louison vient me rejoindre pour tenter, moi j'attrapais mon téléphone pour me rendre dans la cuisine pour tester l'eau, sait-on jamais. Mais le résultat est le même. C'était peut-être congelé dans les canalisations, j'en sais rien, mais on avait plus rien. Du tout. « Je paierai des milles et des cents pour ton confort bébé » Qu'importe que les vacances aient été chères ou pas, je m'en fichais pas mal. Je voulais juste qu'elle soit bien, qu'elle soit au chaud et éclairée ainsi que propre. Et s'il fallait aller à l'hôtel, ainsi soit-il. Tant que ce n'était pas un Marriott. Elle semblait cependant savoir d'où venait le problème et c'était dans une des enveloppes apparemment. Récupérant le papier dans celle qui était dans ses mains, elle parlait des factures impayées. « Ils ont le droit de faire ça ? En plein hiver ? » Je suis dans le choc, mais aucunement j'en veux à ma petite amie pour cet oubli. Ca arrive à tout le monde, moi le premier. Elle avait oublié le mot "maladresse" inscrit sur mon front ? « Calme toi, je t'engueulerai pas, ça arrive à tout le monde ok? On va... trouver une solution » Appeler les services pour payer tout ça et remettre notre eau et électricité en route. « Tu vois avec la personne pour qu'elle te rembourse asap et en attendant, je payerai les factures » Je me rapprochais d'elle pour la prendre dans mes bras, histoire de la réconforter un minimum. Lèvres posées sur le haut de son crâne, je finissais par reculer mon visage pour capter son regard. « On va à l'hôtel, c'est non négociable... ou non, la Mather, ou la Dunster, au choix »

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w/"Pluton"  — à l'appartement des Westerlain
On est de retour. Chez nous. L’appartement est dénué de vie. Tout est propre, rangé au millimètre. Il fait sombre, mais j’ai des yeux de lynx. La lumière filtre encore à travers les rideaux tirés sur les fenêtres. Dans la pénombre, sur le canapé qui a vécu quelques dérapages entre nous, je trie le courrier après avoir pris connaissance des pannes dont nous sommes victimes. Plus d’électricité, plus d’eau. La déprime grandit. Et toi, t’es toujours optimiste. Tu me portes toujours plus haut alors que j’aimerais parfois rester à terre. Ouais, je suis à terre, parce que toute cette merde, c’est purement de ma faute. J’ai loupé les factures depuis notre installation. Je les ai ignorées, croyant que ça se ferait peut-être tout seul, mais non, je suis la seule à pouvoir régler toutes ces affaires. « Je sais bébé, t’es l’homme le plus attentionné que j’ai pu avoir dans ma vie » Mais t’es pas obligé de réparer mes erreurs avec tes dollars suédois. Tu peux aller profiter d’une chambre à l’hôtel, mais moi, je dois apprendre de mes conneries. La preuve entre mes mains, je finis par t’avouer mes manquements, toute penaude. « On est aux États-Unis, ils ont peut-être pas autant de pitié qu’en Europe ? » Je soulève mes épaules sous la mince couverture qui les recouvre et je superpose la pile d’enveloppe sur mes genoux. « Tu pourrais m’engueuler, je suis immature. Je pense plutôt à picoler, m’envoyer en l’air et fuir au bout du monde plutôt que de devenir une adulte. » Je veux pas crouler sous les responsabilités, je veux rester insouciante et loin de la paperasse inintéressante. C’est une perte de temps considérable. « On est le week-end, ça devra attendre lundi pour régler tout ça et ouais, je compte bien récupérer ce pécule » La somme est conséquente, je pourrais régler les factures et les remettre de côté pour mon projet top secret. L’achat d’une nouvelle voiture, si si. « Merci .. » De ne pas me gronder comme une gamine ayant fauté et merci de payer pour que je puisse prendre une douche chaude. Je crois pas que je mesure la chance que j’ai. J’suis réconfortée après une bêtise, là où je suis d’habitude .. frappé. Combien de bourdes, j’ai commise et combien de gifles j’ai mangé plus jeune. « Nos confréries, bonne idée ! T’es un génie, je suis amoureuse d’un génie, Dieu merci, j’ai pas tout foiré dans ma vie » Je lève les yeux vers toi et puis vers le plafond. Je parle au divin là, celui à qui je continue parfois d’adresser des prières alors que je me considère comme athée. Attrapant les lettres restantes, je me relève et tamponne ta joue de mes lèvres pour aller préparer quelques affaires. Et là, sur le chemin, une souris me passe devant et c’est le drame. J’crie comme une alarme de Super 5 qu’on essaierait de voler. Je cours sur place et trouve finalement refuge sur le plan de travail de la cuisine. Bordel, j’étais si nulle au lycée pour le saut de haies, mais là, j’ai bondi comme jamais. « Chéri !!! Je .. Il .. Euh .. Une .. Une souris ! » J’ai horreur de ces bêtes, pour certains ce sont les insectes, pour moi c’est tout ce qui est rongeurs, j’ai la chair de poule. Je suis tétanisée et je la cherche, je cherche où cette pétasse s’est planquée.

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w/Louison Chamberlain  — à l'appartement des Westerlain, Janvier 2019
Bien sûr que je paierai l'hôtel si ça voulait dire voir un sourire sur ses lèvres, si ça voulait dire qu'elle était dans un certain confort qu'elle voulait avoir pour être bien. Mais elle semblait être réticente à l'idée de dépenser une nouvelle fois. Je pouvais potentiellement le comprendre, même si là, c'était pas forcément négociable. On avait pas d'eau, pas d'électricité et c'était de toute évidence invivable ici pour le moment. « Alors écoute-moi un peu » Et quand je parlais de couper tout ça en hiver, elle semblait avoir les mêmes règles chez elle, celles de ne rien faire durant la période de l'hiver, étant donné que c'était la pire période pour devenir SDF. « Trump veut se débarrasser des mexicains, pas de nous » On était des purs européens, on avait aucunement besoin de fuir la pauvreté de nos pays. On a même l'argent pour payer tout ça, c'était un simple oubli. Putain, j'en reviens pas qu'on avait plus rien. « Ouais mais j'en ai pas envie. Tout comme j'aime pas quand on m'engueule quand je fais une connerie » que je disais en haussant une nouvelle fois les épaules. Putain, elle savait que j'étais compréhensif, pas de ceux qui engueulaient pour un rien. Et puis franchement, je voyais jamais l'intérêt d'engueuler. On était déjà dans le mal, ça servait à rien d'en rajouter une couche. J'étais même pas en colère. M'installant sur le canapé pour être à côté d'elle, je la rassurais une nouvelle fois, et mes lèvres retrouvaient son front. Un remerciement de sa part et elle finissait par m'appeler Génie. Je riais alors qu'elle se redressait, sûrement dans l'optique d'aller chercher quelques affaires pour aller dans une de nos maisons. « Ça veut dire que t'as droit à trois vœux que je dois exaucer ? » que je disais en riant avant de l'entendre crier comme une furie. C'était avec beaucoup d'étonnement que la retrouvait en train de crier et de grimper sur le plan de travail de la cuisine. Fronçant les sourcils, j'attendais son explication, jusqu'à ce que ça tombe. « Une... QUOI ? » Je grimpais tout de suite sur le canapé, la peur me prenant aux tripes. J'étais pas courageux moi, je flippais face à ce genre de bête. « MAIS COMMENT ELLE EST RENTRÉE ? Y'EN A QU'UNE ? » Et merde, j'étais une vraie mauviette quand je m'y mettais.

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w/@"Pluton"  — à l'appartement des Westerlain
Louison Chamberlain a une propension au catastrophisme. C’est comme ça. Dès que je merde, j’ai l’impression que c’est la fin du monde et que je ne m’en sortirai jamais. Je culpabilise pour des bricoles et j’ai toujours l’intime conviction que l’on m’en voudra au point de me gicler de sa vie. En l’occurrence, je crains que tu me gicles de TA vie. « J’en sais trop rien, Trump n'est pas non plus fan des Français tu sais. Vous, les suédois, vous êtes discrets en même temps, on ne sait même pas si vous existez vraiment » Je ris. Je gratte nerveusement le vernis qui recouvrent encore mes ongles. Celui que tu m’as maladroitement posé à Dubaï sur une terrasse ensoleillée. On est loin de ce bout de paradis là. « Ah .. C’est bon à savoir. J’éviterais de hausser la voix la prochaine fois que tu casseras mon super verre Coca-Cola que j’ai eu en rab à MacDo » Parce que c’est déjà arrivé et que j’ai dû aller me payer un menu XXL pour le remplacer, mais puisque c’était la première fois et un accident où j’étais coupable, je n’ai rien dit. Bah ouais, je te tripotais pendant que tu faisais la vaisselle, je pouvais pas te crier dessus. Bref, je suis un désastre. Une femme enfant. Une femme sur laquelle certains mecs hurleraient, mais toi, t’es le type le plus compréhensif que j’ai pu rencontrer. Un des seuls avec qui je suis allée si .. loin. J’ai battu mon record des 4 mois avec Ezio. T’es le grand vainqueur, ma plus longue histoire d’amour. T’es au courant ? Bah non que tu l’es pas, je t’ai jamais vraiment parlé du désert que j’ai traversé après Victor. Je vois pas pourquoi j’en parlerais maintenant également. Pas ici en tout cas. C’est trop lugubre. Je saisis alors ton idée d’hôtel et je me mets en route pour la chambre afin de préparer quelques affaires, mais sur le chemin, je me fais stopper par une souris. Mon pire cauchemar. Premier réflexe : crier. Deuxième réflexe : se percher en hauteur. Troisième réflexe : te prévenir. « J’ai vu une .. une souris courir devant moi, elle est partie vers le radiateur là-bas » Je pointe du doigt la machine glacée en question et je me retourne vers toi où je te retrouve réfugié sur le canapé. « J’y crois pas ! Toi aussi t’as peur ? Oh . My . God. » Je frappe mon front et tourne sur moi-même. L’îlot est minuscule. « Comment veux-tu que je sache comment elle est rentrée et si elle n'a pas une famille avec elle hein ? Bah tiens, c’est l’occasion de te demander un voeux GÉNIE » Attrapant un rouleau à pâtisserie traînant sur le comptoir, je m’en arme et fusille la pièce de mes prunelles. « Mon génie, peux-tu aller faire nos valises et revenir ici très vite pour qu’on se barre de ce taudis ? » Les deux autres vœux qui me restent, je les garde pour plus tard et ils auront certainement une valeur plus importante, forcément ouais.

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w/Louison Chamberlain  — à l'appartement des Westerlain, Janvier 2019
« Mais il vous aime quand même plus que les mexicains. Personne peut battre les mexicains bébé » Je riais mais c'était pas drôle. On était tous des hommes, citoyens du monde. Les espaces, les pays n'étaient que des terres et il ne devrait pas y avoir la moindre frontière. Mais voilà, géographiquement, on avait imposé des territoires appartenant à des états. « Merci bébé » Et puis en vrai, ne pas payer les factures, ne plus avoir d'eau et d'électricité, c'était pas grave en soit puisqu'on avait toujours accès à nos chambres dans nos maisons respectives. L'hôtel aussi était possiblement de mise. Autant dire que les options étaient présentes. Et alors qu'on était dans l'optique de prendre des affaires plus propres, une souris débarquait à ses pieds, la faisant criser plus que de raison... et c'était totalement contagieux puisque, à mon tour, je me mettais à crier en montant sur le canapé, cherchant à en savoir d'avantage à propos de ce rongeur qui avait alors squatté notre appartement. Et ouais, j'étais une mauviette, elle pouvait le dire maintenant. Et est-ce qu'elle l'assumera ? Pas vraiment sûr. Je regardais le radiateur qu'elle montrait du doigt, sans vraiment la chercher parce que je flippe tout simplement ma race. Putain, en plus de s'occuper de l'eau et l'électricité, va falloir s'occuper de souris ? Vie de merde. « Quoi, quoi quoi ? C'est moi qui doit aller chercher des affaires ? MAIS ELLES VONT ME BOUFFER !! » Ok, la panique s'empare de moi mais je ferme les yeux et respire calmement. « La petite bête peut pas manger la grosse... » que je répétais à plusieurs reprises avant de sauter pour aller chercher ce qu'elle voulait dans la chambre. Des affaires attrapées en vrac, dans mes bras, pour ensuite revenir sur le canapé et monter dessus. « Défi exaucé je crois.. sans les valises. On peut toujours choper celles-ci et les remplir de ces vêtements ? » Ou prendre des sacs sous l'évier ou je sais pas... Mais je ne redescends pas si ce n'est pas pour sortir d'ici en fait.